Laura Murillo

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Heures du soirUrbain Canel ; Adolphe Guyot2 (p. 141-174).
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LAURA MURILLO,

PAR

MADAME JULES MENNESSIER-NODIER.

LAURA MURILLO.




Parmi les jolies maisons blanches aux terrasses garnies de géraniums, qui entourent Barcelone comme une guirlande, il en est une que sa gracieuse simplicité et son air de fête font tout d’abord remarquer ; et si vous l’aviez vue comme je l’ai vue, vous vous seriez dit comme je me suis dit : C’est là qu’il faudrait venir vivre et surtout mourir, car c’est là qu’on doit trouver le repos et le bonheur !

En effet le bonheur y fut : c’est pourquoi je veux vous raconter aujourd’hui comment il en est sorti.

Il y a quinze ans qu’un jeune peintre français, venant de parcourir l’Espagne, s’arrêta à Barcelonne avant de rentrer en France. Il se nommait Armand Dubuisson, et n’avait plus ni père ni mère. Ces deux pertes cruelles qu’il avait éprouvées presque en même temps étaient, plus encore que sa curiosité d’artiste, le principal motif de son voyage. Au reste, on s’occupait fort peu de lui ; car il ne paraissait pas riche, parlait peu, et ne voyait personne.

Cependant un vieil Espagnol, le comte Perez Murillo, avait depuis quelque temps trouvé grâce devant la sauvagerie d’Armand. C’était un digne vieillard qui se croyait obligé, par respect pour son nom, qu’il ne tenait cependant pas de la famille du grand peintre, à être grand admirateur des arts et de tous ceux qui les cultivaient, sans distinction de talent ni de patrie ; un de ces hommes qui se mettent par goût à la recherche des étrangers, ne consentant à les quitter qu’après leur avoir montré, dans les détails les plus minutieux, tout ce que la ville qu’ils habitent, et qu’ils ont fini par considérer comme une propriété, renferme de curieux, ou qu’ils regardent comme tel, et qui se frottent les mains en voyant arriver une chaise de poste, toujours sûrs qu’elle leur amène un ami. À force d’instruire les autres, il avait appris assez passablement beaucoup de choses qu’il racontait fort longuement ; et quoiqu’il ne fût pas toujours amusant, Armand subissait ses histoires avec une patience et une résignation vraiment remarquables.

Puis, il faut tout dire :

Le comte Perez habitait la jolie maison blanche sur le chemin de Barcelonnette, Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/158 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/159 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/160 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/161 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/162 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/163 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/164 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/165 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/166 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/167 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/168 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/169 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/170 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/171 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/172 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/173 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/174 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/175 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/176 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/177 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/178 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/179 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/180 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/181 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/182 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/183 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/184 Page:Collectif - Heures du soir 02.djvu/185

Depuis ce jour-là, on n’a plus entendu parler d’elle à Barcelonne. Cependant beaucoup de gens croient que c’est la religieuse folle qui a donné toute sa fortune au couvent de Santa-Maria en y prenant le voile, et qui passe la plus grande partie de ses jours et de ses nuits à chanter le cantique de la Sulamite, en balançant un berceau vide.


FIN.