Le Combat des Montagnes/Pièce
LA FOLIE.
L’HERMITE de la chaussée d’Antin.
HORTENSIA, actrice de l’Opéra.
CALICOT, marchand de nouveautés.
LANTIMÈCHE, lampiste.
M. TITAN, entrepreneur de montagnes.
JEAN LEBLANC, plâtrier de Montmartre.
JAVOTTE, sa fille.
UN BOSSU, serrurier.
UN ÉGYPTIEN, représentant les Montagnes égyptiennes.
UN SUISSE, représentant les Montagnes suisses.
UN ILLYRIEN, représentant les Montagnes illyriennes.
Scène PREMIÈRE.
et parle à la cantonade.
Eh ! non, messieurs, ce n’est pas moi ! C’est bien la peine de se déguiser, et de voyager incognito ! Ces Parisiens ont un coup d’œil ! À peine m’ont-ils aperçue, qu’un d’eux s’est écrié : C’est la Folie ! c’est la Folie ! et tous se sont mis à courir après moi ; j’ai eu toutes les peines du monde à leur échapper.
J’ai, pour éviter les amans.
Plus qu’une autre besoin d’adresse ;
Je suis poursuivie en tout temps
Par la plus brillante jeunesse.
Oui, dans l’âge heureux des plaisirs,
Sur mes traces chacun s’empresse ;
C’est quand on ne peut plus courir,
Que l’on court après la sagesse.
Mais, plus je regarde, plus j’ai de peine à reconnaître ces bocages charmans. Ancien théâtre de mes triomphes[1], quelle solitude ! Eh ! mais, voici un pieux
anachorète qui dirige ses pas de ce côté ; quelle mise
élégante ! quel teint fleuri ! Ma foi, c’est un hermite
d’un nouveau genre[2] !
Scène II.
Quelle est cette gentille pèlerine ?
Mon père, oserais-je vous demander où nous sommes ?
À la Folie-Beaujon.
Je ne me trompais pas ; je suis chez moi.
Dans ces bosquets,
Que de métamorphoses !
J’ai vu l’orgueil y rêver maints projets,
J’ai vu l’amour en effeuiller les roses.
Il m’en souvient, combien j’ai vu de choses
Dans ces bosquets !
Vous êtes donc déjà venue ici, ma fille ?
Oui, quelquefois. Mais, vous, mon révérend, êtes-vous aussi de ces lieux ?
Non, ma fille. Je suis de bien loin d’ici. Je suis d’un pays que l’on nomme la Chaussée-d’Antin !
Et c’est là que vous étiez hermite ?
Dans ce pays, ma chère,
Tout est imaginaire.
Par le crédit,
On s’enrichit,
C’est la règle commune ;
On donne concert et dîné,
Et l’on n’y fait fortune
Que quand on est ruiné.
Les messieurs qui l’habitent
Bien rarement visitent
Les autres cantons de Paris ;
Quand ils les aperçoivent,
C’est du haut de brillans wiskis,
Que bien souvent ils doivent
Au faubourg Saint-Denis.
Qui vous a donc fait quitter un tel séjour ?
J’ai voulu renoncer au monde. J’hésitais entre le Marais et le quartier de l’Odéon, lorsque j’ai pensé à ces jardins délicieux qui, à ce que je vois, sont aussi connus de madame.
Oui, c’est un sage aimable, un philosophe millionnaire qui jadis les fit élever à grands frais.
Ces jardins ne sont pas ses seuls titres à notre reconnaissance !
Beaujon près de ces lieux nous laisse
Un monument qu’on ne peut oublier[3],
Et l’on pardonne la richesse
À qui sait si bien l’employer.
Parfois frivole et plus souvent utile,
En même temps cet illustre enrichi
Au plaisir ouvrait un asile,
Au malheur offrait un abri.
J’admire vos projets de retraite. Mais, par malheur, vous aviez compté sans moi. Vous fuyez le monde, et moi je vous l’amène.
Que voulez-vous dire ?
Ils auront dû leurs succès à la ressemblance. Eh ? oui, en croirai-je mes yeux ! C’est la Folie ! la Folie en pèlerine.
C’est mon habit de voyage. Vous ne savez donc pas que je viens de courir le monde. Telle que vous me voyez, j’arrive d’Angleterre.
Comment, ce peuple qu’on dit si sage ?
C’est lui qui m’a le mieux accueillie. Chez lui, il est vrai, je suis obligée d’emprunter une physionomie si grave, si sérieuse, que bien des gens s’y laissent attraper, et me prennent pour la Raison ; mais le nom n’y fait rien, c’est toujours moi. J’ai assisté aux combats de coqs, aux courses de Newmarket, aux exercices des boxeurs, et je n’ai pas manqué une seule des réunions politiques qui se tiennent dans les tavernes de Londres ; j’ai même vu jouer la tragédie en français. Mais en fait de folies, les plus gaies sont les meilleures ; et je reviens à Paris revoir mes fidèles sujets ; je vais les retrouver bien changés !
Vous allez en juger.
Paris est comme autrefois,
Et chaque semaine
Amène
Nouveaux jeux, nouvelles lois.
