Langue Internationale Esperanto

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LANGUE INTERNATIONALE

"ESPERANTO."


INTRODUCTION et MANUEL.



Nouvelle édition stéréotypée de l'ouvrage russe du

Dr. L. ZAMENHOF

traduit par L. de Beaufront.


Prix 15 centimes - Avec le port 20 c,


Franco à partir de 20 exemplaires,




RUSSIE FRANCE
L. ZAMENHOF à Varsovie L. de BEAUFRONT
rue Novolipki N 21 à Epernay, Marne.


1893


LANGUE INTERNATIONALE

"ESPERANTO."


INTRODUCTION et MANUEL.



Nouvelle édition stéréotypée de l'ouvrage russe du

Dr. L. ZAMENHOF

traduit par L. de Beaufront.


Prix 15 centimes-Avec le port 20 c,


Franco à partir de 20 exemplaires,




RUSSIE FRANCE
L. ZAMENHOF à Varsovie L. de BEAUFRONT
rue Novolipki N 21 à Epernay, Marne.


1893

Varsovie. Impr A. Gins rue Nowozielua N° 47.

COURT APERÇU.



La première brochure sur la langue Esperanto[1] a paru à La fin de 1887. Depuis, cinq ans à peine se sont écoulés et, en ce court espace de temps, la langue a fait d’immenses progrès, en dépit des circonstances défavorables contre lesquelles elle a dû lutter et malgré l’absence totale d’un soutien matériel quelconque. Sans bruit comme sans réclame, elle s’est répandus, en si peu d’années, dans le monde presque tout entier, en sorte qu’il ne reste plus maintenant que bien peu de pays dans lesquels on ne rencontre au moins quelques Espérantistes, Il y a cinq ans, ce ne fut qu’à grand peine que l’auteur de cette langue put faire éditer sa première brochure, et aujourd’hui l’Esperanto possède déjà une littérature assez étendue qui croît et s’enrichit sans cesse. Il y a cinq ans, la plupart des hommes sages levaient dédaigneusement les épaules à l’annonce de l’Esperanto, et « convaincus que c’était une utopie irréalisable », ils ne trouvaient même pas nécessaire de jeter un coup d’œil sur la brochure qui venait de paraître. Aujourd’hui, beaucoup de ces leveurs d’épaules sont devenus des amis et des propagateurs ardents de notre langue, et l’on trouve parmi eux nombre de gens dont le nom est connu dans le monde entier.

La Russie possède actuellement la majorité des Espérantistes ; l’Allemagne et la Suède ont la seconde place sous ce rapport ; viennent ensuite les divers autres pays. La diffusion plus ou moins grande de la langue Esperanto, dans telle on telle contrée, dépend, non point de conditions particulières, mais simplement du plus ou moins de zèle des adeptes et de la proportion dans laquelle la langue y est connue. On peut dire dès maintenant, avec certitude, que Le jour où lui viendra quelque gros appui financier, elle ne tardera pas à remplir le monde entier.

Peu de temps après la publication de la première brochure relative à l’Esperanto, commencèrent à paraître, en divers pays, des ouvrages édités par différents auteurs sur ou dans la langue, Puis, vers La fin de 1889, fut fondé, à Nuremberg, le premier journal en Esperanto, Actuellement il existe déjà 36 différents manuels et dictionnaires de la langue, en divers idiomes. Nous possédons des traductions Esperanto tirées de Andersen, Byron, Delvig, Dickens, Dilling, Esope, Goldoni, Göthe, Halek, Heine, Hugo, Krylov, Lamenmais, Lermontov, Lesage, Longfellow, Lucien, Mickiewicz, Prus, Puŝkin, K. R.*, Sienkiewicz, Weinberg etc, et déjà quelques œuvres originales ont été écrites immédiatement dans la langue même.

Des clubs d’Espérantistes existent maintenant dans différentes villes, notamment à Göteborg, Malaga, Munich, Nuremberg, Schalke, Schweinfurt, Sofia, St. Petersbourg (où la société « Espero » est officiellement reconnue), Upsala, Vilno etc. Ces clubs, comme aussi beaucoup de particuliers de divers pays, entretiennent entre eux, dans la langue, une correspondance des plus suivies. Enfin, les amis de l’Esperanto « travaillent et espèrent, »

Séparateur

INTRODUCTION DE L’AUTEUR.



Ce ne sera peut-être pas sans une certaine méfiance que le lecteur jettera les yeux sur cette petite brochure. Il supposera, de prime-abord, qu’il s’agit d’une utopie qu’on ne peut réaliser. Je le prie donc, avant tout, de vouloir bien dépouiller ce préjugé et d’examiner sérieusement, sans aucune prévention, la question que je me propose de traiter dans cet opuscule.

Je ne veux pas m’étendre longuement sur l’immense importance qu’aurait, pour l’humanité, l’existence d’une langue internationale admise par tous les peuples, d’une langue qui serait la propriété commune de l’univers entier, sans appartenir spécialement à aucune des nations existantes. que de temps et de peine il nous faut pour apprendre une où plusieurs langues étrangères ! Et pourtant, quand nous franchissons les frontières de notre patrie, il ne nous est pas toujours possible de nous faire comprendre de nos semblables. Que de temps, de peine et d’argent l’on sacrifie, pour traduire les œuvres littéraires d’une nation ! Et encore n’arrivons-nous à jouir que d’une partie bien infime des littératures étrangères, au moyen des traductions. Eh bien ! s’il existait une langue internationale, c’est en cette langue, généralement comprise, que se feraient toutes les traductions et que s’écriraient les ouvrages présentant par eux-mêmes un caractère international. Le mur infranchissable qui sépare les littératures tomberait, et les œuvres des autres peuples nous seraient aussi accessibles que celles de notre propre nation. La lecture deviendrait commune à tous, et avec elle l’éducation, la manière de voir, les aspirations, l’idéal : — les peuples ne formeraient plus qu’une famille.

Forcés d’économiser notre temps, pour l’employer à l’étude de plusieurs langues, nous ne sommes en état de le consacrer suffisamment à aucune. Aussi, d’une part, il est rare que l’on possède parfaitement même sa propre langue et, de l’autre, les langues, en général, ne se perfectionnent pas comme elles le devraient, Il en résulte que la pauvreté relative de chaque idiome, pour ceci ou cela, nous oblige souvent à nous approprier des mots, et jusqu’à des expressions entières, de langues étrangères, sous peine de nous exprimer incorrectement et même de raisonner faussement. Le moyen de remédier à ces inconvénients serait de ne posséder que deux langues, ce qui permettrait à tous d’en être plus tôt maître et favoriserait le développement de chaque idiome, en le mettant à même d’atteindre un plus haut degré de perfection et de richesse. Or, c’est la langue qui est le moteur principal de la civilisation. C’est grâce à elle que les hommes se sont élevés si haut au-dessus des animaux. plus sa langue est parfaite, plus un peuple est accessible au progrès.

La différence des langues est une des sources principales de la divergence et de l’hostilité réciproque des nations, puisque c’est la langue qui frappe avant tout les hommes, lorsqu’ils se rencontrent : n’ayant pas le moyen de nous faire comprendre, nous nous évitons les une les autres. En s’abordant, les hommes ne s’informent pas de leurs opinions politiques, de la partie du globe où ont vécu leurs ancêtres pendant plus ou moins de temps, — mais ils parlent — et, aussitôt, chaque son des mots qu’ils prononcent leur rappelle qu’ils sont étrangers l’un à l’autre, Celui à qui il est jamais arrivé d’habiter quelque temps une ville où se heurtent diverses races hostiles ne manquera pas de comprendre et d’apprécier quel immense service rendrait une langue internationale qui, sans se mêler de la vie intérieure des peuples, pourrait être, du moins dans un paye habité par des nations différentes, langue officielle et mondaine.

Enfin, il me semble inutile d’insister sur l’importance énorme qu’elle aurait pour les sciences et le commerce. Quiconque a réfléchi sérieusement à cette question, ne fût-ce qu’une fois en sa vie, a dû nécessairement reconnaître qu’aucun sacrifice ne serait trop grand pour acquérir une langue universelle. Aussi tout essai dans ce but, si faible qu’il soit, devrait attirer notre attention.

L’œuvre que je présente au public, aujourd’hui, est le fruit d’un travail mûri par de longues années de labeur ; j’ose douce espérer, qu’en considération de sa grande importance, le lecteur voudra bien lui accorder un peu de son temps, et lire attentivement cette brochure jusqu’à la fin.

Je ne me propose pas d’analyser ici tous les essais qui se sont produits pour créer une langue internationale, Je me contenterai de faire remarquer que tous se sont bornés à imaginer un système de signes pour exprimer brièvement la pensée, ou se sont exclusivement attachés à soumettre la grammaire à une simplification naturelle et à remplacer les mots des langues actuelles par d’autres mots inventés au hasard.

