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Lady Fauvette/Histoire d’un ménage/4

La bibliothèque libre.
G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 243-257).

IV

CHEZ SOI

Un petit salon discret, avec de lourdes tentures en velours d’un étrange bleu, d’un de ces antiques bleus changeants qui font penser à un coin de ciel d’Italie tombé dans le vert glauque d’une mer septentrionale ; des meubles bas, moelleux, coquets, très aimables dans leur désordre fou ; des empilages de coussins de toutes sortes et de toutes formes, épars sur un tapis persan… ; et puis, un fouillis de bibelots sans nom, de japoneries d’une laideur adorable. Tombant du plafond, et accrochée par des chaînes fines, une lampe d’argent, très baissée, répand sa lueur mince dont les rayons vont se briser aux frises sculptées des hauts lambris ; un tricot de laine rose, aux aiguilles d’ivoire, pend négligemment au bord d’une console : il y a beaucoup de mailles lâchées et le peloton a roulé par terre. Dans la cheminée, un feu doux, pétillant, rieur… le premier feu !

Et il bavarde, ce feu, et il flambe, et il en raconte, des histoires ! Et il jette de grandes étincelles qui enveloppent toute la chambre de je ne sais quel éblouissement !

Au dehors, une froide pluie craquante et maussade secoue les dernières feuilles des platanes du boulevard, et les longues gouttes, en glissant lentement sur le lierre qui couvre la maison, font un bruit triste, comme des larmes lourdes qui tomberaient continuellement.

Le jardin est bien fini par les vitraux du salon on entrevoit confusément les lianes maigres d’une clématite grimpée très haut, le long d’un lattis, et où une seule grappe de fleurs, sans la moindre verdure, pend désespérément, noyée d’eau et tout effeuillée ; les catalpas de l’entrée, dépouillés depuis longtemps, ont l’air, avec leurs troncs rabougris et leurs branches gourmandes, d’autant de vieilles carcasses de martyrs mis en croix et écorchés. La pelouse seule et les buis qui l’entourent sont restés très verts.

C’est un de ces étroits hôtels du boulevard du Régent, vous savez bien ?… avec un jardin anglais net, régulier, symétrique, à une seule allée circulaire semée de cailloutis blanc ; il y a là, toujours, des parterres de codéüs nuancés qui, de loin, font l’effet d’étoffes smyrniotes jetées sur la faille verte des gazons. Les écuries sont derrière ; les communs, à gauche. L’hôtel est en pierres bleues et bien caché par le double rideau des arbres du boulevard et de la grille dorée du jardin.

Il y en a comme cela, un grand nombre, de l’Observatoire à l’avenue de la Toison-d’Or. On dirait qu’ils exercent une sorte de fascination sur les passants ; au vrai, ils sont le rêve et l’espoir de bien des êtres. Et souvent, on voit des couples d’amoureux arrêtés là, devant les grilles, les yeux levés sur les larges fenêtres enserrées de glycines, et s’écriant :

— Hein ! comme c’est compris cela… Comme on doit se trouver bien là dedans !

Ces petits hôtels ont je ne sais quoi d’attirant, de calme, de fermé, de mystérieusement confortable ; il y passe comme un parfum tendre d’amour et de jeunesse. On doit s’y aimer bien.

Tout l’été ils sont déserts, morts sous leurs volets de bois, mais aussitôt octobre, les caisses des grands lauriers reprennent leur place sur le perron, on ratisse les parterres, on met des fleurs partout ; les portes s’ouvrent, une chanson vole dans le silence égayé… une silhouette féminine passe, vague et rapide, avec un frou-frou de jupes qui traînent.

Puis, soudain, des éclaboussures flamboyantes scintillent aux glaces des hautes fenêtres. C’est le premier feu de la saison.

La bonne chose que ce premier feu !… Si vous saviez comme on se sent « chez soi », à l’aise, chaudement dans ce petit salon bien clos, si délicieusement paisible sous sa demi-obscurité !

Monsieur, assis dans un fauteuil, au coin de la vaste cheminée flamande, tient Madame dans ses bras ; Madame rit et babille : le feu l’amuse extraordinairement et les flammes, en poudrant d’or ses cheveux pâles, en courant tantôt sur ses joues, tantôt sur son menton ou son oreille, donnent à toute sa physionomie chiffonnée et mièvre un éclat particulier, un peu fou, un joli brillant de petite chose éphémère, on ne sait quelle grâce mignarde, quelle fragilité de joujou luxueux et coquet. Monsieur, lui, semble pensif, recueilli ; il sourit il est heureux, mais autrement.

Et, l’idée que ces deux êtres, essentiellement dissemblables, sont unis pour vivre ensemble toujours, paraît excessive, tout à fait invraisemblable.

