Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/07

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 120-193).


CHAPITRE VII

MISE EN PAGES



I

GÉNÉRALITÉS


La mise en pages est le travail typographique qui consiste à rassembler, d’après l’ordre du manuscrit, les compositions éparses des paquetiers, à intercaler à leur place respective les titres, les alignements, les tableaux, les citations, les figures, les notes, et à donner à chacune de ces fractions, accompagnées d’un numéro de page et d’un titre courant, une longueur uniforme rigoureusement déterminée, ainsi qu’un aspect qui en fait un ensemble irréprochable au point de vue tant professionnel que littéraire ou scientifique.

La mise en pages est une des opérations les plus complexes de la typographie, et le compositeur, appelé, metteur en pages, chargé de ce travail doit, par ses qualités, s’égaler au moins aux meilleurs de ses confrères.

H. Fournier, qui fut l’un de nos plus remarquables typographes du xixe siècle, écrivait avec raison :

De toutes les opérations relatives à la composition des ouvrages, la mise en pages, par la variété et la multiplicité de ses fonctions, exige au plus haut degré les connaissances typographiques. L’ouvrier auquel on la confie doit s’être préalablement exercé à tous les genres de travaux qui entrent dans la composition. Si son expérience ne le place au-dessus des difficultés qui s’y présentent fréquemment et ne le met à même de les résoudre avec sûreté, si ce tact et ce goût qui doivent toujours présider aux dispositions qu’il crée ou aux améliorations qu’il découvre ne le distinguent des simples compositeurs, enfin s’il n’est doué de l’activité et de l’intelligence nécessaires pour diriger la marche d’un ouvrage et la suivre dans ses diverses périodes, il ne peut occuper convenablement parmi ses confrères le rang à la fois honorable et avantageux de metteur en pages. — C’est à lui qu’il appartient de distribuer la copie aux paquetiers, de leur partager les pages de distribution, de surveiller leur travail à mesure de sa confection, et de concilier leurs intérêts avec ceux de l’établissement qui l’occupe[1].

La mission du metteur en pages est ainsi fort complexe ; pour être remplie comme elle doit l’être, elle exige un savoir typographique aussi grand que possible.

Peut-être n’est-il pas dès lors hors de propos de dire ici quelques mots sur le rôle du metteur en pages : chargé d’une fonction d’importance capitale, celui-ci est l’architecte, l’artisan qui édifiera et mènera à bonne fin, dans les meilleures conditions, la construction de cette œuvre d’art qu’est la confection d’un livre, au cours de laquelle il lui faudra se conformer aux règles de l’art, satisfaire le client et sauvegarder les intérêts du patron.

Le poste de metteur est l’un des échelons par lesquels doit passer presque toujours le futur prote ; souvent, dans les petites maisons, metteur en pages et prote ne font qu’un sous le nom de prote à tablier. Aussi l’ouvrier qui aspire à l’emploi de metteur ou veut remplir cette fonction avec l’autorité nécessaire doit, ainsi que l’affirme H. Fournier, s’efforcer d’acquérir des connaissances professionnelles complètes, étudier minutieusement les règles typographiques et ne pas rester ankylosé dans l’acquit de connaissances superficielles.

Combien s’intitulent metteurs en pages — alors qu’ils ignorent tout de cette fonction — parce qu’ils ont poussé sur une galée des lignes et mis quelques pages sur longueur. Combien d’autres même, qui tiennent une réglette depuis un certain temps, depuis de longs mois peut-être, n’en restent pas moins des metteurs mie de pain, parce qu’ils se contentent d’être passivement des sortes de machines à répartir la copie et à réunir des paquets, sans chercher à être autre chose. Peut-on s’étonner dès lors de voir ceux-ci embarrassés devant la moindre difficulté ou n’aboutissant qu’au baroque et à l’incohérent, lorsqu’ils composent un titre, une couverture, montent un tableau ou doivent élucider une question scabreuse. Nombre d’entre eux ont cependant des manuels à leur disposition et souvent aussi des publications techniques, qu’ils n’ouvrent guère, malheureusement, et qu’ils délaissent aisément pour courir à d’autres sujets plus inutiles. Chaque jour, des spécimens leur passent sous les yeux : romans dont la lecture les captive, volumes exposés aux devantures des libraires, imprimés de tous genres distribués ici et là. Alors que toutes ces choses devraient être l’objet d’une comparaison, d’un examen plus ou moins attentif selon leur nature, suffisant toutefois pour en discerner les qualités et les défauts et en tirer des idées d’application, ces forts en prétention passent dédaigneusement, ils se contentent de leur routine.

Comme chef d’équipe, le metteur en pages a la responsabilité du travail. Tout en veillant à ce que l’ouvrier, s’il est aux pièces, ait la facilité de gagner un salaire normal en respectant les tarifs convenus, il doit exiger que le travail soit livré dans les conditions voulues. Le metteur en pages détient ainsi une part plus ou moins grande de l’autorité patronale, et celui qui, par indifférence ou par son silence, se fait complice de ce qui peut être préjudiciable aux intérêts de la maison qui l’occupe, manque à sa mission et travaille contre lui-même. Sans nullement désirer qu’il soit un surveillant hargneux, il doit posséder une autorité morale suffisante pour qu’on sente en lui, non un chef, si l’on veut, mais un frère aîné, — frère aîné ayant droit et ayant mission de veiller à ce que le patron qui lui a cédé une part de son autorité, qui lui a accordé une certaine confiance, ne soit lésé en rien.

Ferme sans brusquerie, camarade bienveillant sans faiblesse, le metteur doit se faire respecter de ceux qui sont à sa disposition et tenir à honneur de remplir dignement son poste. À cet effet, en plus du savoir professionnel, quelques qualités lui sont indispensables : sobre, régulier, exact, La critique jalouse qui lui reprocherait de céder au pot de vin pour favoriser tel on tel ne doit avoir aucune prise sur son attitude.

L’exactitude n’est pas seulement celle qui découle de l’arrivée à l’atelier à heure précise, mais surtout de la livraison en temps voulu du travail demandé pour une heure fixe. Si, parfois, les exigences multiplient les difficultés, le metteur devra s’ingénier, se débrouiller, s’organiser en tenant compte de la valeur de ses hommes et des nécessités, pour que le travail tombe au moment indiqué. Lorsqu’on lui demande de préciser à quelle heure ou dans combien de temps le travail sera prêt, il doit, après avoir donné une réponse motivée et mûrement réfléchie, tenir l’engagement pris.

Le metteur en pages sera non seulement clair et précis, mais surtout ordré : dans son travail, dans le classement des copies ou des épreuves et des renseignements qu’il détient, dans la répartition de la besogne à chacun. Il sera aussi soigneux : veillant à ce que la besogne dont il a la responsabilité soit effectuée dans les conditions convenables, ne laissant rien traîner, n’égarant rien, s’attachant à ce que tout se suive et soit conforme aux indications données, apportant enfin un soin méticuleux à tous les détails.

Le manque de mémoire serait pour un metteur en pages motif à maintes fautes et peut-être un obstacle sérieux à un accomplissement convenable de sa tâche. En prévision de cette vérité que les meilleures mémoires ont leurs défaillances, le metteur prendra de nombreuses notes. Il agira sagement en s’entourant de quelque précaution vis-à-vis des compositeurs qui, soit par oubli, soit faute d’avoir compris, pourraient commettre des erreurs ou des malfaçons. Si les renseignements qu’il transmet ne sont pas trop étendus, il les inscrira, et de préférence, sur la copie même ; s’il se borne à les dire de vive voix, il le fera assez complètement, mais aussi sommairement que possible, pour ne pas embrouiller dans l’esprit du paquetier les explications données ; enfin, s’il remet un modèle, il s’assurera que celui-ci est régulier dans toutes ses parties et ne peut entraîner la moindre erreur : il surveillera notamment les réimpressions intercalées dans les copies qu’il distribue, où la marche à suivre peut différer sur bien des points de celle observée dans la maison.

Enfin, puisque l’usage veut que la première vérification des bordereaux incombe au metteur, celui-ci y apportera une sérieuse attention, et remettra toutes choses au point : dans l’intérêt même des paquetiers, il devra encore s’opposer à ce que le compte du salé ne prenne des proportions trop fortes pour celui qui en mange.


II

LE MANUSCRIT


Comme on l’a vu plus haut au chapitre Composition, le metteur en pages reçoit le manuscrit des mains du prote, du chef d’atelier, du chef de conscience, du correcteur chargé de mettre la copie au point ou du patron, suivant les usages et l’importance de la Maison.

a) Cette remise est accompagnée des explications nécessaires à la bonne marche du travail : indication du format de l’ouvrage ; désignation du caractère à employer pour le texte courant, les citations ou intercalations (si, le cas échéant, celles-ci sont composées en caractère d’un corps inférieur à celui du texte on simplement guillemetées), les opérations et les tableaux, les notes, les folios, les tables et appendices, etc. ; longueur de justification, interlignage, hauteur de pages, mise en pages immédiate ou simplement, mise en placards, nombre d’épreuves à fournir à l’auteur ou à l’éditeur et, parfois, dans certaines imprimeries, renseignements pour l’adresse de l’auteur ou de l’éditeur.

b) En même temps — à moins de circonstances exceptionnelles ou qu’il ne s’agisse d’un volume se rattachant à d’autres antérieurement imprimés — le metteur en pages reçoit un spécimen, ou page imprimée du futur travail, qui lui servira de guide ou de memento pour les diverses indications ci-dessus, et souvent une échelle-type des différents caractères romains, italiques, gras ou autres, à employer pour les titres du volume, chapitres, parties, sections, paragraphes, alinéas, folios, etc.

Quelques maisons ont la louable habitude de s’entendre pour la désignation de ces caractères avec l’auteur ou l’éditeur auxquels un type a été préalablement soumis, en même temps que le spécimen courant ; d’autres imprimeries laissent le soin de ce choix à l’initiative de leur personnel. La première solution est, à tous points de vue, préférable : on évite, par cette entente préalable, la perte de temps, parfois d’argent, qui résulterait des corrections ultérieures exigées par un auteur méticuleux, auquel les caractères choisis ne conviendraient point et qui pourrait (chose rare, mais toujours possible !) se refuser à solder le travail supplémentaire exécuté pour lui donner satisfaction.

c) Le spécimen indiquera : le blanc séparatif des diverses divisions du volume : parties, chapitres, sections, paragraphes, articles, etc. ; le blanc qui accompagnera le folio, quel qu’il soit ; l’intervalle séparatif du texte et des citations ou du texte et des notes, enfin tout ce qui est non seulement indispensable, mais utile pour mener à bonne fin le travail.

d) Le prote doit faire connaître au metteur en pages les desiderata exprimés par le client, auteur ou éditeur, et même, s’il est nécessaire, certaines des conditions d’impression, en tant tout au moins que leur divulgation n’est pas contraire ou ne nuit pas à ce secret professionnel auquel tout chef de service doit volontairement s’astreindre.

Ni omissions, ni défaillances, ni négligences ne sont dès lors permises à un compositeur vraiment digne du nom de metteur en pages, lorsqu’il est aussi soigneusement documenté.

e) Dès réception du manuscrit, le metteur en pages vérifie la pagination, afin de s’assurer que le texte se suit bien, qu’aucune omission n’est à craindre, et de s’éviter à lui-même des recherches ultérieures inutiles, au cas où une lacune existerait. Si la pagination est erronée, il rectifie l’erreur, soit en doublant les chiffres, soit en cotant de nouveau les feuillets, c’est-à-dire en leur attribuant des folios différents.

f) Nombre d’imprimeries ont accepté l’excellente coutume de la préparation[2] ou de la mise au point, typographiquement parlant, du manuscrit avant sa mise en mains ; usage qui libère le metteur en pages de l’un de ses soucis les plus graves, et lui permet de consacrer à des besognes non moins importantes un temps précieux.

Lorsque le manuscrit n’a pas été revu, le metteur en pages doit l’examiner rapidement, ainsi qu’on l’a expliqué au paragraphe Composition ; il se rendra compte ainsi de la marche générale et pourra donner au compositeur toutes les indications nécessaires pour l’exécution du travail.


III

LA MISE EN MAINS


a) Le composteur justifié, le typographe reçoit la cote qu’il doit composer.

De manière générale, on appelle cote une fraction du manuscrit : elle comprend, suivant les circonstances, plusieurs feuillets de copie, parfois une seule page ; plus rarement, dans des cas exceptionnels, la page est divisée en plusieurs cotes, en vue d’une exécution plus rapide.

Une bonne cote se dit d’une copie irréprochable, facile à lire, ne présentant aucune difficulté d’exécution, et également d’une copie d’étendue suffisante pour occuper le compositeur durant un temps assez long, généralement presque une journée entière, et ne point l’obliger à des dérangements inutiles et répétés.

