Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/03

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 56-74).


CHAPITRE III

LE POINT TYPOGRAPHIQUE



I

GÉNÉRALITÉS


À l’exemple des premiers disciples de Gutenberg qui, après le sac de Mayence, en 1462, essaimèrent à travers l’Europe, les prototypographes Ulrich Gering, Michel Friburger, Martin Crantz et leurs aides — s’ils en eurent — installés en 1469-1470 à Paris, dans les bâtiments de la Sorbonne, n’apportèrent, semble-t-il, dans l’exécution de leur travail aucune division particulière : ils pouvaient indifféremment, comme il est permis de le croire, graver les poinçons, frapper les matrices, fondre les caractères nécessaires, composer, corriger leurs épreuves, puis imprimer et relier les feuilles.

Durant les vingt-cinq années qui suivirent l’introduction de l’imprimerie en France, ces errements ne subirent que de légères atténuations. Dans chaque officine typographique un peu importante, il y eut un ou plusieurs graveurs, des fondeurs, des compositeurs et des imprimeurs, spécialisés dans des fonctions auxquelles ils se préparaient par un long apprentissage, généralement de quatre ou parfois cinq années. Puis, au début du xvie siècle, des imprimeurs, tels Geoffroy Tory (1480-1533) et Simon de Colines (fin du xve siècle-1547), des graveurs tels Claude Garamond (1499-1561), Guillaume Le Bé (1525-1598) et nombre d’autres encore, fournirent ou prêtèrent à leurs confrères le matériel nécessaire, mais il n’y eut pas une corporation spéciale de graveurs et de fondeurs, ayant ses statuts, ses lois, ses règlements, comme celle des libraires et des maîtres imprimeurs : cette dernière possédait, aussi bien en fait qu’en droit, le monopole de toutes les opérations — sauf pour la fabrication du papier et la reliure[1] — intéressant directement la confection d’un livre.

La plupart des maisons gravant et fondant elles-mêmes les caractères qui leur étaient indispensables, pendant longtemps il n’y eut aucune régularité dans les dimensions des caractères employés en typographie : la force de corps variait d’une officine à l’autre ; les imprimeurs de Paris, comme ceux de Lyon, donnaient même parfois à leurs productions une hauteur en papier différente de celle en usage dans d’autres villes[2].

En ces diverses matières il n’était en effet d’autre règle que la nécessité évidente pour chaque maison de posséder des caractères ayant tous une hauteur en papier rigoureusement semblable qui seule permettait d’utiliser, au cours du travail, les combinaisons, les mélanges, de plusieurs types de caractères de corps différents.

Les dénominations des caractères étaient également quelque peu arbitraires ; elles étaient, pour la plupart, tirées du titre du premier ouvrage pour la composition duquel le caractère avait été utilisé. En voici la nomenclature, par ordre de décroissance, telle que la donne Dominique Fertel, imprimeur à Saint-Omer, dans son célèbre ouvrage la Science pratique de l’Imprimerie[3] paru en 1723 :


01. Le gros Double Canon[4] ;
02. Le Double Canon ;
03. Le Gros Canon ;
04. Le Trismegiste ou Canon aproché ;
05. Les deux points de Gros Romain ;
06. Le Petit Canon ;
07. Les deux points de Cicéro ou la Palestine ;
08. Le Gros Parangon ;
09. Le Petit Parangon ;
10. Le Gros Romain ;
11. Le Saint Augustin ;
12. Le Cicéro ;
13. La Philosophie ;
14. Le Petit Romain ;
15. La Gaillarde ;
16. Le Petit Texte ;
17. La Mignone ;
18. La Nompareille ;
19. La Parisienne ou Sedanoise.

Ces noms, on le conçoit aisément, ne pouvaient, au premier coup d’œil, indiquer le rapport existant entre un corps et un autre même immédiatement voisin. Fertel lui-même ne précise pas ce rapport, car il écrit simplement[5] :

La Philosophie est proprement l’œil du Cicéro, fondue sur un corps un peu moins fort que le Cicéro. La Gaillarde est l’œil du Petit Romain, fondue sur un corps moindre que le Petit Romain ; et la Mignonne est un œil du Petit Texte, fondue sur un corps entre le Petit Texte et la Nompareille.

Aussi des divergences existaient au sujet des proportions des corps entre eux, divergences dont, toutefois, Fertel estime, ne pas devoir se préoccuper outre mesure, et il établit le tableau de proportion suivant pour les corps les plus courants[6] :

Les deux points de Gros Romain[7] 
Deux Gros Romain.
Le Petit Canon 
Deux Saint Augustin.
Les deux points de Cicero ou la Palestine 
Deux Cicero.
Le Gros Parangon 
Une Philosophie et un Petit Romain.
Le Petit Parangon 
Deux Petit Romain ou trois Nompareille.
Le Gros Romain 
Un Petit Romain et un Petit Texte.
Le Saint Augustin 
Un Petit Texte et une Nompareille.
Le Cicéro 
Deux Nompareille.
La Philosophie 
Une Mignone et une Sedanoise ou Parisienne.
Le Petit Romain 
Une Nompareille et une Parisienne.
La Gaillarde 
Deux Parisienne.

