Le Conteur breton, 15 décembre 1866

La bibliothèque libre.

SOMMAIRE. — Études sur la Bretagne : Sainte-Anne-d’Auray. § 2 . Kéranna. par Louis Dufilhol. — Marie-la-Fileuse ou les trois fleurs des champs, par Mlle Alliete de Ruays. — Les odeurs de Paris, de M. Louis Veuillot, p a r L. Kermeleuc. — Grains de sel. — Nouvelles de Bretagne. — Variétés : Un géant en voyage. Un Anglais aux prises avec la langue française. — Bulletin du commerce. — Bulletin financier. — Charade.


ÉTUDES SUR LA BRETAGNE

Sainte-Anne-d’Auray.

§ 2.

KÉRANNA. — NICOLASIC

En 1624, les paysans du petit village de Kéranna vivaient solitaires, dans une grande simplicité de cœur et de mœurs. Leurs plus grandes migrations étaient à Plunéret, leur paroisse, pour y écouter les saints offices, et vers la petite ville d’Auray, pour y vendre les biens que Dieu donnait chaque année à leurs travaux et à leurs prières. On n’y voyait pas, comme aujourd’hui, une belle chapelle avec monastère, vastes enclos et longues avenues, qui vont de tous les côtés au devant du grand abord des pèlerins ; mais seulement quelques champs d’une terre assez ingrate, étouffée de fougères, une traînée de landes, et quelques prairies entrecoupées de marais et de fondrières. Là vivaient d’une vie patriarchale Louis Le roux, Lézulit, Tann-Guy, Blaérec, et ce Nicolasic dont le nom est devenu célèbre et respecté dans tout le pays.

Ewan Nicolasic était bon et honnête, d’une vie exemplaire, irréprochable en ses mœurs, paisible en son humeur. Il craignait et aimait Dieu en simplicité et vérité, allant et venant son chapelet en main, se confessant et communiant les dimanches et fêtes principales de l’année ; faisant volontiers l’aumône du peu qu’il avait, et Dieu y donnait sa bénédiction, car sa moisson était toujours belle.

Ewan Nicolasic était si judicieux en ses conduites, que tous ceux des hameaux voisins, et même des paroisses plus lointaines, s’en rapportaient volontiers à lui dans leurs différends. P our lui, assis sur la pierre de sa porte, à l’ombre de son toit de paille, il écoutait les dires d’un chacun ; puis, après avoir invoqué le Saint-Esprit, la Sainte Vierge et madame sainte Anne, il jugeait… et nul n’avait l’idée de recourir à d’autres. Serait-elle indigne du chêne de Vincennes, cette pierre du pauvre Ewan Nicolasic ?

Ainsi s’en allaient les journées. Quand la vesprée s’avançait, on se tenait autour du foyer du bonhomme, ou bien dans la grange, sur les timons des charrettes, ou sur l’auge du pres soir. IA, on s’édifiait en pieux discours ; 011 devisait parfois de cette manière :

Le vieux Bloérec, relevant ses cheveux. — Ewan, le froment pousse bien haut chaque année dans ton champ du Bocenno, et les épis courbent leurs têtes ; tu as en même temps bonne paille et bon grain. Ce n’est pas l’homme qui fait cela, Ewan : la rosée de Dieu est pour toi ; jamais ton champ ne se repose. Tu sais bien ce que tu as appris de ton père. Autrefois la sainte aïeule du bon Dieu avait là une belle m aison ; mais de ça il y a plus de neuf cents ans.

Nicolasic. — Eh ! qui sait mieux que moi, mon parrain (me çad paron), ce qui se passe dans le Bocenno ? J’y ai vu mes bœufs tout effarés sauter, s’enfoncer les cornes dans le talus, se déchirer contre les broussailles. S’ils ne voyaient pas quelque chose tombé d’en haut, ils ne reculeraient pas sur mon aiguillon. Le soc de ma charrue s’y casse deux fois par jour en pleine terre, et sûrement je ne suis pas venu à mon Age sans savoir conduire une charrue.

Bloérec. — Tu es bien le maître de piquer tes bœufs tant que tu voudras, Ewan ; s’ils pouvaient te dire ce qu’ils voient, tu saurais des choses… Mais ils ne parlent que la nuit de Noël, et malheur à celui qui les écoute… Va ! s’il n’y avait pas eu là autrefois, dans le Bocenno, une chapelle à Notre-Dame-de-Kéranna, ta grange à toi ne serait pas si bien bâtie.

Tann-Guy. — Regarde-bien, Ewan, toutes les pierres de ta grange : elles sont taillées comme le trèfle du champ et piquées en feuilles de vigne. Crois-tu qu’elles n’aient pas, il y a bien des jours, porté les vitraux d’une chapelle ? Prends garde à ces pierres, Ewan, elles ont été bénites ; si tu les laisses là, elles te porteront malheur.

Nicolasic, avec enthousiasme. — Que Dieu les prenne avec tout ce que j’ai, pour la gloire de ma bonne maîtresse ! Oh oui ! la couronne d’étoiles de madame sainte Anne reviendra jeter sa clarté sur Kéranna !

Alors, le cœur plein d’une dévotion tendre et ardente, il va se prosterner sur la terre du Bocenno ; ainsi firent ses compagnons.

En rentrant chez lui, Nicolasic commande à sa femme Guillemette Le Roux, à sa famille et à ses domestiques de se mettre à genoux… — « Surtout, enfants, leur disait-il, je vous convie d’être dévots à madame sainte Anne, ma bonne maîtresse. »

Toutes les âmes étaient pleines d’une vague espérance, comme si les nuées devaient pleuvoir un nouveau juste. Un grand événement planait sur le hameau de Kéranna.

Louis Dufilhol
.

(La suite prochainement.)


MARIE LA FILEUSE

OU

LES TROIS FLEURS DES CHAMPS.


Légende.


I.

Il y avait autrefois dans le pays de Kerambilis en Bretagne, une goûte et douce jeune fille qui se nommait Marie. Elle était pauvre, Lien pauvre, m ais elle était toujours accorte et joyeuse, et jamais Je proverbe ne s’était mieux appliqué q u ’à Marie la Pileuse, ainsi la désignait-on, car elle filait d u matin au soir, et d ’u n e main aussi agile et aussi gracieuse que la reine Berthe aux grands pieds, bien q u ’elle n ’eût pas comme elle de légers fuseaux d ’argent, et que sa quenouille fût plus souvent chargée de chanvre que de lin. Marie était orpheline ; elle avait p o u r père Celui qjii donne aux petits oiseaux le grain qui les fait vivre, et .aux hommes le pain du chaque jo ur. Elle s’était donné pour m ère la Vierge Marie sa patronne, et sous ces protections puissantes et d i­ vines, elle 11e redoutait ni pièges des hommes ni embûches du démon.

Marie habitait à l’entrée d ’un village une cabane étroite et mesquine que son o rd re avait ren du e p roprette et com ­ mode, et que ses chansons égayaient, Marie, sans am bition, sans désir, se trou vait heureuse et n ’eût pas échangé son sort contre celui de Mme Berthe de Bretagne, la haute et puissante suzeraine de son pays. Or, il advint que le prem ier jo u r du mois de m ai Marie la Fileuse alla q u é rir dans un coin de sa chaum ière une petite escarcelle où elle avait déposé ses faibles épargnes et q u’elle avait ramassées précieusem ent, afin que la tentation ne lui vint pas de dépenser son trésor en brinborions et en colifichets, comme les autres filles des campagnes qui 11e songent q u ’à se faire braves les dimanches.

Marie re è tit ses plus beaux atours, et soupesant son escar­ celle, elle se p rit à sourire.

