La revanche d’une race/05

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L’Étoile du nord (p. 32-41).

V

LA GRANDE NOUVELLE


Avenue Laurier, on remarquait une petite maison de construction bizarre.

C’était, ni plus ni moins, une maison à deux toits. Ou mieux, c’étaient deux petites maisons qu’on avait mises côte à côte.

Dix ou douze ans auparavant, une société immobilière avait fait l’acquisition d’une langue de terrains vacants qui avaient été subséquemment divisés en lots de ville.

Sur quelques-uns de ces lots la société avait fait construire des maisonnettes, très petites, comme les lots du reste.

Un jour, un acquéreur s’était trouvé pour acheter deux lots contigus l’un à l’autre. Le nouveau propriétaire avait uni les deux maisonnettes ensemble. Avec une véranda sur la façade, un balcon sur un côté, une petite tourelle sur un coin, il avait donné une apparence coquette à sa demeure. Enfin, une belle pelouse, de jeunes arbres et des fleurs avaient de l’ensemble fait un petit paradis terrestre.

Quelques années plus tard, l’homme avait mis sa propriété en vente, et c’est Jules Marion qui l’avait acquise.

C’est là qu’il vivait avec sa mère et sa sœur.

L’intérieur, bien que modeste, était, par les soins assidus d’Angèle, d’une propreté éblouissante.

Une cuisine, une salle à manger et un petit salon en bas, et trois chambres à coucher en haut composaient les appartements.

Assise dans une profonde berceuse de la salle à manger, une vieille femme s’occupait à un travail de tricot.

C’était l’aveugle… c’était la mère de Jules Marion.

Elle avait soixante ans. Ses cheveux étaient tout blancs et, en dépit des rides nombreuses qui coupaient les traits de son visage, le teint demeurait encore avec une certaine fraîcheur ; et l’on pouvait voir aux lignes régulières de sa figure que la mère de Jules avait, au temps de sa jeunesse, attiré plus d’un regard admiratif.

On n’avait jamais su à quoi attribuer exactement sa cécité.

Elle avait perdu la vue dix ans auparavant, et cela s’était produit graduellement. Dès que la pauvre femme s’aperçut que sa vue diminuait, un occuliste fut consulté. L’homme de science déclara qu’il se formait peu à peu un léger tissu sur la pupille de l’œil, et qu’une opération était nécessaire. Mais la pauvre femme n’eut pas le courage de se soumettre à cette opération. D’ailleurs, elle ne croyait pas qu’elle allait perdre la vue complètement.

— Bah ! disait-elle en hochant la tête, avec l’âge qui avance la vue faiblit comme le reste. Et puis ces docteurs… ils vous ont toujours des peurs à vous faire, quand ils ont besoin d’argent.

Hélas ! ce qu’avait prévu l’occuliste se produisit quelques mois plus tard : un matin la veuve Marion avait ouvert des yeux qui ne voyaient plus.

C’était un grand malheur. On regretta bien de n’avoir pas suivi les conseils de l’occuliste, mais il était trop tard.

Ce fut dès lors pour la veuve une existence de morne amertume. Pour tuer le temps et oublier un peu son malheur elle se mit à pratiquer des ouvrages d’aiguilles et de broches.

C’est ainsi que nous la trouvons ce soir-là, ce même soir où Jules Marion brisait le cœur de Violette Spalding.

Angèle, toute boitante, ronchonnant des paroles inintelligibles, enlevait les couverts de la table : on venait de terminer le repas du soir.

Cependant, elle laissait à sa place le couvert de Jules et disait, l’humeur assez mauvaise :

— Qu’est-ce qu’il fait, ce soir, qu’il n’arrive pas ?

— Quelle heure est-il donc ? demanda la vieille femme.

— Il passe sept heures. Lui qui ne manque jamais l’heure… comprenez-vous ça ?

— Il aura peut-être soupé avec monsieur le Curé Marcotte, ça lui est déjà arrivé.