Fertel est cependant obligé de reconnaître[8] que :

La proportion des caractères, même sur un petit nombre de lignes, n’est pas toujours fort précise, et que cela vient de ce que quelques fondeurs se sont avisés d’affaiblir les corps de leurs caractères. Nous avons expérimenté qu’un Gros Parangon, dont la proportion, suivant ce que nous avons accusé ci-dessus, est avec une Philosophie et un Petit Romain, demanderoit, suivant certains fondeurs, un Cicero et un Petit Romain.

On imagine sans peine le désarroi occasionné par de tels errements et les multiples inconvénients qui en résultaient.

Fertel, d’ailleurs, ne borne point ses critiques à ce seul sujet, non plus que ses desiderata[9] :

Nous souhaiterions… que les caractères ou autres ornemens de fonte eussent une telle proportion et si précise, par rapport à la hauteur, qu’ils fussent très scrupuleusement fondus de 11 lignes de haut ; c’est à cette hauteur que nous croyons qu’ils doivent être déterminés[10]… On épargneroit la peine de mettre des hausses pour suppléer à l’inégalité de hauteur des différens caractères dans un ouvrage qui en est susceptible ; ce qui ne laisse pas d’être un petit art dans un Imprimeur, et ce qui très souvent est négligé en tout ou en partie.

Les caractères, étant faits pour être combinés ensemble, doivent tous avoir la « même hauteur » : telle était l’idée aussi simple que rationnelle émise par Fertel.

Sans doute, l’auteur de la Science pratique de l’Imprimerie n’avait pas été le seul à éprouver les désagréments de ce fâcheux état de choses et à exprimer le désir d’y voir apporter remède. L’article 10 de la déclaration royale du 23 octobre 1713 avait déjà en effet ordonné les prescriptions suivantes :

Les Fondeurs de Caractères d’Imprimerie à Paris seront tenus de fondre à l’avenir chaque Frappe de Caractère sur les mêmes hauteurs, épaisseurs, et lignes qui leur seront données par les Syndic et Adjoints des Libraires et Imprimeurs de Paris, à peine de cinquante livres d’amende contre lesdits Fondeurs, au profit de ladite Communauté. Enjoignons aux dits Syndic et Adjoints de tenir la main à l’exécution du présent Article, et de garder en la Chambre de la Communauté un modèle de chaque Frappe de Caractère, pour y avoir recours en cas de besoin.

Puis, le 28 février 1723 — l’année même où l’imprimeur de Saint-Omer publiait son traité, — une ordonnance royale tentait un premier essai de régularisation :

Article LIX. — Police pour fondre les Caractères sur une même hauteur. — Veut Sa Majesté que six mois après la Publication du présent Règlement, tous les Caractères, Vignettes, Réglets et autres Ornemens de Fonte, servans à l’Imprimerie, depuis le Gros-Canon jusqu’à la Nompareille, tant gros œil qu’ordinaire, soient fondus d’une même hauteur en papier, fixée à dix lignes et demie Géométriques, et que tous les Gros et Petits-Canons, tous les Gros et Petits-Parangons, les Gros-Romains, les Saint-Augustin, les Petits-Textes, et les Nompareilles, tant Romains qu’Italiques, de toutes les Fonderies, se rapportent pour la susdite hauteur de dix lignes et demie en papier, et chacun en particulier pour le corps qui lui est propre, ensorte que le Petit-Canon porte deux Saint-Augustin ; le Gros-Parangon un Cicero et un Petit-Romain ; le Petit-Parangon, deux Petits-Romains ; le Gros-Romain, un Petit-Romain et un Petit-Texte ; le Saint-Augustin, un Petit-Texte et une Nompareille ; et le Cicero, deux Nompareilles : tous lesquels Caractères seront à l’avenir conformes pour lesdites hauteurs et corps à la lettre (m) de chaque corps de Fonte, de laquelle lettre (m) sera déposé nombre suffisant en la Chambre Syndicale, dont les Syndic et Adjoints en délivreront aux Fondeurs trente de chaque corps pour servir de modèle ; et les Fondeurs rapporteront en ladite Chambre après la justification de leurs Moules, le même nombre de ladite lettre (m) du bas de Casse de leurs Frappes, afin que la justesse de chaque corps soit plus parfaitement vérifiée ; à peine contre lesdits Fondeurs de cinquante livres d’amende, et de confiscation des Fontes, Vignettes et autres Ornemens qui ne se trouveront pas conformes.

Toutefois, l’article LXI du même Règlement apportait une légère dérogation à cette prescription de la hauteur en papier « fixée à dix lignes et demie » :

xxx… En observant néanmoins toujours la même hauteur en papier fixée à dix lignes et demie, excepté seulement les Fontes pour imprimer en rouge, qui pourront être d’un tiers de ligne ou environ, plus hautes que les autres ; et pour distinguer plus particulièrement lesdites Fontes hautes et de corps interrompus des corps ordinaires, lesdits Fondeurs seront tenus d’y mettre le cran dessus, à peine d’amende arbitraire.