— J ’ai bien là de quoi fêter dignement Notre-Dame, d itelle en attachant à son côté la précieuse aum ônîèré. Marie sortit de sa cabane, dont elle ferma soigneusement la porte, puis, ayant traversé le village, elle se dirigea à tra ­ vers champs vers la dem eure d ’un ja rd in ier fort en renom à cette époque et dont les fleurs, grandem ent prisées p ar les seigneurs descastels voisins, se vendaient des sommes folles. Depuis plus d un an, Marie la gonte fileuse économ isait sur le prix de sou tr a a il pour pouvoir acheter, le p rem ie r jo u r de mai, un splendide bouquet d ont elle voulait faire hommage à son auguste patronne. La somme q u ’elle avait amassée se m ontait a six livres. Il sem blait à la naïve enfant q u’avec un pareil trésor elle au rait le dro it de fourrager tout à son aise dans le vaste enclos fleuri de m aître Salaün Priskel. Mais voici qu au moment où Marie allait s’engager dans le sentier bordé de haies bien entretenues qui annonçait le voi­ sinage du ja rd in ie r, elle entendit une voix douce et triste dire à quelques pas d ’elle :

.7 7 *a r ’e

Eih’use, vous qui ôtes si gente et si brave, ayez pitié d ’une pauvre créature qui s’en va expirer de besoin si vous 11e l’assistez.

Marie se détourna et ap erçut étendue sur le bord du sen­ tier une femme m aigre, pâle, couverte de haillons, et q u’elle eut peine il abord à reconnaître pour une jeune fille du pays qui avait quitté Kerambilis, il y avait plusieurs années, pour aller d em eurer dans les villes. —. Est-ce bien vous, Nine ? dem anda Marie, la considérant avec étonnement.

— Oui, c est bien moi, Marie ; vos yeux ont peine à recon­ naître (elle que Io n appelait la bien alournée’, que voulez-

vous : je croyais tro uv er bonheur et fortune en la ville, mais je n ’y ai rencontré que mécompte et misère, et je m ’en suis revenue usée avant l ’âge, flétrie p ar le chagrin. Restez au village, Marie, et ne rêvez oneques g ra n d e u r . Fille des champs doit m o urir aux champs.

— Je ne songe à rien autre chose q u’à faire la volonté de Dieu dans ce monde et mon salut dans l’au tre , répondit Marie dont l àme pure et naïve se reflétait dans ses grands yeux lim ­ pides et bleus arrêtés avec commisération su r la pauvre voyageuse.

— Vous m ’avez demandé assistance, Ni ne, ajouta la fileuse en plongeant la main dans son aum ônière, je ne suis ni riche ni puissante vous savez, mais le peu que j ’ai, je vais le partager entre vous et m adam e la Vierge, à qui je désire, au com men­ cement de ce mois, faire un cadeau qui lui soit agréable.

— Ce disant, Marie glissa dans la main de l’infortunée Nine la moitié de son petit trésor, et la saluant d ’un doux et am ical sourire, elle s’éloigna en disant :

— Je suis bien navrée, Nine, m a pauvre chère, de n ’avoir pas mieux à vous offrir.

— Grand merci, Marie, s’écria Nine en se relevant avec peine, ce léger secours me suffira pour attendre que ceux qui ont employé mes mains autrefois veuillent Jbicn me faire tra ­ vailler en c o re ; Dieu vous le ren d ra, m a mie. II.

Marie entendit à peine ces dernieres paroles ; elle s’était élancée dans le sentier, vive et légère comme l ’alouette des blés, et elle ne ta rd a pas à frapper à la porte de maître Salaün.

— Bonjour, gente fileuse, dit le ja rd in ie r en apercevant la jeune fille.

— A vous pareillem ent, m aître Priskel, répondit Marie en m ettant le pied su r le seuil du logis.

— D’où nie vient la joie de te voir si matin, ma belle fille ? re p rit Salaùn, dont la figure rubiconde et le placide sourire ne parvenaient pas à dissim uler un m ot écrit fout entier dans les plis de son front, e t que Marie seule peut-être, l’innocente jeune fille, ne savait pas lire. Ce mot, c’était égoïsme.

— Je suis venue parce que c’est a u jo u rd ’hui le p re m ier mai, et q ue je voudrais aeheter un bouquet. Et tout en parlant, Marie avait suivi Salaün ju s q u ’à l’entrée de son vaste em pire, et ses yeux ravis p arco uraient les platesbandes, où brillaient roses, pensées et jonquilles. Tandis q u ’elle s’enivrait du parfum des lilas et des m uguets :

— Tu veux un bouquet, jouvencelle, r e p r it Salaün dont le regard tom ba de suite su r l’aum ônière de la fileuse, et quelles fleurs te faut-il ?

— Oh ! les plus belles, s’écria Marie, c’est, p ou r madame la Vierge.

— Les fleurs sont chères, m a mie, fit entre ses dents m aître Priskel. qui, tout en parlant, arrachait une mauvaise h erb e ou redressait les branches d ’un arbuste.

— Oh ! ne craignez rien, j ’ai de l’argent ! 11 m ’a fallu dé­ penser trois livres en route, mais il me reste encore dans mon escarcelle assez pour avoir un joli bouquet.

— Ne p o u rrai-je savoir combien il te reste, m a mie ?

— Juste la somme égale à celle que j ’ai dépensée en venant chez vous, trois livres.

— Trois livres ! Tu as trois livres ! s’écria Salaùn avec un dédaigneux sourire, c’est à peine le prix d ’une de mes roses.

— Ah ! mon Dieu ! fit Marie, dont les bras to m bèrent de stupéfaction.

— Tu auras un bouquet pour tes trois livres, m a fille, mais de fleurs rares et choisies, n ’en espère pas.

— Vous me donnerez bien au moins quelques-unes de ces belles roses blanches, dit Marie d ont les yeux restaient fixés, depuis son arrivée, su r des rosiers chargés de roses de la plus grande variété et du plus brillant éclat.

— Mes roses Ducales et mes roses Berthe ! s’écria avec une sorte d’indignation le jardinier qui, pour donner plus de prix à ces magnifiques fleurs, les avait gratifiées de noms puissants, de noms chers aux Bretons ; je préférerais les voir toutes se faner sur l’arbre que de les vendre à un si vil prix.

— C’est pour madame la Vierge, dit timidement la jeune fille.

— Quand ce serait pour le bon Dieu lui-même, mes fleurs ne seront pas vendues trois livres, fit Salaün avec colère. Au reste, toutes ces roses sont retenues par les châtelaines de Kerambilis, de Peulvcn et de Guionec, qui en veulent orner leurs chapelles, et je ne peux en disposer.

— Pas même d’une ? fit Marie attachant sur les belles fleurs un regard de regret et d ’envie.

— Non, dit froidement Priskel.

— Ah ! fit Marie, vous êtes d u r, m aître Salaün.

— Pourquoi vous obstiner à vouloir ces roses, Marie, ne pouvez-vous choisir parmi mes autres fleurs ? Une fille de votre condition a-t-elle des sommes folles à mettre dans des bouquets ?

— Que l’on soit fille de vilain ou noble dame, rien ne semble trop beau pour la reine du Ciel, répliqua doucement Marie la Fileuse. À doncques, puisque pour mes trois livres vous ne pouvez me bailler que fleurs communes et mesquines, je chercherai pour ma patronne autre présent qui la puisse contenter.

Parlant ainsi, la jeune fille fit quelques pas pour se retirer.

— Vous partez, Marie ? ces boutons d’or, ces pervenches, ces primevères si bien veloutées ne vous tentent pas ?

— Toute cette bigarrure n’est point digne d’une grande sainte comme ma patronne, répondit la jeune fille avec un dédaigneux mouvement de tête. Adieu, maître Salaün. Au moment où Marie la Fileuse mettait le pied sur le seuil de la porte conduisant au dehors, elle se retourna vers le jardinier :

— Maître Salaün, prenez garde, dit-elle d’une voix pleine d’une douce gravité, le bon Dieu ne bénit pas ceux qui ne sont pas bons pour les pauvres.

Et tandis que m aître Priskel restait tout étourdi de cette apostrophe auquel il ne s’attendait pas, Marie disparut dans le sentier.

III.

