La jalousie est multiforme

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Œuvres posthumesMesseinPremier volume (p. 50-51).


II


La jalousie est multiforme
Dans sa monotone amertume :
Elle est minime, elle est énorme,
Elle est précoce, elle est posthume !

Méfiez-vous quand elle dort :
C’est le tigre et non plus le chat.
Elle mord bien quand elle mord,
C’est le chien enragé ! Crachat,

Insulte, adultère à sa face
L’affollent, et le sang ruisselle…
Ou la laissent calme à sa place,
Froide et coite comme pucelle.

Elle prémédite des tours
Pendables sous un air charmant
Et les exécute toujours
Affreusement, terriblement…

Nous ne sommes plus à des âges
Pour nous piquer de ces folies :
Ah ! bien mieux nous vaut être sages,
Ayant eu nos fureurs… jolies !


Être jaloux, rien d’aussi sot !
Et j’efface à l’instant les vers
D’un peu plus haut, vague tressaut
D’encore ce cruel tressaut.