À cette réglementation le roi entendait soumettre non seulement les fondeurs français, mais aussi les étrangers :

Article LXIV. — Fontes étrangères seront fondues sur la hauteur de celles de Paris pour y entrer. — Et afin que toutes les Fontes se trouvent de la hauteur prescrite par l’Article LIX, ordonne Sa Majesté que celles qui viendront des Pays Étrangers et des Provinces, soient portées directement par les Voituriers à la Douane, et ensuite, à la Chambre Syndicale, pour y être visitées par les Syndic et Adjoints, et être vérifié si elles sont fondues sur ladite hauteur, et au cas qu’elles ne se trouvent pas conformes, elles seront pour la première fois renvoyées sur les lieux, à la diligence des Syndic et Adjoints, aux frais de qui il appartiendra ; et en cas de récidive, elles seront refondues et, la matière confisquée au profit de la Communauté.

Les mesures de longueur légales de l’époque étaient :

La toise, qui valait 
 06 piedsxx
Le pied,xxxxxxxx 
 12 pouces
le pouce, xxxxxx 
 12 lignesx
La ligne,xxxxxxx 
 12 pointsx

La toise valant, en mesures métriques actuelles, 1m,949, la hauteur en papier de 10 lignes et demie égalait 23mm,6775.

Fertel, on peut le supposer, n’eut point connaissance des prescriptions du règlement du 28 février 1723 avant l’apparition de son manuel, dont le privilège porte la date « à Paris, le 13 août 1723 ».

Alors, en effet, qu’il croit devoir déterminer à 11 lignes la hauteur uniforme des « caractères et autres ornemens de fonte », le Roi, « en son Conseil », avait spécifié que, du pied à la partie externe de l’œil, le caractère devait avoir une hauteur, dite hauteur en papier, fixée à 10 lignes et demie géométriques.


II

SYSTÈME FOURNIER


La réforme préconisée par le Règlement du 28 février 1723 était importante, mais elle présentait un grave défaut : se préoccupant exclusivement de la hauteur des caractères, elle passait sous silence et même négligeait la question, non moins urgente à résoudre, de la proportion, de la force d’un corps par rapport à un autre, à observer dans la fonte des caractères.

Aucune ordonnance ultérieure ne devait, d’ailleurs, réparer cette omission, aux conséquences regrettables de laquelle, en 1737. Simon Fournier, typographe et fondeur en caractères[11], tentait d’apporter un remède :

« Pour connaître au juste les degrés de distance et les rapports des corps », Fournier imaginait en effet alors « la division des corps de caractères par degré égaux et déterminés » : « cette division avait l’avantage de marquer à la fois et les proportions particulières des caractères et leur corrélation, ou leur ordre numérique et leur dénomination, tandis que la division antérieure au prototype n’avait permis de produire pour la désignation des divers caractères que des termes insignifiants et de pure convention »[12].

Le système fut basé sur une unité appelée point typographique.

La valeur du point est établie, dit Fournier, par « une échelle fixe et déterminée que je divise en 2 pouces, le pouce, en 12 lignes, et la ligne en 6 de ces points typographiques ; la totalité est de 144 points… Cette échelle contient, dans sa totalité, 12 corps de cicéro. »

Ce raisonnement se traduit de la manière suivante :

Échelle Fournier 
 2 pouces
1 pouce 
 12 lignes0

La valeur de l’échelle en lignes était dès lors la suivante :

2 pouces × 12 lignes 
 24 lignes
1 ligne 
 6 points

L’échelle valait donc :

24 lignes × 6 points 
 144 points -----
000144 points 
 12 corps de cicéro

Le cicéro Fournier dans l’échelle indiquée par cet auteur avait ainsi une valeur de :

12 cadratins de cicéro (désignation d’un caractère de l’époque de Fournier) placés côte à côte donnaient cette longueur de 144 points :

Fournier avait, en outre, pour la mesure de ces différentes longueurs, construit un instrument de mesure auquel il avait donné le nom de prototype.

Cet instrument était formé d’une équerre fixée sur une surface bien dressée : le plus petit côté de l’équerre représentait la hauteur du caractère, tandis que sa plus grande longueur en dedans correspondait à 240 points typographiques. La hauteur donnée ainsi à la lettre était de 10 lignes 72 ; la ligne équivalant à 2mm,256, le caractère avait une hauteur de 23mm,688.

Il est difficile de dire pourquoi Fournier choisit le mot cicéro comme unité de base ; d’après l’échelle des corps, le cicéro contient 11 points, alors que, d’après le système, ce même terme représente une valeur de 12 points.