Les essais de la première catégorie étaient si compliqués et si peu pratiques, qu’ils périssaient au fur et à mesure de leur naissances. Ceux de la seconde présentaient, à la vérité, quelque chose qui ressemblait à une langue, mais ne renfermaient rien d’international. Aussi ne sait-on pourquoi leurs auteurs les ont baptisés « langues universelles ». À moins que ce ne soit parce que, dans l’univers entier, il ne se trouverait pas une seule personne dont on puisse se faire comprendre à l’aide de ces systèmes. Si, pour rendre une langue universelle, il suffisait de lui en donner le nom, toutes celles qui existent pourraient le devenir au gré de chaque particulier.

Tous ces divers essais comptaient naïvement sur le plaisir que leur apparition causerait au monde, et sur l’approbation unanime qu’on leur accorderait indubitablement, Or, cette adhésion générale est précisément ce qu’il y a de plus difficile à obtenir, vu l’indifférence du monde pour tous les essais de plume, essais qui, ne lui rapportant pas un profit immédiat et palpable, ne doivent compter que sur sa bonne volonté à sacrifier son temps dans l’intérêt public. La masse s’intéresse peu à ces choses, et ceux qui n’y sont pas indifférents estiment que ce n’est pas La peine de perdre son temps à étudier une langue que personne ne comprend, hormis son auteur. Que tout le monde, dit-on, ou au moins quelques millions d’hommes, commencent d’abord par l’apprendre, et je l’apprendrai moi aussi. Voilà pourquoi tout système qui ne présentait d’utilité pour chaque adepte isolément, qu’à partir du jour où il aurait acquis un nombre suffisant d’adhérents, n’a pu trouver de partisans et est mort dès sa naissance. Si, malgré cela, l’un des derniers essais de ce genre, le Volapük, a réuni dit-on, un certain nombre d’adhérents, c’est que l’idée d’une langue universelle est si attrayante et si élevée qu’elle trouve des enthousiastes prêts à sacrifier leur temps pour coopérer à sa réalisation, sur la simple probabilité du succès. Mais, une fois la première poussée faite, le chiffre des enthousiastes ralliés au Volapük a cessé de grandir. Le monde froid et indifférent ne se soucie pas, en effet, de consacrer ses loisirs à un système, pour n’arriver à se faire comprendre que d’un petit nombre d’individus, De manière que ce dernier essai, comme tous ceux qui l’ont précédé, se meurt, sans avoir porté de fruits.

La question d’une langue internationale m’occupe depuis longtemps ; mais, ne me regardant pas comme plus capable où plus énergique que les auteurs des essais précédemment stériles, je me suis contenté, pendant de longues années, d’en faire le sujet de mes réflexions constantes. Ce- pendant, quelques pensées heureuses, fruit de ces réflexions, m’ont encouragé à continuer mon travail et m’ont poussé à voir si je n’arriverais pas à surmonter systématiquement tous les obstacles qui s’opposent à la création et à la mise en usage d’une langue universelle rationnelle. Je crois y avoir plus ou moins réussi, et c’est le fruit de ce travail persévérant que je soumets, maintenant, au jugement bienveillant des lecteurs.

Les principaux problèmes à résoudre sont les suivants :

1) La langue doit être extrêmement facile, de manière à ce qu’on puisse l’apprendre, pour ainsi dire, en passant.

2) Il faut que ceux qui l’apprennent puissent en profiter aussitôt pour se faire comprendre des gens de nationalité différente, que la langue obtienne où non l’approbation universelle. En d’autres termes, il faut que, d’emblée, elle puisse servir de véritable intermédiaire pour les relations internationales.

En dehors de ces deux problèmes principaux, il y en avait naturellement beaucoup d’autres à résoudre ; mais, ne les regardant pas comme essentiels, je ne m’y arrêterai pas,

Avant d’exposer au lecteur la manière dont j’ai résolu les problèmes ci-dessus, je le prierai de vouloir bien considérer leur importance, et de ne pas juger trop légèrement de ma méthode, par cela seul que, peut-être, il la trouvera trop simple. Si je fais cette remarque, c’est que je sais la plupart des hommes enclins à n'estimer certaines choses qu'en proportion de ce qu'elles leur paraissent compliquées, de longue haleine, et difficiles à comprendre. En voyant un manuel tout petit, renfermant des règles d'une simplicité extrême et accessibles à tous, ils pourraient être portés à le traiter avec dédain. Cependant, c'est justement pour atteindre cette simplicité et cette concision, pour rendre naturelles et faciles les formes originellement compliquées, qu'il a fallu surmonter les difficultés les plus grandes

I. Problème.

J'ai résolu le premier problème de la manière suivante:

a) J'ai transformé la grammaire au point de lui faire atteindre une simplicité inouïe, sans la priver, pour cela, de clarté, de précision et de souplesse. En même temps, je lui ai gardé le caractère qu'elle a dans les langues actuelles, pour en faciliter l'étude,

La grammaire de ma langue peut parfaitement être apprise tout entière en une 1/2 heure. L'on comprend combien une grammaire semblable facilite l'étude de la langue.

b) J'ai créé des règles pour la formation des mots et : réduit énormément, grâce à cela, la quantité de ceux qu'il faut apprendre, sans priver toutefois la langue de ses richesses. Bien au contraire, je l'ai rendus plus riche qu'aucun des idiomes vivants, par la faculté qu'on y a de former, d'un mot, une quantité d'autres vocables, et d'exprimer ainsi toutes les muances de la pensée, J'y suis parvenu, en introduisant dans la langue des préfixes et des suffixes, à l'aide desquels on peut tirer une foule de mots d'un seul, ce qui dispense de les apprendre séparément. Pour plus de commodité, j'ai donné à ces affixes la signification de mots indépendants qui sont insérés, comme tels, dans le dictionnaire. Exemples:

1) Le préfixe mal marque le contraire du vocable énoncé. Il en résulte que, connaissant l'adjectif bon'a "bon", nous pouvons en former son contraire mal'bon'a "mauvais", Nous n’avons donc plus besoin d’un mot à part pour rendre cette dernière idée, alt'a haut— mal'alt'a bas; estim'i estimer — mal'estim'i mépriser; et ainsi de suite. Par conséquent, ai nous savons le mot mal, nous sommes dispensés d'en apprendre une foule d'autres, tels que "dur“ ("mou" étant connu), "froid", "vieux", "sale", "éloigné", "pauvre“ ,"obscurité, "honte, "haïr", "maudire" etc.

2) Le suffixe "in" marque le féminin. Du mot frat'o "frère" nous pouvons donc former nous-mêmes le mot frat'in'o sœur, Père — patr'o, mère — patr'in'o. D'où il suit que des mots comme "grand'mère“ "file, "femme", "poule", "vache" etc, sont devenus superflus.

3) Le suffixe "il" marque l'instrument de l’action. Par exemple: tranĉ'i trancher — tranĉ'il'o le couteau. De la sorte, les mots "peigne", "hache", "sonnette", "charrue", "patins", etc. ne sont plus necessaires. Il en va de même pour une cinquantaine d'autres préfixes et suffixes, environ.

J'ai établi en outre, comme règle générale, que les mots déjà devenus internationaux (c. à. d. ceux que j'appelle "étrangers") ne changent pas dans la langue internationale, ils en prennent seulement l’ortographe. Par là même, on est dispensé d'apprendre une grande quantité de mots, comme par exemple: atome, botanique, comédie, désinfecter, docteur, émanciper, forme, figure, locomotive, monopole, nerf, platine public, rédaction, télégraphe, température, théâtre, vagon, etc.

Grâce à ces rêgles et à quelques propriétés, sur lesquelles je trouve inutile de m'étendre ici, la langue devient extrêmement facile, Vous n'avez à apprendre qu'environ 900 mots, pour être au bout de l'étude. Et dans ce nombre sont compris tous les préfixes et les suffixes, aussi bien que toutes les terminaisons grammaticales. Avec cette petite provision de 900 mots, on peut sans capacités particulières ou extraordinaires, sans aucun effort de l'esprit, former, d'après les règles données, tous les autres mots, expressions et tournures nécessaires dans la vie quotidienne. D'ailleurs ces 900 mots, qui se trouvent ci-après, sont choisis de telle sorte que tout homme tant soit peu lettré les apprend avec une facilité extrême, Ainsi l'étude de cette langue riche, harmonieuse, que tout le monde peut comprendre (la raison en est expliquée plus bas), n'exige pas un certain nombre d'années, comme celle des autres langues. Pour posséder l'Esperauto, il suffit d'un travail de quelques jours. [2]


II Problème.