Tant qu’elle avait été en présence du jardinier, Marie avait contenu son chagrin ; mais maintenant qu’elle se voyait seule, elle le laissait déborder. De grosses larmes roulèrent lente­ment sur ses joues devenues subitement pâles, elle croisa ses mains su r sa poitrine, en murmurant ces paroles :

— Parce que je suis pauvre, je ne pourrai donc pas, ma­ dame Marie, vous fêter dignement en ce jour ! Quiconque eût vu revenir Marie n’eut pas reconnu cette gaie jouvencelle qui peu d’instants auparavant parcourait le sentier d’un pas si alerte et si joyeux. Elle allait le front assombri, le regard baissé vers la terre, secouant par intervalle sa légère escarcelle comme pour constater qu’elle ne contenait bien que trois livres. Un soupir douloureux s’échappait de sa poitrine et se terminait en une faible plainte.

Soudain Marie s’arrête : elle vient d’apercevoir au pied de la haie qui borde une prairie voisine une m ultitude de petites fleurettes bleues qui se cachent à dem i sous un épais feuillage.

— Voilà de jolies fleurettes’, pensa Marie ; elles, du moins, sont d une couleur qui convient à la Vierge ; je m ’en vais lui laire un bouquet, et pour que Notre-Dame soit tout à fait con­ tente, je baillerai mes trois dernières livres à Nine, la pauvre brebis revenue au bercail.

En un clin d ’œil Marie, la gente fileuse, eut fait ample mois­ son de violettes, et les gentilles fleurs tom bèrent p êle-m êle dans tine corbeille q u’elle avait à son bras. Marie jeta un rapide regard au-dessus de la baie. La p ra i­ rie qu elle bordait était toute blanche de pâquerettes.

54

Encore une mignonne fleur que la Vierge doit aim er, pensa la jeune fille, qui ne fit qu’un bond du sentier dans le champ. Petites pâquerettes aux pétales to u t blancs, au cœ u r d’or, vinrent se m êler aux gentilles violettes. Marie allait revenir dans le sentier, mais au bout de la prairie il y avait un champ où le blé commençait à croître, et entre chaque sillon se m ontraient des masses de petites étoiles blanches.

— Ah ! la fleur des blés, dit Marie qui se mit à fourrager de plus belle.

Ce sont là toutes fleurs bien simples pour une si grande sainte, dit Marie en revenant fatiguée de sa cueillette vers le sentier, avec sa corbeille garnie jusqu’aux bords de vio­lettes, de marguerites et de fleurs des blés. Et elle soupira, car elle venait de se rappeler les belles roses blanches de maître Salaün.

— Las ! dit-elle en passant sa main sur son front mouillé de sueur, vous ne m ’en voudrez pas, madame Marie, car je ne pouvais mieux !

Alliete de Ruays.

(La suite prochainement.)


-— o — -----------

LES

ODEUES

IDE

P A R IS

Par M. Louis Ve i t i l l o t .

L’au tre jo u r, un d e mes amis me rencontre et m e dit d ’un air to ut j jy e u x : — As-tu lu les Odeurs de P aris ?

— Oui.

— Mon cher, ce livre fait un tapage du diable ; on en parle dans Landerneau

— Tant mieux.

— Qu’en penses-tu ?

— Que c’est un vigoureux écrit, que l’ex rédacteur de l ’Univers m anie jolim ent la plum e, et que les volées de bois vert q u ’il distribue p a r-c i et pa r-là cassent pas mal de bras et de jam bes.

— Il y a des ireintementt superbes ! Celui de « NonotfeJourdan, » p a r exemple, et des « cacographes du Siècle, » l ’excellent jo u rn al entré p ar hasard chez l’a u teu r avec « un ressemelage de ses vieux souliers. »

— Très-bien réussi. On s’en tient les côtes à force de rire ; mais je voudrais bien savoir si le « com père Jourdan » rira jaun e ou vert, et ne voudrait pas encore les souliers ferrés du doux Louis Veuillot chez le cordonnier. Et nous continuâmes de causer gaiement, car il est difficile de ne pas se faire un verre de bon sang en lisant ce livre. Non pas que tou t soit comique et narquois. Parfois le rire s’éteint su r les lèvres d u satirique, et la plaisanterie, s’éle­ vant su r les ailes de la pensée, se transforme en un sanglot, et atteint les plus grandes hauteurs :

« Les homm es de la Révolution ont en la rage de faire pas­ ser des rues su r les sanctuaires q u ’ils avaient démolis. Ils se sont dérangés pour accomplir cette chère besogne,-ils ont s a ­ crifié même leur bien-aimée ligne droite.

« On continue. Dans le Paris nouveau il n’y au ra plus de dem eure, plus de tom beau, plus même de cimetière. Toute maison ne fera q u ’une case de cette formidable auberge où to ut le monde a passé et où personne n ’a souvenir d ’avoir vu personne.

« Qui h abitera la maison paternelle ? Qui priera dans l’é ­ glise où il a été baptisé ? Qui connaîtra encore la cham bre où il entendit un p rem ier cri, où il reçut un d ern ie r soupir ? Qui p o u rra poser son front su r l’appui d ’une fenêtre où jeune il au ra fait ces rêves éveillés qui sont la grâce de l’au rore dans le jo u r long et sombre de la vie ? O racines de joie arrachées de l’âm e hum aine ! Le temps a m arché, la tombe s’ost ouverte, et le cœ ur qui b attait avec mon cœ u r s’est endorm i ju squ ’au réveil éternel. Pourtant quelque chose de mes félicités mortes habitait encore ces humbles lam bris, chantait encore k cette fenêtre. J ’ai été chassé de là, un a u tre est venu s’installer là : puis ma maison a été jetée p ar te rre et la te rre a tout e n ­ glouti, et l ’ignoble pavé a tout recouvert. Ville sans passé, pleine d ’esprits sans souvenirs, de cœ urs sans larmes, d ’âmes sans amour ! Ville des multitudes déracinées, mobile amas de poussière hum aine, tu pourras t ’ag rand ir et devenir la capi­ tale du monde ; tu n ’auras jamais de citoyens ! » Lisez ce parallèle entre Rome et Paris, qui term ine la p ré ­ face :

« A Rome, dans la belle clarté du jo u r, nous allions visiter les basiliques de m arb re et d ’o r, toutes pleines de chefsd ’œuvre, de grands souvenirs,de reliques sacrées ; nous véné­ rions les tombeaux augustes et féconds, les ruines m ajes­ tueuses où l’histoire est assise et parle toujours. Quels pèleri­ nages et quels chemins ! Sur ces chemins nous rencontrions la science, la piété, la pénitence, et toutes avaient des ailes et des sourires, et leurs yeux baignés de lueurs divines se to u r­ naient vers le ciel. L’amitié était là aussi ; et les fleurs dans les herbes recouvraient des débris dont la splendeur abattue n ’avait fait que changer de b e au té ; et le silence, roi de ces nobles espaces, nous laissait partout entendre les plus douces voix de la vie.

« Dans Paris, à travers la boue jaillissante, à travers la foule m orne, à travers l ’infecte nuit, j ’allais des fumées de la pipe aux vapeurs du gaz, des cafés aux théâtres. C’est là que le peuple s’amuse, c’est là qu ’il s’instruit. J ’ai vu, j ’ai entendu, j’ai noté la voix des histrions et les m ouvem ents de la foule ; j ’ai senti le souille et la main de la m ort : E ra n t in diebus ante diluvium comedentes et bibentes et nubentes, nuque ad eum diern quo intravit Noë in arcam , et non cognoverunt donec venit diluvium , et tulit omnes. »

Et il continue ;