Incontestablement, Fournier eut l’intention de faire dériver son échelle du système de mesure duodécimal alors légal en France ; mais, comme il avait omis d’indiquer la concordance entre son échelle et les mesures de longueur alors en usage, certains auteurs ont pu conclure, avec quelque semblant de raison, qu’il avait surtout « voulu donner comme point de départ aux mesures typographiques proposées les dimensions des caractères en usage dans sa maison ».

Quoi qu’il en soit, il attribua à chacun des corps des anciens caractères un certain nombre de points :

Force en pointsxxxxxx
Perle 
04
Parisienne et Sédanoise 
05
Nompareille 
06
Mignone 
07
Petit-Texte 
0½
Gaillarde 
08
Petit-Romain 
09
Philosophie 
10
Cicéro 
11
Saint-Augustin 
12 ou 13
Gros-Texte 
14
Gros-Romain 
15 ou 16
Petit-Parangon 
18 ou 20
Palestine 
24
Petit-Canon 
28 ou 32
Trismégiste 
36
Gros-Canon 
40 ou 44
Double-Canon 
48 ou 50
Triple-Canon 
72
Grosse-Nompareille 
90

De la Perle au Cicéro, les corps se suivent, sauf pour le Petit-Texte, par unité de point en point ; au delà ils se succèdent à intervalles irréguliers.

Cette première tentative d’unification de la force des corps de caractères employés dans les imprimeries constituait un progrès considérable sur l’ancien état de choses ; dès cette époque on prit l’habitude de désigner les caractères par le nombre de points concurremment avec les désignations anciennes.

Toutefois, la modification était incomplète : Fournier n’avait pas indiqué, on l’a vu, le rapport entre l’échelle qu’il s’était fixée et les mesures de longueur en usage ; on ne pouvait dès lors exprimer en mesures linéaires la longueur des 12 corps de cicéro, non plus que connaître la valeur de ce cicéro lui-même.

Ce fut seulement en 1742, soit cinq années après la première application de son système, que Fournier fit connaître dans le Modèle des caractères de son imprimerie, les proportions existant entre les mesures métriques et l’échelle « qu’il s’était fixée » : « Tous les caractères doivent avoir 10 lignes et demie géométriques de hauteur en papier, suivant les règlements du Roi, ou 11 lignes 3 points de l’échelle. » — En mesures actuelles, le point a alors une valeur de 0mm,343.

Mais, en 1764, Fournier crut devoir augmenter la force de ce point : après l’impression de la table publiée en 1737, il s’était « aperçu que le papier, en séchant, avait rétréci un peu la juste dimension de l’échelle », et il remédiait à ce défaut « en suppléant ce qu’il fallait pour le rétrécissement du papier ». — Le point acquiert ainsi une valeur de 0mm,347.

Tous les auteurs n’acceptent pas sans restrictions les dires de Simon Fournier. Très simplement, certains estiment que Fournier a commis, dans ses calculs préliminaires, une légère erreur en employant des mesures inexactes, et en prenant, notamment pour le pouce une longueur différente de la longueur métrique réelle.

D’autres, tout en adoptant cette première opinion, insinuent, en outre, que Fournier, frappé de la supériorité et de la simplicité d’un autre système typographique créé depuis quelques années, avait cherché à remédier en partie aux défauts de son système.


III

SYSTÈME DIDOT


En 1755, François-Ambroise Didot[13] décida, on ne sait exactement à la suite de quelles circonstances, d’établir entre les corps « une différence suffisamment sensible pour les faire distinguer aisément les uns des autres à l’œil et au toucher ».

Mais, pour que le nouveau système eût quelque chance de succès, il devait, en tant que mesure en quelque sorte de longueur, offrir un rapprochement possible avec le système métrique en usage et être d’une réelle simplicité. Le système Fournier avait manqué à l’une au moins de ces qualités. Peut-être Didot ne l’ignorait-il point et sut-il dès lors éviter l’écueil qui pouvait faire échouer sa tentative.

La mesure type posée à la base du système fut, comme dans le système Fournier, une unité appelée mètre ou point typographique, que Didot fit dériver directement et immédiatement de la ligne de pied de roi.

La ligne, on l’a vu plus haut, avait une valeur égale à 12 points géométriques. Au lieu de donner au point typographique une force rigoureusement semblable à celle du point géométrique, ou 1/12 de ligne, Didot imagina de lui attribuer une valeur double, soit 1/6 de ligne, mesure intermédiaire basée, elle aussi, sur le système duodécimal, comme toutes les mesures légales anciennes, et il établit l’échelle suivante :

1 ligne = 6 points typographiques,
6 points typographiques = 12 points géométriques ;


de la sorte :

1 point typographique = 2 points géométriques,


et, multiple obligé dans ce système duodécimal :

12 points typographiques = 24 points géométriques,


ce qui, en mesures actuelles, donne pour le point typographique 0mm,376, et pour les 12 points 4mm,512.

En résumé, la ligne fut divisée en 6 mètres, unités ou points typographiques, et « servit à graduer et à dénommer les différents caractères ».

