Le Chemin des ombres heureuses/Charops

La bibliothèque libre.
Édition du Mercure de France (p. 42).

CHAROPS


Écoute ce qu’en un soupir, tout bas,
murmure la poudre de la route :
— Ô voyageur, tu m’écrases, tu me foules,
et je ne suis pas vile et je ne me plains pas.
Il n’y a point de honte à subir son destin ;
pour la plupart des hommes, il est semblable au mien.
Le hasard suffirait d’un souffle impétueux
pour que je sois portée sur les cimes des cieux. —

J’étais humble dans la cité,
et j’attendis sans rougeur ni révolte
le vent qui ne s’est pas levé.