Là cote est courte, si elle ne comprend qu’un nombre restreint de lignes à composer ; et elle est mauvaise, si la composition est lardée de caractères étrangers à ceux de la casse, hérissée de difficultés inhérentes autant à l’écriture défectueuse qu’à un texte obscur.

b) Obligatoirement, le metteur en pages doit passer en revue avec le compositeur tous les feuillets formant la cote. Il appelle son attention sur les annotations portées à la copie et indiquant les caractères à employer pour les titres, les sous-titres, les intercalations, les notes, etc. Il lui signale, de manière particulière, les accidents de composition : signes algébriques ou autres, lettres de langues étrangères, caractères italiques ou gras à insérer dans le texte, en définitive tout ce qui est en dehors de la composition courante. Il lui indique la marche suivie pour la préparation du manuscrit et lui rappelle les principales règles typographiques appliquées ou les exceptions qui y sont apportées : nombres à mettre en lettres ou en chiffres, abréviations à respecter ou à écrire en texte clair, noms à composer avec grandes capitales ou bas de casse, nombre de cadratins à placer au début des alinéas dans les longues justifications, règles du renfoncement des vers, renfoncement des alignements, genres d’appels de notes, etc.

Les tableaux, les intercalations, les notes, les titres, les textes en plusieurs colonnes ainsi que les citations que le paquetier ne doit pas composer, sont entourés sur le côté gauche, au crayon bleu ou de tout autre manière.

c) En dehors des renseignements généraux, le metteur en pages est, d’ailleurs, tenu de fournir à ses paquetiers toutes les indications utiles pour résoudre les difficultés imprévues rencontrées au cours de la composition, soit au point de vue lecture, soit au point de vue règle typographique exceptionnelle : alignement, renvoi, alinéa à faire ou, au contraire, à supprimer. Il faut observer, toutefois, que certains de ces renseignements, tels ceux relatifs à la lecture, ne sauraient être que de simples conseils et n’engagent en rien la responsabilité du metteur : le paquetier doit être suffisamment instruit des principes de sa langue, il doit être familiarisé avec toutes sortes de manuscrits, enfin il doit connaître les principes de son art, et ce n’est que justice de lui faire supporter les lacunes de son éducation professionnelle ou grammaticale.

d) Sur le premier feuillet de la cote, le metteur en pages indique par un crochet, dont les pointes sont tournées vers le texte ([) l’alinéa par lequel la copie débute ; en face de cet alinéa, afin d’éviter toute erreur dans le début de la composition, il inscrit le nom du paquetier, puis les numéros des feuillets composant la cote, le, caractère du texte, des intercalations, des notes, enfin l’interlignage de ces diverses parties.

Fréquemment, le texte ne se termine pas avec le dernier feuillet de la cote, mais se prolonge sur le premier feuillet de la cote suivante : c’est le rattrapage que le compositeur doit exécuter pour que sa cote soit complètement terminée.

e) D’autre part, un metteur en pages soigneux note sur un registre spécial, et dans l’ordre de remise de la copie, d’abord les noms des compositeurs et les numéros des feuillets qui leur sont confiés :

Benoît 
 01-05
Gauthier 
 06-12
Perrin 
 13-17


puis, sur ce même registre, et dans la colonne qui suit les indications correspondantes, il annote, au fur et à mesure de leur rentrée, les numéros des cotes qui lui sont remises et la date ou l’heure à laquelle elles ont été terminées.

Cette manière de faire est indispensable lorsque la même copie doit passer successivement entre les mains de plusieurs compositeurs : pour le texte, pour les notes, pour les intercalations, puis enfin pour les tableaux et les opérations. On évite de la sorte des erreurs ou des omissions toujours préjudiciables, sans parler des recherches intempestives.

f) Dans nombre d’imprimeries, le metteur en pages, en même temps que la copie, remet au paquetier les interlignes et la distribution nécessaires à la composition de sa cote ; il y ajoute les ficelles et les porte-pages voulus ; il s’assure, en outre, que le chef de matériel est en mesure de délivrer les sortes particulières (pie la distribution ne renferme pas et qui sont indispensables pour la composition.

Dans d’autres maisons, le metteur en pages se borne à la remise de la copie, des ficelles et des porte-pages. Le matériel est seul chargé de fournir aux paquetiers la distribution, les interlignes et, les sortes spéciales nécessaires. À cet effet, le chef de matériel est prévenu par le prote de la mise en mains d’un labeur nouveau, du caractère choisi pour le texte courant, de la justification sur laquelle il est établi, enfin des caractères particuliers que sa composition exigera et dont il faudra, le cas échéant, préparer les casses.

Quel que soit le système accepté, il importe surtout que la distribution soit, convenable, c’est-à-dire débarrassée des folios, titres, tableaux, opérations, notes, blancs ou lingots et garnitures, etc. ; elle doit encore, lorsqu’elle est rare, être partagée aussi également que possible entre chacun des compositeurs ; si elle est abondante, seule l’habileté de l’ouvrier sert, pour le metteur ou le chef de matériel, de guide dans la répartition à faire : la chose qui alors importe est que l’ouvrier, généralement aux pièces, n’éprouve ni interruption ni gêne dans son travail du fait de la maison qui l’emploie.

g) Sa cote terminée, le paquetier remet celle-ci au metteur, et, le cas échéant, reçoit une autre cote à composer. Les folios de la copie rentrée sont, ainsi qu’il a été dit, pointés sur le registre de Distribution de la copie.

Le nombre de lignes de composition données par ces feuillets, pour le texte et aussi pour les intercalations, est indiqué par le paquetier sous son nom inscrit au début de la cote, et est reporté sur le registre ; on mentionne également sur la cote et sur le registre le nombre des surcharges de toutes sortes : parangonnages, fractions, caractères étrangers, en un mot tout ce qui est en dehors de la casse et a occasionné au compositeur un dérangement dont il y a lieu de lui tenir compte. Le metteur en pages — qui obligatoirement assure la tenue de cette comptabilité fort simple — doit en affirmer l’exactitude : à cet effet, il a le devoir de vérifier sur les épreuves mêmes les indications données par les compositeurs.

h) En comparant sur son registre de Distribution de copie la rentrée des différentes cotes, le metteur s’informera des raisons qui exceptionnellement retarderaient la composition d’une copie. Il prendra aussitôt les mesures nécessaires pour parer aux inconvénients qui peuvent en résulter : 1o  si la cote est trop longue, ou si la distribution manque, répartition à un ou deux paquetiers supplémentaires de l’excédent ou d’une fraction de la copie en retard ; 2o  si le compositeur est absent, remise de la cote suspendue au premier paquetier inscrit ;  3o  dans le texte, un crochet ([) précède le mot formant le début de la composition à continuer ; 4o  dans la marge, en face la ligne de texte, est portée l’indication À reprendre, accompagnée du nom du compositeur.

i) Avant la mise en mains ou aussitôt après la rentrée de la copie, le metteur en pages compose lui-même ou, plus fréquemment, fait composer, suivant ses indications, les titres, les sous-titres, ainsi que, le cas échéant, les alignements, les opérations, les tableaux, tous travaux qui ressortent plutôt du domaine de la conscience et sont rarement exécutés aux pièces. Si les épreuves sont à envoyer en pages, il ajoute : les notes marginales ; les folios dont il donne le texte et, s’il est nécessaire, les coupures ; les signatures ; les légendes, dont il a soin de faire établir la justification suivant la grandeur des bois ; les filets et couillards, dont il prévoit l’emploi ; les blancs, enfin tout ce qui lui est indispensable pour l’exécution rapide et irréprochable du travail qui lui est confié.

Le metteur en pages s’assurera donc, au fur et à mesure de la rentrée de la copie, que la composition des textes accessoires suit une marche parallèle à celle du texte principal et qu’aucune omission n’est à craindre.

j) Les fonctions des metteurs ne diffèrent point des règles générales ici exposées, qu’il s’agisse de composition linotypique en lignes blocs ou de composition mécanique en lettres mobiles. Toutefois, les cotes sont plus importantes, en raison de la production plus rapide du claviste et du linotypiste et de la nécessité impérieuse d’éviter les pertes de temps dues à des dérangements trop fréquents.

k) Les indications qui viennent d’être résumées sont d’une application générale, dans toutes les imprimeries. Les modifications qu’elles subissent, ne proviennent que des habitudes particulières et de l’organisation spéciale de la maison ou du genre de travail lui-même. Par exemple, la distribution de la copie d’un quotidien comporte une manière de faire plus simplifiée, plus expéditive, qu’il est bon de rappeler :

1o  Tous les articles sont classés par le metteur suivant leur urgence ; ils comprennent un ou plusieurs feuillets, répartis en une ou plusieurs cotes ; ils sont numérotés de 1 à … ; chacun des numéros est accompagné de la première ou, au plus, des deux premières lettres — lorsqu’il s’agit d’éviter une confusion entre deux articles voisins — figurant au titre de l’article lui-même ; le dernier feuillet de l’article porte une croix (✖) accompagnant le numéro.

Les feuillets manuscrits isolés, ne comportant pas de numéro d’ordre, sont dits sans cote.

2o  Les caractères qui doivent être utilisés pour la composition de chacun des articles, suivant leur importance, — leader, faits divers, politique, échos mondains, chronique financière, etc. — sont indiqués en tête, près du titre.

3o  L’interlignage s’indique de manière particulière : un trait vertical barre la copie, pour l’interligne de 1 point ; deux traits, pour l’interligne de 2 points ; trois traits, pour l’interligne de 3 points, etc. L’article à composer compact ne reçoit aucun trait et ne comporte aucune mention spéciale.

4o  Les articles sont rangés par le metteur en pages, ou le second, dans l’ordre où ils doivent être composés et en cotes de longueur égale autant que possible. Les cotes ne sont pas données par le metteur, mais prises au fur et à mesure du besoin par les piétons eux-mêmes qui inscrivent leurs noms.

5o  La réunion des cotes — celles-ci n’étant généralement pas assez importantes pour constituer un paquet — est faite par les piétons eux-mêmes et par appel, en descendant de 1, ou de 2, ou de 3 au suivant, selon l’ordre dans lequel les cotes sont terminées, ou en remontant de 5 à 4 ou de 4 à 3, par exemple, si la dernière cote est la première qui soit finie. Les paquets, lorsque l’ensemble des cotes comporte une composition assez étendue, sont toujours autant qu’il est possible coupés à une ligne comportant une division en fin de justification.

6o  L’un des piétons, appelé pigeur, inscrit sur un registre ou sur une feuille, à titre de contrôle, le numéro de la cote désignée par sa lettre ainsi que le nombre de lignes composées par chacun des ouvriers.


IV

LA LECTURE DES ÉPREUVES TYPOGRAPHIQUES


Suivant les circonstances, dès qu’une cote lui est rentrée, le metteur fait tirer les épreuves en premières ou typographiques[3] et les remet au correcteur avec les indications nécessaires. Si le travail est urgent, la lecture est faite immédiatement, cote par cote, puis remise au metteur après vérification attentive des rattrapages ; au contraire, si le travail peut souffrir quelque délai, les épreuves sont vérifiées à loisir ou classées par le correcteur qui en assurera la correction lorsque lui aura été donné un lot assez important de copies du même travail. — Parfois, dans le dernier cas, le metteur en pages opère lui-même le classement des copies et des épreuves : l’ensemble est porté à la correction, lorsque le prote ou, dans certaines maisons, le chef correcteur en donne l’ordre.

Sans vouloir revenir ici sur les indications contenues dans le chapitre Lecture en premières[4], il est bon de faire remarquer que la lecture en premières présente une importance exceptionnelle tant au point de vue d’une application rigoureuse des règles typographiques qu’à celui d’une reproduction fidèle et entière du manuscrit. Pour être réellement efficace, c’est-à-dire pour présenter sous les deux rapports qui viennent d’être rappelés toutes les garanties voulues, la correction doit être faite exclusivement lorsque dans une cote est terminée la composition du texte entier, c’est-à-dire du texte proprement dit, des intercalations, des notes, des alignements, des tableaux, des citations, etc.



V

LA RÉGLETTE


Ces travaux préliminaires exécutés et le nombre de copies composées et corrigées permettant de commencer la mise en pages ou la mise en placards, le metteur en pages établit une réglette de hauteur de page.

La page spécimen dont l’épreuve a été soumise à l’auteur ou à l’éditeur est établie, on l’a vu, sur un nombre donné de lignes, interlignées ou non, du texte de l’ouvrage : fréquemment ce nombre est indiqué par l’auteur ou l’éditeur, sans se préoccuper de la longueur qui en résultera pour le volume ; quelquefois il est fonction du nombre de pages à atteindre et n’est fixé dès lors qu’après estimation du manuscrit et composition de la page spécimen. Pour un même format, le nombre de lignes composant une page d’impression est donc essentiellement variable avec la force de corps du caractère, l’interlignage, la hauteur de page indiquée par l’auteur ou donnée par l’estimation.