Et voilà ce que j’y vois :
- Des chevaux dans les
- Ballets,
- Des chevaux dans les
- Des serins tirant
- Au blanc,
- Des serins tirant
- Le chien jouant au
- Loto[4],
- Le chien jouant au
- Et le cerf dans son
- Ballon[5] ;
- Et le cerf dans son
Malgré ses frais de verdure,
Plus d’un jardin est désert :
C’est en voyant sa clôture
Qu’on apprend qu’il fut ouvert.
- Don Almaviva[6]
- S’en va ;
- Don Almaviva[6]
- Déjà Montabor[7]
- Est mort ;
- Déjà Montabor[7]
- Feydeau voit chez lui.
- L’ennui ;
- Feydeau voit chez lui.
- L’opéra souvent
- En vend ;
- L’opéra souvent
Le café Turc est joli,
Mais on n’y consomme guères,
Et l’on va mettre aux enchères
Les nymphes de Tivoli[8].
- Que de freluquets
- Muets
- Que de freluquets
- Qui brillent par leurs
- Tailleurs !
- Qui brillent par leurs
- On fait les discours
- Très courts,
- On fait les discours
- Et les pantalons
- Très longs ;
- Et les pantalons
- Nos badauds
- Sont aussi sots,
- Nos badauds
- Nos belles
- Aussi cruelles.
Quant à messieurs nos maris,
Ils sont toujours… de Paris.
- Maint et maint milord
- Sans or,
- Maint et maint milord
- Des Cadet Roussel
- Sans sel,
- Des Cadet Roussel
- Du scandale et des
- Procès,
- Du scandale et des
- Surtout jour et nuit
- Du bruit ;
- Surtout jour et nuit
|
(bis) |
Savez-vous que ce tableau-là est fort affligeant. Comment, rien de neuf, rien de piquant ! Il est temps que j’arrive. J’aime ces lieux ! J’y ai déjà régné, et j’y veux, de nouveau, transporter le siège de mon empire.
Oui, mais ce temple magnifique
Me semble à moitié terminé[9].
Ouvrons, c’est autant de gagné ;
Mon secret, je vous le découvre,
Vous, qu’on voit toujours différer ;
Le temps arrive ; et quand on ouvre,
Personne ne veut plus entrer.
Et que prétendez-vous faire de ce séjour magnifique ?
J’en veux faire un nouvel Olympe.
L’Olympe à la barrière de l’Étoile ?
Est-ce que ce n’est pas assez haut pour cela ?
Si, vraiment. Il y a de quoi se rompre vingt fois le col. Mais encore nous faut-il des divinités pour l’habiter.
Eh ! mon Dieu, nous n’en manquerons pas, et dans un instant l’Olympe sera au grand complet. Songez donc qu’une place de dieu ou de déesse n’est pas une chose à dédaigner.
Dans ce moment-ci, surtout ! où il y a tant de gens à terre qui ne demandent qu’à s’élever.
Ah çà ! mon cher hermite, vous sentez qu’il me faut un premier ministre, et je compte sur vous. Vous êtes gai, spirituel, parfois malin et satirique. Je vous offre la place de Momus. Momus et la Folie sont inséparables.
À ce titre, j’accepte.
Nous aurons la plus brillante société de Paris, toute la Chaussée d’Antin : vous serez en pays de connaissance.
On vous, reconnaîtra bien vite,
Si vous voulez, sous cet habit
Garder du ci-devant hermite
La malice, ainsi que l’esprit.
On pouvait, dans son oratoire,
Voir les grâces en capuchon,
Et quand il prêchait, l’auditoire
Ne dormait jamais au sermon.
Surtout, point trop de critiques sur les dames ! Songez que toutes celles qui viendront ici seront par cela même mes protégées.
Je vous promets que Momus fera les honneurs de l’Olympe. Mais, je vois encore chez nous bien des places vacantes ! Je ne vous parle pas de Junon ; nous pouvons nous en passer. La Folie sera la maîtresse de céans ; mais, au moins nous faut-il une Vénus, ne fût-ce que pour figurer au comptoir ; c’est indispensable. Voyez plutôt les Mille Colonnes[10] !
Scène III.
une cravate noire, des bottes, des éperons et un œillet rouge à la boutonnière de son habit.
C’est le temple de Gnide
Qui frappe dans ces lieux
Nos yeux
Et les jardins d’Armide
Ne sont rien près
De ces bosquets.
Voyez quelle noblesse !
Ne serait-ce pas là
Quelque grande princesse ?
Oui, du grand Opéra.
C’est le temple de Gnide, etc.
Monsieur est sans doute le propriétaire ? J’ai quitté la répétition de notre nouveau ballet pour voir si ce séjour méritait le bien qu’on en dit.
Qui vous en a donc déjà parlé ?
Qui ? La Renommée.
Elle n’a pas perdu de temps.
Je crois qu’elle ne sort pas de nos coulisses. Il est vrai qu’elle y a de l’occupation.
Elle nous a souvent entretenus de vous.
Oui, c’est une bavarde ! il faut qu’elle jase, qu’elle jase. Au fait, c’est son état. Mais nous avons là de ces demoiselles qui n’y sont pas obligées, et qui s’en acquittent encore mieux qu’elle. (Regardant autour d’elle.) D’honneur, c’est charmant ; je passe ici ma journée.
Je croyais que c’était jour d’opéra.