« J’ai parlé comme j ’ai senti. Je ne m ’accuse ni ne m ’excuse de l’am ertume de mon langage. Encore que je n ’aime guère le temps où je vis, je reconnais en moi plus d ’un trait de son caractère, et notamment celui que je condamne le plus : je méprise. La haine n ’est point entrée dans mon cœ ur, mais le mépris n’en peut sortir. Il est cram ponné et vissé là, il est vainqueur quoi que je fasse, il augm ente quand je m ’étudie à l’étouffer ; il désole mon àme en lui m ontrant, comme un elfet de la perversité hum aine, cette universelle conjuration contre le Christ, où l’ignorance a plus de part peut-être que la perversité. Ma raison, non moins révoltée que ma foi, accable ce que je voudrais conserver d ’espérance, et me dicte des p a­ roles acérées q u ’il me semble que je ne voudrais pas écrire. J’en viens à croire que c’est ma fonction, de faire entendre aux persécuteurs de la v érité quelque chose de cet indomp­ table mépris par lequel se vengent la conscience et l’intelli­ gence qu ’ils écrasent, et de leur m on trer dans un avenir p r o ­ chain l’inexorable fouet qui tom bera su r eux. Je suis cet hom m e q u’une force supérieure à sa volonté faisait c o u rir su r les rem parts de Jérusalem investie, mais encore orgueilleuse, criant : Malheur ! m alheur ! Malheur à la ville et au tem p le ! Et le troisième jo u r il ajouta : Malheur à moi ! Et il tomba m ort, atteint d ’un trait de l’ennemi. » Certes, voilà des pages où s’est appuyée la griffe du lion. Est-ce à dire que tout dans ce livre est adm irable ? — Non, et je ne prétends pas, chétif, b rû ler un grain d ’encens sous le nez deM. Veuillot, tout ple n des odeurs « puantes » de Paris. J ’avoue même que je ne goûte pas toujours ce terrible b a­ tailleur. Je ni’ dirai point ce que je pense, encore moins a u ­ rai-je l ’absurde prétention de ju g e r un tel homme. Comme lui je lais partie de la roture, ce qui n e -m ’af/ligc nullem ent ; je ne suis pas un puriste, encore moins quelque chose, cependant je rencontre parfois des expressions qui... 1 UI]

t’t des coups de boutoir dont j e

le tout salé et si

salé que « ça emporte la gueule.»

Pardon, mes belles lectrices, ne faites pas attention, c’est une expression énergique qui rend bien la pensée. Après tout, M. Louis Veuillot est de son temps et il sait

que p o u r éveiller l’attention d ’un peuple inerte et blasé, il faut le secouer rudem ent. A qui la faute ? Il hait le m a riv a u ­ dage des salons. A-t-il to rt ?

Mais ce que j ’adm ire en lui sans réserve, c’est cette belle fierté si ra re de nos jo u rs rem plis de bassesses, et cette in ­ domptable énergie q u ’il consacre tou t entière à la défense de la plus juste des causes. C’est un soldat sans p eu r, toujours su r la brèche, toujours su r les rem parts, quand bien même ils font croulants, et que rien ne p e u t abattre si ce n ’e st la m ort. Oui, j ’adm ire ce courage invincible. Des ennem is acharnés en to uren t le défenseur d u Christ et l’assaillent de toutes parts. Lui, tout m eu rtri, les tient en res­ p ect avec un tronçon d ’épée, et chaque fois q u ’il charge, la b ande recule et quelques-uns tom bent su r le carreau. Ah ! de quels v ig o u re u x coups de fouet il cingle la figure de ses adversaires. Des lanières de cu ir garnies de plomb sif­ flent dans ses m ains, et m a lheur au visage d ont elles font ja illir le sang.

Quant à la m eute des aboyeurs de la petite presse, il la dé­ daigne et la laisse se d échaîner lib rem en t, cela l ’am use, — passe-temps de roi !

Mais si ces attaques incessantes ne peuvent lasser son cou­ rage, elles je tte n t la tristesse dans son àme et il semble c h e r­ ch e r au to u r de lui des auxiliaires que son reg ard ne rencontre pas :

« En vérité, j ’ai joué un rôle de dupe, si je n ’y regarde q u ’avec l’œil de la raison hum aine. J ’ai défendu le capital sans av o ir eu jam ais un sou d ’économies, la propriété sans posséder un pouce de te rrain , l ’aristocratie, et j ’ai à peine pu re n co n tre r deux aristocrates, la royauté, dans u n siècle qui n ’a pas vu et ne v e rra pas u n roi. J ’ai défendu tout cela p ar am o ur d u peuple e t de la liberté, e t je suis en possession d ’une réputation d ’ennem i du peuple e t de la liberté qui me fera « lan terner » à la p rem ière bonne occasion. Cependant m a pensée est droite et logique ; mais j ’ai trop cru au devoir, et j ’en ’ai trop parlé.

« C’est la seule chose qui me console, quand je considère, hélas ! tout ce que je n ’ai pas fait. »

Je ne chercherai pas à analyser ce livre, cela ne se peut, ca r c’est une série de p ortraits — et quels p o rtraits ! — qui doivent passer sous les yeux d u lecteur. Encore moins essaierai-je de donner une idée de ces tirades succédant au b ru it du sifflet, et qui p ortent quelquefois l’em preinte de la plus h au te et de la plus mâle éloquence. 11 faut tout lire. Ludovic K e r m e l e u c .

Nous em pruntons au livre de M. Veuillot le chapitre sui­ vant, qui est une excellente critiqu e des duels et des d u e l­ listes :

l ’h o n n e ü r

est

s a t is f a it .

Au nom bre des am usem ents de Paris, il faut com pter les duels de journalistes. Ce sont des feuilletons de durée. L’e x p o ­ sition est longue, mais an im ée ; le nœud se forme assez rapi­ dem ent ; les péripéties, nombreuses, paraissent parfois un peu lentes,.il y a plusieurs suite au prochain numéro. Quant au dénouem ent, personne n ’en est incertain ni bien épouvanté. Tout le m onde, horm is (sans doute) les com bat­ tants, sait com ment cela finira, ou plutôt com ment cela ne finira pas : « Les honorables adversaires, placés à vingt-cinq pas de distance (il y en avait p eu t-être trente), ont échangé le u r feu. Personne, heureusem ent, n ’a été blessé. Les témoins sont intervenus et ont déclaré l’honneur satisfait. » La for­ mule varie p eu. Q uelques-uns p ou rtant, après personne n’a été blessé, m ettent : Les témoins n ’ont pas laissé continuer le combat. Comme si ces témoins, au péril de leur vie, se fussent jetés entre des loups pleins de rage. Bien entendu que « l ’hon­ n eu r est satisfait » to u t de m ê m e ; autrem ent, peut-on croire que les témoins au raien t interrom pu le combat et que ces en­ ragés l’eussent souffert ?

Quand le jeu est à l ’épée, on se tire du sang ; pas de quoi pourtant écrire un entrefilet ! « L’honneur est satisfait, » voilà tout ce qu’il est nécessaire d’écrire.

Nous eûmes, il n’y a pas longtemps, un de ces spectacles héroïques. Ce fut très-émouvant.

Les habits avaient été ôtés jusqu’aux bretelles, les épées prises en main. Des complications surviennent. L’un des p a r­ tis n’était pas su r de l’identité de l’au tre, et pensait, non sans motif, n’avoir en face q u’un fondé d e pouvoirs. Les témoins discutent un peu chau dem en t ; les adversaires, plus amis de la paix, séparent les tém oins... La suite au prochain numéro. Dans le numéro suivant, cela se rengage : nouvelle suite ; le public est palpitant, le feu se rallum e, l’in térêt g randit, à de­ main. Rien n’est conclu ; le public ne parle plus d’autre chose ; à demain su r le pré ! On rem et bas les habits ju sq u’aux b r e ­ telles, on quitte même les bretelles, on prend le fer, on croise le fer, le feu jaillit du fer. Une, deux ! I ne, deux ! On rom pt, 011 pousse, le rom pant pousse, le poussant rom pt. Une, deux ! Bottes portées, bottes parées, vli, vlan ! Bottes par-ci, bottes par-là, bottes partout ! Flic, flac ! encore des bottes ! Que de bottes, que de feu dans le fer, que de fer dans le feu, que de feu au cœ u r ! La sueur coule, on ne l’essuie pas ! Enfin, l’une de ces cruelles épées touche l’un de ces cruels homm es ; le sang va pa raître ... Arrêtez, im prudents ! L’honneu r est satis­ fait !