Toutefois, à titre d’indication tout à fait générale et de simple renseignement, il paraît bon de rappeler ici les hauteurs de page courantes dans les formats les plus usités, ainsi que les justifications les plus habituelles pour ces mêmes formats :

FORMAT JÉSUS
  justification
(en douzes)
hauteur de pages
(en douzes)[5]
In-8 
24 43
In-16 
19 27
In-18 
17 29
FORMAT RAISIN
In-8 
22 39
In-16 
18 25
In-18 
15 26
FORMAT CARRÉS
  justification hauteur de pages
In-4 
31 43
In-8 
18 34
In-12 
17 29
FORMAT ÉCU
In-4 
28 40
In-8 
17 29
In-16 
13 19
FORMAT COURONNE
In-folio 
35 60
In-4 
25 35
In-8 
16 27
FORMAT TELLIÈRE
In-folio 
33 55
In-4 
23 34
In-8 
15 25
FORMAT POT
In-folio 
31 51
In-4 
21 30
In-8 
14 23

a) La réglette est, ordinairement en bois : suivant les habitudes de l’ouvrier, tantôt elle sera égale comme longueur à celle qui sera établie pour la page ou les placards, tantôt elle débordera d’une certaine quantité au delà de cette longueur : une encoche marquera, dans ce dernier cas, la hauteur du texte, folio compris (mise en pages) ou non (mise en placards) ; souvent, en effet, la réglette s’établit à double fin : pour les placards et pour la mise en pages.

Certains metteurs, particulièrement lorsque la hauteur de page tombe sur une longueur exacte de cicéro, préfèrent utiliser un lingot de 6, 9 ou 12 points, plutôt qu’une réglette en bois.

b) La confection de la réglette est assez importante pour que quelques lignes lui soient consacrées.

1o  Nombre de metteurs en pages se bornent à l’établir d’après la hauteur donnée sur le plomb par la page spécimen acceptée par l’auteur.

La réglette, appuyée le long de la partie latérale libre du spécimen placé dans une galée, est poussée jusqu’à l’interligne de tête du folio ; elle reçoit une encoche à la rencontre exacte de l’interligne de pied de la dernière ligne ou, le cas échéant, du bord extrême du lingot formant ligne de pied : c’est la réglette de mise en pages ; pour la réglette de mise en placards, l’encoche est faite en poussant la réglette jusques et y compris l’interligne de tête de la première ligne (le folio et le blanc qui le suit exclus). Cette méthode est un peu empirique : la longueur de réglette ainsi obtenue est en effet plus ou moins exacte : elle est modifiée suivant que le metteur exerce sur la page une pression plus ou moins forte, elle change également selon l’élasticité de la page, variable avec le nombre de lignes, la force de l’interlignage et la longueur du texte.

2o  De toute nécessité, pour obtenir une réglette de longueur rigoureuse, il est indispensable de recourir à une opération mathématique des plus simples.

Supposons que l’on veuille établir la réglette d’un volume de format raisin. La page spécimen établie sur les indications de l’auteur ou de l’éditeur comporte : l’interligne de tête de 3 points au-dessus du folio, le folio lui-même composé en petites capitales de corps 10, le blanc séparatif du texte et du folio de 9 points, 36 lignes de texte en corps 10 interligné à 3 points, l’interligne de 3 points de pied, enfin la ligne de pied.

Le calcul de la réglette se fait de la manière suivante :

Interligne de tête 
 003 points
Folio 
 010 xxxx
Blanc du folio 
 009 xxxx
Texte : 36 lignes en corps 10 
 360 xxxx
Interlignage : 35 interlignes de 3 points 
 105 xxxx
Interligne de pied 
 003 xxxx
Ligne, de pied : 1 douze 
 012 xxxx

Total 
 502 points

Cette hauteur de 502 points donne 41 cicéros 10 points, longueur d’après laquelle devra être très rigoureusement calculée la réglette.

Le procédé est simple et à la portée de tout ouvrier ; de plus, il est, on le comprend sans peine, d’une précision absolument irréprochable.

c) La confection de la réglette, nécessaire à la mise en placards s’exécute de la même manière : seuls ne figurent point dans le calcul le nombre de points du folio non plus que celui de son blanc qui n’existent pas dans ce travail.

d) Il est indispensable que cette réglette soit conservée avec soin. Lorsque le travail subit une interruption ou se compose d’un certain nombre de volumes, pour la retrouver plus aisément, le metteur y inscrit à l’encre le titre du labeur, le nom de l’auteur, ou telle autre désignation conventionnelle.


VI

MISE EN PLACARDS


Pour commencer sa mise en pages ou sa mise en placards, le metteur réunit lui-même ou se fait préparer, à proximité de son rang, sur un marbre, ou sous son rang même, et dans l’ordre donné par les copies, les compositions corrigées dont il aura besoin.

Autant que possible, les différentes fractions de ces compositions sont disposées dans l’ordre où le metteur aura à les employer, afin de lui éviter toute finisse manœuvre.

a) L’usage s’est établi, dans toutes les imprimeries, de fournir en placards, lorsque l’auteur le désire, les premières épreuves d’un livre.

On appelle placards la réunion en paquets, ou en colonnes de longueurs égales, des diverses compositions d’un même travail : les placards sont en paquets, si les épreuves sont faites la composition seulement ficelée et placée sur porte-page ; ils sont, au contraire, en colonnes, si la composition est imposée.

La mise en placards est, en quelque sorte, la préparation de la mise en pages ; ces deux opérations exigent donc, à quelque chose près, le même travail et le même soin.

Les placards ne comportent ni signatures, ni titres courants, ni folios ; toutefois, le titre abrégé du volume, ou le nom de l’auteur, ou une autre indication conventionnelle, figurent en tête de la première page de chaque série ; ils sont accompagnés d’un chiffre donnant, le numéro d’ordre du placard :

xxxxxxxxxxxxxxxx Jurispr. commentée,xx Pl. 1
Dict. encyclop., Pl. 1
Gramm. franc., Pl. 2

Si les placards sont conservés en paquets, ces diverses indications sont répétées, et de manière très apparente, sur le porte-page du premier paquet de chaque placard.

Quelques maisons emploient également le système de la fiche volante, dont une extrémité est glissée entre deux compositions, alors que l’autre tombant verticalement laisse apparaître très nettement les indications nécessaires.

Dans nombre d’imprimeries, il est d’usage courant de glisser dans la ligature de chaque page, en les maintenant par quelques cadrats, les chiffres de pagination : ce procédé a l’avantage, au cas d’une interversion dans l’ordre des paquets, d’éviter à l’auteur des recherches inutiles.

Le numéro d’ordre des placards imposés est reporté à la craie au revers de la composition.

b) Le plus généralement les épreuves sont tirées sur feuilles in-plano, à raison de huit pages par feuille, en paquets, dans l’ordre suivant :

  1 2 3 4  
5 6 7 8


de préférence à celui-ci que recommandent pourtant un grand nombre d’auteurs, et qui est utilisé plutôt pour les placards en colonnes :

  1 3 5 7  
2 4 6 8

Le papier est partagé en deux fractions dans le sens de la hauteur ; dans le sens de la largeur, en quatre parties ; la composition est placée respectivement au milieu de chacune de ces fractions ou parties. Les marges qui encadrent le texte sont dès lors assez importantes et suffisent simplement aux corrections, aux modifications ou aux ajoutés de l’auteur.

c) Lorsque les remaniements apportés au texte sont importants et obligent le metteur à augmenter le nombre des paquets d’une feuille d’épreuve, il est d’usage de ne modifier en rien la numération primitive des paquets ou des placards : les placards et les paquets supplémentaires empruntent, le cas échéant, au précédent, son numéro d’ordre, auquel vient s’ajouter, à titre de signe distinctif, la mention : bis, ter, quater, ou toute autre désignation : lettres italiques : a, b, c, d, etc. ; lettres grandes capitales : A, B, C, D, etc.

d) Le mécanisme de la mise en placards est en tout semblable à celui de la mise en pages, plus élastique toutefois.

Le paquet est placé dans la galée de mise en pages sur le bord latéral gauche, le porte-page enlevé ; il est délié et poussé à fond vers la partie latérale en même temps que vers la tête[6] de la galée ; le texte est dressé en le frappant du bout des doigts de la main droite et en appuyant légèrement la main gauche vers le pied qui est libre.

Le metteur examine chacun des feuillets du manuscrit. Les titres sont placés accompagnés du blanc qui leur est nécessaire ; les intercalations, quelles qu’elles soient, sont mises en place. Les alinéas du manuscrit et ceux de la composition sont sommairement comparés pour assurer leur concordance et éviter une interversion ou une erreur toujours possible. Pour les mises en placards il n’est pas d’usage de rectifier la numération des renvois, non plus que celle des notes : ce travail est exécuté, seulement lors de la mise en pages : mais les notes auxquelles les appels renvoient sont placées en bas de pages, après le blanc séparatif du texte : cette disposition est préférable à celle de l’intercalation dans le texte, près de l’appel, qui coupe le discours.

De manière générale, il n’est pas coutume, non plus, d’intercaler, dans les placards, les figures destinées à illustrer le texte ; on se contente d’épingler sur les marges, à l’endroit voulu, une épreuve de la gravure ; plus simplement même, on se borne fréquemment à adresser à l’auteur une épreuve générale de tous les clichés à utiliser : l’auteur indique à l’aide de cette épreuve, ou du fumé du graveur, l’emplacement qu’il désire voir occuper par chaque figure. Les légendes sont insérées dans les placards ; au cas contraire, elles sont répétées par l’auteur sur l’épreuve ; d’autres fois le manuscrit est retourné avec les épreuves, et le metteur doit s’y reporter pour ces divers travaux.

e) La mise en placards a le grand avantage de faciliter, de préparer l’opération de la mise en pages : le metteur se trouve en effet, au moment d’exécuter celle-ci, en présence d’un travail dont la plus grande partie a été faite antérieurement : les titres, les blancs, les intercalations diverses, les tableaux, les notes, etc., sont en place et n’exigent alors de la part de l’ouvrier aucune attention particulière.

Toutefois, la mise en placards présente une disposition de l’ensemble que l’on peut dire provisoire : on n’y rencontre, on l’a vu, ni folio, ni titre courant, ni signature ; les paquets peuvent varier légèrement de longueur, pour éviter une ligne creuse en tête de page, pour conserver un renvoi et sa note dans le même paquet, pour supprimer l’isolement d’une ligne fin de citation, etc. Ces différences n’ont aucune importance ; elles s’accentuent d’ailleurs fréquemment, si plusieurs épreuves successives sont fournies en placards, à la suite des corrections, des changements de texte effectués par l’auteur qui possède la plus grande liberté pour les modifications qui lui paraissent nécessaires : dans les corrections de placards on évite en effet les rejets de lignes, les chasses de texte, en un mot toutes « les combinaisons dispendieuses » auxquelles on a recours, lors de la mise en pages ou des corrections de mise en pages, pour rester en feuille.

Mais, pour qu’il puisse retirer un réel profit de la mise en placards, il est indispensable que le metteur en pages s’astreigne à respecter, lors de l’exécution de ce travail, la plupart des règles concernant les blancs des titres, les intercalations, les tableaux, les notes, auxquelles il devra se conformer ultérieurement pour sa mise en pages.

Les paquets en placards reçoivent en pied, suivant les usages de la maison, une interligne forte ou un douze ; puis, après avoir été liés et placés sur un porte-page, ils sont placés sous le rang, dans l’ordre où ils sont exécutés, par piles soit de huit pages, soit de quatre pages.


VII

MISE EN PAGES


Pour la mise en pages, le metteur place d’abord, en tête de la galée, le folio ou titre courant de la page qu’il va monter, puis le blanc séparatif du texte. Le paquet de composition ou le placard est posé sur la galée, délié après enlèvement du porte-page, rapproché du blanc et bien dressé.

a) Le metteur applique la réglette, le long du bord libre de la composition ; il la maintient à l’aide de l’extrémité des doigts de la main droite, le pouce en dessus. Si la composition déborde au delà de la longueur voulue, il écarte légèrement la réglette, et à l’aide des deux mains, les pouces s’intercalant entre deux lignes de texte pour opérer la coupure, il repousse, suffisamment pour n’être point gêné et ne causer aucun accident, la partie excédante vers l’extrémité de la galée. Lorsque le texte, au contraire, est insuffisant, le metteur prend le paquet suivant qu’il pose sur la galée, délie et dispose comme précédemment, afin d’arriver au nombre de lignes nécessaires. Lorsque la composition est compacte, pour éviter de mettre en pâte, une interligne est d’abord glissée le long de la première ligne de texte à repousser.