— Il aura bien fait, répliqua Angèle d’un accent grognon. Et soupé ou non, j’ai bonne envie de lui enlever son couvert.

— Quoi ! il ne fait pas de mal sur la table. Si Jules a soupé quand il rentrera, eh bien ! le couvert sera toujours placé pour demain matin.

Angèle marmotta quelque chose et passa dans la cuisine pour laver sa vaisselle.

C’était une fille très grasse, joufflue comme tout, très potelée, la taille courte et ronde, avec une tête brune et les traits de son frère.

Lorsqu’elle était de bonne humeur, c’était la meilleure des filles Angèle… un cœur d’or ! Et ce cœur, elle l’avait sur la main, comme on dit.

Sa trente-cinquième année était sonnée depuis quelques mois déjà. De vingt à trente ans elle avait trouvé à se marier bien des fois. Mais toujours elle avait déconcerté le soupirant, et, pour se consoler, elle disait : « Ce n’est pas encore le mien ! »

En dépit de son infirmité, elle avait trouvé ou attiré une vingtaine de ces soupirants : mais elle les avait systématiquement renvoyés l’un après l’autre, répétant avec opiniâtreté : « J’attendrai le mien ! »

Or, comme beaucoup d’autres, elle avait trop attendu. Aujourd’hui, ses trente-cinq ans étaient révolus, depuis longtemps les amoureux se tenaient à l’écart, et le « sien » n’était pas venu.

Mais, philosophe, elle en prenait son parti.

— Vieille fille… c’est vrai ! avait-elle l’habitude de dire quand on la narguait. Mais une chose certaine s’il y a du désaccord dans le ménage, ce ne sera toujours qu’avec moi seule !

Et puis, elle vénérait sa mère aveugle qu’elle finissait par se réjouir de ne s’être pas mariée.

Et elle ajoutait, peut-être avec raison :

— Ils sont assez rares les gendres qui aiment à s’encombrer d’une belle-mère, encore moins d’une belle-mère aveugle et maladive. Qu’est-ce qu’elle serait devenue, la pauvre, si je m’étais mariée ?

Voilà à peu près ce qu’était Angèle Marion.

Après avoir terminé le ménage de sa cuisine, elle vint s’asseoir à la table de la salle à manger, pour lire, selon sa coutume, le journal du soir.

L’aveugle venait de dire :

Angèle, lis-moi donc les nouvelles de la guerre.

Les nouvelles de la guerre !

Ah ! comme cette guerre effroyable allait répandre ses échos funèbres et sanglants jusqu’au sein des plus humbles logis !

Déjà Angèle s’apprêtait à se rendre au désir de sa mère, lorsque Jules parut.

— Eh bien ! s’écria Angèle, en voilà une heure pour venir souper !

— Ma chère Angèle, répondit Jules presque souriant, tu n’auras pas à te déranger : j’ai souper avec l’abbé.

— C’est ce que j’avais pensé, fit l’aveugle.

— Et vous, bonne maman, interrogea le jeune homme en s’approchant de sa mère, comment allez-vous ?

Il l’embrassa tendrement, pieusement.

Elle, avec un sourire heureux, répondit :

— Bien, mon enfant. Mes rhumatismes sont endormis. Je n’ai jamais été si bien portante.

— Ah ! tant mieux. Je veux tant que vous soyez toujours en bonne santé et toujours bien heureuse.

— Et toi, Angèle, ajouta le jeune homme en se tournant vers sa sœur, est-ce qu’on est à côté de son assiette, ce soir ?

— Qui te fait penser ça ? demanda Angèle sur un ton bourru.

— Rien ma foi. Seulement, tu ne m’as pas l’air bien contente. Est-ce parce que j’ai manqué le souper ?

Et il souriait tendrement.

