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Larmes (Rivoire)

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Larmes

Une larme, une larme encore…
du fond de mon cœur anxieux,
lentement, je vous sens éclore,
O douces larmes, fleurs des yeux !

Vous montez lourdes et pressées,
et voici que monte avec vous
tout un flot de choses passées
au murmure puissant et doux.

Loin, très loin, dans l’ombre j’écoute :
mes souvenirs sont en chemin ;
l’un poussant l’autre, goutte à goutte
ils tombent et brûlent ma main.


Coulez toutes, anciennes larmes !
Je vous accueille sans remords,
derniers regrets, suprêmes charmes
des bonheurs fragiles — et morts !

Vous êtes tout ce qui persiste
du rêveur tendre que je fus…
quittez pour toujours ma chair triste,
pleurs attardés, soupirs confus ;

survivantes de mes alarmes,
reliques d’un lointain émoi,
je sens avec vous, douces larmes,
tout le passé sortir de moi.