La longueur voulue réalisée, ou plutôt le nombre de lignes exigé atteint, la réglette est à nouveau appliquée près de la composition ; de la main gauche, le compositeur agit fortement sur l’interligne de pied du texte, de manière à comprimer la composition ; de l’œil, en même temps, le metteur s’assure que la longueur de la page est conforme à la longueur indiquée sur la réglette par l’encoche. La moindre différence en plus ou en moins fait l’objet d’un examen attentif : elle peut tenir à des causes multiples dont les plus fréquentes sont imputables à une erreur d’interligne, à un excédent ou à un manque de blanc sous le folio ou avant un titre, à une intercalation de textes en corps différent de celui de l’ouvrage, à un parangonnage, etc.

b) En principe, chaque page doit se terminer par une ligne de pied : la ligne de pied, constituée par un lingot et complétée par des interlignes, doit être égale à la force de corps d’une ligne de texte ; elle est essentiellement destinée, en raison de sa rigidité, à soutenir l’ensemble de la page et à lui conserver son aspect rectiligne.

Généralement, la ligne de pied, remplacée au début de chaque feuille ou de certains cartons, par la signature de la feuille, compte dans la garniture lors de l’imposition : il est donc indispensable d’opérer à ce moment la diminution du blanc qu’elle représente. L’omission de ce retrait serait fort ennuyeuse, en raison de la fausse manœuvre qu’elle, occasionnerait. Aussi maintes imprimeries ont-elles admis, pour éviter tout désagrément, la suppression pure et simple de la ligne de pied ; on emploie en pied de page une interligne forte, en bon état, qui, bien que moins rigide que le lingot, donne cependant de bons résultats. Au contraire de la ligne de pied, cette interligne compte dans la hauteur de page.

c) La page mise de la longueur voulue est soigneusement dressée, puis liée solidement, placée sur un porte-page et déposée sous le rang ou sur le marbre, attendant le moment d’être tirée en épreuves pour le correcteur ou l’auteur.

L’arrangement des pages sous le rang ou sur le marbre diffère légèrement suivant les imprimeries. Ainsi qu’on l’a vu précédemment, les pages sont disposées par piles de 4 ou de 8 pages, rarement plus. Quelques auteurs conseillent surtout l’arrangement en serpentin par 4 pages : dans une feuille in-8, l’ordre apparent est le suivant, lorsque les 16 pages sont terminées :

  16 15 14 13  
09 10 11 12
08 07 06 05
01 02 03 04

Les deux piles extrêmes

  16 13  
09 12
08 05
01 04


comprennent les pages qui, lors de l’imposition, formeront le côté de première ; par contre, les piles du milieu

  15 14  
10 11
07 06
02 03


sont composées des pages du côté de deux. Ces dispositions évitent, le reclassement des pages au moment de la mise sur le marbre.

L’ordre du serpentin serait, le suivant dans une feuille in-18 en un seul cahier :

  36 35 34 33 32 31 30 29 28
19 20 21 22 23 24 25 26 27
18 17 16 15 14 13 12 11 10
01 02 03 04 05 06 07 08 09


et dans une feuille in-12 dont l’imposition serait prévue pour une pliure en un seul carton sans coupure :

  24 23 22 21 20 19
13 14 15 16 17 18
12 11 10 09 08 07
01 02 03 04 05 06

Il faut, convenir, toutefois, que, cet arrangement par 4 pages exige un emplacement assez considérable s’il s’agit de labeurs de quelque importance. Nombre de maisons, pour obvier à cet inconvénient, préfèrent les piles de 8 pages :

  16 15  
13 14
12 11
09 10
08 07
05 06
04 03
01 02


où les pages se trouvent, pour un in-8, groupées dans chaque pile par côté d’imposition ; pour un in-12, les trois piles sont dès lors constituées comme suit :

  24 23 16
21 22 15
20 19 14
17 18 13
08 07 12
05 06 11
04 03 10
01 02 09


la troisième pile devant, dans ces conditions, être remaniée lors de l’imposition.

Quelle que soit la méthode acceptée, il importe surtout qu’elle facilite non seulement le travail du metteur et, ultérieurement, de l’imposeur, mais aussi celui du corrigeur ; et c’est pour atteindre ce dernier but que certaines imprimeries préfèrent parfois l’arrangement tout simple des pages dans l’ordre où elles sont terminées :

  08 16  
07 15
06 14
05 13
04 12
03 11
02 10
01 09


laissant au corrigeur, ou encore à l’imposeur, le soin d’établir la classification des pages par piles de côtés.


VIII

RÈGLES DE MISE EN PAGES


Le metteur en pages, en même temps que bon ouvrier, doit être aussi homme « de goût et de logique ». Il donnera la mesure de ses connaissances techniques par une observation rigoureuse des règles typographiques, au cours de la construction du monument qu’il a été chargé d’élever. Il se révélera homme de goût par la disposition qu’il donnera à son œuvre, par l’ornementation dont il l’agrémentera à bon escient. Enfin, il fera preuve de logique si, après s’être fixé à lui-même une règle précise, il ne se laisse détourner par quoi que ce soit des obligations qu’il s’est ainsi volontairement imposées.


blancs


La répartition régulière des blancs est assurément l’une des causes qui contribue le plus à donner au livre son aspect harmonieux ; le rapport qu’ils présentent entre eux, suivant l’importance des divisions auxquelles ils appartiennent, la symétrie qui doit être la règle primordiale de leur disposition aident grandement à fortifier dans l’esprit du lecteur cette impression de beauté et d’unité.

1. Les blancs varient d’importance suivant le format et la justification du volume, l’interlignage du texte, la force du caractère et l’importance de la division elle-même.

2. Les blancs des titres de même valeur, dans une même page, doivent être rigoureusement semblables.

3. Entre les différents titres, il est indispensable de garder pour les blancs des proportions régulières ; ces blancs, une fois fixés, sont conservés pour toutes les divisions analogues, « à moins que les exigences de la mise en pages ne s’y opposent ».

S’il est nécessaire de tricher, c’est-à-dire de modifier accidentellement les proportions établies, cette exception à la règle se fera avec une apparente régularité : dans une page tous les blancs se trouveront modifiés de telle façon qu’ils conservent, aux yeux du lecteur, leur aspect habituel l’un par rapport à l’autre.

4. Dans un travail à disposition classique, il est d’usage de réserver, pour les divisions tombant en page, le tiers environ de la page pour les titres et le blanc qui les accompagne.

Dans ce blanc, il faut comprendre les titres en petits caractères, pourvu que ces titres n’aient pas plus de trois ou quatre lignes d’étendue.

5. Tout au contraire, les sous-titres ou sommaires détaillés sont plutôt considérés comme partie intégrante ou dépendante du texte : on les fait dès lors rentrer dans la partie de la page réservée au texte. Toutefois, en raison, le cas échéant, d’une étendue anormale de ces sommaires, on restreint légèrement la partie réservée aux titres, en diminuant leurs blancs.

6. Les titres ou divisions secondaires placés en vedette au cours du texte sont précédés et suivis d’un blanc qui les isole du texte.

7. Dans le calcul du blanc de séparation avant et après un titre en vedette, on tient compte du blanc produit par la dernière ligne de l’alinéa précédent, lorsque cette ligne ne se compose que d’un ou de quelques mots.

8. Le blanc placé sous un titre en vedette appelant un texte doit être, selon son importance, inférieur de 3, 4 ou 6 points au blanc placé au-dessus de ce même titre.

9. De manière générale, d’ailleurs, un titre, quel qu’il soit, est toujours plus près du texte auquel il appartient.

Dans ces différents cas, le compositeur tiendra compte du talus des lettres intéressées par le blanc.

10. Les citations, les intercalations en caractères différents de celui du texte, guillemetées ou non, sont précédées et suivies d’une ligne de blanc.

11. Le blanc qui précède une intercalation, une citation, etc., sera plus faible que le blanc qui les suit : cette différence indique la dépendance de la citation par rapport au texte proprement dit.

12. Les traductions qui accompagnent les citations ou les intercalations sont séparées de celles-ci par un blanc moindre que celui qui accompagne le texte proprement dit.

13. Les alinéas précédés d’un titre, en caractères différents de celui du texte, — italique, gras, petites capitales, — et faisant corps avec l’alinéa lui-même, sont généralement isolés de l’alinéa précédent par une ligne de blanc.

14. Les alinéas portant en caractère gras, italique ou petites capitales, une numération qui les classe en paragraphes sont fréquemment précédés d’une ligne de blanc.

15. Dans la poésie, les strophes ou couplets sont habituellement détachées l’une de l’autre par un blanc égal à une ligne de texte plus l’interligne.

16. Les folios et les titres courants sont isolés du texte par un blanc déterminé suivant le format du volume, la hauteur de la page et la justification.

17. Les gravures sont séparées du texte par un blanc proportionné à leur importance, au format du volume, au caractère et à la hauteur de la page.

18. Le mot fin, les vignettes et culs-de-lampe terminant une division ont avant eux un tiers de blanc en moins qu’après.


folios et titres courants


Au sens strict du mot, le terme folio s’applique exclusivement au numéro qui règle l’ordre suivant lequel chaque page se présente dans un volume[7].

Le texte qui accompagne le folio est appelé titre courant.

Dans la pratique, on désigne abusivement sous le nom de folio la ligne de composition comprenant le titre courant et le numéro de la page.

1. De manière générale, toute page de texte possède soit en tête, soit en pied, un folio, accompagné ou non d’un titre courant.

2. Toutefois, les pages de titres, de faux titre, de dédicace, la première page d’un avant-propos, d’une préface, du texte, les pages comportant des titres de divisions générales commençant en page ou en belle page, ainsi que les pages blanches ne reçoivent ni folio ni titre courant.

3. La pagination compte à partir de la première page de texte.

4. Les titres, faux titres, dédicace, avant-propos et autres parties n’appartenant pas au texte proprement dit ne comptent pas habituellement dans la pagination régulière.

5. Dans les ouvrages courants, la numération des pages est habituellement composée :
xxxxa) S’il s’agit du texte, en chiffres arabes ;
xxxxb) S’il s’agit d’une préface ou d’une division dont la pagination n’est généralement pas comprise dans le foliotage ordinaire des volumes, en petites ou en grandes capitales et aussi parfois en lettres italiques bas de casse.

6. Lorsqu’une partie d’un travail comprend des titres courants et qu’une autre n’en comporte pas, le folio dans ce dernier cas se met au milieu de la ligne ; toutefois, si la suppression du titre courant est simplement occasionnelle et ne porte que sur quelques pages, la place du folio ne doit pas être modifiée.

7. Les folios sont composés avec les chiffres du type de caractère choisi pour le titre courant, lorsqu’ils accompagnent ce titre courant ; au cas contraire, leur force de corps correspond au format de l’ouvrage.

8. Les folios sont placés, pour les pages paires, sur la gauche du titre courant, et, pour les pages impaires, sur la droite, c’est-à-dire toujours près des marges extérieures.

9. S’il n’existe pas de titre courant, le folio se met au milieu de la justification entre deux tirets ou deux vignettes légères appropriées au cadre du travail ; un blanc de ½ cadratin au moins sépare les chiffres de chaque tiret ou vignette.

Il faut reconnaître cependant que ces règles subissent de nombreuses exceptions, ainsi qu’on va le voir.

10. Assez fréquemment — même lorsque la page comporte en tête un titre courant — le folio est rejeté en bas de page ; dans ce cas, il est composé soit au milieu de la justification, soit vers la marge extérieure, et les chiffres sont accompagnés de chaque côté de tirets ou vignettes.

11. Les folios figurant en tête de page, non accompagnés d’un titre courant, sont souvent composés du côté des marges extérieures, et un filet gouttière ou une vignette légère commence et termine la justification :

105
106

12. Dans les pages comportant des tableaux, des opérations, des gravures débordant accidentellement au delà de la justification, le folio et le titre courant sont composés sur la justification courante du volume.

13. Habituellement, le titre courant se compose au milieu de la justification en négligeant le folio, celui-ci étant compris dans le blanc de côté ; parfois cependant, et de plus en plus, semble-t-il, dans maints travaux, les titres courants sont reportés à l’extrémité de la justification opposée au folio, le blanc se trouvant placé entre ce dernier et le titre courant.