Quant au deuxième problème, je l'ai résolu de la manière suivante:

a) J'ai introduit, dans mon système, une complète désarticulation des idées en mots indépendants. De la sorte, au lieu de vocables soumis à diverses formes grammaticales, la langue ne comprend que des mots invariables. Si vous lisez un ouvrage écrit en Esperanto, vous y trouverez chaque mot revenant toujours sous une seule et unique forme, qui est précisément celle avec laquelle il figure dans le dictionnaire. Toutes les flexions et désinences grammaticales, tous les rapports réciproques des vocables entre eux, s’expriment ici par la réunion de mots invariables. Mais, comme une telle structure de langue est tout à fait étrangère aux peuples européens et qu'il leur serait difficile de s'y habituer, j'ai complétement approprié cette désarticulation à l'esprit de leurs idiomes. De la sorte, celui qui apprend l’Esperanto à l'aide du manuel, sans avoir lu préalablement l'introduction (ce qui n'est, du reste, aucunement nécessaire pour l'étude même du système), ne se doute pas que sa constitution diffère en quoi que ce soit de celle qu'a sa propre langue. Ainsi, le mot frat'in'o est, en réalité, composé des trois mots: frat (frère), in (femme, femelle), 0 (ce qui est), dont la traduction littérale donne: "ce qui est frère femme". Le manuel en explique la formation de la manière suivante. Frat=frère. Mais, tout substantif, au nominatif, devant finir par o, nous avons frat'o. Et, comme on se sert du suffixe in pour marquer le féminin, il en résulte que "sœur"=frat'in'o. Quant aux petits traits séparatifs, on les emploie parce que la grammaire exige qu'on les mette entre les parties composantes du mot. En opérant ainsi, la désarticulation de la langue ne gêne en rien celui qui l’apprend. Il ne soupçonne même pas que, ce qu'il appelle préfixes ou suffixes, n'est au fond qu'une collection de mots indépendants dont la signification reste toujours la même, soit qu'on les mette au commencement où à la fin des vocables, soit qu'on les prenne même isolément. Il ne se doute pas, non plus, que chacun d’eux peut être employé comme racine ou comme élément grammatical. Tel est, cependant, le résultat de cette structure que tout ce qui est écrit en Esperanto sera, sur le champ, compris au plus juste (avec ou sans l'aide du dictionnaire), non seulement de tous ceux qui n'en ont pas appris la grammaire au préalable, mais encore de ceux qui en ignorent l'existence[3] En voici un exemple.

Mettons que je me trouves en France, sans connaître un mot de français, et que j'aie besoin de m'adresser à quelqu'un. Je lui écris sur un papier, dans la langue internationale, les mots suivants, je suppose: . Mi ne sci'as kie mi las'is la baston'o'n; ĉu vi ĝi'n ne vid'is ?

Puis, je lui présente le dictionnaire Esperanto-Français, en lui montrant la première page, où se trouve imprimée, en gros caractères, la phrase que voici: Tout ce qui est écrit en langue internationale peut être compris à l’aide de ce dictionnaire. Les mots qui forment ensemble une seule idée s'écrivent ensemble, mais se séparent les uns des autres par de petits traits. Ainsi, par exemple, le mot "frat'in'o", qui n'exprime qu’une idée, est formé de trois mots, et chacun d'eux se cherche à part.

Si mon interlocuteur n'a jamais entendu parler de la langue internationale, il commencera par ouvrir de grands yeux, puis il prendra mon papier, cherchera dans le dictionnaire et y trouvera ce qui suit:

Mi mi moi,je je
ne ne ne, non ne
sci'as sci savoir sais
as marque le présent
kie kie où
Mi mi moi,je je
las'as las laisser ai laissé
is marque le passé
la la le,la (article) la
baston’o’n baston canne, bâton canne
o marque le substantif
n indique que le mot est complément
ĉu ĉu est-ce que est-ce que
vi vi tu, vous vous
ĝi’n ĝi il, elle, cela elle
n indique que le mot est complément direct
ne ne ne, non ne
vid'is? vid voir avez-vue ?
is marque le passé
De cette manière, le Français comprendra clairement

ce que je lui veux. S'il désire me répondre, je lui montrerai le dictionnaire français - international, au commencement duquel est écrit ceci: "Si vous voulez exprimer quelque chose en Esperanto, cherchez dans ce petit dictionnaire les mots qui vous sont nécessaires, et comportez-vous à leur égard de la manière suivante. Employez, tels que vous les trouverez, ceux qui sont marqués d'un astérisque, et ajoutez aux autres les terminaisons grammaticales voulues. Quant à ces terminaisons, vous les trouverez aussi dans le dictionnaire, à l'ordre alphabétique que leur nature comporte.[4]

J’attire l'attention du lecteur sur le point que nous venons d'exposer et qui est d'une extrême importance pratique, quoiqu'il paraisse tout simple, à première vue. En effet, dans aucune autre langue, vous ne parviendrez à vous faire comprendre d'une personne qui ne la pratique pas, à l’aide même du meilleur dictionnaire, par la raison fort simple que, pour savoir se servir du dictionnaire d'une langue, il faut d’abord plus ou moins la connaître. Pour arriver à trouver le mot voulu dans un lexique, il faut en avoir la racine. Or, dans la contexture de la phrase, la plupart des mots sont employés avec des transformations grammaticales qui, souvent, ne rappellent en rien la forme primitive. Puis il s’y joint divers préfixes et suffixes qui en changent l'aspect en même temps que le sens. Si bien que, sans la connaissance préalable de la langue, vous ne trouverez, danse le dictionnaire, presqu’aucun des mots que vous chercherez, et ceux que vous y découvrirez ne vous donneront aucune idée exacte du sens de la phrase. Ainsi, si j’écrivais en allemand la question posée plus haut, c'est-à-dire: , Ich weiss nicht, wo ich den Stock gelassen habe, haben Sie ihn nicht gesehen? celui qui ne connaît pas cette langue trouverait ce qui suit, dans le dictionnaire: Moi — blanc - non, pas — 0ù — je, moi - ? - étage, canne — de sang froid — la fortune — avoir — elle, ils, vous — ? — non — ? — (les points d'interrogation indiquent que les mots dont ils tiennent la place ne figurent pas du tout dans le dictionnaire, parce qu'ils sont des formes grammaticales d'autres mots). Je passe sous silence ce fait, que les dictionnaires de toutes les langues connues, même ceux qu'on nomme "de poche", sont passablement volumineux et qu’après y avoir cherché deux ou trois mots de suite, on se trouve fatigué. Celui de la langue internationale, au contraire, grâce à la désarticulation des idées, est extrêmement petit et facile à manier. Il faut encore remarquer que, dans les langues actuelles, chaque mot se présente, dans le dictionnaire, avec plusieurs significations parmi lesquelles on doit choisir su hasard. Et quand bien même vous imagineriez une langue possédant une grammaire des plus simples et des plus idéales, avec des acceptions bien définies pour chaque mot, il faudrait encore, pour que vous pussiez vous faire comprendre de votre interlocuteur ou de votre correspondant, au moyen d'un dictionnaire, que celui-ci eût non seulement appris auparavant la grammaire de la langue employée, mais encore qu'il y fût suffisamment versé. Sans cela, il serait incapable de s'orienter avec facilité, et de pouvoir distinguer les mots primitifs des mots altérés par les formes grammaticales, dérivés où composés. Tout cela revient à dire que l’avantage à retirer d'une telle langue serait subordonné au nombre de ses adeptes, et nul en leur absence. Cependant, si vous êtes en wagon et que vous désiriez poser à votre voisin la question suivante: "Combien de temps nous arrêterons- nous à...?" vous n'exigerez certainement pas qu'il apprenne la grammaire de votre langue. En Esperanto, vous pouvez être compris de tout étranger, non seulement si la langue ne lui est pas familière, mais même s’il en ignore l’existence. Un livre écrit dans cette langue peut être lu par chacun, sans la moindre préparation, et sans qu'il ait besoin de parcourir une préface quelconque expliquant la manière de se servir du dictionnaire, Un lettré ne sera même pas obligé de recourir souvent au lexique, comme on le verra plus bas.[5] Vous voulez écrire, je suppose, à un Espagnol de Madrid, et vous ignorez sa langue, comme lui, de son côté, ne connaît pas la vôtre. Vous doutez, de plus, qu'il sache l'Esperanto, et même qu'il en ait entendu parler. Eh bien! n'empêche, vous pouvez lui écrire hardiment, avec la certitude absolue d'être compris !