Le blessé a perdu quelques poils d u sourcil gauche.

l’aide à contenir son juste ressentiment. Je dis plus, ne le dé­ sirez point. L’habitude que les honnêtes gens p ren draien t de se laisser traîn er dans la boue to u rn era it tout au profit des coquins.

Qu importe, dit Un Tel, jjui s’est élevé p ar degrés et publiquem ent au rang des drôles les plus au th en tiq u es, qu importe la m émoire cent fois rafraîchie de mon itin é ra ire ? Il y a pins diflamé que moi, et c’est le plus honnête homm e de France !

Il n est pas bon qu’f/n Tel puisse raison n er ainsi. Que le chrétien endosse encore cette avanie de la vie p u ­ blique, q u’il subisse ces ignominies d’autant plus fréquentes et violentes que l’on sait q u’il ne les châtiera pas : il le faut bien. Il ne peut dem ander réparation, il p o u rrait avoir to rt de dem ander justice. De quel droit parles-tu ? Qui t’a ren d u si h ard i de défendre tes superstitions ? Pourquoi fais-tu la guerre, homm e de paix ? Va te cacher dans ta sacristie !... Mais je ne saurais d ire à quel point j’adm ire ces fanfarons de la Libre-Pensée, qui ne croient p oin t en Dieu, qui font entre eux assaut de gentillesses im pies, qui se m oquent à plum e que veux-tu des crédulités chrétiennes, qui ne veulent pas du tout convenir que le duel est crim e, et qui, s’étant rendus su r le pré, en reviennent intacts, après avoir b rûlé le u r pou d re aux moineaux.

Qu’alliez-vous faire là ? C’est à toi que je m’adresse, Jean Farine, q u i, retroussant ta moustache et rafferm issant ton l

n personnage très-bon en ces occurrences, c’est le Chœur cœ ur, es venu comme un beau Rodrigue provoquer don Scades journaux, qui se mêle à l’aven tu re comme dans le dram e pin ?

antique. Il dit véritablem ent les choses les plus sensées. Il

— Don Scapin, d it Jean F arine, avait contesté mon in d é ­ trouve absurde de faire de tels vacarm es et de donner de tels pendance e t sifflé mes alexandrins. P o u r attester au m onde jeux au public qui s’en amuse trop. Il est fécond en raisonne­ entier que je sais g ard e r m a foi politique et que je m’entends ments parfaits sur le duel, notam m ent su r le duel entre jo u r­ à fab riq u er les vers, j’ai voulu tu e r don Scapin. Ainsi l’exi­ nalistes : Comment ! vous laites m étier de franc-parler, vous geait l’honneur.

ne vous estimez jamais assez libres de ju g e r toutes choses et

— Scapin est-il m o rt ?

toutes gens, et voilà que vous voulez b rid er de fer la bouche

— Non ; mais j’ai tiré su r lui. Le coup a fait u n b ru it h o r­ qui vous juge ou qui seulement vous contredit ! Et vous en rible. On a entendu la balle. Quelles émotions ! Tous les jo u r ­ appelez à la force, an jngem ent de Dieu, comme au moyen naux en parlen t. Voilà mon indépendance dém ontrée e t mes Age ! Et ce sont des leçons d’escrime q u’il faudra prend re lors­ vers vengés,- l’h o n n eu r est satisfait. que l’on voudra raisonner contre vous ! Et l’on ne p o u rra pas

— Et toi, Scapin, mon gentilhom me, que d it ton h o n n e u r ? dire que vous êtes de minces écrivains, sans s’exposer à la

— Satisfait. Jean Farine est un brave. Je l’avais traité de nécessité de m ettre bas son habit et d’ô te rroèm e ses bretelles, bélître et d’oison qui ne faisait des vers que p o u r être traîné même en décembre, et risq u e r de p erd re u n poil ou d’a ttra ­ su r les douze pattes dans les pâturages du budget. Mais, du per un rh u m e ? Mais alors, que reprochez-vous aux gens plus m om ent q u’il tire des coups de pistolet, je l’estime galant forts que vous qui vous font payer l’am ende, vous je tte n t en homme, bon citoyen et l’un des p rinces de la poésie à douze prison, et p a r dessus le m arché vous ferm ent la bouche dès pieds.

que vous contestez le u r politique ou leurs talents ? Ces gens-là, - • Ainsi, tu retires ta prem ière opinion ? tout simplement, usent de leur force, comme vous usez de la

— N ullem ent ! Je la m aintiens ; mais je déclare q u’il y a vôtre.

eu m alentendu.

Ainsi parle le Chœur, et il a bien raison. Mais il faut que

— Ailleurs que su r le te rrain , au ra is-tu déclaré ce m alen­ l’honneu r soit satisfait, ccla est sans réplique. Il faut échanger tendu ?

une balle, il faut ô ter son habit, il faut q u’un poil soit a r r a ­

— Jamais ! L’honneur ne l’eût pas permis.

ché de quelque partie du corps.

— Quel honneur ?

Et tel qui vient de chanter si sagem ent dans le Chœur, d e ­

— Le mien. P ou r le m ettre à couvert, il fallait le coup de main, s’il a quelque démêlé tant soi peu public, ne prendra pistolet de Jean F arine.

pas de repos q u’il n’ait p erd u ou tiré son poil.

— Et si le pistolet de Jean Farine avait raté, et’si l’h o n ­ Est-ce pour cela q u’on appelle en français brave à trois poil*, n e u r de Scapin s’était trouvé mal couvert, q u’a u rait exigé le lier luron qui va partout, la main su r son épée, illustré de l’honn eu r de Jean F a rin e ? poils conquis ou magnifié de poils perdus ?

— Que Scapin tirâ t à son tou r et Jean Farine une seconde Je ne veux pas m’étendre su r le duel. Non chrétien, j’en fois.

parlerais au trem ent que les philosophes et les légistes. Je le

— C’eût été plus beau ! Scapin.

considérerais comme le d ern ier rem p a rt de l’individu dans

— C’eût été plus long. Jean Farine et m oi, nous avons des une société dém ocratique, c’e st-à -d ire impolie et pleine de affaires, nous sommes des travailleurs. Pourquoi deux coups méchants personnages qui oseraient tout contre tout le monde, de pistolet quand l’h o nneur n’en exige q u’un seul ? Fallait-il si l’on n’avait à leur m on trer la gueule du pistolet. Il faut se faire du m al ? Que voulait-on ? Satisfaire l’honneur. L’h on ­ quelque chose qui puisse in tim ider le tribu n, l’avocat, le lin eu r est satisfait. belliste, et cent autres espèces. Quoi ! je dem eurerai sans d é ­ Questionnez tant q u’il vous p laira ces raffinés, Scapiu et fense contre qui a u ra la langue mieux pendue ou le bras plus Jean F arine, ils ne sortiront pas de là : L’honneur est satis­ ro buste ? Il faut que je plaide p ou r o btenir une réparation fait ! Quelle satisfaction ? quel honneur ? L’on vous d it que dérisoire, ou qui même nie sera refusée ? Ne l’espérez point l’honneur est satisfait ! Les témoins le déclarent, le signent, d une àme un peu noble, à moins que la foi religieuse ne le m ettent dans les journaux. Ils sont compétents, sans doute ! Les témoins, gens connus, gens de cœur : Grippe-Soleil et Mascarille pour Scapin, Areas et Théramène pour Jean Farine.

O merveilleuse adresse de Jean Farine, coup double éton­nant ! Il ne blesse personne, il rétablit sa gloire chancelante, il restaure son honneur éclopé. Voilà de ces prouesses que ne faisaient point Bayard ni Corneille. Et Scapin, la Heur de la chevalerie, peut, sans se déjuger aucunem ent, lui d ire = Jean Farine, noble cœur ! je t’ai traité de sot et de bélître : si tu le prends à la lettre, lu me fais to rt ; ne crois pas que je manque d’estime p o u r toi !