14. Le texte du titre courant est indiqué, suivant les circonstances, par l’auteur ou l’éditeur, souvent aussi par le prote, lors de la remise du spécimen :

a) Le titre courant peut se répéter le même à toutes les pages du volume :

46 L’ENFER DE DANTE  
  L’ENFER DE DANTE 47

b) Il peut, au contraire, être différent, suivant qu’il s’agit du folio pair ou du folio impair : 1o  le titre courant du folio pair (ordinairement composé du titre du volume) se conservant à toutes les pages paires ; 2o  celui du folio impair changeant avec chaque division, chapitre ou section principale :

18 CONTES DU CHANOINE SCHMIDT  
  LE BOHÊME 19


3o  le titre d’une division principale formant le folio pair ; 4o  celui d’une section secondaire, le folio impair : l’un et l’autre de ces titres courants étant modifiés à chaque division nouvelle :

22 MISE EN PAGES  
  TITRES COURANTS ET FOLIOS 23
24 CORRECTION
  CORRECTION EN GALÉE 25


5o  le nom de l’auteur (surtout dans les revues) composant le titre courant pair ; 6o  le titre de l’article ou de l’étude figurant au folio impair :

46 L. GUILLET  
  L’AFFINAGE DES MÉTAUX 47

c) Généralement, dans les codes, au libellé du titre courant est joint le numéro du chapitre ou de la section :

32 CHAP. VI. — LES ÉTANGS  
  SECTION I. — CURAGE DES ÉTANGS 33

d) Dans les ouvrages à deux colonnes, dont chacune comporte un folio, la première colonne reçoit le folio impair, et la seconde le folio pair ; dans ces cas, le titre courant est composé au milieu de la justification :

77 LES PRINCIPES ACTUELS DU DROIT CIVIL 78
Dans sa volonté et son désir de mettre constamment en conformité avec, les exigences de la vie contemporaine notre législation dont

e) Dans ces mêmes travaux, le folio se compose à cheval sur le filet ou le blanc séparatif des deux colonnes et entre deux tirets ou moins, lorsque chacune des colonnes possède son titre courant particulier :

LES TESTAMENTS — 102 — LEURS FORMES
Les Romains auxquels nous avons emprunté la plupart des dispositions qui régissent actuellement la matière avaient posé des règles fort

15. Lorsque le libellé du titre courant est long, et qu’il est difficile de faire entrer celui-ci dans la longueur disponible en justifiant également le côté folio pair et le côté folio impair, on peut tricher légèrement sur le blanc opposé aux chiffres.

16. La coupure d’un titre courant portant sur deux folios à raison de son étendue doit toujours être rationnelle et avoir un sens, sans égard à la longueur parfois inégale des lignes de chaque fraction du titre courant.

Un titre courant bien coupé sera le suivant :

2 HENRI IV  
  ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE 3


alors que la disposition ci-dessous :

2 HENRI IV, ROI DE  
  FRANCE ET DE NAVARRE 3


malgré la longueur presque égale de ses deux fractions, sera un non-sens, en même temps qu’une faute de goût.

17. La modification d’un titre courant réparti, par suite d’une coupure, sur une page paire et sur une page impaire, s’impose si le titre courant et le folio de l’une des pages viennent à être supprimés, soit par suite d’une gravure, d’un tableau occupant toute la hauteur de page, soit en raison d’une division à mettre en belle page. Le titre courant

18 CONSIDÉRATIONS SUR LA GRANDEUR  
  ET LA DÉCADENCE DES ROMAINS 19


sera modifié sur une seule ligne de la manière suivante, si l’emplacement dont le compositeur dispose l’y oblige :

18 GRANDEUR ET DÉCADENCE DES ROMAINS  

18. Les références jointes à un folio ou à un titre courant sont composées en petits caractères et reportées, entre crochets, au côté de la justification opposé au folio :

108 ADDITION [Élève, p. 22]
[Élève, p. 35] SOUSTRACTION 115

19. Si le folio est placé au milieu de la justification entre deux moins ou entre deux vignettes et si le titre courant n’existe pas, la référence figure tantôt à droite s’il s’agit d’un folio impair, tantôt à gauche si le folio est pair :

  — 105 — [Élève, p. 70]
[Élève, p. 111] — 106 —

Dans ce même cas, c’est-à-dire avec un folio composé au milieu de la justification, il peut arriver que le titre courant soit demandé par l’auteur : le texte est alors composé, à droite s’il s’agit d’un folio impair, à gauche si le folio est pair ; la référence s’oppose au titre courant :

ADDITION — 110 — [Élève, p. 72]
[Élève, p. 73] — 111 — ADDITION

20. Lorsque le volume comporte un titre courant variable, ce titre doit être modifié à la page même dans laquelle le changement de la division a lieu ou à la page la plus rapprochée possible.

21. Dans les dictionnaires, les tables, les glossaires, les dispositions adoptées sont assez nombreuses :

a) Généralement le titre courant comporte le premier mot de la première colonne et le dernier mot de la dernière colonne.

b) Certains auteurs exigent le dernier mot de chaque colonne : cette disposition facilitant mieux les recherches du lecteur qui au premier coup d’œil voit le point extrême où, dans la page, peuvent s’arrêter ses recherches.

c) Suivant les conventions, d’autres fois le titre courant n’est composé que des premières lettres, soit du mot initial, soit du terme final de chaque colonne.

d) Lorsque les dictionnaires comportent plus de deux colonnes :

1o  Le folio est composé vers la marge intérieure, ou vers la marge extérieure ; le titre courant occupe, l’extrémité libre de la justification :

105 ACAR — ACCO

2o  Le folio est composé au milieu de la justification ; les titres courants sont placés au début et à la fin de celle-ci :

ACAR — 105 — ACCO

3o  Chaque colonne, comporte son titre courant placé, au milieu de sa justification propre ; le folio est reporté au bas de la page, soit au milieu de la justification, soit vers la marge extérieure :

ACAR ACAS ACCA ACCO
L’origine de cette locution, dont il est difficile d’ex-pliquer l’étymolo- gie n’a pu être démontrée par au- cun des grammai-riens qui s’en sont
— 105 —

4° Le titre courant est placé au milieu de la justification, et le folio composé à l’extrémité, vers la marge extérieure :

  ACAR — ACCO 105

5° Parfois, par simple raison d’esthétique, le folio est répété, c’est-à-dire figure au début et à la fin de la justification :

105 ACAR — ACCO 105

22. Un blanc est placé sous le folio et le sépare du texte : ce blanc varie suivant le format du livre, le caractère employé, la justification, la hauteur de page et l’interlignage : il va de 6 points à 1 cicéro.

23. Dans la poésie ou la prose, si un titre ou des noms de personnages se rencontrent en ligne de milieu sous le folio, le blanc du folio doit être augmenté sensiblement du blanc propre à ce titre lui-même ou aux lignes d’interlocuteurs.

24. Parfois le titre courant est accompagné d’un filet tremblé ou, plus simplement, d’un filet maigre droit :

32
MOLIÈRE ET LA FONTAINE


d’autres fois, il est placé entre deux filets maigres droits ou tremblés :


36
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

25. Les types de caractères utilisés pour la composition des titres courants sont fort variables : pour les grands formats, on emploie des grandes capitales de corps 9 ou 10, plus rarement 8 ; avec les formats moyens, les petites capitales de corps 10, 9 ou 8 ont les préférences, et parfois les grandes capitales de corps 7 ou 6 ; dans les petits formats, on se sert, plus fréquemment des petites capitales de corps 8 ou 7 et moins souvent de corps 6.

De manière générale, ces caractères sont de même famille que ceux du texte du labeur. Cependant, pour un périodique par exemple, ils diffèrent parfois, soit que l’éditeur reproduise exactement, dans des proportions déterminées, en titre courant le titre original de la revue, soit que par fantaisie il crée un dessin particulier, soit enfin qu’il veuille frapper les yeux par une disposition spéciale.

Pour chaque volume, le metteur en pages reçoit à ce sujet, avec la page spécimen, les instructions nécessaires, selon les indications de l’éditeur ou de l’auteur.

26. Il est bon, toutefois, de choisir ce caractère de manière à éviter une confusion possible entre un titre courant et un titre division de l’ouvrage, au cas où le libellé de la division viendrait à se trouver immédiatement sous un titre courant. Dans ce but, quelques maisons emploient l’italique pour la composition des titres courants de certains volumes :


24
Les Animaux et les Fables

27. L’usage du point final, qui était général autrefois dans la composition des titres courants, disparaît de plus en plus : les seules ponctuations utilisées sont celles dont l’emploi est nécessité par le texte (point d’interrogation et d’exclamation) ou indispensable pour l’intelligence du titre courant.


TEXTE


1. L’emplacement occupé, par le texte après un titre de chapitre, de partie ou de division principale est généralement des deux tiers de la hauteur de la page.

2. Les divisions générales d’un labeur sont en page, si elles sont placées indifféremment, telles qu’elles se présentent, en page paire ou impaire.

3. Ces divisions sont en belle page, si elles commencent toujours en page impaire ; une page blanche suit, s’il est nécessaire, le texte de la division précédente qui se terminerait à une page impaire.

4. Les divisions d’un travail à commencer en belle page ne sont pas toujours, obligatoirement, précédées d’une page blanche :
xxxxa) Le texte d’une division peut se terminer en page paire : le texte de la division suivante commencera immédiatement à la page qui suit — page impaire, — bien que celle-ci ne soit précédée d’aucun autre blanc que celui terminant la page précédente.
xxxxb) Si, au contraire, le texte se termine en page impaire, à l’aide de garnitures on établit une page formant la page paire qui dès lors sera blanche à l’impression, et le texte reprend, avec le début de la division, en belle page, c’est-à-dire à la page impaire suivante.

5. Le faux titre, le grand titre, le titre de départ sont toujours en belle page.

6. La dédicace d’un livre, l’avant-propos, l’avis ou l’avertissement au lecteur, la préface, les tables des matières, les index, s’établissent généralement en belle page.

7. Le début du livre — c’est-à-dire le commencement du texte proprement dit, qu’il soit ou non précédé du titre de départ ou de la numération et du titre d’une division, — se place en belle page.

8. Les faux titres qui parfois précèdent les grandes divisions sont placés en belle page ; une page blanche forme le verso de ces faux titres ; et la division elle-même est également placée en belle page. 

9. La page qui précède une division tombant en page ne devrait jamais, à moins de circonstances exceptionnelles, être entièrement remplie par le texte : un blanc d’au moins quatre ou cinq lignes, suivant le format et l’importance du caractère, existera en pied de celle-ci.

10. Les pages de fins de chapitres, de sections, de parties ou d’autres divisions générales doivent comprendre un nombre minimum de lignes au-dessous duquel il n’est pas permis de descendre sans nuire au bon aspect de la page, que la division suivante soit rejetée simplement en page ou, à la demande de l’auteur, en belle page :
xxxxa) Dans les labeurs de petits formats, les fins de chapitres ne comprendront jamais moins de quatre lignes ;
xxxxb) À moins d’impossibilité matérielle absolue, pour les labeurs de formats moyens, la longueur du texte sera supérieure à quatre lignes ;
xxxxc) Avec les grands formats le nombre de lignes sera proportionnel au format lui-même.

11. L’ensemble des lignes qui dans ces conditions terminent les différentes divisions est appelé queue[8]. Le blanc qui suit le texte est parfois laissé sans aucun ornement ; souvent il est garni d’un filet ou couillard plus ou moins orné ; plus rarement il porte un motif important, cul-de-lampe, vignette ou dessin spécialement créés d’après le texte.

12. On nomme coupure, en typographie, l’action de séparer, en bas de page ou de colonne, une partie d’un texte, d’une opération ou d’un tableau, pour la reporter à une page ou à une colonne suivante.

Une coupure est dite bonne ou mauvaise, suivant qu’elle est ou non faite conformément aux règles typographiques.

13. Dans les notices biographiques ou nécrologiques comprenant quelques lignes (en gros caractères et en sommaire) relatives à l’état civil, à l’âge, etc., des personnes, ainsi qu’un résumé des états de service (en plus petits caractères, composé en alinéa dont la justification est renfoncée de 1 à 2 cadratins sur la justification totale), la coupure ne doit pas être faite entre les deux fractions ; mais, suivant les possibilités, deux lignes au moins de l’une des parties doivent accompagner le texte de l’autre : une ligne de blanc est jetée entre l’état civil et le résumé.

14. Une tête de colonne, un début de page ne commencent jamais par une fraction de ligne formant fin d’alinéa ou ligne creuse.

La ligne creuse, ou ligne boîteuse, est une ligne dont le texte n’occupe qu’une partie de la justification ; on appelle également cette ligne ligne à cadrats.

15. La mise en pages tombe mal chaque fois qu’un texte formant fin d’alinéa, sans remplir entièrement la justification, se présente pour être placé en tête de page ou de colonne. Ce défaut se rencontre particulièrement dans les labeurs à alinéas courts et fréquents, tels nombre de travaux littéraires.

Pour parer à cet inconvénient, le metteur prépare dans sa galée la matière de plusieurs pages, s’assure de la coupe, plutôt de la chute, de chacune d’elles, et lie successivement, l’une et l’autre si aucune difficulté ne se présente ; avant d’attacher la dernière page, le metteur reprend une nouvelle quantité de texte dont il vérifie la coupe comme pour les pages précédentes.