J’ai relâche, j’étais indisposée.
Hélas ! ce n’est pas sans peine !
Que je plains les grands talens.
Danser trois fois par semaine,
Cela prend tout notre temps.
On se doit, malgré soi-même,
À ce public importun ;
(Regardant Calicot.)
Mais je suis à ce que j’aime
De deux jours l’un.
Aussi aujourd’hui nous n’avons pas perdu de temps.
Nous sommes même venus si vile (c’est moi qui conduisais) que j’ai accroché le phaéton de ce gros colonel ; ça a manqué d’avoir des suites. J’ai vu le moment où ça allait compromettre… le vernis de ma voiture.
Ah ! vous me rassurez ; car, entre militaires, cela pouvait avoir d’autres suites.
Vous vous trompez, ma chère, monsieur n’est point militaire, et ne l’a jamais été. C’est monsieur Calicot.
Marchand de nouveautés au mont Ida !
C’est que cette cravate noire, ces éperons et surtout ces moustaches… Excusez, monsieur, je vous prenais pour un brave.
Il n’y a pas de quoi, madame.
Oui, de tous ceux que je gouverne,
C’est l’uniforme, et l’on pourrait enfin
Se croire dans une caserne
En entrant dans mon magasin ;
Mais ces fiers enfans de Bellone,
Dont les moustaches vous font peur,
Ont un comptoir pour champ d’honneur,
Et pour arme une demi-aune.
Monsieur est un jeune négociant qui fera de très-bonnes affaires. D’abord, il est déjà très-connu ; on le rencontre partout, au café Anglais, au boulevart de Gand, à toutes les promenades. Il parle de musique à la Bourse, et de commerce à l’Opéra. C’est un de nos habitués. Du reste, ne manquant jamais une nouveauté : voilà pourquoi nous sommes venus vous voir.
Vous vous trompez, vous me connaissiez déjà, regardez-moi bien.
Que vois-je ? La Folie sous ce déguisement ?
C’est moi qui, dans mainte occasion, vous ai servi de guide.
Je vous remercie, vous m’en avez fait faire de belles.
Ingrate ! j’en avais une dernière à vous proposer, une charmante !
Qu’est-ce que c’est ?
J’ignore ce qu’on en dira,
Mais je voulais, ma toute belle,
Vous enlever à l’Opéra.
Oui, certes, la chose est nouvelle !
Un projet tel que celui-là
Malgré nous jamais ne s’achève ;
Vous savez bien à l’Opéra,
Que jamais on ne nous enlève.
Mais, non : nous autres danseurs, nous n’y tenons pas du tout.
C’est juste, toujours en l’air.
De tout temps l’Opéra a été une région intermédiaire entre la terre et le ciel. Vous voyez que nous sommes à moitié chemin.
Madame était née pour être déesse ; c’est son vrai lot.
Mais quels seront mes attributs ?
Dans le choix encor je balance.
Je vous proposerais Vénus.
Moi, Vénus ? quelle extravagance !
Je crains de mal m’en acquitter,
Et je crains qu’on ne me contrôle ;
Mais je ne sais pas résister.
Vous êtes dans l’esprit du rôle.
Je ne vous ai pas offert Minerve.
Non, non ; j’aime mieux l’autre ; j’ai déjà tenu l’emploi à l’Opéra.
Ah çà ! et moi, belle dame ?
En voyant vos moustaches, je voulais d’abord vous confier la garde de nos jardins, et vous offrir la place de Mars.
Oui, Mars, ça m’aurait assez convenu ; ça me rapprochait de Vénus.
Mais depuis que vous vous êtes fait connaître, j’ai changé d’idée. N’avez-vous pas vu en entrant ces élégantes arcades, dont les riches magasins, quand ils seront faits, vont rivaliser avec ceux de la rue Vivienne ?
J’entends ; on vous propose la place de Mercure.
Ah ! Mercure ; n’est-ce pas le dieu du commerce, celui qui porte un caducée à la main et des ailes aux talons ? Je les mettrai à la place de mes éperons. Ma foi, va pour les dieux de nouvelle fabrique.
De mon autorité privée, je vous donne l’apothéose !
Scène IV.
Je vous demande à entrer un moment. Je n’y resterai pas. (À la Folie.) Je sortais de Paris par la barrière de l’Étoile, lorsque ce nouvel édifice frappa mes yeux ; et comme il serait possible en province d’en établir de pareils…
Monsieur serait-il quelque riche capitaliste ?
Capitaliste ? Au contraire, je suis artiste ! artiste lampiste[11] ! auteur du quinquet mécanique et d’une lampe merveilleuse, que j’aurais aussi présentée au grand Opéra, s’il n’y en avait pas déjà une de reçue[12].
Eh ! c’est monsieur Lantimèche, l’inventeur de ce nouvel éclairage !
Lui-même ! mais ne confondons pas. Je ne suis pas de ces éclaireurs obscurs, de ces génies pâles et ternes qui ne sortent point du lampion, ou qui ne se sont jamais élevés plus haut que le réverbère. J’apporte avec moi un foyer de lumière, une invention nouvelle.
Je me doute de ce que c’est.
Laissez-le dire ; moi je suis la protectrice déclarée de presque toutes les inventions nouvelles.