On porte sur le terrain un honneu r à repriser, dit-on ; on se plante à vingt-cinq pas, on s’ajuste bien ou mal. Pan ! On revient su r ses jam bes avec un honneur tout neuf. On abîme un pauvre diable, on le pince, on le m ord, on le déchire jusq u’à l’obliger de faire p e u r ! Il a des transes te rribJes, il écrit son testament, il se voit déjà couché dans le cercueil, Pour rien au monde, onne v o udrait lui faire la moindre excuse ; mais lorsqu’enfin il a manifesté l’intention de risquer sa vie, on lui d it : Je n’avais pas d u to u t l’intention de vous offenser ; vous êtes galant homme, et vous mettez bien l’orthographe.

Et l’honneur est satisfait !

Il est avec l’f to nn e u r de9 acco m m o dem ents !

Encore que ces duels de gens de lettres se passent à peu p rès comme chez Barbin, et que peu de mauvais coups y soient donnés, sanf en de rares rencontres, p ar des m aladroits ou p a r des experts, il ne faut pas croire que nos héros y aillent sans réflexion, m ettant leur h o nneur à la lessive comme un linge qu’on a porté dans l’ard e u r du travail ou d u combat. Toute tache d’encre ne les trouve pas également susceptibles, et ils prennent fort différem ment l’éclaboussure, selon que l’un ou l’autre la fait.

Le fameux Mollassier, si pompeux, si pesant, si inculte, avait entrepris de me ré d u ire . 11 voulait toucher à des ques­ tions importantes qu’il ne connaissait pas, abroger certains laits de l’histoire, voire certains articles de foi, et que mon argum entation respectât la sienne, qui ne respectait ni l’E­ glise, ni les documents authentiques, ni le bon sens, ni la gram m aire. Nous ne pouvions nous entendre. Il me demanda mon âme e t m’olîrit sa vie. Je le p riai de considérer prem iè­ rem en t que je n’avais pas le d ro it de le ti’^ r ; secondement, que ce n’était pas mon in térêt. Mon intérêt, d’accord avec mon devoir, était au contraire de le conserver pour le siffler plus longtemps et faire e n t r e r a coups de sifflets, s’il était pos­ sible, la lumière dans son esprit. — Or, com ment vous sifflerais-je, Mollassier, si j’étais m ort ? et comment vous pourrais-je éclairer si je vous avais tué ? Il se trouvait sans syllogisme devant ce raisonnem ent si ju ste, et il s’emportait.

— Quoi ! vous n’êtes pas dévot, et vous vous emportez ! Il cria que je n’étais pas Français. Je lui prouvai, Vaugeias à la m ain, que j’étais plus Français que lui. Il ju r a q u’en vain j’abritais ma défaillance sous le manteau de la religion, q u’il sau rait bien enfin me tirer du sang. J’attendais, sifflant tou­ jo u rs ; et il ne venait pas.

Mais voilà que dans le fort de cette querelle et dans le feu de cette bravoure, il survint à Mollassier une querelle avec le jeune Poilanvent, rédacteur en chef du journal qui lui dis­ p u tait son public et ses annonces. I’oilauvcnt se voulait poser, m ordait comme un diable, disait à ce pauvre Mollassier toutes les pires injures. 11 le traitait de ladre, de couard, de vieux b ria-à-b rac empoisonné, d’homm e d’affaires, d’affidé aux heureux de ce monde, d’abuser du peuple, de jésuite. Oui ! il allait si loin, ce terrible jeune I’oilauvcnt. Et que lit Mol­ lassier ? Il ne bougea non plus q u’un moellon, se renferma dans sa dignité, cessa d’entendre, ne feignit m ê m e pas de vouloir exposer ses jou rs, — et continua de me dem ander raison.

Plus Poilauvent le daubait, plus Mollassier prétendait De sa folle vale ur e m b e llir sa gazelle.

Seulement, c’était à moi q u’il voulait tire r du sang, ou de ma main .qu’il voulait recevoir la m ort. Il ne tira de moi que de l’encre, et je persistai à lui laisser la vie. Comme il a depuis trouvé une bonne place, je pense q u’il est au ?si content que moi de cet arrangem ent. — L Veuillot.


GRAINS DE SEL

Deux étrangleurs de Londres sont condamnés à être pendus. L’un est Français, l’autre est Prussien. La fatale plate-forme se dresse à quelques mètres au-dessus de la Tamise.

Le Français passera le premier — un bénéfice de l’al­liance ! — Il tend le cou, on glisse le nœud, et deux secondes après, le voilà lancé dans l’espace. Mais, ô merveille ! la corde, de qualité mauvaise, se brise ; le bandit tombe à l’eau et prestement se sauve à la nage. Le Prussien suit son compagnon d’un œil tranquille. Puis se tournant vers l’exécuteur qui s’apprête à le saisir :

— Ayez bien soiu de prendre une corde solide cette fois !... Je ne sais pas nager.

Drôleries

militaires.

— Dialogue entre un sergent et un caporal.

Le sergent. — Caporal, il faut porter les hommes manquantz-à l’appel au rectum de votre rapport.

Le caporal. — Qu’est-ce que c’est que ça, le rectum, ser­gent ?

Le urgent. — Je tombe en putréfaction, que vous qui êtes gradé, vous ignorassiez que le rectum, c’est le derrière de la page qu’on est-z-en train d écrire.

Dans une commune voisine du Morvan, la dyssenterie ve­ nait de faire de cruels ravages.

Quand le mal eut cessé, le fossoyeur de la paroisse s’em­ pressa d’aller trouver le médecin qui avait soigné les victimes de l’épidémie et de lui porter un magnifique dindon.

— Mais, mon ami, lui dit le docteur, je ne vous connais pas ; qui êtes-vous donc ?

— Monsieur, je suis le fossoyeur de la paroisse.

— Mais vous n’avez pas été malade, je ne vous ai pas donné mes soins ?

— Oh ! non, grâce à Dieu ! mais vous m’avez fait gagner assez d’argent cette année, ça vaut bien une petite honnêteté.


NOUVELLES

DE

BRETAGNE


Une grande foule de fidèles n’a pas cessé d’assister aux prières publiques ordonnées par Mgr l’Archevêque de Rennes à l’occasion des malheurs qui menacent l’Eglise. Par son recueillement et sa piété elle a témoigné, au tan t q u’il était en son pouvoir, combien elle compatissait aux douleurs du Sou­verain-Pontife et combien profond est son attachement pour le cliel vénéré des chrétiens. Monseigneur a fait entendre, à la Métropole, trois instructions pastorales qui ont du faire une vive im pression su r l’esprit de ses auditeurs.

— Lundi, un o u v rie r est tombé d-’un échafaudage dans la cour d’une maison de la ru e D uguesdin. L’é tat de ce m al­ heureux pere de famille inspire des craintes très-sérieuses.

— La F o i llretonne indique les m utations suivantes dans le clergé de Saint-Brieuc :

« M. Le Moal, directeur-ad jo int de l’établissem ent des Sourds-Muets de Saint-Brieuc, est nommé aum ônier des re li­ gieuses du Sacré-Cœur de Saint-Brieuc en rem placem ent de M. l’abbé Jules Collin, chanoine honoraire, démissionnaire.

