La jalousie est multiforme
II
La jalousie est multiforme
Dans sa monotone amertume :
Elle est minime, elle est énorme,
Elle est précoce, elle est posthume !
Méfiez-vous quand elle dort :
C’est le tigre et non plus le chat.
Elle mord bien quand elle mord,
C’est le chien enragé ! Crachat,
Insulte, adultère à sa face
L’affollent, et le sang ruisselle…
Ou la laissent calme à sa place,
Froide et coite comme pucelle.
Elle prémédite des tours
Pendables sous un air charmant
Et les exécute toujours
Affreusement, terriblement…
Nous ne sommes plus à des âges
Pour nous piquer de ces folies :
Ah ! bien mieux nous vaut être sages,
Ayant eu nos fureurs… jolies !
Être jaloux, rien d’aussi sot !
Et j’efface à l’instant les vers
D’un peu plus haut, vague tressaut
D’encore ce cruel tressaut.