Le Comte de Sallenauve/Chapitre 12

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L. de Potter (tome IIp. 177-209).
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XII

L’asile d’Hanwell.


Quelques jours avant le départ de la Luigia, le paquebot de Boulogne conduisait en Angleterre un autre personnage de cette histoire.

Une fois mis au courant du lieu où il pourrait faire parvenir à Sallenauve des renseignements qu’il jugeait d’une extrême urgence, Jacques Bricheteau n’avait plus songé à lui écrire ; il avait trouvé plus sûr et plus simple d’aller conférer avec lui.

Arrivé à Londres, le voyageur fut assez surpris d’apprendre qu’Hanwell était l’une des plus célèbres maisons de fous des trois royaumes. Toutefois en se rappelant les appréhensions que l’état moral de Marie-Gaston avait données à son ami, il aurait pu arriver à deviner la vérité, mais il fut tout à fait dépaysé, quand on lui eut, en outre, expliqué que cette maison, où les malades étaient traités aux frais du comté, n’admettait que des aliénés de la classe pauvre et qu’on n’y était pas reçu pour de l’argent.

Ne faisant pourtant point la faute de se perdre en conjectures inutiles, Jacques Bricheteau, qui déjà nous a donné plus d’une preuve de son caractère prompt et résolu, prit le parti de pousser sans plus de délai jusqu’à Hanwell, et comme cette résidence n’est pas à plus de neuf milles de Londres, il y fut presque aussitôt rendu.

Hanwell est une grande construction d’assez bonne apparence. Sa façade, qui n’a pas moins de neuf cent quatre-vingt-seize pieds de long, est coupée par trois tours octogones, à trois étages marquant le centre et les deux extrémités ; on a ainsi rompu la monotonie des lignes architecturales, où la sévère destination de l’édifice a paru commander une grande sobriété d’ornementations.

L’asile est agréablement situé au pied d’une colline, sur la limite des comtés de Jersey et de Middlesex. Ses vastes dépendances, en jardin et fermes, sont comprises entre la route d’Uxbridge, la rivière Brent et un canal appelé le grand canal de jonction (grand junction canal) : neuf cent quinze malades peuvent y être reçus et traités.

Étant reconnu que le travail est un des plus précieux adminicules du traitement médical, la maison contient des ateliers de menuisiers, de serruriers, de peintres, de vitriers, de faiseurs de brosses, de charbonniers ; on y fabrique aussi du fil, des souliers, de la vannerie, des chapeaux de paille, des paniers à fraises et toute espèce d’ouvrages de femmes.

Les plus délicats objets de cette fabrication sont vendus aux visiteurs dans un bazar où ils sont exposés, et qui est d’un beau revenu pour l’asile.

Les malades incapables d’être employés à un métier, partagent les travaux du jardinage et de la ferme, qui fournissent en grande partie aux besoins de l’établissement ; le pain et la bière se préparent également dans la maison ; enfin on y confectionne tout le linge nécessaire, et il y est blanchi au moyen d’une machine à vapeur qui sert en même temps au chauffage de toutes les parties du bâtiment.

Une chapelle ornée d’un bel orgue à clavier, une bibliothèque et une salle destinée à des concerts dont on a constaté la salutaire influence sur la santé des malades, témoignent qu’à côté des soins intelligents donnés aux douleurs physiques, les besoins de la nature morale n’ont été, ni oubliés ni méconnus.

Enfin, comme l’écrivait lord Lewin à Sallenauve, à la tête de la maison est placé le docteur Ellis, praticien distingué, auquel on doit un livre remarquable sur l’étiologie et la thérapeutique des maladies mentales. Dans le traitement de ces affections, cet habile aliéniste ne dédaigne pas les lumières et le concours de la science phrénologique.

Parvenu jusqu’à lui, l’organiste lui demanda si un Français du nom de Sallenauve ne résidait pas momentanément à Hanwell ? Là encore, Jacques Bricheteau paya les frais de sa mine négligée et pauvreteuse, et, sans daigner entrer avec lui dans aucune explication, le docteur répondit net et bref que le nom de M. de Sallenauve lui était complètement inconnu.

Cette réponse, après tout, n’avait rien que de vraisemblable. Jacques Bricheteau se retira donc assez désappointé, et, arrivant à croire ou que madame de l’Estorade lui avait mal prononcé, ou que lui-même avait mal retenu le mot d’Hanwell, Il passa plusieurs jours à courir le comté de Middlesex, recherchant toutes les localités que la désinence en ell pouvait recommander à son attention.

Toutes ses recherches restées inutiles, comme rarement dans aucune de ses entreprises il avait le démenti de son esprit persévérant et plein de ressources, Jacques Bricheteau prit le parti de faire à Hanwell une seconde tentative écrite, pensant avec raison qu’une lettre passait là où l’on interceptait un homme ; et, en effet, dans la soirée du jour où il avait confié son épître à la poste, il recevait de Sallenauve une réponse par laquelle il était invité à se rendre à l’Asile où la plus cordiale réception lui était annoncée.