— M. Boiirgneuf, vicaire de Moncontour, est nommé aum ônier des religieuses de N.-D. <le Charité du Refuge de Saint-Brieuc en rem placem ent de M. MorcI, dém issionnaire. — M. Lesage, recteur de Saiut-Samsop, recteu r à Nazareth eu rem placem ent de M. I.e Koy, démissionnaire. — M. Le Can, vicaire de Langrolay, recteu r à Saint-Samson. — M. Le Bohec, vicaire de I.ocarn, vicaire à Ploumagoar. — M. Viet, vicaire de Merdrignac, vicaire à Moncontour. — M. Priol, vicaire de Plédéliac, vicaire à Merdrignac. — M. I’aruel, jeun e p rêtre, vicaire à Plédéliac. — M. Le Gueut, précédem m ent vicaire de Lohuec, vicaire à Trégom cur. — M. Le Hérissé, jeune prêtre, vicaire à La Bouillie. »

— Ou lit dans le P ublicaleur de Quimperlé : « Notre ville est sous le coup d’uu grand m alheur. M. le baron Bron, notre sous-préfet, vient de m o u rir accidentelle­ ment dans les circonstances suivantes : « Hier, vers cinq heures du soir, M. le baron Bron sortait de son hôtel p ou r aller faire une visite à M. le comte d u Couëdic, en son château du Lézardeau, en Quimperlé. « Disons d ’ab ord que, lorsqu’on entre dans cette propriété, 011 traverse une petite allée q ui longe une pièce d ’eau. Au bout est une fontaine, près de laquelle se trouvent deux sen­ tiers, dont l’un conduit au château

« La nuit était venue, M. le baron Bron, se trom pant de chemin en p ren an t un sentier pour l’a n tre , voulut rev enir sur scs pas ; mais, à cet e n d ro it où la pente est trè s-b rèv e, on suppose q u ’il glissa et tomba dans la pièce d ’eau, qui est trèsprofonde eu cet endroit. « Ce malheur est vivement senti et d ’au tan t plus grand pour notre population, que M. le baron Bron, sou s-préfet de­ puis six mois seulement à Quimperlé, s’était attiré l’affection de tous par ses manières affables, l’aménité de son caractère et la bonne direction q u ’il savait imprimer aux affaires. »

VT.9 PÀMTT.T.PS.

traire à la destruction une partie des objets mobiliers, huit personnes avaient pénétré dans l’une des maisons incendiées. Elles travaillaient avec ardeur, se croyant garanties par le plancher qui les séparait de la toiture en feu. Mais, tout à coup, cette toiture s’écroulant avec fracas, effondre le p la n ­ cher et vient obstruer l’unique porte de sortie d ’un amas de paille em brasée. Le péril était im minent. Sept des travailleurs s’élancent successivement et parviennent à se frayer un pas­ sage à travers les flammes, mais, hélas ! au p rix d ’horribles brûlu res.

« L’uu d ’eux / M. l ’abbé Lorans, vicaire de la paroisse de Kerfourn, qui avait m ontré une grande énergie depuis le commencement de l’incendie, et qui, le p rem ier, avait tr a ­ versé les flammes, a d ù être transporté dans sa famille à Napoléonville, où il est m ort le lendem ain. Les sieurs Tonquer, charpentier, et* Le Part, jo u rn alie r, ont été, vu la gravité de leurs blessures, conduits à l’hospice de Napoléonville. L eur vie ne p arait cependant pas en dang er. Q uatre autres, les sieurs Le Roux, in stitu teu r com m unal ; Guillory, sacristain ; Lehen, dom estique, et Brien, la b o u re u r, o n t été plus ou moins profondément atteints.

« La huitièm e personne restée dans l ’in té rie u r de la m ai­ son, après l’écroulement de la toiture, une pauvre vieille âgée de 76 ans, qui n ’avait point essayé de se fray er un pas­ sage, ce q u ’elle considérait sans doute comme au-dessus de ses forces, a été retirée saine et sauve quelque tem ps après, lorsque le b rasier obstruant la porte a été éteint. « Les pertes m atérielles sont sensibles. Elles atteignent six familles de locataires et ne sont pas évaluées à moins de 10,000 fr. Rien n ’était assuré. »

— Nous lisons dans le Times, de Londres : « Un m illier d ’hom m es environ travaillent en cc m om ent

— Mardi d ern ie r, 5 décem bre, vers onze heu res d u soir, au Great Eastern, mouillé dans la Mersey. Ce navire va être un incendie a éclaté prés d u bourg de Troguéry, dans une complètement radoubé et p o u rv u de deux nouvelles c h au ­ ferme im portante appartenan t à l’hospice de Tréguier et dières. C’est le 20 m a rs prochain q u ’il commencera ses voyaexploitée par le sieur Le Pape, Guillaume. A cette h eure le ges jentre New-York e t Brest, sous le com m andem ent du capi­ vent soufflait avec violence et l ’incendie p rit une extension taine sir James Anderson. »

rapide et menaçante. Sans la célérité des secours apportés par Nous souhaitons p ou r Brest que ce projet se réalise. Cette les propriétaires et fermiers du voisinage et p ar les hab ita n ts ville, d ’ailleurs, dont le po rt se p rê te ra it si facilement aux de la Hoche-Derrien, le feu a u ra it to u t consum é ; mais on évolutions de cc géant des m ers, s’occupe des dispositions à a pu p réserver la maison principale et les édifices situés au prendre dans cette éventualité. Elle espère, non sans raison, couchant de la cour : à trois heu res du m atin on était m aître qu’une fois commencé ce service ne s’a rrê te ra it plus, ce qui du leu. Ce résultat est dù su rto ut au zèle et au dévouem ent ouvrirait pour elle l ’ère de prospérité annoncée p ar M. Le Roy des sapeurs-pom piers de la Hoche accourus en toute hâte su r de Kéraniou.

le lieu du sinistre et qui ont montré en cette circonstance la L ’Océan nous app ren d que l’Administration municipale , pins grande énergie Les édifices et le m obilier étaient assu­ d ’accord avec la Chambre de Commerce, tous les commer­çants

? rés par la compagnie la Providence. Avis aux propriétaires et ?

-çants et la population brestoise, unissent leurs efforts dans

??

aux cultivateurs de prendre cette sage mesure, trop souvent

ce louable but. Le président du Tribunal de Commerce, encore négligée.

M. Dubrueil, doit se rendre à Paris pour y défendre les in ­ I

ne maison de décharge, deux granges et deux m eules de térêts de Brest. On parle de la création d ’un vaste hôtel of­ paille ont été la proie dos flammes. La perte est évaluée à frant tout le confort désirable avec tarifs p our m o d é rer les 3,210 fr.

prix. La souscription aux actions de 300 fr. s’élève déjà, ditM. le p ro cu reu r im périal, M. le juge d ’instruction, accom­ on, à plus de 300,000 fr ., e t le mouvem ent continue. La pagnés de la brigade de gen darm erie de la Roche, se sont Chambre de Commerce seule a u rait souscrit pour 50,000 fr. transportés su r les lieux p o ur y faire une enquête, à la suite d ’actions.

Pour les nouvelles de Bretagne, Kk r b o c k . de laquelle le nommé Tilly, P ierre, patron de bateau, a été arrêté comme fortem ent soupçonné d ’être l’au teu r de ce crime abominable. — La justice informe.

— Le Journal de Vannes publie les détails suivants sur un affreux m alh eur a rriv é à Kerfourn, le dimanche 2 d é ­ cembre :

« Pendant l’office des Vêpres, un violent incendie s’est dé­claré dans une maison voisine de l’église et avait prompte­ ment atteint deux autres bâtiments contigus, couverts en «•baume. On avait été assez heureux p ou r sauver u n pauvre paralytique qui se trouvait seul dans la maison où le feu avait [iris naissance. La population accourue en masse, grâce a sa réunion p ou r l’office, s’opposait énergiquement et avec succès au progrès de l’incendie. Dans leur zèle pour sous­

V

A

R

I

É

T

É

S

U n g é a n t e x v o y a g e . — Nous lisons dans l’Indépendance Belge :

« Anak, le fameux géant, vient de q u itte r Bruxelles p a r le chemin de fer de l ’Etat.

« Cet incomparable colosse, qui allum e son cigare aux ré ­ verbères dos rues, n ’a pu tro u ver ni berlin e, ni char-à-banes, ni wagon assez élevé p o u r q u ’il put s’asseoir pendant le tra ­ je t sans se te n ir courbé.

« Anak a réclamé un wagon ouvert ; on n ’a pu que lui en donner un qui sert habituellement au transport des marchandises par la voie ferrée.

« C’était un rare et curieux spectacle que celui du départ. « Une foule énorme se pressait aux abords du train ; sur un wagon ouvert, rattaché aux autres voitures, se trouvait l’homme phénomène, gravement assis, fumant une pipe près que aussi grande que lui, et promenant dans toutes les directions des regards majestueux. »


ANGLAIS AIX PRISES AVEC LA LANGUE FRANÇAISE. — L’argot s’est si bien glissé dans le langage parisien, qu’il faut une vive attention pour bien s’en gàrer, et malgré soi on s’y laisse involontairement prendre… moins involontairement cependant que ce naïf Anglais dont a parlé jadis u n des rédacteurs du Grand Journal.