Dans ce système, les dénominations anciennes des caractères ne sont plus usitées : « Le plus petit corps, qui a les 6 mètres complets[14], ou la ligne de pied de roi, se nomme le six ; celui qui le suit immédiatement est le sept, composé de 1 ligne et de 1 mètre de plus ; le huit, le neuf, le dix, le onze, le douze augmentent également de grosseur, et par des mesures aussi précises[15]. »

L’échelle de Didot comprend, d’ailleurs, plusieurs séries de corps :

Une première série va de 1 point à 6 points et procède par différence de 1/2 point typographique ou 1 point géométrique : 1 point, 1 point 1/2, 2 points, 2 points 1/2, 3 points, etc. ;

Une deuxième va de 6 points à 12 points, en croissant de 1 point pour chaque différence de corps immédiate : 6, 7, 8, 9, etc. ;

Une autre commence au corps 12 (force égale à 2 lignes, en mesures métriques anciennes) ; les corps y sont doubles de ceux de la série précédente et progressent de 2 points en 2 points : 12, 14, 16, 18, 20, etc. :

06 mètres et 06 mètres = 12 mètres ou points
07xxxxxxet 07xxxxxx= 14xxxxxxx
08xxxxxxet 08xxxxxx= 16xxxxxxx
09xxxxxxet 09xxxxxx= 18xxxxxxx
10xxxxxxet 10xxxxxx= 20xxxxxxx

Le nom de typomètre fut donné à l’instrument construit comme mesure de longueur : cet instrument est identique au prototype de Fournier, mais la longueur du grand côté de l’équerre a été augmentée et portée à 288 points Didot de 0mm,376. La hauteur en papier est de 23mm,60, soit 62 points 3/4 Didot.

Il ne faut pas croire que les chiffres donnés ici sont admis par tous les auteurs typographiques. Il existe, au contraire, sur ce point des divergences dont les raisons sont inexplicables.

Tout d’abord, les fonderies paraissent avoir accepté la hauteur en papier de 23mm,60, ou 62 points 3/4 Didot. Par contre, nombre de linotypistes et de mécaniciens régleraient leur hauteur en papier à 23mm,56. La différence, évidemment, est peu sensible ; elle existe cependant.

Parmi les manuels dont l’opinion n’est point conforme à celle des fondeurs, on peut citer :

Le Nouveau Manuel complet de Typographie, de E. Leclerc, qui indique : 23mm,5, soit 62 points 1/2 Didot ;

Le Vade-Mecum du Typographe, de Jean Dumont, qui donne également aux 10 lignes et demie la valeur de 23mm,5 ;

Le Traité de la Typographie, de H. Fournier, qui fut maître imprimeur et directeur de la célèbre imprimerie Mame (de Tours), fixe la hauteur, « pour la France, à 24 millimètres »[16] ;

Le Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, de Th. Lefevre[17], rappelle que la hauteur est de « 24 millimètres pour Paris et une partie de la France » ;

La Lettre d’Imprimerie, de F. Thibaudeau[18], dit que « le point typographique, d’après l’étalon arrêté par F.-A. Didot en 1780, équivaut à la sixième partie de la ligne du pied de roi, ou 0mm,000.266 » ; et que « la hauteur d’œil est de 62 points 7/6 ou 23mm,6 » : il est difficile d’expliquer autrement que par une erreur matérielle, la valeur donnée par Thibaudeau à la ligne du pied de roi qui est de 2mm,66 et non point de 0mm,266, quantité à l’aide de laquelle il serait difficile d’obtenir, pour la sixième partie, appelée point typographique, la valeur 0mm,376[19] ;

Le Compositeur et le Correcteur typographes, de G. Daupeley-Gouverneur, rappelle que la « hauteur de 10 lignes et demie, représentant 63 points typographiques, égale environ 23 millimètres pour les caractères fondus à Paris, ceux fondus à Lyon étant hauts de 1 millimètre[20] » ;

Les Notions de Typographie, de E. Desormes, passent sous silence tout ce qui concerne cette question et ne paraissent même point donner la définition du point non plus que du douze ;

Le Nouveau Manuel de Typographie, de A. Muller, donne une indication erronée également[21] : « Cette hauteur, à Paris, est de 62 points et demi (environ 0m,0235)… »


IV

COMPARAISON DES DEUX SYSTÈMES


Si l’on compare les deux systèmes Fournier et Didot, on arrive au résultat suivant, :

L’échelle de 144 points Fournier, égale à 12 corps de cicéro, équivaut à 133 points Didot ;

133 points Didot valant 12 corps de cicéro Fournier, on voit que le cicéro Fournier est de 1 point et 1/12 de point inférieur au douze de Didot ; il s’ensuit que 12 cicéros Fournier rentrent dans 11 douzes Didot.

On a traduit cette différence matérielle en donnant au cicéro Fournier le nom de cicéro au onze, et en attribuant exclusivement le nom de douze au multiple du système Didot. Toutefois, dans nombre d’imprimeries, on dit encore, abusivement : 1 cicéro ou 1 douze, 2 cicéros ou 2 douzes[22], etc.