Le procédé du docteur Ellis fut expliqué à Jacques Bricheteau, quand il connut le malheur qui avait frappé Marie-Gaston. La discrétion est, sans contredit, l’une des vertus les plus nécessaires chez le directeur d’une maison d’aliénés que sa position fait à tout moment dépositaire de confidences qui intéressent l’honneur des familles. Avouer que l’ami le plus intime de Marie-Gaston, dont tout le monde connaissait la mélancolie noire, se trouvait dans le moment à Hanwell, n’était-ce pas mettre sur la trace de sa maladie un questionneur inconnu, et le secret convenu autour du désordre mental qu’on se plaisait à regarder comme momentané et réparable, n’eût-il pas ainsi été compromis ?

Arrivé à l’Asile et présenté par Sallenauve comme un de ses amis, Jacques Bricheteau y reçut l’accueil le plus empressé. Après lui avoir adressé ses excuses, le docteur Ellis qui, plus d’une fois dans sa pratique, avait obtenu de la musique des effets vraiment merveilleux lui dit qu’il considérait sa venue comme une chance des plus heureuses, et que dans la guérison du malade, son remarquable talent d’organiste pouvait devenir le dernier appoint.

Malheureusement, depuis son départ de Ville-d’Avray, l’état de Marie-Gaston s’était cruellement compliqué.

Jusqu’à son arrivée en Angleterre, il avait été relativement gai, docile à tous les conseils de lord Lewin, et on aurait cru voir deux amis voyageant pour leur plaisir, de compagnie.

Mais quand au lieu de céder à l’impatience du malade qui voulait, sans retard, s’embarquer pour l’Amérique du Sud, lord Lewin, prétextant de quelques affaires qui l’appelaient dans une localité voisine de Londres, avait proposé à Marie-Gaston d’être du voyage, celui-ci avait commencé à soupçonner quelque leurre dont on avait flatté sa manie. Cependant il avait fini par se laisser conduire à Hanwell, que lord Lewin lui avait donné pour un château royal, et même il n’avait fait aucune résistance quand il s’était agi de passer le seuil de sa future prison ; mais une fois en présence du docteur Ellis, d’avance prévenu par une lettre de lord Lewin, une sorte d’instinct, dont les aliénés sont très capables, avait semblé révéler au douloureux ami de Sallenauve le danger que courait sa liberté.

— La figure de monsieur me déplaît, avait-il dit tout haut à lord Lewin ; allons-nous-en !

Le docteur avait essayé de tourner cette boutade en plaisanterie ; mais, s’animant de plus en plus, Marie-Gaston s’était écrié :

— Taisez-vous, votre gaîté est odieuse, vous avez tout l’air d’un bourreau.

Peut-être en effet, cette profonde attention que les médecins d’aliénés mettent à lire dans la physionomie de leurs administrés, jointe à cette sévérité et à cette fixité du regard, par laquelle ils sont souvent forcés de leur imposer, finit-elle par imprimer à leur visage une habitude scrutatrice et inquisitoriale qui doit agir de la manière la plus agaçante sur le système nerveux, d’ailleurs si impressionnable, des malheureux soumis à leur examen.

— Vous ne me priverez pas, pourtant, j’ose l’espérer, avait répondu le docteur, du plaisir de vous garder à dîner avec mon ami lord Lewin.

— Moi ! dîner chez vous, avait répondu Marie-Gaston avec véhémence, pour que vous m’empoisonniez !

— Eh bien ! mais le poison, avait dit vivement lord Lewin, c’est assez votre affaire. Ne parliez-vous pas l’autre jour de prendre un dose d’acide cyanhydrique (prussique) ?

En jetant cette phrase provocante, lord Lewin n’avait pas, comme on serait tenté de le croire, commis une imprudence ; ayant beaucoup étudié les fous, il s’était aperçu que chez Marie-Gaston couvait contre le docteur une disposition des plus menaçantes ; et comme il était énergique et vigoureux, il s’était arrangé pour détourner sur lui la nuée d’orage prête à crever.

Les choses n’avaient pas manqué de se passer comme il l’avait prévu.

— Ah ! vile canaille ! s’était écrié Marie-Gaston, en lui sautant à la gorge ; tu t’entends avec l’autre, et tu lui vends mes secrets !

Ce n’était pas sans peine que lord Lewin s’était dégagé de sa violente étreinte, et l’intervention de deux gardiens avait été nécessaire : le malheureux était devenu fou-furieux.