J’ai proposé d’éclairer tout Paris avec un seul quinquet, un immense quinquet dont on aurait multiplié les branches à l’infini. Je dis les branches, vous le remarquerez, parce que le gaz hydrogène est l’ennemi juré des mèches ! C’est même ce qui assure notre supériorité ; quelque vent qu’il fasse, nous ne craignons jamais chez nous que la mèche soit éventée.
Il me semble, monsieur Lantimèche, qu’un pareil projet a dû les éblouir !
Pardieu ! les résultats en étaient si clairs ! mais vous savez ce que c’est que le souffle de l’envie, ça serait capable d’éteindre les idées les plus lumineuses. Ils ont prétendu que mon idée n’était pas nouvelle, que mon gaz était du gaz pillé. J’ai d’abord jeté contre eux feu et flamme ; mais bientôt j’ai vu que le jeu n’en valait pas la chandelle, ce qui fait que je leur ai brûlé la politesse ; et je vais dans les départemens porter mon gaz hydrogène et mon ressentiment.
Vous n’irez pas loin, je vous retiens en ces lieux.
Quoi ! vous croyez que mes faibles lumières pourront jeter un nouvel éclat sur votre établissement !
Vous nous avez présenté cela sous un jour si séduisant !
Oh ! le jour, c’est mon plus fort ! Moi, l’on ne m’appelle que le dieu du jour.
Eh bien ! c’est justement cette place-là que je vous offre. Il ne tient qu’à vous d’être Apollon et d’éclairer l’Olympe.
Comment ! moi, dans l’Olympe ! Je serai là comme un dieu ! Au moral, on ne pouvait me donner une place plus appropriée au caractère de l’individu, et même, physiquement parlant, j’ai assez les proportions que l’imagination prête à l’Apollon du Belvédère, et je ne suis pas fâché que l’on puisse comparer… Ah ça ! mais ici n’ai-je pas quelque char à conduire ?
Non ; chez nous, les chars vont seuls : ils se précipitent d’eux-mêmes.
Eh bien ! je l’aime autant !
Non ; mais le peu d’habitude… Quand j’étais sur la terre, j’allais assez habituellement à pied ; je le préférais même : j’allais plus vite. Et puis, je ne sais pas si pour rouler le plancher serait bien solide.
Comment ! même dans les deux vous craignez de tomber ?
Les cieux ! les cieux ! c’est fort bien ; mais si l’essieu casse, on se trouve à terre comme un simple mortel ! Mais ne perdons pas de vue notre affaire, et tâchons d’y voir clair ! D’abord, je place le centre de mes rayons au sommet de l’Olympe[13], et puis je redescends par une pente douce, insensible, et distribue sur tout l’horizon une masse de lumières, telles que, même aux Antipodes (j’appelle les Antipodes les habitans des Champs-Élysées), on pourra lire la gazette comme en plein midi.
Non, non ; prenez garde : il faut faire bien attention à la manière de répandre vos lumières.
Lorsqu’en ces lieux, nos élégantes
Viendront en toilettes brillantes
Pour faire admirer leurs attraits,
Éclairez-les, éclairez-les.
Mais sous l’ombrage tutélaire,
Il est maint sentier solitaire ;
Si l’on y fait quelques faux pas,
Ne les éclairez pas. (bis.)
Voyez-vous près d’une coquette,
Ces imprudens que l’Amour guette
Et qu’il va prendre en ses filets ?
Éclairez-les, éclairez-les.
Mais pour ces maris bonnes âmes,
Si tranquilles près de leurs femmes,
Ah ! pour leur bonheur ici-bas,
Ne les éclairez pas. (bis.)
Ecoutez, je ne connais que mon état. J’éclairerai toujours. Après, ceux qui ne voudront pas voir n’auront qu’à fermer les yeux ! En prend qui veut… Le soleil luit pour tout le monde : c’est ma devise !
Scène V.
Employez-nous,
Jeune déesse !
Chacun s’empresse
À vos genoux ;
Daignez nous placer près de vous.
Près de vous avoir une place,
C’est se trouver au rang des dieux.
Entrez, entrez, nous rendons grâce
Au sort qui vous guide en ces lieux ;
Mais ici, soit dit sans malice,
On n’est plus sur terre, et l’on tient
À ce que chacun ne remplisse
Que le poste qui lui convient.
Employez-nous, etc.
Toi quel est ton nom ?
Larissolle.
Sur terre quel est ton métier ?
Madame, je sors de l’école
Des Grignon et des Beauvilliers[14].
Ami, ta science divine
Te place parmi les élus ;
Prends le sceptre de la cuisine,
Et sois chez nous le dieu Comus.
Employez-nous, etc.
Toi, dont l’air triste, mais intègre,
Est d’un rentier sans pension,
Quel es-tu ?
Mon Dieu ! qu’il est maigre !
Je fus caissier de l’Odéon.
Deviens le nôtre.
Ô sort prospère !
Sois désormais le dieu Plutus.
Quel bonheur ! enfin, je vais faire
Connaissance avec les écus.
Employez-nous, etc.
Rassurez-vous ; il nous faut dans l’Olympe des divinités du second ordre, et nous emploierons tout le monde.
Venez tous, et qu’en ces lieux
La folie
Vous rallie ;
Venez tous, et dans ces lieux,
Je vous place au rang des dieux.