Monsieur est ému : c’est le premier feu qu’ils font chez eux, dans leur maison ; c’est la première fois qu’ils se tiennent là, enlacés, tout près, tout près, à écouter ce que les grosses bûches racontent, en éclatant sous la chaleur… Demain, on rentre au Palais, on reprend le train-train normal, les vieilles préoccupations d’habitude. Fini, le bon temps des vacances, des vagabondages effrénés dans la campagne, de toutes les ineffables et enivrantes puérilités de la lune de miel, de toutes leurs bonnes bêtises d’amoureux campés… Maintenant, c’est le ménage, l’installation définitive ; et cette soirée passée en tête à tête, au coin du premier feu d’automne, en est comme la consécration.

Sera-t-on heureux sous les plafonds clairs du petit hôtel ?

Le feu dit oui, très haut, d’une façon péremptoire, dans des dégringolades joyeuses de pétillements brefs : « Oui, oui, oui ! »

Et les épaisses tentures d’un bleu troublant disent oui, elles aussi ; et les amours joufflus des lambris, un doigt malicieusement posé sur les lèvres, sans se prononcer trop ouvertement, semblent, eux aussi, pencher pour l’affirmative… Et tout le petit salon couleur d’aurore et de soleil, assoupi sous les baisers de la flamme et la lumière tendre de la lampe, dans son atmosphère douillette, a bien une sournoise attitude de temple du bonheur.

— Sais-tu, Georges ?… Tu devrais me faire un plaisir… Tu plaides demain, n’est-ce pas ?

— Oui, mignonne :

— Eh bien, tu devrais me conduire au Palais avec toi, me mettre dans un bon petit coin où je sois à l’aise je voudrais t’entendre.

Monsieur s’étonne :

« Quelle singulière fantaisie prend Madame tout à coup aller au Palais… Une femme !… Et sa femme ! Non, non, ça ne s’est jamais vu on ne va pas au civil ; passe encore aux assises, les jours de causes célèbres, quand X. ou W. en sont et qu’ils lâcheront toute leur éloquence pour quelque coquin aux névroses spéciales… Mais au civil ! En vérité, non ; ça serait très inconvenant. »

Madame a une grande déception :

« Elle se faisait une fête de cela. »

— Tu comprends : je te vois travailler, je sais que tu prépares ta plaidoirie, je sais que tu seras très beau à l’audience… Et moi, je ne t’entendrai pas !

« C’est aussi par trop fort, une pauvre petite femme à qui son mari ne dit jamais rien ! »

Elle sait très bien, cependant, qu’il s’agit d’une demande en divorce, que Monsieur plaidera pour la femme… Et cela l’intéresse.

N’y a-t-il pas là quelque chose d’inouï : porter le nom d’un des avocats les plus célèbres du barreau et n’avoir jamais, jamais mis le pied au Palais ?

Monsieur est désolé, mais ceci n’est pas possible.

Et il baise délicatement les petits cheveux follets qui frissonnent tout en haut de la nuque rose de Madame.

Alors, elle, se rejette, la tête sur l’épaule de son mari et, très câline, d’une voix basse, suppliante, pleine de caresses :

— Je voudrais tant te voir en robe et en toque !

Monsieur rit franchement :

« Là, vrai, s’il s’attendait à cela ! »

Madame se mord les lèvres, un peu piquée :

— Donc, tu ne veux pas, dis, c’est bien résolu ?

Monsieur rit toujours :

— La drôle de petite femme !

« Et c’est superbe, cette plaidoirie ; les stagiaires en sont dans l’émerveillement. Berthollet, que Madame est allé trouver le matin, à l’étude, lui en a lu des extraits ; il y a d’admirables périodes, d’une violence !… »

Et vous voulez, messieurs, que cette épouse, que cette mère, unie à un tel être, à un misérable qui, sans considération de la sainteté du mariage, sans souci de la foi jurée et de ce respect dû à la femme, respect dont les anciens Romains…

« Oh ! Madame a tout retenu : elle sait cela sur le bout des ongles il y est beaucoup question des anciens Romains. »

Et elle continue :

— … Si l’épouse a des devoirs vis-à-vis de l’époux, l’époux, à son tour…

Là, Madame s’interrompt subitement :

— Sais-tu ?… Tu n’es pas gentil, tout de même : tu manques à tes devoirs, tu manques à ce respect de la femme, respect dont les anciens Romains

Et, sur un geste impatienté de Monsieur :

— C’est toi qui l’as dit. Respect dont les anciens Romains…

— Voyons, mon enfant, je ne l’ai pas dit tant que cela !

— Par exemple ! — Où est ton projet de plaidoyer ?

— Mais, dans mon bureau, naturellement.

— Va donc le chercher, que je puisse te convaincre.

Monsieur s’enfonce plus profondément dans le grand fauteuil.

« Non, non, non. Il n’ira pas. »

Madame est mécontente, décidément.

