Le Castel

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Emil Pfundheller
Librairie de Weidmann (p. 374-375).


LE CASTEL.


Un castel d’antique structure
Vit l’enfance du jeune Hermand :
Son cœur, guidé par la nature,
Aimait Adèle encore enfant ;
Tous deux, dans ces lieux solitaires,
Coulaient en paix leurs premiers jours,
C’était le tombeau de leurs pères,
Et le berceau de leurs amours.

Mais bientôt la gloire cruelle
Appelle Hermand, il faut partir ;
Par ses larmes, la tendre Adèle
Espère encor le retenir ;
Inutiles pleurs et prières,
Hermand renonce à ses beaux jours ;
Il fuit le tombeau de ses pères,
Et le berceau de ses amours.

Aux combats, trahi par son zèle,
Le brave Hermand est terrassé ;
Dans un soupir, le nom d’Adèle
Échappe à son cœur oppressé.
Ses peines seront moins amères,
S’il peut seulement quelques jours
Revoir le tombeau de ses pères,
Et le berceau de ses amours.

Arrivé près de son amie,
Il veut parler, mais c’est en vain ;
Il veut presser sa main chérie,
Il la presse, hélas ! il s’éteint.
Adèle ferme ses paupières,
La douleur termine ses jours ;
Aussi le tombeau de leurs pères
Est le tombeau de leurs amours.