Les mortels, pour chaque vœu
Me trouveront favorable ;
Oui, mes amis, quoique dieu,
Je serai toujours bon diable.
Venez tous, etc.
Au poste dont j’ai fait choix,
Rester serait trop austère ;
Mais on sait que quelquefois
Vénus descendait sur terre.
Venez tous, etc.
(Au moment où ils vont reprendre le chœur on entend les premières mesures de la marche des Scythes, d’Iphigénie en Tauride.)
Quel est ce bruit ?
C’est quelqu’un qui veut forcer la consigne… on se dispute pour entrer.
Eh ! c’est M. Titan[15], cet entrepreneur de montagnes que j’avais mis en vogue l’année dernière ; que nous veut-il ? Quel air furieux ? On dirait qu’il va bouleverser l’Olympe ?
Scène VI.
Ah ! l’on verra ! l’on verra ! J’ai de quoi vous confondre. (À la Folie.) Enfin, vous voilà, madame ; c’est donc ici qu’on vous trouve ?
Mais, oui ; je suis fixée jusqu’à nouvel ordre.
Il est donc vrai que vous me quittez ?
Que n’avez-vous su me retenir !
Comment, au moment où je fais de nouveaux embellissemens[16] !
Quoi, j’ai pris un orchestre unique,
Planté des saules, des tilleuls,
Et moi, mes arbres, ma musique.
Nous nous divertissons tout seuls !
Je vois que j’en suis pour mes saules.
Grâce à vous, je me trouve, hélas !
Mon orchestre sur mes épaules,
Et mes montagnes sur les bras.
Mais, j’en appelle à un personnage plus puissant que vous, au Public lui-même, et comme il ne vient plus chez moi, c’est ici que je l’attends ; il sera juge de ce procès.
Qu’est-ce que vous avez donc là ?
Je porte avec moi les pièces à l’appui. C’est un petit modèle en bas-relief, qui représente mes montagnes : on pourra confronter ; et j’attaque les vôtres en contre-façons.
Oui, l’on va malgré vos astuces.
Voir mes montagnes au procès,
Elles sont faites par des Russes.
Et les nôtres par des Français.
Ainsi que vous, à leur tour ils espèrent.
Sachez, monsieur, qu’en fait de monuments,
Chez nous les arts, l’honneur, en élevèrent,
Qui dureront encor long-temps.
D’ailleurs, chez nous l’on danse.
Chez nous l’on dîne[17] : voyez d’ici Comus, Bacchus et tout l’Olympe ; j’ai pour moi le ciel !
Et moi les procureurs, et l’enfer avec eux ! Je vous forcerai bien à revenir chez moi, ou nous plaiderons.
Scène VII.
Ah ! mon Dieu ! en voici bien d’autres ! Il y a là je ne sais combien de montagnes qui viennent vous adresser leurs réclamations !
Encore des montagnes ! Ah çà ! il en pleut donc ?
Qu’elles entrent, nous donnons audience à tout le monde. C’est charmant ! voilà un procès qui sera digne de moi.
Dans mon fauteuil je m’installe,
Le procès va commencer ;
Vous chérissez le scandale ;
Moi, je ne puis m’en passer.
Des gens de robe, et pour cause,
J’estime fort les façons,
Et j’ai, dans plus d’une cause,
Donné des conclusions.
Dans mon fauteuil, etc.
Scène VIII.
arrivant avec une montagne en bas-relief,
sur laquelle est écrit : MONTAGNES ILLYRIENNES.
Des montagnes de l’Illyrie
J’apporte en ces lieux la copie :
Chez moi la foule est établie ;
Déjà dimanche on s’assommait ;
Que ça dure, et tout me promet
Que ma fortune est au sommet.
Scène IX.
Moi, des montagnes de la Suisse
J’apporte une légère esquisse ;
Du Luxembourg[18] c’est le caprice ;
On n’a jamais rien vu de tel,
Et ce passe-temps immortel
Est du temps de Guillaume-Tell.
Scène X.
Mes montagnes égyptiennes[19]
Sont à coup sûr les plus anciennes.
Que chacun vante ici les siennes !
Ce jeu, dans Paris en renom,
Eut un brevet d’invention
Sous Le règne de Pharaon.
Ah ! daignez, ici m’écouter ;
C’est moi seul qui dois L’emporter.
Un instant, messieurs, ne parlez pas tous ensemble.
Scène XI.
Arrêtez donc. Est-ce que je n’pouvons pas aller sans musique ? ils me prennent pour un opéra ! Pardon, excuse, notre bourgeoise. Il paraît que c’est ici le rendez-vous des Montagnes.
Eh ! oui… Colibri.
Et une qui jouerait les siennes par dessous jambes.
Ne pouvons-nous savoir qui vous êtes ?
Notre bourgeoise, j’sis de Montmartre : je suis le plus ancien meunier de l’endroit, et l’on ne m’appelle que le vieux de la Montagne !
J’ v’nons d’apprendr’ dans nos campagnes.
Qu’il s’ tramait queq’chose entre vous ;
Puisqu’y a z’une assemblé’ d’ montagnes,
Ça n’peut pas se passer sans nous.
