Le Chemin des ombres heureuses/Téléphron

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Édition du Mercure de France (p. 17-18).

TÉLEPHRON


Je n’eus pas un meilleur partage
que la plupart de ceux qui sont nés,
mais du moins je fus assez sage
pour ne m’en être point chagriné.

Je n’ai pas fait, comme certains,
de mon âme un filtre malsain
qui traversé par des eaux amères
les charge encore en amertume.

Mon âme recevait la fange
pour la convertir en une onde claire.

J’ai puisé dans mes infortunes
plus de douceur que mes voisins
n’en tiraient souvent de leur bon destin.