Et elle, cette Angèle, ne voulant pas faire voir encore le sourire qu’elle réprimait à grand’peine, qui lui brûlait les lèvres :

— Grand fou ! penses-tu que ça me vexe de ne pas te voir au souper ? Au contraire, je suis contente. D’abord, de l’économie ; ensuite, un couvert de moins à nettoyer.

Cette fois, elle eut un demi-sourire.

Et lui, Jules, après les incidents de cette journée, lui, il avait le courage de rire !

Oui, il riait pendant que son cœur se fendait ! Pendant que son âme pleurait ! Pendant que ses yeux revoyaient l’image triste, désespérée et toujours adorée de Violette !

Il avait approché une chaise près de sa mère. Après avoir allumé une cigarette :

— Maintenant, ma mère, et toi Angèle, annonça-t-il, j’ai grande nouvelle à vous apprendre, ou plutôt, deux grandes nouvelles.

Malgré lui sa voix s’était si subitement altérée que l’aveugle se sentit devenir inquiète.

— Mon Dieu ! fit-elle, j’espère au moins que ce ne sont pas des nouvelles mauvaises ?

— Pas très bonne pourtant, ma mère.

— Ah ! mais voyons, s’écria Angèle, prise elle aussi d’inquiétude, qu’est-ce qui se passe donc ?

— Il se passe simplement que j’ai fini de faire la classe.

Ah !…

Cette exclamation fut jetée en même temps par la mère et la fille.

Angèle échappa son journal.

L’aveugle laissa tomber son tricot sur ses genoux, et, la voix tremblante, dit :

— Jules, tu veux te moquer de nous, n’est-ce pas ? Et ses grands yeux — on eut juré qu’ils faisaient d’inouïs efforts pour percer l’obscurité qui les étreignait — se rivaient sur le jeune homme. Et ces yeux-là, qui ne voyaient pas, réfléchissaient comme de l’épouvante, comme une mortelle anxiété.

— Ma chère maman, ce que je vous dis là, c’est la vraie vérité. La nouvelle Commission des écoles, par l’intermédiaire de son président Harold Spalding, m’a remercié de mes services comme on dit poliment.

— Oh ! exclamèrent les deux femmes stupéfaites.

Jules leur fit part de la lettre qu’il avait reçue, ajoutant qu’il avait, le soir même, envoyé sa lettre de démission telle qu’exigée.

Angèle ne put réprimer ces paroles :

— Ah ! ces orangistes… Comme je voudrais être un homme, Jules, j’en arrangerais à ma façon de ces malappris !

— Angèle, commanda sévèrement l’aveugle, tu t’oublies, ma fille !

— Oh ! il y a trop longtemps que nos hommes s’oublient, eux ! Il y a trop longtemps qu’ils oublient les tracasseries de tous ces gens d’un pays étranger qui viennent nous narguer chez nous !

— Angèle, dit Jules gravement, il ne t’appartient pas de juger nos actes, ou de les attribuer à une faiblesse condamnable. Même chez nous, nous devons subir la loi du plus fort. Mais cela ne veut pas dire que ce plus fort finira par dompter le plus faible ; non, nous sommes une race qui demeure malgré toutes les attaques, qui ne tombe pas sous le choc. Sois tranquille, Angèle, nous avons lutté, nous luttons et nous lutterons encore. Nous parlerons toujours et quand même français.

— Mais enfin, puisqu’on te chasse, fit l’opiniâtre Angèle, tu ne vas pas te croiser les bras je suppose ?

— Mon plan est tout tracé déjà.

— Qu’est ce que tu as l’intention de faire, mon Jules ? demanda l’aveugle avec une curieuse anxiété.

— Maman, j’ai décidé de me faire soldat !

Soldat !

Cette fois, c’était le coup de foudre.

Angèle sauta en l’air.

L’aveugle baissa les yeux, frémit, et bégaya d’une voix à peine distincte :

— Jules ! Jules, tu veux donc me faire mourir !

— Il est fou ! s’écria Angèle, qui considérait son frère avec les yeux démesurément ouverts. Je vous dis que sa lettre de Spalding l’a rendu fou, maman !