En effet, comme on le voit par le spécimen attenant à cette brochure, le dictionnaire entier des mots nécessaires pour la vie quotidienne peut n'occuper, grâce à la structure de la langue, qu'une demi-feuille. Or, il existe traduit, sous cette forme, dans toutes les langues de l’Europe, ce qui permet de l'introduire dans la moindre enveloppe. Vous n'avez donc qu'à écrire votre lettre en Esperanto et à y ajouter le dictionnaire International-Espagnol que vous pouvez vous procurer pour quelques centimes; et le destinataire de votre missive la comprendra, parce que cette petite feuille dictionnaire ne se borne pas à en donner la clef, mais qu'elle indique, en outre, sa propre destination et la manière dont on doit l'employer. Comme les mots de la langue Esperanto se prêtent à d'innombrables liaisons réciproques, on peut exprimer, à l'aide de ce petit lexique, tout ce qu'on a besoin de dire dans le cours ordinaire de la vie. Naturellement, on n'y trouve pas les mots qui se rencontrent rarement, les termes techniques, ainsi que les vocables dits "étrangers" que l'on peut présumer être connus de tous, comme "tabac", "théâtre", "fabrique" et autres semblables. Si l'on était obligé d'employer ces mots et qu'ou ne pût les remplacer par d'autres ou par des périphrases, il faudrait alors se servir du dictionnaire Complet. Cependant, il ne serait pas nécéssaire de l’expédier en même temps que la lettre en question. Il suffirait de placer entre parenthèses la traduction de ces mots, dans la langue du destinataire.

b) Ainsi, grâce à la structure de l'Esperanto, on peut s’en servir pour s’entretenir avec n’importe qui. Le seul côté gênant qui s'y rencontre, c'est la nécessité où l'on se trouve d'attendre que l'interlocnteur ait analysé la phrase proposée. Mais cet inconvénient cessera avec l'adoption universelle de la langue. Pour l'écarter autant que possible, j'ai procédé de la manière suivante. Je n’ai pas pris au hasard les mots de mon dictionnaire, mais je les ai choisis, dans la mesure praticable, parmi ceux qui sont connus de tout le monde lettré, Ainsi, les mots qu'emploient uniformément toutes les langues des peuples civilisés passent en Esperanto sans aucun changement. Quant à ceux pour lesquels il y a divergence dans certains idiomes, je les prends de telle sorte qu'ils soient communs à deux ou trois des principales langues de l'Europe, ou au moius populaires parmi les autres nations, s'ils n'appartiennent qu'à une seule. Enfin, quand les mots diffèrent absolument dans toutes les langues, je tâche d'en trouver qui se rapprochent le plus possible, pour le sens et la forme, de ceux qu'on y emploie, et qui soient connus de tous les peuples principaux, Le mot "proche", par exemple, a dans chaque langue un équivalent différent; mais il suffit d'emprunter au latin le terme "proximus" {le plus proche), pour tourner la difficulté. En effet, ce vocable étant employé, avec certaines altérations, dans toutes les principales langues, il en résulte que je serai plus ou moins compris de n'importe quel lettré, si je rends "proche" par "proksim". En dehors des cas susmentionnés, je prends mes mots dans le latin qui est déjà, par le fait, langue à demi internationale, Je n'enfreins cette régle que dans quelques occasions isolées, par exemple, pour éviter des homonymes, pour simplifier l'orthographe, et dans un petit nombre de cas analogues. De la sorte, en correspondant avec un Européen, qui posséde une instruction moyenne, sans cependant avoir jamais appris l'Esperanto, je puis non seulement être sûr qu'il me comprendra, mais encore que la recherche des mots ne lui donnera pas beaucoup de peine. Il ne se servira du dictionnaire que pour ceux dont le sens lui inspirera des doutes.

Maintenant que j'ai exposé au lecteur les caractères essentiels de la langue internationale, je vais lui en donner quelques spécimens, dans les fragments de traduction suivants, pour qu'il puisse vérifier par lui-même l'exactitude des considérations que je viens de lui présenter.

[6]
I. Patr'o ni'a

Patr'o ni'a kiu est'as en la ĉiel'o, sankt'a est'u Vi'a nom'o,ven'u reĝ'ec'o Vi'a, est'u vol'o Vi'a, kiel en la ĉiel'o, tiel ankaŭ sur la ter'o. Pan'o'n ni'a'n ĉiu'tag'a'n don'u al ni hodiaŭ kaj pardon'u al ni ŝuld'o'j'n ni'a'j'n, kiel ni ankaŭ pardon'as al ni'a'j ŝuld'ant'o'j; kaj ne konduk'u ni'n en tent'o'n, sed liber'ig'u ni'n de la mal'bon'o. Amen!

II. El la Biblio.

. En la komenc'o Di'o kre‘is la ĉiel'o'n kaj la ter'o'n. Kaj la ter'o est'is sen'form'a kaj dezert'a, kaj mal'lum'o est'is super la profund'aĵ'o, kaj la anim'o de Di'o si'n port'is super la akv'o. Kaj Di'o dir'is; est'u lum'o, kaj far'iĝ'is lum'o, Kaj Di'o vid'is la lum'o'n, ke ĝi est'as bon'a, kaj nom'is Di'o la lum'o'n tag'o, kaj la mal'lum'o'n Li nom'is nokt'o. Kaj est'is vesper'o, kaj est'is maten'o — unu tag'o. Kaj Di'o dir'is: est'u firm'aĵ'o inter la akv'o, kaj ĝi apart'ig'u akv'o'n de akv'o. Kaj Di'o kre'is la firm'aĵ'o'n kaj apart'ig'is la akv'o'n, kiu est'as sub la Firm'aĵ'o, de la akv'o, kiu est'as super la firm'aĵ'o; kaj far'iĝ'is tiel. Kaj Di'o nom'is la firm'aĵ'o'n ĉielo. Kaj est'is vesper'o, kaj est'is maten'o - la du'a tag'o. Kaj Di'o dir'is: kolekt'u si'n la akv'o de sub la ciel'o unu lok'o'n kaj montr'u si'n sek'aĵ'o; kaj far'iĝ'is tiel. Kaj Di'o nom'is la sek'aĵ'o'n ter'o, kaj la kolekt'o'j'n de la akv'o Li nom'is mar'o'j.

III. Leter'o.

Kar'a amik'o !

Mi prezent’as al mi kia'n vizaĝ'o'n vi far'os post la ricev'o de mi'a leter'o. Vi rigard'os la sub'skrib'o'n kaj ek'kri'os: "ĉu li perd'is la saĝ'o'n?! En kia lingv'o li skrib'is ? Kio'n signif'as la foli'et'o, kiu'n li al'don'is al si'a leter'o? Trankvil'iĝ'u mi'a kar'a! Mi'a saĝ'o, kiel mi almenaŭ kred'as, est'as tut'e en ord'o.

Mi leg'is antaŭ kelk'a'j taglo'j libr'et'o'n sub la nom'o "Lingv'o inter'naci'a." La aŭtor'o kred'ig'as, ke per tiu lingv'o oni pov'as est'i kompren'at'a de la tut'a mond'o, se

eĉ la adres'it'o ne sol'e ne sci'as la lingv'o'n, sed eĉ ankaŭ ne aŭd'is pri ĝi; oni dev'as sol'e al'don'i al la leter'o mal'grand'a'n foli'et'o'n nom'at'a'n "vort'ar'o." Dezir'ant'e vid'i, ĉu tio est'as ver'a, mi skrib'as al vi en tiu lingv'o, kaj mi eĉ unu vort'o'n ne al'met'as en ali'a lingv'o, tiel kiel se ni tut'e ne kompren'us unu la lingv'o'n de la ali'a. Respond'u al mi, ĉu vi efektiv'e kompren'is, kio'n mi skrib'is. Se la afer'o propon'it'a de la aŭtor'o est'as efektiv'e bon'a, oni dev'as per ĉiu'j fort'o'j li'n help'i.

Kun kor'a salut'o mi rest'as Via N. N.


IV, La Espero.
[7]

En la mondon venis nova sento,

Tra la mondo iras forta voko;

Per flugiloj de facila vento

Nun de loko flugu ĝi al loko.


Ne al glavo sangon soifanta

Ĝi la homan tiras familion:

Al la mond' eterne militanta

Ĝi promesas sanktan harmonion.


Sub la sankta signo de l'espero

Kolektiĝas pacaj batalantoj,

Kaj rapide kreskas la afero

Per laboro de la esperantoj.


Forte staras muroj de miljaroj

Inter la popoloj dividitaj;

Sed dissaltos la obstinaj baroj,

Per la sankta amo disbatitaj.


Sur neŭtrala lingva fundamento,

Komprenante unu la alian,

La popoloj faros en konsento

Unu grandan rondon familian.


Nina diligenta kolegaro

En laboro paca ne laciĝos,

Gis la bela sonĝo de l'homaro

Por eterna ben' efektiviĝos.

V. El Heine.

 En sonĝo princinon mi vidis
Kun vangoj malsekaj de ploro, —
Sub arbo, sub verda ni sidis,
Tenante sin koro ĉe koro.

 « De l’patro de l’via la krono
Por mi ĝi ne estas havinda !
For, for lia sceptro kaj trono —
Vin mem mi deziras, aminda! »

 — « Ne eble !» ŝi al mi rediras :
"En tombo mi estas tenata,
Mi nur en la nokto eliras
Al vi, mia sole amata ! »

VI. Ho, mia kor’.

Ho, mia kor’, ne batu maltrankvile,
El mia brusto nun ne saltu fort
Jam teni min ne povas mi facile,
Ho, mia kor’!




Afin que les lecteurs du « Dua Libro » n’en trouvent pas étrange le premier chapitre, nous faisons remarquer que la précédente édition du manuel contenait, à cette place même, un projet de « Promesses » (promesse conditionnelle d’apprendre la langue). Mais les succès de l’Esperanto ayant été plus grands que ne l’espérait son initiateur, ce projet est abandonné aujourd’hui, comme superflu, Seulement je ne crois pas inutile d’attirer ici, une fois encore, l’attention du lecteur sur l’adhésion préparée soit sur la page détaché du livre soit sur la carte postale incluse. Nous le prions instamment, au nom des intérêts de l’humanité, de vouloir bien la remplir et de l’envoyer à l’auteur de la langue Esperanto.


