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Le Coffret de santal (éd. 1879)/Rancœur lasse

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Le Coffret de santalTresse (p. 115-117).
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RANCŒUR LASSE



 

Malgré sa folle trahison
N’est-elle pas encor la même ?
La fierté n’est plus de saison.
                 Je l’aime.

                                   

Je sais qu’elle reste, malgré
D’impurs contacts, vierge éternelle,
Qu’aucun venin n’a pénétré
                En elle,


Marbre trop charnel qui subit
Toutes souillures, mais les brave ;
Puisque la pluie, en une nuit,
                Le lave.

                                  

Même au temps des premiers regards,
Je la savais vaine et perverse.
Mais l’âme aux menaçants hasards
                Se berce.

Fermant les yeux, je me livrais
À sa suavité malsaine,
Pensant bien que j’en porterais
                La peine.

                                  

Mordu, mourant, d’avoir serré
Sur ma poitrine la panthère,
J’en veux rester fier, et saurai
                Me taire.

                                  


Ce mois d’avril, je veux bannir
De mon cœur les rêves moroses.
Je veux orner son souvenir
               De roses.

                                  

Et je reprends la liberté
D’adorer sa grâce suprême.
Tel que j’étais je suis resté.
              Je l’aime.