Tous les corps de caractères qui interviennent dans la composition typographique sont, à l’heure actuelle, en France, fondus d’après le système du point Didot. Le nombre des maisons utilisant, pour les blancs, le cicéro au onze du système Fournier diminue chaque jour. La combinaison de corps de caractères au douze avec des blancs ou des filets au onze n’est pas, en effet, sans présenter de sérieux inconvénients que seule une transformation de matériel permet d’éviter.

Le système Didot, tout comme celui de Fournier, qui dérive du système de mesures duodécimal légal en France avant la Révolution, ne concorde nullement avec le système métrique actuel qui est décimal. À maintes reprises, des esprits bien intentionnés ont désiré, et cherché à établir cette concordance, par la réduction du douze à 0m,004 ou 4 millimètres exactement, mais les difficultés d’application sont telles que jusqu’ici on a dû renoncer à toute tentative de ce genre : la transformation de l’outillage entier, peut-être pour certaines parties un nouvel apprentissage sont, dit-on, des obstacles qui ont paru insurmontables : les résultats ne semblent pas d’ailleurs devoir compenser les sacrifices que cette modification entraînerait.

Il n’est dès lors pas sans intérêt de connaître les différents rapports des systèmes Fournier et Didot avec les mesures de longueur du système métrique actuel :

Point Fournier en 1742 
0mm,343
Point xxxxxxxen 1764 
0mm,347
Point Didot (1755) 
0mm,376
xxx
Cicéro Fournier en 1742 
4mm,116
Pointxxxxxxxxxen 1764 
4mm,164
Douze Didot (1755) 
4mm,512

En résumé, dans le travail de la composition, le typographe fait usage de deux unités :

Le point typographique, ou petite unité : c’est la base du système, l’unité fondamentale ;

Le point a un multiple duodécimal : le cicéro ou douze : c’est la grande unité ; dans le système Fournier la valeur de cette unité est inférieure de 1 point et 1/12 de point à celle de Didot, qui est rigoureusement égale à 12 points typographiques.

En typographie, on compte par points et par douzes, comme dans le commerce et l’industrie on compte en grammes et kilogrammes, en mètres et kilomètres.


V

LE TYPOMÈTRE


À l’exemple du millimètre, du centimètre et du mètre, dans les usages courants, le point et le douze servent, en typographie, de mesures linéaires, comme le lecteur vient de le voir.

a) Un instrument spécial, appelé typomètre, est utilisé pour la mesure de ces différentes longueurs : il est divisé en cicéros ou douzes, subdivisés en longueurs de 6 points (demi-cicéros on nompareilles) ; celles-ci comportent elles-mêmes une division de 2 fois 3 points.

Généralement, le typomètre comporte, à l’opposé ou en regard de la graduation typographique, l’indication, à titre de comparaison, des mesures métriques actuelles, millimètre, centimètre et décimètre (le centimètre contient 26 points 6/10 Didot).

Il existe des typomètres de formes diverses et de longueurs différentes :

1° Règle plate de buis ou de cuivre, de 0m,30 ou de 0m,50 de longueur avec, sur les bords coupés en biseau, d’un côté les divisions typographiques, et de l’autre les divisions métriques ;

2° Typomètre pliant, buis ou ivoire, de 0m,50 ou de 1 mètre de longueur, portant gravées sur les faces les mesures de typographie et de longueur ;

3° Typomètre-mètre sur acier s’enroulant, à l’instar d’un mètre, à ruban, en un boîtier, et portant gravés sur une face les centimètres et les millimètres, et sur l’autre les points typographiques ;

4° Typomètre plat, dont les bords sont à angle droit, sur lequel sont gradués soit quatre corps différents, soit trois corps et la division métrique.

b) Du typomètre il faut rapprocher le lignomètre, destiné à indiquer, par force de corps, le nombre de lignes entrant dans une composition compacte ou interlignée.

On fabrique des lignomètres plats à deux ou quatre divisions, c’est-à-dire pouvant mesurer le nombre de lignes de compositions de deux ou quatre forces de corps de caractères ; des lignomètres triangulaires à six divisions ; des lignomètres carrés à huit divisions, mesurant du corps 5 au corps 12. Ces instruments sont généralement en buis, de 0m,25, 0m,33 ou 0m,50 de longueur.

On a également des lignomètres pliants, en buis ou en ivoire, de 0m,25 de longueur environ, plats ou triangulaires, comportant une, deux ou quatre divisions.


VI

LE POINT TYPOGRAPHIQUE DE L’IMPRIMERIE NATIONALE


On ne saurait quitter ce sujet des mesures typographiques sans donner une mention particulière au système typographique de l’Imprimerie Nationale. La grande unité, au lieu d’être celle de Didot, douze, ou de Fournier, cicéro, est sur seize.