Séparateur

MANUEL

de

LA LANGUE INTERNATIONALE ESPERANTO



A) ALPHABET

Aa, Bb, Cc, Ĉĉ, Dd, Ee, Ff,
à b ts (tsar) tch
(tchèque)
d é f
Gg, Ĝĝ, Hh, Ĥĥ, Ii, Jj, Ĵĵ,
g
dur (gant)
dj
(adjutant)
h légère-
ment
aspiré
h forte-
ment
aspiré
i y (yeux) j
Kk, Ll, Mm, Nn, Oo, Pp, Rr,
k l m n ô p r
Ss, Ŝŝ, Tt, Uu, Ŭŭ, Vv, Zz.
ss, ç ch (chat) t ou ou bref
(dans l’alle-
mand „laut„)
v z

Remarque I. Pas de lettre muette ; pas de nasale. Ex.: amas = âmâce; foiro = fô-i-rô ; trouzi = trô-u-zi ; regno=régue-nô ; ombro=ôme-brô; aj, ej, oj,uj =â-ye,é-ye, ô-ye,ou-ye prononcés en une seule émission de voix, comme les syllabes soulinées dans paille, oseille, Boïeldieu fouille. Aŭ, eŭ forment diphtongue ; mettez donc le moins de temps possible entre le son â et le son ou : aŭdi, leŭtenanto=âoudi, léouténâ-e-tô.

Remarque II. - Les typographies qui n’ont pas les caractères ĉ, ĝ, ĥ, ĵ, ŝ, ŭ, peuvent les remplacer par ch, gh, hh, jh, sh, u.

B) PARTIES DU DISCOURS

1. L’Esperanto n’a qu’un article défini (la), invariable pour tous les genres, nombres et cas. Il n’a pas d’article indéfini.

Remarque. — L’emploi de l’article est le même qu’en français ou en allemand. Mais les personnes auxquelles il présenterait quelque difficulté peuvent fort bien ne pas s’en servir.

2. Le substantif finit toujours par o. Pour former le pluriel on ajoute j au singulier. La langue n’a que deux cas : le nominatif et l’accusatif. Ce dernier se forme du nominatif par l’addition d’un n. Les autres cas sont marqués par des prépositions : le génitif par de (de), le datif par al (à), l’ablatif par per (par, au moyen de) ou par d’autres prépositions, selon le sens. Ex. : la patr’o — le père, al la patr’o — au père, de la patr’o — du père, la patr’o’n — le père (à l’accusatif, c.-à-d. complément direct), per la patr’o’j — par les pères ou au moyen des pères, la patr’o’j’n — les pères (accus. plur.), por la patr’o — pour le père, kun la patr’o — avec le père, etc.

3. L’adjectif finit toujours par a. Ses cas et ses nombres se marquent de la même manière que ceux du substantif. Le comparatif se forme à l’aide du mot pli — plus, et le superlatif à l’aide du mot plej — le plus. Le „que“ du comparatif se traduit par „ol“ et le „de“ du superlatif par „el“ (d’entre). Ex. : pli blank’a ol neĝ’o — plus blanc que neige ; mi hav’as la plej bel’a’n patr’in’o’n el ĉiu’j j’ai la plus belle mère de toutes.

4. Les adjectifs numéraux cardinaux sont invariables : unu (1), du (2), tri (3), kvar (4), kvin (5), ses (6), sep (7), ok (8), naǔ (9), dek (10), cent (100), mil (1000). Les dizaines et les centaines se forment par la simple réunion des dix premiers nombres. Aux adjectifs numéraux cardinaux on ajoute : la terminaison (a) de l’adjectif, pour les numéraux ordinaux ; obl, pour les numéraux multiplicatifs ; on, pour les numéraux fractionnaires ; op, pour les numéraux collectifs. On met po avant ces nombres pour marquer les numéraux distributifs. Enfin, dans la langue, les adjectifs numéraux peuvent s’employer substantivement ou adverbialement. Ex. : Kvin’cent tri’dek tri — 533 ; kvar’a — 4me ; tri’obl’a — triple ; kvar’on’o — un quart ; du’op’e — à deux ; po kvin — au taux de cinq (chacun) ; unu’o — (l’)unité ; sep’e — septièmement.

5. Les pronoms personnels sont : mi (je, moi), vi (vous, tu, toi), li (il, lui), ŝi (elle), ĝi (il, elle, pour les animaux ou les choses), si (soi), ni (nous), ili (ils, elles), oni (on). Pour en faire des adjectifs ou des pronoms possessifs, on ajoute la terminaison (a) de l’adjectif. Les pronoms se déclinent comme le substantif. Ex. : mi’n — moi, me (accus.), mi’a — mon, la vi’a’j — les vôtres.

6. Le verbe ne change ni pour les personnes, ni pour les nombres. Ex. : mi far’as — je fais, la patr’o far’as — le père fait, ili far’as — ils font.

Formes du verbe :

a) Le présent est caractérisé par as ; ex. : mi far’as — je fais. b) Le passé, par is : vi far’is — vous faisiez, vous avez fait.

c) Le futur, par os : ili far’os — ils feront.

ĉ) Le conditionnel, par us : ŝi far’us — elle ferait.

d) L’impératif, par u : far’u — fais, faites ; ni far’u — faisons.

e) L’infinitif, par i : far’i — faire.

f) Le participe présent actif, par ant : far’ant’a — faisant, far’ant’e — en faisant.

g) Le participe passé actif, par int : far’int’a — ayant fait.

ĝ) Le participe futur actif, par ont : far’ont’a — devant faire, qui fera.

h) Le participe présent passif, par at : far’at’a — étant fait, qu’on fait.

ĥ) Le participe passé passif, par it : far’it’a — ayant été fait, qu’on a fait.

i) Le participe futur passif, par ot : far’o’ta — devant être fait, qu’on fera.

La voix passive n’est que la combinaison du verbe est (être) et du participe présent ou passé du verbe passif donné. Le „de“ ou le „par“ du complément indirect se rendent par de. Ex. : ŝi est’as am’at’a de ĉiu’j — elle est aimée de tous (part. prés. : la chose se fait). La pard’o est’as ferm’it’a’ — la porte est fermée (part. pas. : la chose a été faite).

7. L’adverbe est caractérisé par e. Ses degrés de comparaison se marquent de la même manière que ceux de l’adjectif. Ex. : mi’a frat’o pli bon’e kant’as ol mi — mon frère chante mieux que moi.

8. Toutes les prépositions veulent, par elles-mêmes, le nominatif.

C) RÈGLES GÉNÉRALES

9. Chaque mot se prononce absolument comme il est écrit.

10. L’accent tonique se place toujours sur l’avant-dernière syllabe.[8]

11. Les mots composés s’obtiennent par la simple réunion des éléments qui les forment, écrits ensemble, mais séparés par de petits traits[9]. Le mot fondamental doit toujours être à la fin. Les terminaisons grammaticales sont considérées comme des mots. Ex. : vapor’ŝip’o (bateau à vapeur) est formé de : vapor — vapeur, ŝip — bateau, o — terminaison caractéristique du substantif.

12. S’il y a dans la phrase un autre mot de sens négatif, l’adverbe „ne“ se supprime. Ex. : mi neniam vid’is — je n’ai jamais vu.

13. Si le mot marque le lieu où l’on va, il prend la terminaison de l’accusatif. Ex. : kie vi est’as ? — où êtes-vous ? kie’n vi ir’as ? — où allez-vous ? Mi ir’as Pariz’o’n — je vais à Paris.

14. Chaque préposition possède, en Esperanto, un sens immuable et bien déterminé, qui en fixe l’emploi. Cependant, si le choix de celle-ci plutôt que de celle-là ne s’impose pas clairement à l’esprit, on fait usage de la préposition je qui n’a pas de signification propre. Ex. : ĝoj’i je tio — s’en réjouir, rid’i je tio — en rire, enu’o je la patr’uj’o — regret de la patrie.

La clarté de la langue n’en souffre aucunement, car, dans toutes, on emploie, en pareil cas, une préposition quelconque, pourvu qu’elle soit sanctionnée par l’usage. L’Esperanto adopte pour cet office la seule préposition je.

À sa place on peut cependant employer aussi l’accusatif sans préposition, quand aucune amphibologie n’est à craindre.

15. Les mots „étrangers“ c.-à-d. ceux que la plupart des langues ont empruntés à la même source, ne changent pas en Esperanto. Ils prennent seulement l’orthographe et les terminaisons grammaticales de la langue. Mais quand, dans une catégorie, plusieurs mots différents dérivent de la même racine, il vaut mieux n’employer que le mot fondamental, sans altération, et former les autres d’après les règles de la langue internationale. Ex. : tragédie — tragedi’o, tragique — tragedi’a.