Si la coupe tombe mal, une modification s’impose :
xxxxa) En gagnant, on ramène la ligne creuse, à la page précédente : si dans les pages précédentes il se rencontre des titres, on diminue leurs blancs d’une quantité égale à celle de la force de corps de la ligne à gagner ; on casse, c’est-à-dire on supprime une fin d’alinéa comprenant, rejetées en ligne creuse, plusieurs syllabes, qu’un remaniement fait rentrer dans les lignes précédentes.
xxxxb) En chassant, on rejette en tête de page la dernière ligne, pleine, de la page précédente : on augmente les blancs des titres, des alinéas, des notes ; on fait une ligne en plus, en espaçant plus fortement quelques lignes d’un alinéa dont la dernière est déjà pleine ou presque pleine.
xxxxc) Dans l’impossibilité où il se trouve d’utiliser l’un ou l’autre de ces divers artifices, le metteur reporte, au-dessus de la ligne courte, la dernière ligne de la page précédente et remplace celle-ci par un blanc de valeur égale comme force de corps ; une note spéciale inscrite sur l’épreuve prévient le correcteur ou l’auteur qui, s’il le juge utile, modifie sa rédaction pour remédier au défaut signalé.
xxxxd) Lorsqu’aucun des artifices indiqués ici n’est possible et que l’auteur refuse d’apporter à son texte une disposition nouvelle, le metteur en pages examinera la possibilité d’avoir ou deux pages longues ou deux pages courtes.

16. Les pages courtes ou longues s’établissent de préférence en regard l’une de l’autre, et non point l’une derrière l’autre, comme le veillent nombre de typographes. Th. Lefevre estime que « la différence de longueur de deux pages en regard est beaucoup plus sensible à l’œil, quand on ouvre un volume, que le foulage de la ligne en plus qui résulte d’une page longue sur une page courte, surtout si le papier doit être satiné ».

L’objection paraît un peu spécieuse : si l’on peut admettre qu’elle est vraisemblable pour un texte dont la force d’œil et l’interlignage sont importants, il faut bien reconnaître qu’elle n’est d’aucune importance pour un caractère de corps moyen et surtout faible. D’autre part, quelque précaution que l’on prenne lors du tirage, le foulage de la page longue sera toujours visible sur la page courte, et incontestablement le lecteur se rendra compte de l’artifice ; d’ailleurs, de nos jours, il n’est plus possible d’invoquer le satinage. Enfin, une différence de pliage, toujours possible, annulera la régularité escomptée des deux pages en regard.

17. Dans les textes à plusieurs colonnes, alignements, tables des matières, catalogues, index, etc., on applique, en ce qui concerne les lignes de tête de chaque colonne, les règles précédentes.

18. Une ligne pleine, dont le texte termine un alinéa, peut figurer en tête de page, si le texte suit immédiatement par un nouvel alinéa.

19. Une règle assez suivie autrefois ne permettait pas de terminer une page par une ligne creuse dont le dernier mot était suivi d’un deux points, surtout lorsque le texte appelé par le deux points (:) comportait en tête de la page suivante une énumération, avec 1o , 2o , a), b), etc.

De nos jours, on se préoccupe moins de cette prescription, sauf lorsqu’il s’agit d’un tableau, d’un alignement, d’une opération en vedette, etc.

20. Une syllabe muette fin d’un mot coupé à la page précédente ne peut se trouver en tête de page, à la première ligne : on remanie le texte pour supprimer la division, soit en rentrant la syllabe muette dans la ligne précédente, soit en reportant à la ligne suivante le début du mot.

Nombre d’auteurs, surtout s’il s’agit de labeurs de luxe, proscrivent le rejet en tête de page des syllabes finales d’un mot coupé à la page précédente.

21. On ne doit pas couper une page après un texte ordinaire ou courant qui précède et appelle une citation ou une intercalation en petit texte (même en se servant de la ligne de blanc) ; le metteur remaniera la mise en pages pour amorcer une ou deux lignes de citation qui accompagneront le texte, ou reportera au moins une ligne pleine de texte à la page suivante.

Sauf exception, qui ne se justifiera qu’à la lecture du texte, une citation peut terminer une page, sans que le metteur ait à se préoccuper de la suite, surtout si celle-ci est du texte courant.

22. Dans la mise en pages, le metteur ne jettera jamais d’interligne supplémentaire aux alinéas. Cet artifice est d’un médiocre effet ; si un ouvrage comporte des pages entières de texte sans aucun blanc, ce n’est qu’à défaut d’autre moyen d’équilibrer les pages qu’on doit se résoudre à ce pis-aller : on doit alors choisir les fins d’alinéas presque pleines pour jeter ces blancs supplémentaires, afin de rendre ceux-ci le moins choquants possible.

23. On ne saurait mettre en tête de page une ligne pleine formant fin d’alinéa, si cette ligne est suivie de titres ou de divisions placées en vedette au milieu de la justification :

268
LE QUATTROCENTO


de longs textes à commentaires, de toute sa poésie idéale.

V

Aussi bien, au moins en latin et dans la plupart des autres

24. Les lignes isolées formant alinéa (énumération avec point et virgule ou dialogue), ne comprenant même qu’un seul mot, ne sont pas considérées comme lignes boiteuses et peuvent figurer en tête de page.

25. De même, les lignes incomplètes se composant d’une seule expression, comme on en rencontre de nombreux exemples dans les ouvrages de mathématiques, dans les volumes comportant des citations courtes et nombreuses, dans les travaux de critique littéraire ou poétique, etc., peuvent être placées au début de la page.

26. Dans la poésie la coupure s’effectue de préférence au blanc des strophes ou des couplets.

27. Si on a une citation en vers dans un texte en prose, on ne coupera pas entre le texte prose et la citation en vers.

Si la citation comprend au plus quatre vers, on évitera toute coupure.

28. Dans les ouvrages de poésie, il est d’usage, lors de la composition du spécimen, de choisir une hauteur de pages comprenant un nombre pair de lignes, afin d’éviter la coupure entre des rimes semblables.
xxxxa) Dès lors les rimes de même genre successives doivent se trouver dans la même page. Lorsque la mise en pages tombe mal par suite de l’intercalation imprévue de blancs, on augmente ou on diminue le blanc de chaque strophe, suivant qu’il faille gagner ou chasser pour éviter la mauvaise coupure.
xxxxb) Dans les poésies à rimes croisées, deux rimes de même assonance peuvent être coupées, c’est-à-dire séparées d’une page à la suivante, si la hauteur de page ne permet pas d’agir d’autre sorte.

29. On ne doit jamais faire une coupure entre des termes mathématiques, algébriques ou chimiques constituant une indication d’opération ; à la rigueur et seulement dans le cas d’impossibilité bien constatée de pouvoir agir d’autre façon, on coupera dans un groupe d’opérations dont chacune est suivie d’une virgule.

30. Parmi les coupures de tableaux les unes sont fort rationnelles, les autres impossibles à exécuter sans modifications ou à tolérer : l’ouvrier aura alors recours aux trucs de métier : interlignage, allongement ou raccourcissement des têtes suivant le besoin, disposition différente du titre pour augmenter ou diminuer la hauteur, doublement des colonnes, etc.

Les têtes d’un tableau coupé se répètent au début de la page ou de la colonne sur laquelle se continue le tableau.

31. En principe, les alignements ne doivent pas être coupés ; lorsqu’il est impossible d’éviter la coupure et si l’alignement comporte une tête et un total, le metteur en pages aura à prévoir la ligne À reporter et le total (précédé d’un filet) au bas de la page dans laquelle se présente la coupure ; dans la page suivante, le terme Report suivi des points de conduite et du chiffre sera précédé de la tête répétée en petits caractères.

32. Une opération, un tableau ou un alignement ne peuvent se trouver en tête de page, si le texte qui les appelle se termine par un deux points au bas de la page précédente : opération, tableau et alignement doivent, sauf cas d’impossibilité absolue, être précédés au moins d’une ligne pleine de texte.

33. En raison du coup d’œil désagréable que produirait une telle disposition, on évitera, par un remaniement convenable, que deux pages ou deux colonnes en regard l’une de l’autre soient coupées par des titres placés sur la même ligne horizontale.

34. Dans une table des matières en colonnes, dans un catalogue, dans un prix courant, dans un long alignement, une fin d’alinéa ou de sommaire, prolongée par des points de conduite et terminée après le découvert par des chiffres, est acceptée en tête de colonne.


titres


On désigne généralement sous le nom de ligne perdue, ou encore de ligne en vedette, toute ligne de composition, qui, par sa teneur et sa solution de continuité avec celle qui la précède ou qui la suit, pourrait faire partie intégrante du corps d’un alinéa, mais que l’on détache au milieu de la justification, en une ligne isolée, afin de la rendre ou plus lisible, ou à même d’attirer davantage l’attention du lecteur ; le ou les vers isolés dans un discours sont composés en lignes perdues ; il en est de même des formules ou fractions dans certains travaux.

On place souvent de cette façon, et en caractères qui ressortent, certains mots ou titres d’un discours, d’une circulaire ou autres travaux, si l’auteur ou le client en a manifesté le désir, ou encore si le genre de travail le commande à la perspicacité du typographe.

1. Les titres d’articles, de paragraphes, de sections et, en général, de divisions secondaires, placés en vedette et tombant en bas de page, seront accompagnés d’au moins trois lignes de texte, — deux, si l’interlignage et la force de corps du caractère sont suffisamment importants.

2. Ces mêmes titres, placés au début d’un alinéa de texte et faisant corps avec lui, seront, en bas de page, accompagnés d’au moins une ligne de texte ; — à la rigueur, au cas d’un titre assez long, comprenant deux ou trois lignes, une demi-ligne de texte sera suffisante.

3. Les titres qui ne peuvent être suivis de ce minimum de texte seront reportés à la page suivante ; et la page restera courte.

4. Les sommaires (composés en caractère de corps inférieur à celui du texte), qui accompagnent les divisions générales d’un livre et ont souvent une assez longue étendue, doivent être suivis, en bas de page, de trois lignes de texte, au moins, — de deux à la rigueur si la force de corps ou l’interlignage le permettent.

5. Si le sommaire tombe juste en pied de page et s’il est impossible de gagner en resserrant, on augmente les blancs des titres ; on coupe le sommaire, et on en reporte en tête de la page suivante une certaine fraction, deux ou trois lignes au minimum.

6. L’épigraphe, dont le texte est rejeté vers la fin de la justification, ne se coupe jamais ; lorsqu’il ne peut être suivi de deux ou trois lignes de texte, on le reporte en entier à la page suivante, ainsi que le titre dont il dépend.

7. Une lettre de deux points, une lettrine, un motif de dessin habillés au début d’un alinéa, s’ils se rencontrent en bas de page, seront suivis d’au moins deux lignes de texte.


notes


1. La force de corps des caractères choisis pour la composition des notes est en rapport avec celle du caractère du texte et en même temps avec le format du labeur. On utilise généralement les corps 8, 7 et 6, plus rarement le corps 9. À titre de simple indication, on peut dire que, si le texte est en corps 10 et au dessus, on se sert du 8 ou du 7 ; pour un texte en 9, on emploie le 7 ou le 6 pour les notes ; avec une composition en corps 8, le corps 6 est d’usage fréquent pour les notes.

2. Les notes sont isolées du texte par un blanc ordinairement de la valeur d’une ligne de texte, plus, le cas échéant, la différence de hauteur des notes par rapport à la hauteur la plus approximative du texte, afin qu’au tirage le registre des pieds de page corresponde exactement.

3. La séparation du texte et des notes a lieu également à l’aide d’un filet maigre de longueur égale à celle de la justification, ou encore d’un filet maigre de 4 à 5 cicéros, ou plus, suivant la justification (généralement le quart de celle-ci), placé au début de la ligne.

4. Le blanc placé au-dessus du filet doit être très légèrement inférieur — 2 points au plus — au blanc placé au-dessous, c’est-à-dire du côté des notes. L’ensemble des blancs et du filet équivaut à une ligne de texte régulière plus la différence des notes au texte.

5. Lorsque la place de l’appel de note dans le texte ne permet pas d’intercaler au bas de la page le texte entier d’une note fort longue, l’excédent de la note est reporté à la page suivante.

La coupure de la note a lieu alors, s’il est possible, en deux fractions égales, particulièrement si les deux parties se trouvent placées sur des pages en regard l’une de l’autre.

Au cas où cette disposition est irréalisable, la partie la plus longue sera de préférence dans la page où se rencontre l’appel de note.

6. Les notes portant sur deux pages sont coupées au milieu d’une phrase, en modifiant au besoin la longueur de l’une ou de l’autre fraction de la note pour éviter de couper à un point.

7. Une modification de coupure des deux fractions d’une note s’impose également si à la coupure se terminant en ligne creuse et par un deux points (:) font suite une citation ou des vers.

8. Une note doit toujours être précédée en tête de page d’au moins 2 lignes de texte, à moins qu’elle ne tombe en fin de chapitre, au dernier mot de l’alinéa, ou qu’il n’y ait impossibilité matérielle à raison d’un grand nombre de notes trop rapprochées.

Si en raison de leur multiplicité dans une même ligne toutes les notes ne tiennent pas dans la page où elles sont appelées, on recourt à l’artifice d’une mention spéciale, analogue à celle ci-dessous, placée en pied de la page :

Voir la suite des notes à la page suivante


et au rappel de cet artifice à la page suivante, avant la première ligne de note :

Suite des notes de la page précédente
Suite des notes de la page 350

9. La fraction de note se trouvant en fin de chapitre qui excéderait la longueur de page sera reportée au bas de la page contenant le début du chapitre suivant, si celui-ci commence en page.