Si l’on compare la petite unité du système Didot et celle du système de l’Imprimerie Nationale, on remarque que 8 points Nationale ont exactement la même valeur que 9 points Didot. Ainsi le point Nationale équivaut au point Didot plus 1/8 Didot :

1 point Nationale = 1 point Didot + Didot

Le point Didot, en égard au système métrique, valant 0mm,376, le point Nationale égale 0mm,423.

On peut remarquer, en outre, qu’au point de vue des divisions et subdivisions le chiffre seize, base du système typographique de l’Imprimerie Nationale, offre une plus grande facilité de calculs et d’opérations : ce chiffre est, en effet, divisible par les puissances successives de 2 jusqu’à la quatrième : 2, 4, 8, 16.

Tout en reconnaissant cet avantage, on peut cependant estimer regrettable ce fait que le point de l’Imprimerie Nationale ne corresponde pas au point Didot, qui de plus en plus s’affirme comme étant, par excellence, le point national.


VII

MESURE TYPOGRAPHIQUE ET MESURE LÉGALE


a) Bien que l’Imprimerie Nationale, établissement d’État par excellence, utilise, pour mesures typographiques, le mot point et le mot douze, il ne faut pas en conclure que ces expressions sont légales, et que leur emploi est autorisé dans les documents adressés à certaines administrations, par exemple à l’Enregistrement, à l’Office des Brevets d’invention, etc. Les directeurs de ces institutions d’État ont la faculté, dans leurs relations avec le directeur de l’Imprimerie Nationale, de parler de points, de cicéros, de nompareilles, etc. ; ils ne sauraient tolérer cette licence de la part du simple public, dans les rapports qu’ils peuvent recevoir de celui-ci.

Nos expressions typographiques ne sont point légales : les maîtres imprimeurs et les ouvriers typographes ne doivent pas l’oublier. Ceux d’entre eux qui auraient le désir — très légitime — de sauvegarder leurs intérêts en recourant à la protection que l’État accorde à toute invention, agiront sagement en s’abstenant d’user de ces dénominations dans leurs demandes de brevets : ils s’exposeraient, tombant sous le coup de la loi du 4 juillet 1837, à des amendes, à des pénalités parfois fort onéreuses (la typographie nourrit à peine son homme !) et à l’obligation de refaire leurs calculs en millimètres, en centimètres, etc. Ne vaut-il pas mieux commencer par là ?

b) Nombre de clients donnent habituellement leurs mesures en centimètres et millimètres, et certains typographes sont fort embarrassés pour transformer en mesures typographiques une longueur métrique. S’agit-il de déterminer en cicéros les dimensions d’un format de papier, de prendre une justification indiquée en centimètres, d’établir une garniture, etc., le mètre-typomètre est, pour eux, un instrument indispensable, faute duquel il leur est impossible de donner à ces minimes problèmes une solution qu’il est cependant relativement facile d’obtenir grâce aux moyens suivants :

1° Le point typographique, on le sait, correspond assez exactement à (trois huitièmes) d’un millimètre. En utilisant ces chiffres, les opérations exigées pour la transformation en mesures typographiques d’un nombre métrique donné sont assez longues ; elles peuvent, en outre, occasionner au cours du calcul quelques erreurs. Mais comme il est bon cependant de résoudre avec ces données, au moins une fois, à titre d’essai, un problème, dont le résultat servira ultérieurement de preuve documentaire, voici un exemple élémentaire :

Exemple. — Soit à connaître en points l’un des côtés d’une feuille format raisin 0m,50 × 0m,65.

Transformons en points 0m,50, en considérant que 1 point équivaut à du millimètre :

points ;


en réduisant en cicéros (en douzes, si l’on veut), on obtient 111 douzes 1 point ;

points,


soit 144 douzes 4 points.

L’approximation ainsi obtenue est suffisante : elle n’est affectée que d’une erreur de, 1/12 de point, quantité réellement négligeable dans presque toutes les circonstances.

2° D’après E. Morin, un moyen mnémotechnique permet, d’éviter ces différents calculs et d’arriver à un résultat aussi approché, très suffisant pour le cas qui nous occupe.

Le mètre, exprimé en douzes, a une longueur de 222 douzes, à très peu près. Si un mètre, ou 100 centimètres, équivaut à 222 douzes, 1 centimètre vaut 100 fois moins, ou 2 douzes 22 de douze. Pour avoir en mesure typographique, c’est-à-dire en douzes et en points, le format du papier raisin, il suffira donc de multiplier 2,22 par les mesures métriques connues, 0m,50 et 0m,65 :

douzes ;


la différence est de 1 point seulement avec le chiffre précédemment obtenu, de 111 douzes 1 point, par la méthode ci-dessus expliquée des  ; on conviendra aisément que cette différence peut passer inaperçue dans l’établissement d’une garniture ;

douzes dixièmes de cicéro,


soit 144 douzes 4 points, total analogue à celui résultant de l’opération faite avec la méthode précédente.