Jules souriait tranquillement tout en roulant une nouvelle cigarette.

L’aveugle s’était remise de sa violente émotion.

— Jules, reprit-elle, tu nous annonces cette nouvelle si bonnement que je ne peux la croire vraie.

Et Angèle, se rasseyant avec un hochement de tête :

— Mais oui, fit-elle, on voit bien qu’il veut blaguer !

— Ma chère maman, et toi, ma bonne Angèle, dit Jules sur un ton dégagé, voulez-vous m’écouter un peu ?

— Mais tu vois bien que ça n’a pas de bon sens tout ce que tu nous débites là ! s’écria Angèle, qui s’emportait positivement.

— Admettons que ça n’a pas de bon sens, répliqua Jules toujours souriant ; ce n’est pas une raison pour ne pas m’écouter.

— Angèle, intervint l’aveugle d’une voix morne, laisse ton frère s’expliquer. Et tout au fond de son cœur elle redoutait de comprendre que Jules fut très sérieux, quand il parlait de se faire soldat.

— Soit acquiesça Angèle en se renfrognant très fort, qu’il nous en conte alors !

— Parle Jules, fit l’aveugle avec tristesse.

— Ma mère, commença le jeune homme, je vous ai dit que je veux me faire soldat. Seulement, je n’ai jamais eu la pensée de mettre mon projet en existence sans avoir reçu au préalable votre consentement. Je ne voudrais pas vous causer de chagrins, encore moins vous désespérer. Mais quand j’ai décidé de m’enrôler pour le service d’outremer, c’est après bonne réflexion, c’est après avoir pensé que mon projet est un devoir auquel je ne puis, sans honte, me soustraire.

— Un drôle de devoir ! marmotta Angèle. Aller se battre pour des gens qui ne cessent de nous faire du mal !

— Angèle, interrompit Jules d’une voix grave, observe que c’est aussi pour notre mère-patrie, la France, et surtout pour elle que notre sang bout dans nos veines aujourd’hui !

— Ah ! si c’était pour la France seulement et uniquement, je ne dirais rien encore, je t’encouragerais peut-être !

— Eh bien ! oui, c’est pour la France uniquement : nous nous joignons, — c’est la seule différence, — aux Anglais, aux Russes, à d’autres, pour la défendre. Ensuite, sais-tu une chose ? De tous côtés on critique les Canadiens-français de demeurer indifférents dans la lutte monstrueuse qui se livre en Europe. On nous accuse de déloyauté. Je ne dis pas que ceux-là ont raison. Mais en fin de compte, puisque nous revendiquons ici des droits qu’on nous refuse nous avons aussi des devoirs à remplir. Je dis : faisons notre devoir pour mieux et pour plus fortement réclamer. Or, nier notre sang français, c’est nier notre nationalité, notre langue, c’est nier notre foi religieuse. Et refuser, en cette heure terrible, de prêter une main généreuse à la France, c’est nier que nous sommes ses enfants. Et alors quels droits ou privilèges pouvons-nous demander, et à quel pouvons-nous poser des revendications ? Je te le demande, Angèle.

— Tout ça, c’est des mots !

— Justement, Angèle, nous n’avons encore dit que des mots maintenant c’est l’action qu’il faut mettre au jeu ; prouver à nos ennemis que nous valons mieux qu’ils pensent, faire notre devoir et nous faire respecter ! Vous, ma mère, je vous sais trop loyale, trop amie du devoir pour me blâmer, pour me détourner de l’unique voie qui me reste à suivre.

— Non, mon pauvre enfant ; je ne puis m’opposer à ce que tu appelles ton devoir. Que la volonté du bon Dieu soit faite ! Quoi ! tu as peut-être raison : aller prendre notre rang sur le front de bataille c’est peut-être le seul moyen de vaincre l’antipathie de nos compatriotes anglais, de les forcer au respect qui est dû aux fils de la France !

