Aller au contenu

Le Ciel empoisonné/Chapitre VI

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis Labat.
Pierre Laffite (p. 199-221).

CHAPITRE VI

LE GRAND RÉVEIL.

Me voici au terme de ces événements prodigieux, qui tiendront une place si considérable non seulement dans nos petites vies individuelles, mais dans les annales de l’humanité. Je le répète : quand l’histoire en sera connue, ils domineront tous les autres, comme une montagne les coteaux d’alentour. Un décret du destin avait désigné notre génération pour les voir s’accomplir. Combien de temps leur influence persistera, combien de temps les hommes garderont cette humilité, mêlée de crainte et de respect, que leur inculqua la grande secousse, c’est ce que dira l’avenir ; mais on peut, je crois, conjecturer avec certitude que jamais les choses ne redeviendront les mêmes. Nul ne mesure pleinement sa faiblesse, son ignorance, et la dépendance où il est d’une main invisible, si, pendant une minute, cette main n’a semblé vouloir se fermer sur lui pour le broyer. La mort nous a tenus sous sa menace. Rien n’empêche qu’elle ne nous y tienne encore. Sa morose présence jette une ombre sur notre vie. Mais qui pourrait douter qu’à la faveur de cette ombre le sentiment du devoir, de la règle, de la responsabilité, la juste appréciation du sérieux et des fins de la vie, le désir ardent de s’accroître en perfection, n’aient augmenté en nous et pris de la réalité jusqu’à soulever comme un ferment la société tout entière ? C’est quelque chose en dehors des églises et des dogmes, un changement de perspective, le déplacement du sens des proportions, la notion rendue plus vive du peu que nous sommes, créatures insignifiantes et éphémères, nées pour souffrir, et à la merci du premier vent glacé parti de l’inconnu. D’ailleurs, le monde peut être devenu plus grave, je nie qu’il en soit plus triste. Certes, nous convenons que les distractions d’aujourd’hui, moins excessives, moins frivoles, sont aussi plus profondes, plus sages, que cette bruyante et folle agitation qui passait pour du plaisir aux jours anciens, à cette époque si récente encore, et déjà, néanmoins, si inconcevable. Finies ces journées vides qui se perdaient à rendre et à recevoir d’inutiles visites, à s’embarrasser sans besoin de tous les tracas que donne un nombreux domestique, à combiner et manger de savantes et fastidieuses nourritures ; au lieu de cela, le repos et la santé, reconquis dans la lecture, dans la musique, dans cette douce communion de famille que permet une division du temps plus rationnelle. On se porte mieux, on goûte plus de satisfactions, et, tout compte fait, on se trouve plus riche, après avoir payé au fond commun ce surcroît de contribution qui a aidé à relever les conditions de la vie dans nos îles.

L’opinion ne laisse pas d’être un peu partagée relativement à l’heure exacte où se produisit le grand réveil. Sans tenir compte du désaccord des horloges, on admet généralement que des circonstances locales peuvent avoir influé sur l’action du poison. Dans chaque région distincte, la résurrection se fit, pour ainsi dire, d’un coup. Un grand nombre de témoignages établissent que l’horloge de Westminster marquait à ce moment six heures dix. D’après l’astronome royal, il était, à Greenwich, six heures douze. Un observateur très autorisé d’Est-Anglie, Laird Johnson, a, d’autre part, consigné dans son mémoire six heures vingt. Il était sept heures aux Hébrides. Pour ce qui nous concerne, nul doute possible : assis dans le cabinet de Challenger, j’avais à ce moment sous les yeux son chronomètre et j’y lus six heures un quart.

Je me sentais profondément déprimé. L’accumulation des affreux spectacles qui avaient encadré notre voyage me pesait très lourd sur l’âme. Une surabondance de vie animale, une grande énergie physique faisaient de moi un homme peu enclin aux idées noires ; j’avais la faculté bien irlandaise de voir toujours sourire un coin de clarté dans les ténèbres : mais l’obscurité cette fois, était effrayante et totale. J’avais laissé, au bas de la maison, mes amis dresser leurs plans d’avenir. Et prostré sur une chaise, près de la fenêtre ouverte, le menton dans la main, je m’absorbais à considérer notre misère. Pouvions-nous continuer de vivre ? C’est ce qu’avant tout je me demandais. Pouvions-nous, sur un monde aboli, prolonger notre existence ? De même qu’en physique la plus grande masse attire la moindre, de même ne subirions-nous pas l’irrésistible attraction de la masse humaine passée dans l’inconnu ? Et alors, comment finirions-nous ? Par un retour du poison ? Ou la pestilence que dégagerait l’universelle décomposition, rendrait-elle la terre inhabitable ? Ou, peut-être, l’horreur de notre situation finirait-elle par nous miner et nous désagréger la cervelle ? J’en étais là de mes pensées lorsqu’un léger bruit me fit regarder la route au-dessous de moi : le vieux cheval de fiacre grimpait la côte.