3° Enfin, il est encore aisé d’arriver plus rapidement, et de tête, à ces différents résultats :

On double, d’abord, le nombre des centimètres, soit :

,
 ;


on prend ensuite le dixième du résultat obtenu, et l’on additionne :

,
 ;


on ajoute à ce deuxième résultat, le dixième du dixième déjà pris, soit 1,00 pour le dixième de 10, et 1,3 pour le dixième de 13 :

,
.

Ces deux chiffres sont bien, on le voit, les mêmes que ceux précédemment obtenus : 111, soit 111 douzes ; 144,3, soit 144 douzes 3 dixièmes ou 4 points.

Il ne faut pas croire que cette méthode de calcul est empirique ; loin de là, elle est strictement scientifique et repose sur l’équivalence du mètre pour 222 douzes ou plus simplement du centimètre pour 2 douzes 22 (le double, le dixième et le dixième du dixième).



  1. Par un édit du mois d’août 1686, enregistré le 7 septembre de la même année, la Communauté des Maîtres relieurs et doreurs fut déclarée entièrement distincte et séparée de celle des Maîtres imprimeurs et libraires.
  2. Voir, sur ce sujet, un article très documenté de M. A. Basile (supplément gratuit au n° 720 du journal l’Imprimerie).
    xxxAlors que les fondeurs de Paris avaient une hauteur se rapprochant de 10 lignes et demie géométriques, Lyon conserva longtemps (même après le règlement du 28 février 1723) la hauteur de 11 lignes, et Strasbourg celle de 11 lignes et quart.
  3. Le titre de ce volume est curieux à connaître : « la Science pratique de l’Imprimerie, contenant des Instructions trés-faciles pour se perfectionner dans cet art. On y trouvera une description de toutes les pieces dont une Presse est construite, avec le moyen de remedier à tous les défauts qui peuvent y survenir. Avec une Méthode nouvelle et fort aisée pour imposer toutes sortes d’Impositions, depuis l’In-folio jusqu’à l’In cent-vingt-huit.
    xxxDe plus, on y a joint des Tables pour sçavoir ce que les Caracteres inferieurs regagnent sur ceux qui leur sont superieurs, et un Tarif pour trouver, d’un coup d’œil, combien de Formes contiendra une copie à imprimer, trés-utile pour les Auteurs et Marchands Libraires qui font imprimer leurs Ouvrages à leurs dépens.
    xxx Le tout représenté avec des Figures en bois et en taille douce.
    xxxÀ Saint Omer,
    xxxPar Martin Dominique Fertel, Imprimeur et Marchand Libraire, rue des Espeérs, à l’Image de saint Bertin.
    xxxM. DCC. XXIII.
    xxxAvec approbation et privilège du Roy. »
  4. On remarquera que Fertel n’utilise point le trait d’union pour les dénominations de caractères, alors que dans le Code de la Librairie et Imprimerie de Paris, paru en 1774, Saugrain écrit « Gros-Parangon, Petit-Canon», etc.
  5. La Science pratique de l’Imprimerie, p. 3.
  6. Id., p. 2.
  7. Fertel n’indique pas de concordance pour « le gros Double Canon, le Double Canon, le Gros Canon, le Trismegiste ou Canon aproché ».
  8. La Science pratique de l’Imprimerie, p. 3.
  9. Id., p. 3.
  10. Comme on le verra plus loin, les caractères spécialement destinés à l’impression en couleur (rouge, généralement) avaient une hauteur légèrement plus forte ; en 1857, le Nouveau Manuel de Typographie (A. Frey, revu par E. Bouchez) donne à ces caractères une hauteur « de 253 à 278 dix millimètres de tige ».
  11. Fournier (Pierre-Simon) naquit à Paris en 1712. Il était fils d’un typographe et devint lui-même typographe, puis fondeur de caractères, profession à laquelle l’avaient préparé de fortes études de dessin et de gravure sur bois. Fournier écrivit sur la typographie plusieurs ouvrages fort estimés, et son Manuel typographique (2 vol.), paru en 1764-1766, est fort curieux à consulter. Fournier mourut à Paris en 1768.
  12. Nouveau Manuel complet de Typographie, par A. Frey, nouvelle édition revue par E. Bouchez, t. II, p. 307.
  13. Didot François-Ambroise, né à Paris en 1730, fut reçu libraire le 14 août 1753 ; il succéda à son père Didot François, en qualité d’imprimeur, le 1er  juillet 1757. Le roi_Louis XVI le choisit pour imprimer les ouvrages destinés à l’éducation du dauphin.
  14. Il semble, en effet, que Didot n’utilisa pas les caractères de corps inférieur au 6.
  15. Didot, Histoire de la Typographie, p. 846.
  16. P. 33, note 2, 4e éd. revue par A. Viot.
  17. Ed. de 1883, p. 495, note 3.
  18. T. I, p.2.
  19. T. II, p. 491.
  20. Ed. de 1880, p. 2.
  21. P. 2.
  22. Le mot douze, dans ce cas, prend la marque du pluriel.