Le Combat spirituel (Brignon)/49

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Traduction par Jean Brignon.
(p. 235-236).


CHAPITRE XLIX.
De quelques considérations qui peuvent porter les pecheurs à recourir avec confiance à la Sainte Vierge.

QUiconque veut recourir avec une ferme confiance à la Sainte Vierge, doit s’y exciter par les considérations suivantes.

1. L’expérience montre qu’un vase où il y a eu du musc ou du baume, en retient l’odeur, surtout quand le musc ou le baume y a demeuré longtems, ou qu’il y en reste quelque peu. Cependant ni l’un, ni l’autre n’a qu’une vertu limitée, non plus que le feu dont on conserve la chaleur, après qu’on s’en est retiré. Cela étant, que dirons-nous de la charité & de la miséricorde de cette Vierge qui a porté neuf mois durant dans les entrailles, & qui porte encore dans son cœur, le Fils unique de Dieu, la Charité incréée, dont la vertu n’a point de bornes ? S’il est impossible de s’approcher d’un grand feu, que l’on n’en soit échauffé, ne s’ensuit-il pas, & n’a-t-on pas un plus grand sujet de croire que quiconque s’approchera de Marie, cette Mere de miséricorde, de ce cœur toujours brûlant du feu de la Charité, en ressentira d’autant plus souvent, & avec plus de confiance & d’humilité ?

2. Jamais pure créature n’a eû tant d’amour pour Jesus-Christ, ni tant de soumission à ses volontés que sa bienheureuse Mere. Si donc ce divin Sauveur, qui s’est sacrifié pour de misérables pecheurs comme nous ; si ce Sauveur, dis-je, nous a donné sa propre Mere, pour être notre Mere commune, notre Avocate, notre Médiatrice auprès de lui, comment pourroit-elle ne pas entrer dans ses sentimens, & négliger de nous secourir ? Ne craignons point d’implorer sa miséricorde ; recourons à elle avec confiance dans toutes nos nécessités, parce qu’elle est une source inépuisable de graces, & qu’elle a coûtume de mésurer ses bienfaits à notre confiance.