— Ces hommes sont toujours ainsi ; ils veulent avoir raison quand même. Eh ! c’est bien facile : du moment où il s’agit de fournir des preuves, ils se dérobent.

Et, s’échappant des bras de Monsieur, elle se lève toute droite :

— Ça n’est pas de bonne guerre ; non, sérieusement.

Monsieur, lui, essaye de reprendre sa femme :

— Allons, viens ; on était si bien là !

Mais Madame ne veut pas ; c’est fini.

« Elle n’est plus une enfant, aussi, pour qu’on ait toujours l’air de rire quand elle parle de choses sérieuses. Qu’y a-t-il de si étonnant à ce qu’elle désire savoir ce que Monsieur dira le lendemain, à l’audience ?… Elle est sa compagne, sa petite femme bien aimante et bien dévouée, n’est-ce pas ? Pourquoi ne serait-elle pas un peu son ami, son collègue, son conseiller, au besoin ? — Oui, oui : son conseiller. Cela est-il vraiment si comique qu’il faille en rire ? Le mariage ne gagnerait-il pas à être une sorte d’association indissoluble dont les deux parties n’aient rien de caché l’une pour l’autre, dont toutes les joies, toutes les douleurs, toutes les espérances, tous les travaux, même, soient mis en commun ? N’avait-elle pas le droit de s’occuper des affaires de Monsieur ? Ses succès ne lui tenaient-ils pas au cœur autant qu’à lui-même ?… Au lieu de cela, on la traitait en bébé, comme si elle eût eu quatre ans, toujours. »

Et Madame, assise sur une chaise basse, à l’autre bout de la chambre, mordillait le coin de son mouchoir fébrilement. « Oh ! c’était mal ; et elle souffrait de cela. »

Alors, très attendri devant cet excès de dignité, craignant beaucoup les larmes, qu’il sentait venir sous le petit tremblement de la voix, Monsieur eut un soupir résigné. Il alla dans son bureau et il prit tout son dossier.

Il consentait à lire sa plaidoirie, mais il fallait que Madame revint se mettre sur ses genoux, au coin du feu.

À cette déclaration, Madame eut une moue divine :

« Ah ! on ne daignait se rendre que sous condition ! Eh bien, elle aussi, elle en posait, des conditions : elle exigeait la robe et la toque ; ces choses étaient dans l’armoire de l’étude, elle le savait : on les avait portées là pour les remettre en état, pendant les vacances… Donc, ni si, ni mais ; il n’y avait pas de faux-fuyants possibles : elle avait vu, de ses yeux vu, toute la toilette le matin même. Elle voulait que l’illusion fût complète et, qu’après cela elle pût se dire, les jours où elle saurait son mari au Palais : « Voilà comment il est. »

Monsieur ne riait plus.

« Non, Madame poussait trop loin l’enfantillage. Pourquoi cette insistance ? C’était grotesque, cet accoutrement ; ces messieurs de la Cour faisaient même une pétition pour qu’on le supprimât et que les avocats pussent plaider en tenue de ville, simplement. Ils étaient risibles, tous, là dedans. »

— Tu comprends bien, mon amour, cette coutume de mettre en robe les gens de loi est d’un autre âge ; à notre époque de telles anomalies paraissent bien surannées, absurdes, puérilement conventionnelles c’est laid et inutile… Nous avons l’air gauches, au Palais, honteux de cet uniforme qu’on devrait laisser définitivement à l’opérette. Je ne veux pas que toi, toi surtout, tu me voies ainsi.

Et Monsieur, parlant posément, de ce ton raisonnable qu’on emploie pour convaincre les enfants, serrait contre lui les menottes de ce « grand bêta » de petite femme.

Elle, elle tenait à la robe, et à la toque aussi, et au rabat ; elle n’y trouvait rien de drôle, au contraire, et elle eût regretté qu’on les abandonnât… Cela devait donner un certain air pas banal à ces messieurs du barreau ; cela les distinguait du vulgaire. L’éternel habit noir, voilà ce qui était bête comme tout et qui noyait, sous le même aspect morne et étriqué, peu gracieux d’ailleurs, et les épiciers qui sont de noce, et les garçons de table et les coiffeurs, et les recors, et les dentistes, et les hommes du monde entier à quelque classe de la société qu’ils appartiennent !

— La robe, au moins, parlez-moi de cela ! C’est cossu, ça drape ! Les grandes manches sans coude doivent accompagner très bien les gestes amples d’un orateur.

Madame s’exaltait et, pour lui prouver que c’était à tort, Monsieur alla chercher ses habits d’audience.

Il ne prétendait pas les mettre… Oh ! il s’y refusait de la manière la plus formelle ; il voulait seulement que Madame se rendit compte.

D’un coup d’œil, Madame eut tout jugé. — C’était très bien.