Ce paroxysme, qui s’était prolongé pendant plusieurs jours, avait cédé aux soins et au traitement du docteur, et maintenant, devenu doux et tranquille, le malade accusait quelques symptômes d’une guérison probable, mais il y avait à provoquer chez lui une crise finale dont sir William Ellis était occupé à chercher la forme et le véhicule au moment où Jacques Bricheteau était intervenu.

Aussitôt que Sallenauve se trouva seul avec l’organiste, il s’enquit curieusement du motif qui l’avait poussé à venir le rejoindre, et reçut avec une certaine émotion la nouvelle de l’intrigue que Maxime et les Beauvisage semblaient occupés à organiser contre lui.

Revenu aussitôt à ses anciens soupçons :

— Mais êtes-vous bien sûr, demanda-t-il à Jacques Bricheteau, que ce personnage à peine entrevu soit effectivement le marquis de Sallenauve ?

— La mère Marie des Anges et Achille Pigoult, répondit Bricheteau, par lesquels j’ai été avisé de la trame, ne mettent pas plus que moi en doute l’identité du marquis, et dans le commérage dont on essaie de vous faire une menace, un seul côté me paraît grave : c’est que, par votre absence, vous laissiez le champ libre à vos adversaires.

— Mais, repartit le député, la Chambre ne jugera pas sans m’entendre ; j’ai écrit au président pour lui demander un congé, et dans le cas très peu probable où ce congé ne me serait pas accordé, j’ai prié l’Estorade, qui sait les motifs de ma présence ici, de vouloir bien me servir de caution.

— Vous avez aussi écrit à madame ? demanda l’organiste.

— Je n’ai écrit qu’à elle, répondit Sallenauve, pour lui annoncer le malheur arrivé à notre ami, et en même temps je la chargeais de dire à son mari le bon office que j’attendais de lui.

— S’il en est ainsi, dit Bricheteau, ne comptez d’aucune façon sur les l’Estorade, le bruit du coup qui se prépare contre vous était déjà sans doute parvenu jusqu’à eux. Et après avoir raconté la réception qui lui avait été faite, aussi bien que les désobligeantes paroles recueillies de la bouche de madame de l’Estorade, Jacques Bricheteau en vint à conclure que, dans la lutte près de s’engager, aucune assistance ne pouvait être espérée de ce côté.

— Ce dénouement, répondit Sallenauve, a quelque droit de me surprendre, après les assurances assez vives que madame de l’Estorade m’avait données d’une bienveillance à toute épreuve ; mais, en somme, ajouta-t-il philosophiquement, tout est possible et la calomnie a bien souvent miné d’autres dévouements.

— Dès-lors vous le comprenez, dit l’organiste, il faut nous mettre en route pour Paris, et sans aucun retard ; tout bien considéré, votre présence ici n’est que très relativement nécessaire.

— Au contraire, répondit Sallenauve, le docteur se félicitait encore ce matin que j’eusse pris le parti de venir, disant qu’à un moment donné, mon intervention pourrait devenir très utile. Jusqu’ici même, il n’a pas permis que je visse le malade, afin de me réserver au besoin pour quelque coup de théâtre.

— L’utilité de votre présence, répondit Jacques Bricheteau, n’en reste pas moins problématique, tandis qu’en vous éternisant ici, vous compromettez de la manière la plus positive votre avenir politique, votre considération, en un mot tout ce dont l’amitié la plus ardente n’a pas le droit de vous demander le sacrifice.

— Allons causer de tout ceci avec le docteur, finit par dire Sallenauve, qui ne pouvait méconnaître ce que l’insistance de Jacques Bricheteau avait de justifié.

Interrogé sur la question de savoir si la résidence de Sallenauve à l’Asile devrait encore longtemps se prolonger :

— Je le crois, répondit le docteur. Je viens de voir notre malade, et l’irritation cérébrale qui, de nécessité, doit avoir cédé à l’action matérielle des remèdes avant que l’on puisse penser à l’intervention d’aucun moyen moral, me paraît malheureusement en voie d’une exacerbation nouvelle.

— Mais, dit vivement Sallenauve, vous ne perdez pas, docteur, tout espoir de guérison ?

— Loin de là, j’ai une foi absolue dans une heureuse terminaison, mais ces cruelles affections présentent ainsi de fréquentes alternatives de bien et de mal, et en somme, je commence à entrevoir, pour la guérison, un délai beaucoup plus long que je ne l’avais d’abord pensé.

