La vie dans la nature et dans l’homme/01

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Librairie J.-B. Baillère & fils (p. 9-12).

LA VIE
DANS LA NATURE ET DANS L’HOMME
RÔLE DE L’ÉLECTRICITÉ


PREMIÈRE PARTIE

DE LA VIE EN GÉNÉRAL


I

Cosmogonie. ― Nature et origine de l’électricité.

De toute éternité Dieu existait. L’Esprit divin remplissait l’immensité, et ses courants la sillonnaient en se croisant dans toutes les directions.

Dieu le voulut :

Sur chacun des points d’entre-croisement, le choc et la combinaison des courants firent jaillir un gaz, l’oxygène, imprégné pour toujours de l’esprit créateur et dont ce souffle[1] lui-même est resté inséparable.

Puis, sous les mêmes influences, l’oxygène prit la forme de tous les corps, gazeux, liquides et solides, organisés et non organisés, qui forment l’univers.

Et de cette manière, sur chaque point où jaillit l’oxygène, un astre fut créé.

Comme le gaz qui les avait engendrés, tous ces astres, tous ces corps, et chacun de leurs atomes restèrent imprégnés du souffle divin, qui circule, sans cesse et dans tous les sens contraires, dans chacune des molécules de tout corps, à quelque règne qu’il appartienne, et, à travers l’espace, entre tous les corps terrestres et célestes.

Ainsi furent constitués et l’univers et la trinité divine admise par le plus grand nombre des religions :

Dieu le Père, créateur,

Son souffle, son Esprit-Saint,

Et l’univers, l’homme, sa création, son Fils ;

Trois personnes qui n’en sont qu’une : l’univers étant l’Esprit, et l’Esprit étant Dieu, qui a tout créé, s’est par son souffle incarné[2] en toutes choses, est en tous lieux, voit tout, entend tout, entretient la vie et provoque la mort, c’est-à-dire le changement de forme, car, tout étant l’Esprit divin, rien ne peut naître, rien ne peut périr.

Depuis lors, les courants divins n’ont pas cessé de circuler dans toutes les directions contraires, transportant toujours, déposant sans cesse et reprenant sans cesse, dans tous les points de l’univers, l’oxygène toujours imprégné de l’Esprit.

Cet Esprit, ce fluide puissant, ne cesse de métamorphoser tous les atomes, qui de l’état gazeux passent à l’état liquide, puis solide, pour retourner ensuite de ce dernier état au premier. Il les transporte d’un corps à un autre corps, d’un astre à un autre astre.

Le point où l’atome qui passe d’un astre à un autre est à son maximum de division et de dilatation, est probablement celui qui partage l’espace à parcourir en deux parties égales, proportionnellement à la masse et à la nature de chacun des astres ; et ce point doit être celui où le vide relatif atteint son maximum. Nous disons le vide relatif, car, l’esprit divin étant partout, le vide absolu ne saurait exister en aucun point.

De même que les débris d’une génération terrestre entretiennent la vie d’une génération suivante, de même les produits atomiques de décomposition transportés de chacun des astres aux autres astres, entretiennent la vie de tous ces corps célestes et de tous les espaces, c’est-à-dire de l’univers.

Ce fluide divin, principe de toutes choses, à la fois esprit et matière, vivifie tout, entretient par la métamorphose l’existence de ce qu’il a créé, emprunte une forme, une manière d’être différentes à chaque molécule, à chaque corps, à chaque espace qu’il anime et dont il change continuellement l’état.

En traversant les espaces célestes en une infinité de directions contraires, il maintient tous les astres dans leurs orbites respectives, puisant dans la nature et le volume de ces corps mêmes qu’il a créés la force nécessaire pour conserver leur équilibre.

Par la combustion et l’inflammation de l’hydrogène, produit de la décomposition de leur substance et de leurs atmosphères, il donne à tous les corps terrestres et célestes la chaleur et la lumière, et engendre tous les sons qui frappent nos oreilles.

Ce souffle divin, ce principe de vie, de son, de chaleur, de lumière, de mouvement et d’équilibre universel, cette cause générale unique, c’est le fluide impondérable que la science nomme électricité, fluide électrique[3].

  1. L’Esprit de Dieu signifie à la lettre le souffle, le vent qui agitait les eaux .....

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    .....Il n’y a pas un seul auteur dans l’antiquité qui ait jamais dit qu’on eût tiré quelque chose du néant. On ne trouve même dans toute la Bible aucun pas sage où il soit dit que la matière ait été faite de rien : non que la création de rien ne soit très-vraie ; mais cette vérité n’était pas connue des Juifs charnels. (Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Genèse.)

    Tout en pensant bien que l’homme ne saurait faire quel que chose de rien, on peut encore admettre qu’un Dieu a pu faire l’univers de rien. Mais il ne semble point non plus déraisonnable de croire que ce Dieu, suprême sagesse et souveraine puissance, a jugé bon de tout créer de son esprit, afin que cet esprit fût toujours avec l’œuvre pour la diriger et la conserver.

  2. Cette métamorphose nous explique le mystère de l’incarnation.
  3. Tout vit dans la nature, et l’agent qui entretient cette vie est le fluide universellement répandu et que nous nommons électricité. (Conférences du docteur Staquez, p. 9.)