Je m’avisai au même instant que des oiseaux pépiaient, que quelqu’un toussait dans la cour, que plus loin il se faisait un mouvement dans le paysage. Pourtant, je me rappelle que ce qui retint mon attention, ce fut cette antique haridelle : lente et poussive, elle grimpait la côte. Puis mes yeux allèrent au cocher, ployé sur son siège, au jeune homme penché à la portière, et qui, d’un ton assez vif, lui jetait une adresse. Ils étaient, tous les trois, indéniablement, agressivement vivants. Eh quoi ! le monde se mettait-il à revivre ? Une illusion m’avait-elle berné ? La ceinture de poison n’était-elle qu’un rêve laborieux ? Mon effarement me disposa d’abord à le croire. Mais je regardai ma main : le frottement de la corde, quand je sonnai la cloche dans la cité, y avait déterminé une ampoule. Cette réalité me certifiait les autres. Et pourtant, le monde ressuscitait ; la vie, comme une marée montante, réenvahissait la planète. Mes yeux, errant sur la campagne, y voyaient de tous côtés le mouvement repartir, et, ce qui me confondait, repartir du point d’arrêt, le long de la même ornière. Oui, sur les terrains du golf, par exemple — était-ce bien possible ? — le jeu continuait. Ici, l’un des joueurs envoyait la balle ; là, un groupe serrait le trou. Les moissonneurs revenaient sans hâte à leur besogne. La bonne d’enfant, ayant administré une taloche à l’un de ses bambins, s’était remise à pousser devant elle la petite voiture. Chacun avait tranquillement repris son fardeau.

Je descendis l’escalier quatre à quatre. Par la porte ouverte, j’entendais les voix de mes camarades qui s’exclamaient et se congratulaient dans la cour. Quelles poignées de mains et quels rires nous échangeâmes ! Et comme Mrs Challenger nous embrassa tous d’émotion, avant de se jeter dans les bras de son mari !

« Il ne se peut tout de même pas, s’écriait lord John, que ces gens fussent endormis ! Que diable, Challenger ! vous n’allez pas me faire croire qu’ils fussent endormis, avec ces yeux écarquillés, ces membres raidis, et cette grimace de mort.

— Peut-être, en effet, répondit Challenger, étaient-ils simplement dans l’état qu’on appelle cataleptique. Au temps jadis, où la catalepsie se produisait rarement, on ne manquait pas de s’y tromper, on la prenait pour la mort. Tant que dure le phénomène, la température tombe, la respiration s’arrête, les battements du cœur cessent de se faire entendre ; c’est la mort, mais provisoire. Et néanmoins, le cerveau même le plus compréhensif… »

Ici, Challenger sourit niaisement, les yeux clos.

« … N’arrive pas sans peine à concevoir une si brusque suspension de la vie universelle.

— Qualifiez-la, si vous voulez, de catalepsie, ce n’est après tout qu’un nom, dit Summerlee, et nous n’en savons pas davantage sur l’effet du poison, ni sur le poison lui-même ; le plus que nous puissions dire, c’est que l’éther vicié a produit une mort temporaire. »

Tassé sur le marchepied de l’automobile, Austin — de qui j’avais là-haut entendu la toux — était d’abord resté silencieux, en se tenant la tête. À présent, il marmottait entre ses dents, il promenait ses yeux sur la voiture.

« Le petit crétin ! Il ne peut donc jamais laisser les choses tranquilles ?

— Qu’y a-t-il, Austin ?

— Le graisseur qui coulait, monsieur. Quelqu’un a tripoté l’auto. Probablement le garçon jardinier. »

La figure de lord John s’allongea.

« Je ne sais ce que j’ai, continua Austin, se dressant à grand’peine sur ses jambes ; j’ai senti, pendant que je nettoyais la voiture, un drôle de malaise : j’ai dû tomber contre le marchepied. Par exemple, je garantis que le graisseur ne coulait pas ! »

Nous lui fîmes, en quelques mots, le récit, qui l’étonna beaucoup, de ce qui était arrivé, non pas seulement à lui, mais au monde. Nous lui dévoilâmes, en outre, le mystère du graisseur ouvert. Il écouta d’un air méfiant quand nous lui dîmes qu’un amateur avait conduit sa voiture, et d’un air pénétré, quand nous lui contâmes notre expédition dans la cité endormie. Je me rappelle sa conclusion.

« Alors, monsieur, vous êtes passé devant la Banque d’Angleterre ?

— Oui, Austin.

— Et les gens y dormaient tous dedans, sur les millions ?

— Mais oui.

— Dire que je n’étais pas là ! »

Et, tristement, il se remit à laver la voiture.