— Nommé récemment membre de la chambre des députés, dit alors Sallenauve, je suis appelé à Paris par l’ouverture de la session ; en même temps, je me sens réclamé par des intérêts graves, dont monsieur, ajouta-t-il, en désignant Bricheteau, est venu exprès pour m’entretenir ; si donc, je devais croire que ma présence ne dût pas être immédiatement utile…

— Partez, dit le docteur, cela peut être très long. Si l’état du malade n’avait pas empiré, avec vous, avec notre orgue touché par monsieur, et l’intervention d’une jeune personne parente de madame Ellis, qui plus d’une fois en pareille occasion, m’a secondé avec beaucoup d’intelligence, je pensais à arranger quelque scène dramatique dont j’espérais un bon résultat. Mais, outre que notre jeune parente est absente, il n’y a pas lieu pour le moment d’attaquer le mal autrement que par des agents physiques ; ainsi donc, encore un coup, partez. Le malade est un de ceux auxquels il est impossible de ne pas prendre un vif intérêt ; en le laissant à mes mains et à celle de lord Lewin vous pouvez être tranquille, j’irai même jusqu’à vous dire que je fais de sa guérison une affaire d’amour-propre ; dans la bouche d’un médecin, je ne sache pas pour votre sollicitude de meilleure garantie.

Sallenauve serra avec reconnaissance la main du docteur, en voyant le luxe de soins qu’il mettait à le rassurer. Il alla prendre congé de madame Ellis, qui ne fut pas moins empressée que son mari à promettre, à l’endroit de Marie-Gaston, le dévouement d’une surveillance toute maternelle. Quant à lord Lewin, il avait pris pour le caractère de Sallenauve l’estime la plus amicale, et son procédé dans le passé était la caution de ce qui pouvait en être attendu dans l’avenir et dans le présent. Bricheteau n’eut donc point de peine à obtenir qu’on se mît en route sans plus de délai.

Arrivés à Londres, vers cinq heures de l’après-midi, les voyageurs en seraient partis dans la soirée, sans la surprise qui les attendait.

D’abord, leur œil fut frappé d’affiches gigantesques comme le puffisme anglais sait seul les faire, annonçant à tous les coins de rues, pour le soir même, le second début de la Signora Luigia au Théâtre de Sa Majesté.

Le nom seul était fait pour attirer l’attention des voyageurs, mais les journaux, auxquels, pour plus d’information, ils recoururent, leur fournirent, suivant la mode anglaise, tant de détails circonstanciés sur la débutante, que Sallenauve ne dut plus mettre en doute la transformation de son ancienne gouvernante en l’un des astres les plus éblouissants qui depuis longtemps se fût levé à l’horizon du ciel britannique.

S’il eût écouté Jacques Bricheteau, il se fût contenté de saluer de loin le succès de la belle Italienne, et n’en eût pas moins continué son voyage.

Mais après avoir calculé que la soirée passée à Londres n’apporterait pas un notable retard à son voyage, le député voulut constater par ses yeux et par ses oreilles la valeur de cet enthousiasme qui, de toute part, éclatait au sujet de la prima-dona.

En se rendant aussitôt au bureau de la location des loges, qu’il trouva fermé, Sallenauve put déjà reconnaître tout le symptôme d’un succès immense. Dès deux heures de l’après-midi, il n’y avait plus eu dans la salle une seule place de disponible, et il fut trop heureux, au prix de cinq livres (cent vingt-cinq francs), d’acheter d’un revendeur deux stalles de parterre.

Jamais peut-être le théâtre italien de Londres n’avait vu une plus belle réunion, et l’on ne peut s’empêcher d’être frappé du capricieux agencement des choses humaines, quand on pense que tout ce mouvement de l’aristocratie anglaise autour de la grande artiste qui se révélait, avait eu en réalité pour point de départ, le besoin que s’était senti Vautrin, l’ancien forçat, de monter dans la hiérarchie de la police un échelon un peu plus élevé.

Par une autre coïncidence également étrange, la pièce annoncée sur l’affiche était : La Pazza d’amore (la Folle par amour), de Paesiello, dont la Luigia avait chanté un air le jour du dîner donné chez madame Saint-Estève. La toile levée, Sallenauve, qui, pendant près d’une semaine, avait vécu à Hanwell au milieu d’une population d’aliénés, put d’autant mieux apprécier le prodigieux talent de comédienne que son ancienne gouvernante déploya dans le rôle de Nina, et, en présence d’une déchirante vérité d’imitation, il eut comme un renouvellement de toutes les émotions par lesquelles l’affreuse réalité de la démence de Marie-Gaston venait de le faire passer.

Bricheteau, malgré la mauvaise humeur où l’avait d’abord jeté ce qu’il appelait la musarderie de Sallenauve, finit aussi par tomber sous le charme de la puissante exécution de la cantatrice, et, dans un moment, en voyant la salle entière transportée d’enthousiasme, et les bouquets inondant la scène :

— Ma foi, dit-il au député, je ne puis que vous souhaiter sur un autre théâtre un succès approchant celui-ci ; puis, par un entraînement assez imprudent, il ajouta : mais la politique n’a pas de pareils triomphes : l’art seul est grand.

— Et la Luigia est son prophète ! répondit Sallenauve, en essayant de sourire au milieu des larmes que l’admiration lui avait arrachées.