— Ah, ! ma mère, quelles bonnes paroles, s’écria Jules ravi. Vous avez bien conservé dans vos veines de ce noble sang des mères françaises, de ce sang qui régénère aujourd’hui la grande Patrie.

En effet, cette mère canadienne, comme ces sublimes mères françaises, était prête — puisque c’était le devoir de son fils — elle était prête à se séparer de cet enfant sans murmurer !

Oh ! c’était un rude sacrifice qu’on lui demandait-là… Mais qu’importe ! puisqu’elle était française encore ! Puisqu’elle aimait tant la France… la France en danger surtout, la France envahie et piétinée par les hordes germaniques ! Et puisque, aussi, les mères de là-bas laissaient partir leurs fils pour la glorieuse bataille pourquoi, elle, retiendrait-elle le sien ? Le sien… qui irait se battre pour cette même France qu’elle chérissait, se battre pour prouver sa loyauté au drapeau Britannique, se battre pour reconquérir des droits que le sang français et le sang canadien avaient déjà conquis !

Et alors, malgré la longue et cruelle et peut-être éternelle séparation qu’elle entrevoyait ; malgré toutes les horreurs par où allait passer celui qui représentait, avec Angèle, tout ce qui lui restait de cher en ce monde ; oui, malgré tout cela, elle éprouva comme une joie fière, une joie orgueilleuse en se représentant son cher fils luttant pour sa patrie, sa religion, sa langue ! Et cette pauvre femme, déjà frappée par le destin en perdant sa vue, cette aveugle qui serait peut-être frappée au cœur plus tard, lorsque les bulletins de la guerre viendraient lui apprendre la mort de son cher Jules, — oui, cette pauvre femme, cette grande mère patriote, loyale et généreuse remerciait du fond de son cœur le bon Dieu de lui avoir donné un fils tel que le sien !

C’est un peu réconfortée par ces pensées que la vieille femme demanda :

— Mon cher enfant, il faut aussi savoir ce que pensera monsieur le curé Marcotte de ton projet. Lui en as-tu parlé ?

Pas encore, ma mère. Je n’ai pas voulu lui communiquer mes projets avant de vous avoir consultée. Mais je sais que, comme vous-même, il m’approuvera entièrement. L’abbé Marcotte est un homme généreux, vrai patriote, admirateur de la France aussi, et un homme qui comprend le devoir et l’exécute.

Puis, se tournant vers Angèle toujours renfrognée derrière les feuilles de son journal qu’elle ne lisait pas, le jeune homme demanda :

— Et toi, Angèle, j’espère que tu ne me déconseilles pas ?

— Moi ? fit-elle avec une feinte indifférence que démentait le tremblement de sa voix, ça ne me regarde pas. Je suppose que tu es maître de toi. Et puisque maman y consent…

La voix lui manqua subitement. Son sein se gonfla comme sous la pression d’un sanglot trop lourd et trop longtemps retenu, et elle pleura silencieusement.

Très ému, Jules s’approcha d’elle et d’une voix très basse, très tendre, lui murmura à l’oreille :

— Angèle, prends bien garde que maman entende tes pleurs ! Allons, du courage ! D’ailleurs, je reviendrai. Bah ! je sens que j’ai la vie dure. Et tu seras contente plus tard, tu seras fière de ton frère, et moi, je t’aimerai beaucoup !

Angèle essuya ses larmes et, avec un bon sourire, elle répliqua :

— Va, Jules, je ne veux nullement t’empêcher de faire ton devoir. Va, tranquille… j’aurai soin d’elle moi… et je prierai pour toi !

— Merci, Angèle, tu soulages mon esprit et mon cœur.

Et se penchant davantage le jeune homme embrassa longuement la pauvre fille.

Quand il se redressa il était transfiguré. Ses yeux s’illuminèrent de rapides éclairs et il pensa :

— Maintenant, je tiens ma meilleure revanche contre Harold Spalding !