16. Les terminaisons des substantifs et de l’article peuvent se supprimer et se remplacer par une apostrophe. Ex. : Ŝiller’ (Schiller) au lieu de Ŝiller’o ; de l’ mond’o au lieu de de la mond’o.

a marque l’adjectif; ex.: hom' homme - hom'a humain

aĉet' acheter

acid' acide, aigre

ad marque durée dans l’action; ex.: paf' coup de fusil - paf'ad' fusillade

adiaŭ adieu

aer air

afer' affaire

aĝ' âge

agl' aigle

agrabl' agréable

aĵ' quelque chose possédant une certaine qualité ou fait d’une certaine matière;ex.: mol' mou - mol'aĵ' partie molle d’une chose frukt' fruit - frukt'aĵ' quelque chose fait de fruits

ajn que ce soit; ex.: kiu qui - kiu ajn qui que ce soit

akompan' accompagner

akr' aigu

akv' eau

al à (vers marque le datif et directif vers)

ali' autre

almenaŭ au moins

alt' haut

alumet' allumette

am' aimer

amas' amas, foule

amik' ami

an' membre, habitant, partisan; ex.: regn' l’état - regn'an' citoyen Varsovi'an' Varsovien

anĝel' ange

angul' coin

anim' âme

ankaŭ aussi

ankoraŭ encore

anstataŭ au lieu de

ant' marque le participe présent actif : …ant

antaŭ devant

apart' à part, separé

aparten' appartenir

apenaŭ à peine

apog' appuyer

apud auprès de

ar' la réunion de certains objets; ex.: arb' arbre - arb'ar' forêt ŝtup' marche - ŝtup'ar' escalier

arb' arbre

arĝent' argent (métal)

as marque le présent d’un verbe

at' marque le participe présent passif : étant …

atend' attendre

ating' atteindre

ou

aŭd' entendre

aŭskult' écouter

aŭtun' automne

av' grand-père

avar' avare

azen' âne


babil' babiller

bak' cuire,frire

bala' balayer

balanc' balancer

baldaŭ bientôt

ban' baigner

bapt' baptiser

bar' barrer

barb' barbe

barel' tonneau

baston' bâton, canne

bat' battre

batal' combattre

bedaŭr' regretter

bel beau

ben' bénir

benk' banc

ber' baie (bot.)

best' animal

bezon' avoir besoin de

bier' bière

bind' relier

bird' oiseau

blank' blanc

blov' souffler

blu' bleu

bo' marque la parenté resultant du mariage; ex.: patr'le père bo'patr' - beau-père frat'frère bo'frat' - beau-frère

boj' aboyer

bol' bouillir

bon' bon

bord' bord, rivage

bot' botte

botel' bouteille

bov' boeuf

branĉ' branche

brand' eau-de-vie

bril' briller

bros' brosse

bru' faire du bruit

brul' brûler (être en feu)

brust' poitrine

brut' bétail

buŝ' bouche

buter' beurre

buton' bouton



ĉagren' charigner

ĉambr' chambre

ĉap' bonnet

ĉapel' chapeau

ĉar car, puisque,parce que

ĉarm' charmant

ĉe chez, à

cel' viser, but

ĉemiz' chemise

ĉen' chaîne

cent cent

ĉeriz' cerise

ĉerk' cercueil

cert' certain

ĉes' cesser

ceter' autre (le reste)

ĉeval' cheval

ĉi ce qui est le plus près; ex.: tiu celui-là - tiu ĉi celui-ci tie là - tie ĉi ici

ĉia chaque

ĉiam (ĉian) toujours

ĉie partout

ĉiel' ciel

cigar' cigare

cigared' cigarette

cindr' cendre

ĉio tout

ĉirkaŭ autour de, environ

citron' citron

ĉiu chacun

ĉiu'j' tous

ĉj' après les 1—5 premières lettres d'un prénom masculin lui donne un caractère diminutif et caressant; ex. : Miĥael' - Mi'ĉj' Aleksandr' - Ale'ĉj'

ĉu est-ce que ? Si (interroatif)



da de (après les mots marquant mesure, poids, nombre); ex.: kilogram'o da viand'oun kilogramme de viande glas'o da te'oun verre de thé

danc' danser

danĝer' danger

dank' remercier

daŭr' durer

de de (par, avec le passif); marque le génitif et le point de départ

decid' décider, résoudre

defend' défendre

dek dix

dekstr' droit, droite

demand' demander (questionner)

dens' épais

dent' dent

detru' détruire

dev' devoir

dezert' désert

dezir' désirer

Di' Dieu

dik gros

diligent' diligent, assidu

dimanĉ' dimanche

dir' dire

dis' marque division, dissémination (des, dis);ex.: ĵet jeter - dis'jet' jeter ça et là,disperser ir' aller - dis'ir' se séparer, aller chacun de son côté

disput' disputer

diven' deviner

divers' divers

divid' diviser

do donc (exclam. et question. )

dolĉ' doux

dolor' faire mal, causer de la douleur

dom' maison

domaĝ' dommage (c’est)

don' donner

donac' faire cadeau, donner présent

dorm' dormir

dors' dos

du deux

dub' douter

dum pendant, tandis que



e marque l'adverbe, ex.: bon'e bien

eben' égal (de même plan)

ebl' possible ebl'e peut-être

ec' marque la qualité (abstraitement); bon' bon - bon'ec' bonté vir' homme - vir'ec' virilité

même, jusqu'à

eduk' élever

edz' mari, époux

efektiv' effectif, réel

eg' renforce l’idée, la porte à un plus haut degré; ex.: varm' chaud - varm'eg' brûlant pluv' pluie - pluv'eg ondée

egal' égal (pas diffèrent)

ej' veut dire : place pour … ex.: kuir' faire cuire - kuir'ej' cuisine preĝ' prier (Dieu) - preĝ'ej' église

ek' marque une action qui commence ou qui est momentanée; ex.: kant' chanter - ek'kant' commencer, se mettre à chanter; kri' crier - ek'kri' s’écrier

eks' qui fut, ex-

ekster hors, en dehors

ekzempl' exemple

el de, d’entre, é-, ex- ; marque le point de sortie,d’extraction

em' qui a le penchant à, l’habitude de; ex. babil' babiller - babil'em' babillard

en en, dans

enu' s’ennuyer

envi' envier

er' ramène à l’unité; ex.: sabl' sable - sabl'er'  un grain de sable

erar' errer

escept' excepter

esper' espérer

esprim' exprimer

est' être

estim' estimer

esting' éteindre

estr' chef; ex.: ŝip' navire -  ŝip'estr'  capitaine 

et' diminutif;ex.: rid' rire - rid'et' sourire  mur' mur - mur'et' petit-mur

etaĝ' étage

etern' éternel

evit' éviter



facil' facile

faden' fil

fajf' siffler

fajr' feu

fal' tomber

fald' plier

famili' famille

far' faire far'iĝ' devenir (se faire)

fart' se porter (santé)

feliĉ' heureux

fend' fendre

fenestr' fenêtre

fer' fer

ferm' fermer

fest' fêter

fianĉ' fiancé

fidel' fidèle

fier' fier, orgueilleux

fil' fils

fin' finir

fingr' doigt

firm' compacte

fiŝ' poisson

flank' côté

flar' flairer

flav' jaune

flor' fleur

flu' couler

flug' voler (avec des ailes)

fluid' liquide

foj' fois

fojn' foin

foli' feuille

fond' fonder

font' source

for loin, hors de

forĝ' forger

forges' oublier

fork' fourche, fourchette

forn' four, poèle

fort' fort

fos' creuser

framb' framboise

frap' frapper

frat' frère

fraŭl' célibataire (homme non marié)

freŝ' frais

fromaĝ' fromage

frost' gelée

frot' frotter

fru' de bonne heure

frukt' fruit

frunt' front

fulm' éclair

fum' fumée

fund' fond

funebr' deuil

fung' champignon



gaj' gai

gajn' gagner

gant' gant

gard' garder

ĝarden' jardin

gast' hôte

ge' les deux sexes ensemble ; ex.: patr' père - ge'patr'o'j parents mastr' le maître de la maison - ge'mastr'o'j le maître et la maîtresse

ĝem' gémir

ĝentil' gentil, poli

genu' genou

ĝi cela, il, elle (pour les choses et les animaux)

ĝis jusqu'à, jusqu'à ce que

glaci' glace

glas' verre (à boire)

glat' uni, lisse

glav' glaive

glit' glisser

glor' glorifier

glut' avaler

ĝoj' se réjouir

gorĝ' gorge

grand' grand

gras' graisse

grat' gratter

gratul' féliciter

grav' grave, important

griz' gris

gust' goût

gut' dégoutter gut'o goutte



ha! ah!

hajl' grêle

haladz' exhalaison mauvaise

halt' s’arrêter

har' cheveu

haring' hareng

haŭt' peau

hav' avoir

hejt' chauffer (un poêle)

help' aider

herb' herbe

hered' hériter

hieraŭ hier

ho! oh!