Des roues grincèrent sur le sable. Le vieux cab s’arrêtait à notre porte. Je vis le jeune homme qui l’occupait en descendre. Bientôt, la femme de chambre apparut, vague et tout ébouriffée, comme au sortir d’un profond sommeil. En regardant la carte qu’elle présentait sur un plateau, Challenger eut un ébrouement, ses cheveux semblèrent se hérisser.

« Un journaliste ! » gronda-t-il.

Puis, avec un sourire qui demandait grâce :

« Après tout, il est naturel qu’en de telles conjonctures le monde entier brûle de savoir ce que je pense.

— Mais, objecta Summerlee, la mission de ce jeune homme doit avoir un autre objet, car il était en route dans son fiacre avant la crise. »

Je regardai la carte : « James Baxter, correspondant du New-York Monitor, Londres. »

« Vous allez le recevoir ? dis-je.

— Non.

— Oh, George ! ayez donc un peu de gentillesse et de considération pour les autres ! L’épreuve que nous venons de subir vous a certainement appris quelque chose. »

Il sifflota, hochant sa grosse tête.

« Venimeuse engeance, hein, Malone ! Mauvaise herbe, entre les plus mauvaises de la civilisation ! Outil toujours prêt du charlatan ! Fléau de l’honnête homme ! Ces gens-là ont-ils jamais eu un mot aimable pour moi ?

— Et vous-même, est-ce que jamais vous en avez eu un pour eux ? répondis-je. Voilà un étranger qui, dans l’intention de causer avec vous, a fait un voyage : vous n’allez pas le rabrouer ?

— C’est bon, accompagnez-moi. Je vous laisse la parole. »

Murmurant, grognant, roulant, il me suivit, comme un mastiff en colère.

Le jeune Américain, d’un geste décidé, prit un bloc-notes ; et sans préambule :

« Monsieur, dit-il, mes lecteurs d’Amérique, au nom de qui je viens, vous sauront gré de quelques renseignements complémentaires sur le danger qui menace le monde.

— Je n’ai connaissance d’aucun danger qui menace le monde, » répondit Challenger.

Le journaliste le dévisagea, surpris.

« Je veux dire, monsieur, le risque où nous sommes d’entrer dans une ceinture d’éther empoisonné.

— Je ne redoute actuellement aucun risque de cet ordre. »

La perplexité du journaliste croissait à vue d’œil.

« Vous êtes bien le professeur Challenger ? demanda-t-il.

— Oui, monsieur, le professeur lui-même.

— Je ne m’explique donc pas que vous ne redoutiez aucun risque de cet ordre. Je fais allusion à votre propre lettre, parue dans le Times de ce matin. »

Ce fut le tour de Challenger de se montrer surpris.

« Ce matin ? Aucun numéro du Times n’a paru ce matin à Londres.

— Vous conviendrez certainement, monsieur, représenta l’Américain, sans se départir de son flegme, que le Times de Londres est un journal quotidien. »

Et fouillant dans une poche de son veston :

« Voici la lettre à laquelle je me réfère. »

Challenger, comprimant un rire, se frotta les mains.

« Je commence à comprendre, fit-il. Donc, c’est ce matin que vous avez lu cette lettre ?

— Oui, monsieur.

— Et vous êtes accouru m’interviewer ?

— Oui, monsieur.

— N’avez-vous rien observé d’anormal pendant votre voyage ?

— Eh bien, à vous parler franchement, vos compatriotes me semblaient, en général, plus expansifs, plus sociables que d’ordinaire. L’homme qui me portait mes bagages s’est mis à me raconter une histoire comique, ce qui est pour moi une nouveauté dans ce pays.

— Rien de plus ?

— Non, monsieur, rien que je me rappelle.

— À quelle heure avez-vous quitté la gare de Victoria ? »

L’Américain sourit.

« Je venais pour vous interviewer, professeur ; je crois bien que vous renversez les rôles.

— Le détail en question m’intéresse. Vous rappelez-vous l’heure ?

— Sans doute. Midi et demi.

— Et vous êtes arrivé ?

— À deux heures un quart.

— Vous avez pris un fiacre ?

— Comme vous dites.

— Quelle distance supposez-vous qu’il y ait d’ici à la gare ?

— Sauf erreur, tout près de deux milles.

— Et combien de temps croyez-vous qu’il vous ait fallu pour le trajet ?

— Une heure peut-être, avec cette rosse poussive.

— De sorte qu’il devrait être trois heures ?

— Environ. Ou un tout petit peu plus.

— Regardez votre montre. »

L’Américain regarda, et ses prunelles s’arrondirent.

« Sapristi ! les aiguilles sont au plus bas. Ce canasson enfonce tous les records, évidemment. Et comme le soleil décline ! Je n’y avais pas pris garde, tout d’abord. Il y a là quelque chose d’anormal qui, certainement, m’échappe.