D’ peur qu’sans entendr’ on nous condamne,
D’ Montmartre on vient de m’ députer,
Et j’ somm’, moi, ma fille et mon âne,
Chargés de le représenter.
Il me semble que je ne vois pas ici toute la députation ?
Eh ! non, d’usage et d’habitude, l’autre reste à la porte !
Il y en a assez qui entrent sans lui, mistigri !
Oui, encore faut-il savoir ce que vous voulez.
J’v’enons vous dire que de temps immoral, Montmartre est en possession d’être la première montagne d’Paris ; et qu’elle ne souffrira pas qu’on la dégotte.
Vivat ! encore un procès.
Et que si quelqu’un veut s’élever plus haut que nous, il faudra qu’il en rabatte ?
Par exemple, si je m’attendais à celui-là ! Ah ça ! qu’est-ce que ça vous fait ?
Je te dis que ça m’offusque, que j’sommes faits au grand air, et que ça gêne la circulation.
Sans compter que ça fait z’un déficit parmi nos danseurs.
Et comment donc ?
L’ dimanch’, sur nos pl’ouzes vertes,
On v’nait s’ trémousser ;
D’puis qu’ vos montagn’s sont ouvertes,
Ils y vont danser !
Chez nous, on est simpl’, novice ;
L’s amans ici bas
Aim’nt les endroits où l’on glisse ;
Chez nous on n’ glisse pas.
Plus de danseurs, voilà qui mérite considération.
Eh bien ! voyez donc le grand mal, quand mademoiselle ne danserait pas.
Comment ; l’grand mal ? Dis donc, malin, connais-tu la giographie ?
Parbleu !…
Eh bien ! m’sieur du Mont, sais-tu à quel mont tu ressembles, avec ta face ! tu ressembles au mont Caucace.
Au mont Caucace !
Voyez donc ce cocodrille égyptien ; avec sa face d’ momie…
Dis donc, échappé du passage du Caire, toi et tes pyramides, j’t’allons faire donner une tête dans mes carrières.
Quelle patience ! Si on ne se retenait pas !
Eh bien ! voyons, lâche donc ton feu ; depuis une heure que tu es là à fumer, on dirait du mont Vitruve…
Scène XII.
Madame, encore une montagne qui arrive du jardin Ruggieri[20]. Une montagne d’eau, le saut du Niagara, qui demande à entrer.
Fermez les grilles.
Eh bien ! je vais lui parler à ton saut, et gare au plongeon.
Non pas, c’est à moi à m’opposer au torrent.
Eh moi, donc ?
Oui, moi seul j’ai ce droit-là,
Et pour lui parler je m’apprête,
Et le saut du Niagara,
Ainsi que vous la dansera.
Quand j’ m’y mets moi, rien n’ m’arrête ;
J’ leu f’rai tourner les talons.
J’ai mon projet dans la tête,
Dissimulons.
Oui, moi seul, etc.
Eh ! messieurs, arrêtez. Les voilà qui se battent, et qui se jettent-leurs montagnes à la tête.
Scène XIII.
Vous pourriez bien prendre garde à ce que vous faites. Ces insolens, avec leurs montagnes.
Est-ce que monsieur serait encore un concurrent ?
Ça m’a presque coupé la respiration ; on crie : Gare la montagne !
Autant que je puis m’y connaître,
En frappant ab hoc ci ab hac,
Ils vous en ont lancé peut-être
Quelques-unes sur l’estomac.
La montagne était de calibre ;
Devant moi la voyant venir.
Crac, j’en ai perdu l’équilibre.
Elle aurait dû le rétablir.
À quoi servent les montagnes, et où est la nécessite qu’il y en ait ici bas ?
Monsieur a ses raisons pour en vouloir aux montagnes.
Oui, madame, j’en ai plein le dos. Il me souvient des montagnes russes, j’en ai un jour régalé toute la maison : ma femme et mon premier garçon en ont eu une courbature, et moi j’en ai eu une bosse au front en tombant sur le dos, le contre-coup apparemment.
Ici, c’est bien différent ; si vous voulez seulement vous donner la peine d’entrer.
J’en serais bien fâché ; donner trois livres pour ça ! Ce n’est pas que je regarde au prix, un artiste comme moi…
Ah ! monsieur est artiste ?
Ils disent bien dans le quartier que je suis serrurier ; le fait est que je suis artiste mécanicien, travaillant en fer ; mais pour payer trois livres, il faudrait que je fusse d’une bonne trempe, et je n’y mettrai jamais le pied.
Écoutez, donc, belle dame, c’est autre chose. Mais si j’accepte c’est à cause de la belle saison, parce que les spectacles… Il n’y a plus moyen d’y tenir dans ce parterre : on va, on vient, on me marche sur les mains ; avec ça on dirait qu’ils sont tous debout ; j’ai beau crier : Assis, je n’y vois rien, et puis d’ailleurs la température… Hier j’ai été voir Mérope : j’avais un billet d’auteur… c’était une chaleur ! et voyez comme le temps change ; trois jours auparavant j’avais été à l’Ambigu, aux Captifs d’Alger[21] ; c’était un froid à n’y pas tenir ; c’est le baromètre qui est cause de cela.
Eh mais, j’y pense, il faut que je vous consulte : nous avons pour remonter nos chars une mécanique fort ingénieuse.