hodiaŭ aujourd'hui

hom' homme

honest' honnête

honor' honorer

hont' avoir honte

hor' heure

horloĝ horloge, montre

hotel' hôtel

huf' sabot, corne

humil' humble

hund' chien



i marque l’infinitif; laŭd'i louer

ia quelconque, quelque

ial pour une raison quelconque

iam un jour, jamais

id' enfant, descendant; bov' boeuf - bov'id' veau Izrael' Israël - Izrael'id' Israëlite

ie quelque part

iel d’une manière quelconque

ies de quelqu'un, à quelqu’un

ig' faire…;ex.: pur' propre - pur'ig' nettoyer; mort' mourir - mort'ig' tuer (faire mourir)

iĝ' se faire, devenir…; ex. pal' pâle - pal'iĝ' pâlir sid' être assis - sid'iĝ' s’asseoir

il' instrument; ex.: tond' tondre - tond'il' ciseaux paf' tirer - paf'il' fusil

ili ils, elles

imit' imiter

in' marque le féminin; ex.: patr' père - patr'in' mère fianĉ' fiancé - fianĉ'in' fiancée

ind' digne de, qui mérite...;

infan' enfant

ing' marque l’objet dans lequel s’insère habituellement une chose; ex.: kandel' chandelle - kandel'ing' chandelier plum' plume - plum'ing' porte-plume

ink' encre

instru' instruire

insul' île

insult' injurier

int' marque le participe passé du actif : ayant;

intenc' se proposer de

inter entre, parmi

intern' dedans, intérieur

invit' inviter

io quelque chose

iom quelque peu, un peu de

ir' aller

is marque le passé

ist' marque la profession; ex.: bot' botte - bot'ist' bottier mar' mer - mar'ist' marin

it' marque le participe passé passif : ayant été …

iu quelqu'un



j marque le pluriel

ja de fait, n’est ce pas, donc

ĵaluz' jaloux

jam déjà

jar' année

ĵaŭd' jeudi

Je se traduit par différentes prépositions que suggère aisément le sens du passage

jen Voilà, voici Jen-Jen tantôt -tan

Jes oui

ĵet jeter

ju—des plus … plus

juĝ' juger

jun' jeune

ĵur' jurer

just' juste



kaf' café

kaj et

kajer' cahier

kaldron' chaudron

kaleŝ' carosse, calèche

kalk' chaux

kalkul' compter

kamen' cheminée

kamp' champ

kanap' canapé

kandel' chandelle

kant' chanter

kap' tête

kapt' attraper

kar' cher

karb' charbon

kares' caresser

kaŝ' cacher

kat' chat

kaŭz' causer

ke que

kelk' quelque

kest' caisse, coffre

kia quel

kial pourquoi

kiam (kian) quand

kie

kiel comment, comme

kies à qui, dont, de qui

kio quoi

kiom combien

kis' baiser

kiu qui

klar' clair

knab' garçon

kok' coq

kol' cou

koleg' camarade, collègue

kolekt' ramasser

koler' se fâcher

kolon' colonne

kolor' couleur

komb' peigner

komenc' commencer

komerc' commercer

kompat' avoir compassion

kompren' comprendre

kon' connaître

kondiĉ' condition

konduk' conduire

konfes' avouer

konsent' consentir

konserv' conserver

konsil' conseiller

konsol' consoler

konstant' constant

konstru' construire

kontent' content

kontraŭ contre

konven' convenir

konvink' convaincre

kor' cœur

korb' panier, corbeille

korn' corne

korp' corps

kort' cour

kost' coûter

kovr' couvrir

kraĉ' cracher

krajon' crayon

kravat' cravate

kre' créer

kred' croire

kresk' croître

kret' craie

kri' crier

kron' couronne

kruc' croix

kruel' cruel

kudr' coudre

kuir' faire cuire

kuler' cuillère

kulp' coupable

kun avec kun'e ensemble, conjointement

kupr' cuivre

kur' courir

kurac' traiter (une maladie)

kuraĝ' courageux, hardi

kurten' rideau

kuŝ' être couché

kusen' coussin

kutim' s’habituer

kuz' cousin

kvankam quoique

kvar quatre

kvin cinq



l’

la article défini (le, la)

labor' travailler

lac' las

lag' lac

lakt' lait

lam' boiteux

lamp' lampe

land' pays

lang' langue (organe)

lantern' lanterne

larĝ' large

larm' larme

las' laisser

last' dernier

laŭ selon, d’après

laŭd' louer, vanter

laŭt' haut (parler)

lav' laver

lecion' leçon

leg' lire

leĝ' loi

leon' lion

lern' apprendre

lert' adroit, alerte

leter' lettre, épître

lev' lever

li lui, il

liber' libre

libr' livre

lig' lier

lign' bois

lingv' langue, langage

lip' lèvre

lit' lit

liter' lettre (de l’alphabet)

loĝ' loger

lok' place, lieu

long' long

lud' jouer

lum' luire

lun' lune

lund' lundi

lup' loup



maĉ' mâcher

magazen' magasin

makul' tache

mal' marque les contraires; ex.: bon'bon mal'bon' - mauvais estim'estimer mal'estim' - mépriser

malgraŭ malgré

man' main

manĝ' manger

mar' mer

mard' mardi

mast' mât

mastr' maître de maison, hôte

maten' matin

matur' mûr

melk' traire

mem même (moi-, toi- etc.)

membr' membre

memor' se souvenir, se rappeler

mensog' mentir

merit' mériter

merkred' mercredi

met' mettre

mez' milieu

mezur' mesurer

mi je, moi

miks' mêler

mil' mille

milit' guerroyer

mir' s’étonner, admirer

mizer' misère

moder' modéré

modest' modeste

mol' mou

mon' argent (monnaie)

monat' mois

mond' monde

mont' montagne

montr' montrer

mord' mordre

morgaŭ demain

mort' mourir

moŝt' titre commun ; ex.: Vi'a reĝ'a moŝt'oVotre majesté Vi'a general'a moŝt'o Vi'a episkop'a moŝt'o

mov' mouvoir

mult' beaucoup

mur' mur

murmur' murmurer

muŝ' mouche

mut' muet



n marque l’accusatif et le lieu où on va

naĝ' nager

najbar' voisin

nask' faire naître, produire

naŭ neuf (9)

naz' nez

ne non, ne... pas

nebul' brouillard

neces' nécessaire

neĝ' neige

nek—nek ni—ni

nenia aucun

neniam (nenian) ne jamais

nenie nulle part

neniel nullement

nenies à personne, de personne

nenio rien

neniu personne

nep' petit-fils

nest' nid

nev' neveu

ni nous

nigr' noir

nj' après les 2-5 premières lettres d'un prénom féminin lui donne un caractère caressant; mari' ma'nj Emili' Emi'nj

nobl' noble (adj.)

nokt' nuit

nom' nom

nombr' nombre

nov' nouveau

nub' nuage, nuée

nud' nu

nuks' noix

nun maintenant

nur seulement

nutr' nourrir



o marque le substantif

obe' obéir

objekt' objet

obl' marque un numéral multiplicatif; ex.: du deux - du'obl' double

obstin' entêté

odor' sentir, avoir une odeur

ofend' offenser

ofer' sacrifier

oft' souvent

ok huit

okaz' avoir lieu, arriver

okul' œil

okup' occuper

ol que (dans une comparison)

ole' huile

ombr' ombre

ombrel' ombrelle

on' marque les numéraux fractionnaires; ex.: kvar quatre - kvrar'on' le quart

ond' vague, onde

oni on

onkl' oncle

ont' marque le participe futur actif (devant …)

op marque l'adjectif numéral collectif; du deux - du'op en deux; à deux

oportun' commode, ce qui est à propos

or' or (métal)

ord' ordre (arrangement)

ordinar' ordinaire

ordon' ordonner

orel' oreille

os marque le futur

ost' os

ot' marque le participe futur passif (devant être …)

ov' œuf



pac' paix

paf' tirer, faire feu

pag' payer

paĝ' page

pajl' paille

pal' pâle

palac' palais

palp' palper

palpebr' paupière

pan' pain

pantalon' pantalon

paper' papier

papili' papillon

pardon' pardonner

parenc' parent

parker' par cœur

parol' parler

part' partie, part

pas' passer

paŝ' faire des pas, enjamber

pastr' prêtre, pasteur

patr' père patr'uj la patrie

pec' morceau

pel' chasser

pen' tâcher, s'efforcer

pend' pendre, être suspendu

pens' penser

pentr' dessiner

per par, au moyen de

perd' perdre

permes' permettre

pes' peser, balancer

pet' prier

pez' avoir tel poids, peser

pi' pieux

pied' pied

pik' piquer

pilk' balle (à jouer)

pingl' épingle

pir' poire

plac' place (publique)