Elle articula cette déclaration d’un air grave, sans rire le moins du monde et, prestement, elle glissait la robe sur les épaules de son mari, lui passait les manches larges, repoussait les pans, donnait aux plis un jet souple, enlevait, du bout des doigts, un grain de poussière demeuré entre les mille fronces des pièces plates ; quand elle en fut au premier bouton du rabat, ses lèvres, en s’élevant imperceptiblement, effleurèrent les moustaches de monsieur. À partir de ce moment il ne protesta plus ; il laissa faire. Et il tournait avec obstination le dos aux glaces, dans une appréhension terrible de s’apercevoir et de se trouver ridicule.

Alors, Madame lui mit son plaidoyer dans la main et, tandis qu’il secouait la tête, comme pour jurer qu’il ne lirait pas, que cette gaminerie avait assez duré, elle lui dit si gracieusement, d’un air si pénétré et si sérieux : « Je t’en prie ! Crois-tu donc que je ne puisse pas saisir et apprécier ? » que, dès lors, on eût pu prévoir qu’il céderait.

Au fait, c’était une adorable petite nature féminine que celle-là… très intelligente, très bien douée ; oui, mais si légère ! Bah ! c’était aisé à dire on ne l’entretenait que de choses frivoles. Il fallait voir, aussi… l’éprouver. Que ce serait bon, cependant, de lui confier tout et ses désespérances d’homme qui, par métier, fouille la vie dans ses dessous les plus navrants, et ses admirations, ses élans passionnés d’artiste ; de la prendre pour collaborateur, pour juge… et de travailler ainsi, en lui demandant son aide, en la mettant, comme elle l’avait dit si bien, de moitié dans ses études et dans ses luttes ! Qui mieux qu’elle pouvait le comprendre ?

Il l’installa dans leur grand fauteuil, au coin du feu ; lui plaça un tabouret sous les pieds et, se posant devant elle, recueilli et comme inspiré, bizarrement ému à l’idée qu’il allait parler pour elle, pour elle toute seule, il commença.

La scène se présentait bien différemment maintenant, à ses yeux ; ce n’était plus un jeu futile, une représentation plaisante et sans conséquence. Il se sentait tout remué ; le côté sérieux de leur vie de gens mariés se montrait enfin là, par ce soir heureux, sous la lumière tourbillonnante de leur foyer. Oui, le mariage était une association, une sainte et charmante association de deux êtres visant au même but, ayant les mêmes intérêts, se complétant l’un par l’autre. D’abord il avait désespéré que sa petite femme comprît cela… et voilà qu’il sentait, tout à coup, dans une sorte d’intime confiance qui le pénétrait, dans l’orgueil subit de son « moi », dans les battements de son cœur comblé, je ne sais quoi de profond et d’attendri qui le rassurait. Oh ! comme elle était bien la fée de ses rêves, la femme idéale, celle qui s’élèvera pour atteindre au niveau de l’époux et s’initier à son labeur, celle qui l’accompagnera, qui le suivra partout, quelque ardue que soit la route… qui mettra son beau sourire, la grâce de son angélique esprit et de ses illusions tissées d’azur et d’or, fût-ce même au milieu de cette glaçante routine des affaires.

Il lui eût baisé les pieds.

Et il fut éloquent, imprimant à sa voix l’émotion vivante du moment, ce sentiment de plénitude qui était en lui, la vibration de son âme ; il fut pathétique et grand. On eût dit que cette exquise atmosphère de son chez soi, que la présence de ce petit oiseau frêle et bavard qu’il aimait, auquel il avait voué sa vie, que tout l’enlevait et plaidait avec lui pour celle qu’il avait promis de défendre le lendemain pauvre femme trompée, révoltée devant la trahison et qui demandait la rupture de tous les liens, au nom de son amour outragé.

Et les énormes manches flottaient, très amples, autour de ses gestes sobres, et le petit rabat mal attaché tournait, tournait sans cesse… et, par-dessus le noir dur de la robe et le blanc lisse de la batiste, sa belle tête mâle et fière se détachait lumineuse, pleine de passion. Et il ne fut pas ridicule. L’enthousiasme mettait son auréole, sa foi ardente et convaincue sur ce qu’il disait.

Madame ne l’interrompit pas ; aux premières phrases, elle avait pâli, murmurant seulement, comme si elle se fût pariée à elle-même :

— Ce Georges ! il m’impressionne ; il me fait froid.

Et, lentement, lentement, la jolie tête s’était enfoncée dans les coussins du fauteuil, lentement les grands cils avaient battu les joues… Alors, les mains s’étaient étendues, très fines, très pures, rosées délicatement par le feu, au long des valenciennes du peignoir…

Quand Monsieur, interdit de ce silence obstiné, s’approcha d’elle, Madame dormait.