— La langue a vô a été bien difficile à apprendre pour moà, lui disait l’insulaire.

— Mais non.

— Oh ! si, elle a été grosse^de diffiquioultés. Vô avez trop de verbes irréguliers.

— Non, très-peu, au contraire.

— Ainsi, lev erbe dorm ir... su rtout à l’indicatif présent…

— Mais vous vous trompez.

— Ahô ! si... Ecoutez.

Et l’Anglais se mit sérieusement à conjuguer ce fameux in dicatif présent :

Je dors.

Tu pionces.

II roupille.

Nous piquons notre chien.

Vous cassez votre canne.

Ils tapent de l’œil.

— C’est vrai, lui dit sans broncher Albéric Second, je n’avais pas pensé à cet indicatif présent du verbe dormir… Vous avez raison, notre langue est hérissée de difficultés p o u r un étranger.

Ce naïf Anglais n’avait étudié le français que près des danseuses de Mabille, et il croyait sincèrement parier la langue de Bossuet.

COURS DE LA BOURSE (au comptant).

6

7

8

40

41

42

3 p . 400. . . . 69 65 6 9 75 6 9 65 69 55 69 6 5 69 70 98 00 A 4 /2 p. 100. . 98 40 ‘. 8 10 98 00 97 60 97 85 Banque de Fr. . 3 61 9 00 3625 00 3 63 0 00 3 6 25 00 3 6 2 5 00 3 6 2 0 00 1380 00 Crédit Foncier.. 1381 25 1382 25 1380 00 1380 0 > 1390 00 5 8 5 00 Crédit Mobilier. 578 75 581 2 5 587 50 5 8 2 50 578 75 Créd. iud. coin. 0 3 5 00 610 00 6 35 00 6 iO 00 0 0 0 nO 6 50 00 Orléans............... 8 80 00 878 75 877 7 0 8 78 75 877 50 8 80 00 Nord (act. an c.) I l 87 50 1182 50 4 190 00 1 188 7 5 1185 00 1187 50 Est....................... 5 3 3 75 5 3 3 75 5 3 5 00 53 2 50 53 2 50 5 32 50 Paris-Lyon-Méd. 90 0 00 901 25 90 0 00 9 00 00 901 25 9 0 0 00 M idi..................... 5 82 50 5 8 3 75 5 8 3 75 5 8 3 75 5 8 5 00 58 3 75 O uest................... 5G5 00 5 6 6 25 5 6 3 75 5 6 6 25 5 6 6 25 567 50 o b l ig a t io n s

( d e r n i e r cours).

Ouest : 5 0 /0 . 4 ,0 2 0 0 0 ; — î 0 /0 , 0 0 0 0 0 — 3 0 /0 , 3 1 0 0 0 ; — O r léans ( 1 8 1 2 ) , 1,(130 0 0 ; — 3 0 ,0 ( 1 8 5 5 ) , 3 1 2 50. — Nord, 3 0 ,0 , 317 23 . — Miili, 3 10 0 0 . — Lvon-Méiliterranée, 5 0 /0 , l,0 G 0 0 0 ; — 3 0 ,0 , 0 0 0 0 0 ; — fusiou, 318 00 . — Est, 5 1 2 5 0 ; 3 0 , 0 , 30 0 0 0 .


BULLETIN DU COMMERCE.

Rennes. — Froment, 103 kil., SI fr. à 5 2 fr. — Orge, 50 kil., 1 0 fr. 7 5 à 0 0 f r . — Avoine, 50 kil., 10 fr. 75 à 11 fr ! — Sarrasin nouveau, 5 0 kil., 7 fr. 00 à 0 00. — Farine, l r-’ qualité, 100 kil., 15 fr. ; 2 e qualité, 45 fr. — Son, 50 kil.,’ 7- fr. 25 à 7 fr. 50.

Fougères. — Froment, 1 « qualité, 2 2 fr. 00 l’hect. pesant 80 kilos ; 2" q uai., 21 fr. 5 0 ; 3* quai., 21 fr. 00. — S arra­ sin, i « quai., 10 fr. 5 0 ; 2 quai., 10 fr. 3’ q uai., 9 fr. 50. — Orge, l r quai., 10 fr. 50 ; 2’ quai., 10 f r . — Axoine, !■* quai.,

10 f. 0 0 ; 2e quai., 9 5(j ; 5’ quai., 9 f. 00 — Beurre, l 1" quai., 2 fr. 2 0 ; 2 S quai., 2 fr. 15. — OEufs, 1 fr. la douzaine.

Saint-Brieuc. — Froment, 3 2 fr. 00. — Méteil, 2 3 fr. — Seigle, 19 fr. — Blé-noir, 14 fr. 00. — Avoine, 20 fr. 00. — Pommes de terre, 6 fr. 0 0 ; le tout p a r 100 kilogrammes.

Paris. — Voici les cotes de la halle de Paris -. farines, de 72 à 75 fr. le sac de 157 kil. ; blés, de 57 fr. 50 h 4 3 fr. les 120 kil. ; seigle, de 23 fr. 50 à 2 4 fr. les 115 kil. ; autres m e­ nus grains sans variation sensible.


Charade.

On voyait autrefois mon superbe premier
Rouler avec fracas au milieu du carnage ;
Qui n’a ni feu, ni lieu, couche dans mon dernier.
Cérès a de mon tout fait connaître l’usage.
Du temps que Rome était la Rome des Césars,
On a vu des héros pleins de philosophie,
Et qui par leur valeur le disputaient à Mars,
Après avoir donné la paix à leur patrie,
Pratiquer de mon tout les rustiques travaux ;
A nos derniers neveux passera leur mémoire.
Qu’il est beau, sur leurs pas, de voler à la gloire,
D’unir le nom de sage au titre de héros.


Le mot de l’énigme du dernier numéro est cercueil.


PAPETERIE-LIBRAIRIE GÉNÉRALE

DE L’OUEST

Place de la Mairie, à l’encoignure des rues de Coëtquen et d’Orléans, à Rennes.

EN VESTE :

L’Athéisme et le péril social, p a r M

  • r l’E vêq ue

d’Orléans.

L’Agriculture et la politique, p a r le com te de F a llo u x.

Les Odeurs île Paris, p a r L. Veuillot.

Mm- swetcliine, choix de m éditations et de pensées chrétiennes, publié p a r M. le comte de Falloux, 1 vol. in-18. — Prix : 1 fr.


COWjïïiECTIOX complète de très-belles photo­ — reproductipn des chefs-d’œuvre-de l’art — galeries du ;Louvre, de Berlin, de Londres, de Dresde, etc., etc. — et d’JÉ P H M l t r V E S pour S T É M l É O S V & F E S r e ­ présentant les principales curiosités du monde et particuliè­ rem ent des vues de Paris à la lumière et instantanées donnant l’exacte physionomie des places et des boulevards éclairés au gaz et animés comme en plein jo u r. Épreuves su r t’ E l t K E d’une exécution parfaite et coloriées, ce qui p ro ­ d u it l’eflet le plus magique. Galeries du Louvre et de Ver­ sailles. Bords du Rhin et vues des Alpes et des Pyrénées. On possède aussi une collection de Y V E S D E B H B T A G . V E -. sites principaux, églises, vieux châteaux, etc.

Voici un aperçu de quelques prix t

Vues de Paris. — -4 fr. la douzaine.

Vues de Rome et d’Italie. — 6 fr.

Vues de Bretagne. — 7 fr. Envoi franco.

N . B . — On donne une douzaine d’épreuves et un stéréos­ cope pour 6 fr., envoi franco.

g ra p h ie s

G rand choix de & T É H É O S C O P 1 2 S en carton, aca­ jo u , érable ou palissandre, avec ou sans lunettes. — Prix divers, mais toujours t r è s - m o d é r é s . Rennes. — Irop. de C !i. Catel.