plaĉ' plaire

plafon' plafond

plank' plancher

plej le plus

plen' plein

plend' se plaindre

plezur' plaisir

pli plus

plor' pleurer

plum' plume

pluv' pluie

po au taux de

polv' poussière

pom' pomme

pont' pont

popol' peuple

por' pour, en faveur de

pord' porte

pork' cochon

port' porter

poŝ' poche

post après

poŝt' poste

postul' exiger

pot' pot

pov' pouvoir

prav' qui a raison

preĝ' prier (Dieu)

prem' presser

pren' prendre

prepar' préparer

pres' imprimer

preskaŭ presque

pret' prêt

prezent' présenter

pri de, sur, touchant

printemp' printemps

pro à cause de, pour

profund' profond

proksim' proche, près de

promen' se promener

promes' promettre

propon' proposer, offrir

propr' propre (mon, ton, son)

prov' essayer

prudent' prudent

prunt' en prêt

pulv' poudre à tirer

pulvor' poudre

pun' punir

pup' poupée

pur' pur, propre

puŝ' pousser

putr' pourrir



rad' roue

radi' rayon (de lumière, de roue)

radik' racine

rakont' raconter

ramp' ramper

rand' limite, bord

rapid' rapide

raz' raser

re' de nouveau, de retour

reg' gouverner

reĝ' roi

regn' l’état ------- ------

regul' règle

rekompenc' récompenser

rekt' droit, direct -------- -------

renkont' rencontrer

renvers' renverser

respond' répondre

rest rester

riĉ' riche

ricev' recevoir

rid' rire

rigard' regarder

ring' anneau, bague

ripet' répéter

ripoz' reposer

river' rivière, fleuve

romp' rompre, casser

rond' rond

rost' rôtir

roz' rose

ruĝ' rouge



sabat' samedi

sabl' sable

saĝ' sage

ŝajn' sembler

sak' sac

sal' sel

salt' sauter

salut' saluer

sam' le même, la même

san' sain

ŝancel' chanceler

sang' sang

ŝanĝ' changer

sankt' saint

sap' savon

sat' rassasié

ŝaŭm' écume

sav' sauver

sci' savoir

se si

sed mais

seĝ' chaise

sek' sec

seks' sexe

sekv' suivre

ŝel' écorce, coque

sem' semer

semajn' semaine

sen sans

senc' sens, acception

send' envoyer

sent' ressentir

sep sept

serĉ' chercher

ŝerc' plaisanter

serpent' serpent

serur' serrure

serv' servir

ses six

sever' sévère

si soi, se

ŝi elle

sid' être assis

sigel' sceller

sign' signe

signif' signifier

silent' se taire

simil' semblable

simpl' simple

sinjor' monsieur

ŝip' navire

ŝir' déchirer

skrib' écrire

sku' secouer

ŝlos' fermer à clef

ŝmir' oindre

ŝnur' corde

sobr' sobre

societ' société

soif' avoir soif

sol' seul

somer' été

son' sonner, rendre un son

sonĝ' songe

sonor' sonner (cloche, sonnette)

sort' sort

sovaĝ' sauvage

ŝpar' ménager

spec' espèce

spegul' miroir

spir' respirer

spirit' spirituel, ingénieux

ŝpruc' jaillir

ŝrank' armoire

stal' étable

ŝtal' acier

star' être debout

stel' étoile

ŝtel' voler, dérober

ŝtof' étoffe

stomak' estomac

ŝton' pierre

ŝtop' fermer, boucher

strat' rue

ŝtrump' bas (vêtement)

ŝtup' marche (d’escalier)

ŝtup'ar' échelle, escalier

ŝu' soulier

sub sous

subit' subit

suĉ' sucer

sufer' souffrir

sufiĉ' suffisant

suk' jus

suker' sucre

ŝuld' devoir (une dette)

sun' soleil

sup' soupe

super au-dessus de, sur (sans toucher)

supr' en haut

sur sur (en touchant)

surd' sourd

surtut' redingote

ŝut' verser, répandre (pas pour les liquides)

ŝvel' enfler

ŝvit' suer


tabl' table

tabul' planche

tag' jour

tajlor' tailleur

tamen pourtant, néanmois

tapiŝ' tapis

taŭg' être bon pour..., convenir pour...

te' thé

tegment' toit

teler' assiette

temp' temps (la durée)

ten' tenir

tent' tenter

ter' terre

terur' terreur

tia tel

tial c’est pourquoi, pour cette raison

tiam (tian) alors

tie là-bas

tiel comme cela,ainsi, tellement

tim' craindre

tio cela

tiom autant, tant

tir' tirer

tiu celui-là

tol' toile

tomb' tombe

tond' tondre

tondr' tonner

tra à travers

traduk' traduire

tranĉ' trancher

trankvil' tranquille

trans au-delà, par delà

tre très

trem' trembler

tren' traîner

tri trois

trink' boire

tro trop

tromp' tromper

trov' trouver

tru' trou

tuj tout de suite, aussitôt

tuk' mouchoir

tur' la tour

turment' tourmenter

turn' tourner

tus' tousser

tuŝ' toucher

tut' entier


u marque l’impératif

uj' qui contient, porte, est peuplé de… ; ex.: cigar' cigare - cigar'uj' porte-cigare pom' pomme - pom'uj' pommier Turk' Turc - Turk'uj' Turquie

ul' personne caractérisée par telle qualité ou telle manière d’être bel' beau - bel'ul' bel homme

um' suffixe peu employé dont le sens est très aisément suggéré par le contexte et la racine à laquelle il est joint.

ung' ongle

unu un

urb' ville

urs' ours

us marque le conditionnel (ou le subjonctif)

util' utile

uz' employer



vaks' cire

van' vain

vang' joue

vapor' vapeur

varm' chaud

vast' vaste

vaz' vase

vek' réveiller

velk' se faner

ven' venir

vend' vendre

vendred' vendredi

venen' poison

venĝ' se venger

venk' vaincre

vent' vent

ventr' ventre

ver' vérité

verd' vert

verk' composer, faire des ouvrages (littérat.)

verm' ver

verŝ' verser (un liquide)

vesper' soir

vest' vêtir vest'o l’habit

veter' temps (pas la durée)

vetur' aller, partir (en voiture, vagon,bateau etc)

vi toi, vous

viand' viande

vid' voir

vilaĝ' village

vin' vin

vintr' hiver

violon' violon

vir' homme (sexe)

viŝ' essuyer

vitr' verre

viv' vivre

vizaĝ' visage

voĉ' voix

voj' route, voie

vok' appeler

vol' vouloir

vort' mot

vost' queue

vund' blesser



zorg' prendre soin

  1. Les adeptes de la langue du docteur Zamenhof ont fini par la désigner à l’aide du pseudonyme (« Esperanto ») sous lequel si l’avait fait paraître, et qui veut dire : l’espérant, celui qui espère.
  2. Chacun peut aisément s’en convaincre, puisqu'on a adjoint à cette brochure la grammaire complète et le dictionnaire fondamental de la langue.
  3. Outre le fait capital d'une compréhensibilité immédiate à l'aide du dictionnaire, il résulte de cette constitution que l'Esperanto atteint toutes les races et tous les peuples, puisqu'il embrasse la triple division linguistique: 1° les langues à flexions, comme les nôtres, dont il ne paraît pas différer; 2° les langues agglutinantes (les plus nombreuses de toutes), parmi lesquelles on doit scientifiquement le ranger; 3° les langues monosyllabiques on isolantes dont il se approche beaucoup par la brièveté des éléments qui forment ses mots, éléments monosyllabiques en majorité, très courts toujours, et qui tous ont leur sens propre. Chaque race, chaque peuple y retrouve donc du sien, et ne s'y heurte pas à l'obstacle, plus grand qu'on ne pense, d'une dissemblance trop forte.
  4. Langue universelle "Esperanto", Manuel Complet avec double dictionnaire, traduit sur l'ouvrage russe du Dr, Zamenhof par L. de Beanfront 50c, page 63.
  5. Divers morceaux servant d'exemples ayant été jointe à cet opuscule, en même temps qu'un dictionnaire, il est facile su lecteur d'en faire l'épreuve à l'instant :
  6. En correspondant avec des personnes qui possèdent déjà la langue, ou en publiant des ouvrages exclusivement destinés à leur usage, on peut omettre les petits traits séparatifs, entre les éléments des mots.
  7. Monsieur Adelsköld, suédois, membre du parlement et de l'académie des sciences de son pays, a composé une fort belle musique pour cette poésie que les Espérantistes ont adopté comme hymne
  8. Élevez donc la voix et appuyez bien sur cette syllabe, comme nous vous l’indiquons assez, en la soulignant, dans les mots qui suivent.fenestr'o, trouz'i foiro, Di'o,mi'a'j, antaŭ, hudiŭ, kiel,kiu
  9. Dans les lettres ou dans les ouvrages qui s’adressent à des personnes connaissant déjà la langue, on peut omettre ces petits traits. Ils ont pour but de permettre à tous de trouver aisément, dans le dictionnaire, le sens précis de chacun des éléments du mot, et d’en obtenir ainsi la signification complète, sans aucune étude préalable de la grammaire.