Par contre, si le chapitre commence en belle page, la partie de la note qui n’a pu trouver place dans la page de fin de chapitre est mise immédiatement au haut de la page suivante sous le titre courant, avec ou sans filet, selon l’emploi ou non de ce dernier aux autres pages.

10. Lorsque, sur la demande de l’auteur, les notes ont été reportées et groupées à la fin du volume sous une rubrique générale, une ligne de blanc sépare entre elles chacune de ces notes.

11. Dans les ouvrages à deux colonnes, la numération des renvois ou appels de notes recommence à chaque colonne, lorsque les notes sont placées au bas des colonnes dans lesquelles figurent leurs appels respectifs.

12. Au contraire, dans ces mêmes ouvrages, si les notes sont composées sur la justification entière, il est nécessaire, pour éviter toute confusion, de suivre la numération des renvois par pages et non plus par colonnes.

13. La numération des notes placées au bas des pages débute, de manière générale, à 1 pour chaque page.

14. Les notes placées à la fin d’un chapitre, d’un article, sont, ainsi que leurs appels, numérotées de 1 à …, par chapitre ou par article.

La numération des notes reportées après la dernière page du texte se continue de la première page à la fin du volume.

15. Les notes comprenant exclusivement des vers sont composées avec le caractère habituel des notes. On utilise seulement un caractère inférieur, si les vers constituent une citation dans la note.

16. Les notes figurant dans une page de fin de chapitre se placent immédiatement après le texte, suivi du blanc habituel ; le blanc constituant le complément de la page, ainsi que, le cas échéant, le filet se mettent après les notes.

17. Dans les pages courtes parce qu’un tableau ne peut tenir dans le bas de la page ou un titre être accompagné d’une quantité de texte suffisante, la note se laisse au bas de la page ; tout le blanc se place entre la note et le texte.

18. Les notes de notes se placent au bas de la page, après le texte de toutes les notes appelées dans le cours de la page.

19. Un léger blanc, de 3 points ou de 6 points au plus, sépare les deux catégories de notes.

20. Une note de note se met au bas de la page où elle est appelée, même si, le texte de la note, elle-même ne pouvant être placé en entier dans la page, l’excédent se trouve reporté à la page suivante.

21. Autant que possible il faut éviter de couper le texte d’une note de note en rejetant à la page suivante la partie excédante.

Lorsqu’il n’est pas possible d’éviter la coupure, on suit pour celle-ci les règles indiquées pour la coupure des notes elles-mêmes.


FORMATS ET SIGNATURES


1. En terme de papeterie, le format est la dénomination indiquant implicitement les dimensions du papier, « conformément, à certaines mesures généralement reçues » :

L’in-18 jésus, d’usage fréquent, est surtout, le format, des romans.

Le mot jésus est le terme désignant le format du papier.

Nombreux sont les formats de papiers, qui ont d’ailleurs fréquemment varié, semble-t-il, au cours des siècles. La nomenclature suivante énumère les principaux en usage vers le milieu du XIXe siècle[9] :

  Largeurxxx Hauteur
Grand-Monde 
1m,164 0m,846
Grand-Aigle 
0m,988 0m,670
Grand-Soleil 
0m,975 0m,672

Au Soleil 
0m,799 0m,551
Grande-Fleur-de-Lys 
0m,839 0m,596
Grand-Colombier ou Impérial 
0m,859 0m,575
Grand-Chapelet 
0m,853 0m,596
Chapelet 
0m,785 0m,548
Grand-Jésus ou Super-Royal 
0m,758 0m,528
Petite-Fleur-de-Lys 
0m,650 0m,514
Grand-Lombard 
0m,663 0m,541
Grand-Royal 
0m,614 0m,483
Royal 
0m,596 0m,433
Petit-Royal 
0m,541 0m,433
Grand-Raisin double 
0m,614 0m,460
Grand-Raisin simple 
0m,614 0m,460
Lombard 
0m,577 0m,487
Lombard ordinaire ou Grand-Carré 
0m,555 0m,447
Cavalier 
0m,528 0m,438
Double-Cloche 
0m,582 0m,393
Grande-Licorne à la cloche 
0m,514 0m,325
À la Cloche 
0m,393 0m,291
Carré ou Grand-Compte, ou Carré ou Raisin double 
0m,541 0m,420
Carré simple 
0m,541 0m,420
Carré très-mince 
0m,541 0m,420
Au Sabre ou Sabre-au-Lion 
0m,541 0m,420
Coquille fine double 
0m,551 0m,420
Coquille ordinaire 
0m,541 0m,420
Coquille mince 
0m,541 0m,420
Écu-Moyen-Compte. Compte ou Pomponne double 
0m,514 0m,383
Écu simple 
0m,514 0m,383
Écu très-mince 
0m,514 0m,383
Au Coutelas 
0m,514 0m,383
Grand-Messel 
0m,514 0m,406
Second-Messel 
0m,475 0m,379
À l’Étoile. À l’Éperon ou Longuet 
0m,501 0m,374
Grand-Cornet double 
0m,480 0m,365
Grand-Cornet mince 
0m,480 0m,365
À la Main 
0m,548 0m,365
Couronne ou Griffon double 
0m,462 0m,352
Couronne mince 
0m,462 0m,352
Couronne très-mince 
0m,462 0m,352
Champy ou Bâtard 
0m,458 0m,356
Tellière, grand format double 
0m,469 0m,356
Tellière simple 
0m,469 0m,356
À la Tellière 
0m,433 0m,331
Cadran 
0m,413 0m,343
Pantalon 
0m,433 0m,338

Petit-Raisin, Bâton-Royal ou Petit-Cornet à la grande sorte 
0m,433 0m,325
Trois O, Trois-Ronds ou Gênes 
0m,433 0m,311
Petit-Nom-de-Jésus 
0m,408 0m,298
Armes-d’Amsterdam 
0m,420 0m,327
Cartier grand format 
0m,433 0m,338
Cartier petit format 
0m,408 0m,311
Pot ou Cartier ordinaire 
0m,393 0m,311
Pigeonne ou Romaine 
0m,411 0m,280
Espagnol 
0m,393 0m,311
Le Lys 
0m,381 0m,311
Petit-à-la-Main ou Main-Fleurie 
0m,370 0m,289
Petit-Jésus 
0m,358 0m,257

Au-dessous de ces dimensions il y avait encore : le Serpente, le Trace, la Main-Brune, le Brouillard, la Demoiselle, les papiers gris et de couleurs variant de poids et de dimensions, selon le caprice du fabricant ou du consommateur.

De nos jours, la plupart, de ces formats sont tombés en désuétude ; et ceux dont les désignations ont été plus ou moins conservées n’ont point gardé les dimensions anciennes, comme le prouve le tableau ci-dessous :

Grand monde 
90 × 120
Grand aigle 
75 × 106
Journal 
65 × 94
Colombier 
62 × 85
Soleil (ou petit colombier) 
58 × 80
Jésus 
56 × 76
Jésus (petit) 
56 × 72
Raisin 
50 × 65
Cavalier 
46 × 60
Carré 
45 × 56
Coquille 
44 × 56
Écu 
40 × 53
Couronne 
36 × 46
Tellière (appelé aussi papier ministre) 
32 × 44
Pot (dit encore papier écolier) 
31 × 40
Cloche 
30 × 40

Les dimensions données ici, en centimètres, ne sont qu’indicatives ; fréquemment, suivant les ordres des éditeurs ou les usages des fabricants, elles varient, pour un format donné, de un ou plusieurs centimètres en plus ou en moins dans l’un ou l’autre sens.

En septembre 1902, croyons-nous, le Bureau permanent du Congrès international des Éditeurs, dont le siège est à Berne, adressait à ses adhérents de nationalité autre que les Français, les Espagnols et les Suisses, déjà acquis à la proposition, une circulaire leur recommandant l’adoption du système métrique pour la désignation des formats.

Cet appel paraît être resté lettre morte : les vieilles dénominations des formats — raisin, jésus, coquille, carré et autres — continuent à être en usage ; au plus, parfois sont-elles accompagnées de leurs dimensions caractéristiques en centimètres. D’autre part, les termes si expressifs in-fo, in-4, in-8, in-12, in-18, in-32, sont toujours en usage, et peu d’éditeurs songent sans doute à les remplacer par ces dénominations in-5, in-6, in-7, etc., que peut-être, suivant le nombre des centimètres, il eût été nécessaire d’employer, pour se conformer à la décision du Congrès des Éditeurs.

D’ailleurs, l’emploi de plus en plus fréquent des machines rotatives pour l’impression des labeurs à grand tirage paraît devoir compliquer ou retarder encore la mise à exécution de la décision du Bureau permanent du Congrès des Éditeurs. Le format du papier en bobines est, il est vrai, désigné, en centimètres ; mais l’appellation utilisée ne s’applique qu’à une dimension — celle de la largeur de la bobine — et ne préjuge en rien du format définitif du volume, qui, lui, est fonction de deux dimensions, largeur et longueur (ou hauteur). Le fabricant de papiers qui livre à un éditeur ou à un imprimeur des bobines de 34, de 76, de 78, de 90, etc.[10], ne se préoccupe en quoi que ce soit de la longueur ou de la hauteur qui sont fonction de la circonférence ou, si l’on veut, du diamètre des cylindres de la rotative.

2. Sous le rapport typographique l’expression du format est le moyen par excellence pour désigner les dimensions d’un ouvrage.

Suivant le nombre de feuillets donné par le pliage d’une feuille de papier dont on connaît les dimensions, on peut déterminer à coup sûr la désignation exacte du format d’un travail.

Pour énoncer d’une manière complète le format d’un livre, il faut donc indiquer : 1o  le nombre de feuillets obtenu une fois la feuille pliée ; 2o  les dimensions de cette feuille par son nom distinctif.

Ainsi on dira : in-8 carré (in-octavo carré) pour dénommer le format d’un papier mesurant 45 × 56 (carré), plié à 8 feuillets ; — ou encore : in-18 jésus (in-dix-huit jésus) pour un papier mesurant 56 × 76 (jésus) plié à 18 feuillets.

3. Le feuillet se compose de deux pages, impaire et paire, ou recto et verso. Par l’énoncé du format qui exprime le nombre de feuillets, on connaît immédiatement le nombre de pages que contient la feuille.

Reprenant les deux exemples ci-dessus, on aura : pour le format carré (in-8 carré), comprenant 8 feuillets à deux pages :

8 × 2 = 16 pages ;


pour la feuille jésus (in-18 jésus), comprenant 18 feuillets à 2 pages :

18 × 2 = 36 pages.

a) Lorsque l’on connaît le total des pages d’un volume et son format, il est facile, par une simple division, d’obtenir le nombre de feuilles qui le composent : soit un livre in-18 jésus (18 feuillets de 2 pages ou 36 pages) de 360 pages, on aura :

360 : 36 = 10 feuilles in-18 jésus ;

b) De même, si l’on a le format d’un travail et le nombre de feuilles qu’il contient, on peut connaître par une multiplication son chiffre de pages : soit un texte de 21 feuilles in-8 carré (21 feuilles de 8 feuillets ou 16 pages), on aura :

21 × 16 = 336 pages ;

c) Ainsi le terme feuille, qui dans son acception primitive, en papeterie, indique, par rapport au format, une grandeur unique, déterminée, de papier, désigne en typographie l’ensemble des pages imprimées recto et verso sur cette même grandeur ;

d) De ce fait, la feuille est devenue l’unité de compte dont la typographie se sert pour l’impression d’un volume : « C’est la base sur laquelle sont généralement établis les prix de main-d’œuvre, tant pour la composition que pour la lecture, le tirage » et aussi le brochage ou la reliure.

4. Chaque feuille reçoit un signe spécial — appelé signature — qui lui sert en quelque sorte de nom.

Suivant les conventions et selon les cas, le signe indiquant la signature est variable. Il peut être :

a) Un chiffre arabe, mode le plus communément employé, le plus clair et le plus pratique, pour tous genres de travaux ;

b) L’astérisque, pour les plaquettes ou brochures de peu d’étendue, dont généralement les feuilles s’encartent : la première feuille ne comporte fréquemment pas de signature, cette dernière étant réservée aux seuls encarts : un astérisque au premier encart, deux astérisques au deuxième, etc. ;

c) Une grande capitale (de A à …) d’un caractère italique ou romain, une petite capitale (a, b, c, etc.), une lettre italique bas de casse (a, b, c, etc.) pour les parties accessoires, c’est-à-dire composées après coup (préfaces, avertissement, avant-propos, notices, etc.), figurant en tête d’un volume. Si le nombre élevé de feuilles composant l’ouvrage épuise la série des lettres alphabétiques, on recommence à A en redoublant la lettre distinctive : AA, BB, etc., ou Aa, Bb, Cc, etc.