J’en ai fait. Nous appelons ça un mouvement perpétuel.
C’est qu’il s’arrête souvent, et si vous vouliez être des nôtres.
Écoutez donc, belle dame, ça n’est pas de refus.
Mais votre femme et votre premier garçon ?
Si en votre absence on vous jouait quelques tours.
De ce côté-là, comme ça m’est égal, ça m’est bien égal ! Je suis fait aux tours… Et quelle place me donnez-vous ?
Il y en a une dans l’Olympe, qui vous convient si bien ! celle de Vulcain.
Vous avez donc des divinités ?
En voilà un échantillon.
Scène XIV.
Huit heures et demie, c’est le moment de paraître et de commencer ma carrière. Éclairons.
L’astre du jour dans son paisible éclat,
Lançait des feux…
Ma foi, mon cher confrère, voulez-vous me permettre.
Un confrère ? Qu’est-ce que c’est ça ? est-ce que c’est fait comme un dieu ?
Eh bien ! qu’est-ce que vous êtes donc ici vous ?
Moi, c’est différent, je fais ici une place d’Apollon. L’Apollon du… (Montrant le réverbère) Mais aussi je Suis du bois dont on les fait, (À la Folie) Ah ! vous voilà, madame ; justement je venais vous parler.
Dites-moi donc, monsieur, quels sont ces deux employés, pourquoi sont-ils noirs ?
C’est la couleur de nos gens.
Pourquoi les avez-vous pris ainsi ? Ah ! j’y suis, parce que c’est moins salissant ; mais, dites-moi, monsieur…
Je vous dis qu’il faut que j’éclaire.
Demain il fera jour.
Demain, demain, je vous dis que c’est ce soir.
Il me semble, monsieur, que, sans vous déranger, vous pouvez bien un moment…
Allons, il m’empêche de passer ! depuis feu Josué, qui s’est permis d’arrêter le soleil, je ne crois pas qu’il y ait exemple d’une pareille inconvenance… Ah ça ! si je m’échauffe une fois, il vous en cuira.
Parbleu ! monsieur, je trouve bien extraordinaire la manière dont vous me répondez.
C’est qu’il va finir par attraper quelque bon coup de soleil.
Corbleu ! monsieur, prenez donc garde à ce que vous faites, vous me brûlez.
Je vous le disais aussi, que diable ! d’approcher comme ça du soleil… Je suis sûr qu’avec votre chevelure enflammée, là bas à l’Observatoire, ils vont vous prendre pour une comète. Madame, je voulais vous dire que je viens de voir des gens de mauvaise mine.
Corbleu ! monsieur, vous me regardez ?
Eh ! non, je ne vous regarde pas… Comme il fume !.. Ce monsieur Titan les a réunis contre nous ; et il pourrait bien…
Alerte ; (ter.)
Pour notre perte,
Ils sont unis.
Alerte, (bis.)
Mes bons amis.
Quoi ! tes Titans, dans leur audace.
Voudraient escalader la place !
Renversons-les d’un trait malin.
Et s’il faut des armes, Vulcain
En forgera soudain.
Alerte, etc. (ter.)
Pour nous renverser si l’on grimpe,
C’est moi qui soutiendrai l’Olympe.
Au fait, Atlas dans ses travaux
Porta le ciel, et ce héros
N’avait pas si bon dos.
Alerte, etc.
Scène XV.
Quoiqu’il n’en ait pas l’air, il se pourrait bien que ce petit-là fût redoutable : d’abord il a la tête chaude… Mais,
Qu’on se batte, qu’on se déchire !
continuons le cours de mes glorieuses fonctions. Dans mon état de soleil, il faut toujours aller ; il n’y a ni relâche, ni indisposition ; avec ça que je suis en retard, ils vont croire qu’il y a une éclipse… (Regardant dans la coulisse à gauche.) C’est qu’on est très bien ici pour voir le combat. Un, deux, trois, quatre, tous ces Titans avec leurs montagnes… Voilà qu’ils les entassent les unes sur les autres ; voilà l’Illyrie sur la Suisse, l’Égypte par dessus et la Russie qui s’en mêle… Allons, c’est ça, roule ta bosse… Aye ! voilà Montmartre qui dégringole ; non, il remonte sur sa bête… Ah ça, Dieu me pardonne, je crois qu’ils escaladent l’Olympe… Et j’éclairerais de pareils forfaits !…
En reculant d’horreur, Phœbus épouvanté,
À ce spectacle affreux refusa sa clarté.
Éteignez, éteignez, qu’une nuit totale couvre l’horizon !… Eh mais… j’entends une musique guerrière. Je ne me trompe pas, c’est l’air : Du haut en bas.
Scène XVI.
(La toile du fond se lève et représente un point de vue, des promenades aériennes. La Folie sur un char, environnée de tout l’Olympe, et la marotte à la main, vient de renverser les Titans qui sont à terre, sous leurs montagnes, et groupés d’une manière grotesque.)
Ainsi, vainqueur d’une ligue ennemie,
L’Olympe encor renverse les Titans ;
Ceux que protège la Folie
Ont triomphé dans tous les temps.
Nous voulons que La paix s’achève ;
Mais défendons que nul enfin
Au-dessus de nous ne s’élève.
