ou Collection des meilleurs mémoires qui ont paru depuis peu , soit pour remédier aux accidens imprévus de la disette des grains, soit pour indiquer des moyens aux personnes peu aisées de vivre à bon marché dans tous les tems.
| ◄ Manière d'aprêter le Riz économique | Mémoire ſur les Pommes de terre & ſur le Pain économique, par M. Muſtel. ► |
On a eſſayé depuis peu, & avec ſuccès, de tirer de ce Riz une nourriture convenable pour les petits Enfants : cette nourriture ne diffère du Riz économique, qu'en ce qu'il n'y entre ni Beurre ni Pain. Après avoir mis dans le Riz, qui est en crème, la Purée de Pommes de terre, les Légumes en pulpe & le Sel, on fait mitonner et on mélange ces matières pendant un quart d'heure. On retire alors la quantité néceſſaire pour la diſtribution des petits Enfants. On fait mitonner pendant une heure, en y ajoutant de l’eau : on y verſe enſuite du Lait à la quantité d'un demi-ſeptier sur trois portions. On fait encore bouillir légèrement une heure, & on diſtribue. On aura l’attention de rendre cette nourriture plus ou moins légère, relativement à l’âge, en ajoutant plus ou moins d'eau. Les Enfants à qui on en a donné, âgés de ſix à dix-huit mois, paraiſſent préférer cet aliment aux Bouillies, Panades, &c. nourritures bien moins agréables & très-mal ſaines pour l’ordinaire, attendu que trop ſouvent la Bouillie n'eſt que de la Farine délayée dans du Lait, & que la Panade eſt faite avec toute ſorte de graiſſes, &c.
On met le Beurre fondu dans la marmite, dès que le Riz des Enfants en a été retiré, & on continue de préparer le Riz économique comme ci-deſſus,
Je souſſigné, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine en l’Univerſité de Paris, certifie que le Riz économique qu'on prépare pour les Pauvres de la Paroiſſe de Saint Roch, est un aliment fort nourriſſant & très-ſain, & ſur-tout pour les Enfants.
Ce 10 Février 1769.
Il est très-vrai, MONSIEUR, que quinze convives chez moi, ont goûté du Riz économique de la Paroiſſe Saint Roch, dont nous eumes trois eſſais ; à ſçavoir, deux de Riz pour les adultes ; l'un, du jour même ; l'autre, cuit depuis quatre jours, & de celui qui eſt pour les Enfants ; que tous les trois furent trouvés très-bons, & celui pour les Enfants, ſur-tout, comparable aux meilleurs potages.
A Paris ce 16 Février 1765.