— Ne vous rappelez-vous pas s’il vous est rien arrivé de spécial quand vous montiez la colline ?

— Eh bien, il me semble me rappeler une forte envie de dormir. Je me souviens également qu’ayant voulu dire un mot au cocher, je ne parvins pas à attirer son attention. Sans doute par l’effet de la chaleur, et sans m’en rendre exactement compte, j’eus un moment de vertige.

— Ainsi en est-il de tous les hommes, me dit Challenger. Tous, ils ont eu un moment de vertige. Encore ignorants de la vérité, ils vont reprendre leur tâche interrompue, comme Austin a repris sa lance d’arrosage ou le joueur de golf sa partie. Votre directeur, Malone, continuera de publier sa gazette, et sera fort ébaubi en découvrant qu’il y manque un numéro. Oui, mon jeune ami, ajouta-t-il, s’adressant au reporter américain dans un accès de bonhomie joviale, cela vous intéressera peut-être de savoir que le monde a franchi sain et sauf le courant de poison qui circule comme un Gulf-Stream à travers l’océan de l’éther. Vous voudrez bien, pour votre gouverne, noter que ce n’est pas aujourd’hui le vendredi 27 août, mais le samedi 28, et que vous êtes resté vingt-quatre heures sans connaissance dans votre fiacre sur la hauteur de Rotherfield. »


Ici s’arrête mon histoire. Ma version parut le lundi dans la Daily Gazette. Partout on la considéra comme le plus beau coup « journalistique » de tous les temps ; et il ne s’en vendit pas moins de trois millions et demi d’exemplaires. Je garde, encadrée, cette manchette magnifique :


UN COMA UNIVERSEL

DE VINGT-QUATRE HEURES.
――――
ÉVÉNEMENT SANS PRÉCÉDENT.
CHALLENGER DISAIT VRAI.
LA CHAMBRE D’OXYGÈNE.
UNE ÉTRANGE COURSE
EN AUTOMOBILE.
o o o
LONDRES MORT
Incendies et Catastrophes.
CE QUI S’EST PRODUIT

SE REPRODUIRA-T-IL ?


Cette glorieuse série de titres précédait une narration de neuf colonnes et demie, premier, dernier et unique témoignage d’un spectateur oculaire pour servir à l’histoire de la planète durant une longue journée de son existence. Challenger et Summerlee traitaient dans un supplément le point de vue scientifique ; on m’avait réservé l’honneur du compte rendu. Et maintenant, je n’ai plus qu’à entonner mon Nunc dimittis, car, après cela, il ne peut y avoir que des fadaises dans ma carrière.

Mais je ne conclurai pas sur des formules tapageuses et sur un triomphe personnel. Le plus grand des journaux quotidiens ayant publié, dans la circonstance, un article de tête que tout homme qui pense devrait mettre de côté pour le relire de temps à autre, on me permettra d’en citer l’éloquente péroraison :

« C’est un lieu commun fatigué, disait le Times, que la faiblesse de l’homme devant l’infinité des forces latentes qui l’entourent. Depuis les anciens prophètes jusqu’aux modernes philosophes, nous avons vu se transmettre à cet égard les mêmes enseignements, le même message. Mais comme toutes les vérités rebattues, celle-ci avait fini par perdre de son actualité et de son efficacité. Pour les lui rendre, une nouvelle expérience devenait nécessaire. Voici que nous sortons d’une épreuve terrible, mais salutaire. Encore étourdis par la soudaineté du choc, nous ne nous sentons pas moins amendés par la notion retrouvée de nos limitations et de notre impuissance. La leçon coûte cher au monde. Nous ne possédons encore que des données incomplètes sur le désastre ; cependant la destruction par le feu de New-York, d’Orléans et de Brighton suffirait à constituer un des plus grands drames de l’histoire. Le bilan des accidents de chemin de fer et des sinistres maritimes, quand on l’aura établi, sera d’une lecture impressionnante, bien que, d’ores et déjà, ressorte des faits que les chauffeurs de locomotives et de steamers avaient, dans la plupart des cas, avant de succomber au poison, réussi à bloquer leurs machines. Mais ce n’est pas tant le dommage matériel qui nous occupe aujourd’hui, si énorme soit-il au double point de vue des biens et des personnes ; avec le temps, tout cela peut s’oublier. Ce qui ne s’oubliera pas, ce qui continuera et devra continuer d’obséder nos imaginations, c’est la révélation des possibilités de l’univers, le coup mortel porté à notre fatuité ignorante, la démonstration faite de l’exiguité du sentier que notre existence matérielle est tenue de suivre entre deux abîmes. La gravité et l’humilité sont aujourd’hui à la base, de toutes nos émotions. Puisse, sur ces fondements, une race plus ardente et plus pieuse bâtir un plus digne temple ! »