Excepté monsieur Garnerin[23].
Bien d’autres peut-être n’useraient pas aussi généreusement de la victoire ; mais nous ne voulons la mort de personne. Partageons. Ici sera le bon ton, chez vous la gaîté ; on viendra chez moi toute la semaine, chez vous le dimanche.
C’est ce que nous demandons ; je suis du parti de madame.
En v’là déjà un qui retourne ; c’est une girouette.
Dam, je suis de Montmartre, et de tout temps ce sont nos girouettes qui ont eu le plus de réputation, après celles de Paris, s’entend !
Venez, disciples joyeux,
Suivez ma bannière ;
L’Olympe n’est plus aux cieux,
L’Olympe est sur terre.
Morphée au Cirque est déjà,
Bacchus aux tavernes,
Terpsichore à l’Opéra,
Mars dans nos casernes.
J’ons vu dans plus d’un jardin
L’Amour sous la treille ;
Et chez plus d’un marchand de vin ;
Neptune en bouteille.
Oui, Vénus n’est plus aux cieux,
Sur terre elle loge ;
J’y crois en jetant les yeux
(Montrant la Salle.)
Là… sur chaque loge.
Si Vulcain est le patron
Des époux honnêtes,
À Paris je serai donc
De toutes les fêtes.
Quand on est à terre, hélas !
Point de fausse honte ;
De bonn’jamb’, et chapeau bas,
V’là comme on remonte.
Désormais, l’autre Apollon
Va près du moderne
Briller comme un champignon
Dans une lanterne.
Le premier des dieux, celui
Qui tient le tonnerre,
Par malheur m’est pas ici,
Il est au parterre.
À nos frayeurs les bravos
Pourraient mettre un terme.
Ne craignez rien, j’ai bon dos,
Messieurs, frappez ferme.
- ↑ Les dépenses énormes que le financier Beaujon avait faites dans ses jardins leur avaient fait donner le nom de la Folie-Beaujon. Il semble que ce nom ait porté malheur au local, où depuis les folies de ce genre se sont toujours succédé.
- ↑ Nous avions personnifié ici l’Hermite de la chaussée d’Antin, l’ouvrage de mœurs le plus spirituel de notre époque ; il est de M. de Jouy, dont le nom se retrouve toujours dans tous les genres de succès.
- ↑ L’Hospice Beaujon dans le faubourg du Roule.
- ↑ Le fameux chien Munito qui jouait au loto et au domino.
- ↑ L’aéronaute Margat s’était élevé en ballon, avec un cerf dressé par lui.
- ↑ Almaviva et Rosine, ballet de la porte Saint-Martin.
- ↑ Spectacle dans le genre de Servandoni, établi rue Montabor.
- ↑ On venait de vendre les jardins de Tivoli, pour y bâtir des maisons.
- ↑ On avait ouvert au public les Montagnes françaises avant même que toutes les constructions en fussent terminées, tant était vive l’impatience des Parisiens qui se rendirent en foule dans ces jardins. Trois mois après, personne n’y allait plus.
- ↑ Magnifique café du Palais-Royal, célèbre alors par ses salons dorés et par sa belle limonadière.
- ↑ On ne parlait alors que de l’éclairage par le gas hydrogène. Ce rôle de Lantimèche fut créé par Potier ; on se rappelle encore la gaîté, l’originalité qu’il y déployait, et surtout la beauté de ses poses et des ces formes, lorsqu’il paraissait au dénouement, en dieu du jour, en Apollon.
- ↑ Aladin ou la lampe merveilleuse, de M. Étienne, jouée depuis au grand Opéra avec un immense succès.
- ↑ Il y avait au haut des montagnes Beaujon un immense réflecteur qu’on apercevait ; le soir de presque tous les points de Paris.
- ↑ Fameux restaurateurs dont tout Paris a pu apprécier les productions. Beauvilliers est connu aussi par un ouvrage sur la cuisine. Il a joint le précepte à l’exemple, comme Boileau dans l’art poétique.
- ↑ M. Titan représentait ici les Montagnes Russes qui avaient eu ici beaucoup de vogue l’année précédente et qui se voyaient renversées par Les nouvelles montagnes.
- ↑ Éblouis par le succès de la première année, les entrepreneurs des Montagnes Russes avaient employé leurs bénéfices en embellissement, afin de fixer chez eux la vogue. La vogue n’y revient plus.
- ↑ Il y avait aux Montagnes Beaujon un superbe restaurant, un café, etc.
- ↑ Les montagnes Suisses étaient établies au jardin de La Chaumière, dans le quartier du Luxembourg.
- ↑ Les montagnes Égyptiennes étaient au jardin du Delta, faubourg Poissonnière.
- ↑ Dans le jardin Ruggieri, rue Saint-Lazare, on avait établi une espèce de balançoire assez dangereuse qu’on avait décorée du nom de saut du Niagara.
- ↑ Mélodrame que l’on venait de donner à l’Ambigu-Comique.
- ↑ Dans l’origine tous les employés de l’établissement devaient être des nègres. Les entrepreneurs l’avaient annoncé, mais cela n’eut pas lieu, probablement à cause des nouvelles lois sur la traite des noirs.
- ↑ Célèbre aéronaute qui souvent alors faisait des ascensions en ballon.