La moisson nouvelle/41

La bibliothèque libre.
Bibliothèque de l’Action française (p. 187-190).


LA MAISON DIVINE




Ô bonheur du foyer ! O mystère !
Ô toit fumant à l’horizon !
Tout homme qui peine sur terre
Aime et recherche sa maison.

Le paysan part, dès l’aurore,
Traînant sa fauçille avec lui,
Dans les mers de gerbes que dore
Le bienfaisant soleil qui luit.


Il tourne la glèbe féconde,
Et les sillons durs et flétris ;
La sueur l’aveugle et l’inonde.
Et ses pauvres pieds sont meurtris ;

Mais le soir quand le champ s’embrume,
L’homme se redresse, content :
Il songe à l’humble toit qui fume,
11 songe au foyer qui l’attend !…

— De même au soir de notre vie,
Quand notre ciel va s’assombrir,
Quand la côte est toute gravie,
Et que vient l’heure de mourir,


De même nos pauvres prunelles,
Lasses de l’humaine prison,
Parmi les clartés éternelles
Cherchent la céleste maison…

Derrière la brune colline
Nos yeux mourants, nos faibles yeux
Cherchent votre maison divine,
O vous, notre Père des cieux !…

Votre blanche maison de lumière
Que cherchent nos yeux éplorés,
Votre sainte maison, ô Père,
S’ouvrira-t-elle à nos pieds, ulcérés ?


Nous tendrez-vous vos deux bras secourables,
Ô Père éternel, notre Dieu,
Et serons-nous parmi les misérables
Que vous ferez asseoir à votre feu ?…