5. Le signe caractéristique de la signature change dès lors avec chaque feuille en augmentant d’une unité à chaque feuille nouvelle.

6. Les signatures se succèdent dès lors régulièrement d’unité en unité, suivant le format, pour indiquer la place respective de chaque feuille lors de la constitution du volume.

7. Certains formats ne prennent qu’une seule signature par feuille : celle figurant à la première page ; d’autres formats, au contraire, en exigent un plus grand nombre, dont le chiffre dépend essentiellement de ces mêmes formats.

8. La feuille, en raison du format, est parfois divisée en plusieurs cahiers : suivant les conventions ou les ordres des éditeurs, la signature est modifiée, en augmentant d’une unité, à chacun des cahiers ; ou bien le numéro est changé seulement à chaque feuille : sur chaque cahier on rappelle alors la numération particulière de la feuille, en l’accompagnant d’un nombre de points ou d’astérisques égal au rang du cahier, comme on l’indique ci-dessous.

9. Lorsque dans une feuille un format exige la répétition d’une signature, le chiffre ou le signe spécial qui la constitue est suivi, pour une première répétition, d’abord d’un point (.), puis pour une deuxième, de deux points (..), et ainsi de suite ; — au lieu du point on emploie également l’astérisque, ou encore, mais plus rarement, un chiffre supérieur indiquant le nombre des répétitions.

10. Chaque première page de feuille comporte obligatoirement cette signature qui servira non seulement pour assembler et classer, mais aussi pour plier conformément au format adopté.

11. Les signatures sont ainsi toujours placées aux pages impaires ou rectos, et jamais aux pages paires ou versos.

12. Les signatures de feuilles (texte et numération) se composent en petits caractères[11], généralement de corps 6 ou 7, plus rarement de 8 ; le texte se fait en petites capitales, en lettres bas de casse, d’italique ou de romain, fort rarement en grandes capitales.

13. Une signature se place toujours en pied de page, c’est-à-dire au delà de la dimension normale de la page, que celle-ci soit constituée entièrement de texte ou qu’elle comporte une fin en blanc.

14. Les signatures sont établies sur la force de la ligne du texte principal de l’ouvrage, le blanc servant à compléter le nombre de points nécessaires étant placé entre le texte et la signature. Soit, par exemple, une signature composée en corps 7 pour un volume composé en corps 10 interligné 2 points : en comptant l’interligne qui suit la signature et qui est toujours de 3 points, on aura 10 points ; il restera 2 points de blanc à ajouter à l’interligne qui suit le texte : ce qui donnera 5 points de blanc entre la signature et la dernière ligne de la page (l’interligne suivant cette dernière ligne de texte devant toujours être une interligne de 3 points).

15. De manière générale, la plupart des manuels de typographie donnent un tableau plus ou moins complet des pages recevant les signatures, suivant les formats les plus usités. Souvent même nombre d’imprimeries affichent ces tableaux, afin d’aider à la mémoire parfois défaillante des ouvriers. Bien que, dans la page qui suit, la signature unique par carton ait été indiquée, il sera cependant facile au correcteur de déduire de ces données l’emplacement des signatures doublées, en consultant les explications des pages 171 et suivantes.

Les signatures des formats in-32, in-48, in-64 et autres se déduisent naturellement des chiffres donnés ci-après, suivant les prévisions envisagées pour la pliure.

SIGNATURES FOLIOS
In-Folio In-Quarto In-Octavo In-Douze In-Dix-Huit
A ou 01 001 001 001 001 0001
B 02 005 009 017 025 0037
C 03 009 017 033 049 0073
D 04 013 025 049 073 0109
E 05 017 033 065 097 0145
F 06 021 041 081 121 0181
G 07 025 049 097 145 0217
H 08 029 057 113 169 0253
I 09 033 065 129 193 0289
J 10 037 073 145 217 0325
K 11 041 081 161 241 0361
L 12 045 089 177 265 0397
M 13 049 097 193 289 0433
N 14 053 105 209 313 0469
O 15 057 113 225 337 0505
P 16 061 121 241 361 0541
Q 17 065 129 257 385 0577
R 18 069 137 273 409 0613
S 19 073 145 289 433 0649
T 20 077 153 305 457 0685
U 21 081 161 321 481 0721
V 22 085 169 337 505 0757
X 23 089 177 353 529 0793
Y 24 093 185 369 553 0829
Z 25 097 193 385 577 0865
A0a 26 101 201 401 601 0901
B0b 27 105 209 417 625 0937
C0c 28 109 217 433 649 0973
D0d 29 113 225 449 673 1009
E0e 30 117 233 465 697 1045
F0f 31 121 241 481 721
G0g 32 125 249 497 745
H0h 33 129 257 513 769
I00i 34 133 265 529 793
J00j 35 137 273 545 817
K0k 36 141 281 561 841
L0 l 37 145 289 577 865
M m 38 149 297 593 889
N0n 39 153 305 609 913
O0o 40 157 313 625 937
P0p 41 161 321 641
Q0q 42 165 329 657
R0r 43 169 337 673
S0s 44 173 345 689
T0 t 45 177 353 705
U0u 46 181 361 721
V0v 47 185 369 737
X0x 48 189 377 753

16. Le texte des signatures contient :

a) Soit seulement le chiffre, le numéro ou le signe distinctif donnant à la feuille le nom ou l’appellation sous laquelle elle sera désignée :

3xxxxx

b) Soit, accompagnant ce chiffre :

1° Le titre de l’ouvrage exprimé en entier ou en abrégé :

xxxxxxxxDICT. ENCYCL.
2xxxxx

2° Le nom de l’auteur :

xxxxxxxxBOSSUET.
4xxxxx

3° Quelquefois le nom de l’auteur précède le titre du travail :

xxxxxxxxV. HUGO.xxLES CHÂTIMENTS.
3xxxxx

17. Lorsque le travail comprend plusieurs tomes, après le titre du volume ou après le nom d’auteur on ajoute la tomaison, et même, s’il s’agit d’une encyclopédie à plusieurs parties, le titre de la partie ; la numération des signatures recommence au chiffre 1 pour chaque volume :

xxxxxxxxHIST. DE FRANCE.xxIV.
5xxxxx

a) Suivant que le texte de la signature est composé entièrement en petites ou en grandes capitales, ou en petites capitales avec une grande capitale initiale, le numéro de tomaison se compose en petites ou en grandes capitales (jamais en chiffres arabes) ; ce numéro est accompagné ou non du mot tome en entier ou en abrégé ;

b) Le numéro de tomaison se place immédiatement à la suite du texte de la signature dont il est souvent séparé par un tiret ou moins :

xxxxxxxxBOSSUET, SERMONS.xxT. II.
3xxxxx

c) Plus rarement, ce numéro est rapproché du signe distinctif (chiffre, astérisque ou autre) de la feuille dont il est alors obligatoirement séparé par un tiret :

xxxxxxxxTHIERS, HIST. DE LA RÉVOLUTION.
T. IV.xx3xxxxx

d) Lorsque la signature ne comprend pas de texte proprement dit, le numéro de tomaison se place à gauche, renfoncé d’un blanc égal à celui qui accompagne à droite le signe distinctif de la feuille :

xxxxxxxxT. II.
2xxxxx

18. Les signatures de feuilles des publications périodiques peuvent comprendre : le titre de la revue elle-même, le numéro de tomaison en cours de publication, l’année et aussi l’indication du mois, le tout accompagné du signe distinctif de la feuille.

19. Les parties accessoires — introduction, préface, dédicace, avant-propos — ne faisant pas partie de la pagination réelle du volume, possèdent une signature à part, soit par étoiles, soit par lettres italiques bas de casse ou encore par grandes ou petites capitales de romain :

xxxxxxxxTAINE, HIST. DE LA RÉVOLUTION.
axxxxx

20. On ne met pas de signature à une page de titre ou à un faux titre, constituant la première page d’un volume ; mais les autres faux titres qui se rencontrent au cours du volume reçoivent, le cas échéant, une signature.

21. Le texte proprement dit de la signature se compose vers le début, de la ligne ; le chiffre indiquant la numération est reporté à l’extrémité de la justification ; la partie de justification excédante entre le texte et le chiffre est remplie par des cadrats ; le blanc qui précède le texte et celui qui suit le numéro doivent être semblables.

22. Les signatures se renfoncent, à droite du chiffre et à gauche du texte, d’au moins 2 à 3 cadratins, sur la justification.

23. Sauf exception justifiée par une disposition du texte — alignement ou opération pouvant prêter à confusion avec la signature en raison d’une rencontre verticale imprévue — le renfoncement doit être de même valeur pour toutes les signatures.

24. Si, lors d’une réimpression, on fait précéder d’une partie séparée un volume antérieurement imprimé et auquel on veut conserver un aspect distinct — « ce qui oblige à recommencer la série des signatures et celle des folios », — la numération de cette nouvelle série doit être bien différenciée de l’autre, en employant des lettres au lieu de chiffres, où réciproquement.

25. Les travaux de ville, tels que notices nécrologiques, discours, tirages à part extraits de revues, etc., ne comportent pas habituellement de signatures. Si pour le brochage il est nécessaire de distinguer les différents encarts qui composent ces plaquettes, on utilise simplement soit un chiffre, soit une lettre bas de casse généralement italique, soit encore un ou plusieurs astérisques.

26. Les parties de feuilles réimprimées accidentellement ont leur numéro de signature (le même que celui de la feuille à laquelle elles appartiennent) suivi d’un astérisque, d’un point, ou d’un autre artifice qui permet de les distinguer du carton remplacé.

27. Si la répétition d’une signature est nécessaire pour des raisons de brochure, afin de distinguer les différents cahiers ou encarts d’une feuille, les chiffres doublés sont, pour éviter une confusion, suivis d’un point, d’un astérisque ou d’un autre signe distinctif. Si, en effet, la multiplicité des signatures facilite le travail du brochage et de la reliure en éliminant certaines causes d’erreur, cette multiplicité n’est pas sans causer quelques inconvénients. L’idéal pour le lecteur peut-être, mais surtout pour le typographe, serait : une feuille, une signature.

28. L’onglet est un feuillet isolé ayant du côté de la marge intérieure une partie blanche plus large que la marge régulière ; une fraction est destinée à être repliée pour former la gorge qui recevra la couture ou la piqûre.

Lorsqu’une page a été imprimée avec des fautes ou contient une erreur typographique, on fait un onglet (un feuillet imprimé recto et verso). Cet onglet doit porter une signature spéciale.

Plus fréquemment, car l’onglet dépare un volume et complique le travail de brochure, on préfère réimprimer un carton de 4 pages (un encart), avec signature spéciale.

29. L’encart est un carton ou groupe de plusieurs pages qui, dans les impositions, s’intercale au milieu d’une feuille ou d’un autre carton.

L’encartage est dès lors l’opération qui consiste à réunir les feuilles ou fractions de feuilles et les encarts, pour en composer un seul cahier. L’encartage diffère de l’assemblage en ce que les feuilles ou cartons sont placés les uns dans les autres au lieu d’être placés les uns à la suite des autres.

Les combinaisons d’encarts sont souvent avantageuses et fort nombreuses ; en voici quelques-unes :

a) Si à la fin d’un ouvrage in-8, par exemple, reste un carton de 4 pages, il est plus avantageux, au point de vue de la solidité du volume, et parfois plus économique sous le rapport de la brochure, d’encarter ces 4 pages dans la feuille précédente qui forme alors un cahier de 20 pages.

b) Pour 12 pages on encarte 4 pages avec une demi-feuille de 8 pages, afin de ne faire qu’un seul cahier. Il faut remarquer toutefois que, pour 12 pages, le tirage de deux fractions de feuilles ne saurait être d’un bas prix de revient : double imposition, double tirage, souvent façonnage du papier avant tirage, pliure supplémentaire et encartage : un tel travail est certes plus laborieux que celui nécessité par le tirage d’une feuille régulière de 16 pages. Aussi, lorsqu’il s’agit de labeurs ou de brochures, est-il très fréquemment plus simple de tirer non pas 4 pages, puis 8 pages, mais bien une feuille de 16 pages, dans laquelle, les 4 pages du milieu restent blanches. À la pliure, avant le dernier pli, d’un coup de plioir, l’ouvrière coupe le carton blanc, dont le papier peut être utilisé pour un tirage ultérieur.

c) Souvent, d’ailleurs — et on obtient ainsi une feuille pleine — les 4 pages dont il s’agit sont utilisées pour le tirage d’un titre, d’un carton de fin destinés à être ultérieurement encartés dans une autre feuille de 16 pages.

d) Au lieu d’être placées au milieu de la feuille, les pages blanches peuvent aussi être placées 2 pages au début, 2 pages à la fin de la feuille ; suivant les circonstances, à l’aide d’un onglet, le brocheur utilise l’un de ces feuillets blancs connue feuille de garde, alors que l’autre est enlevé au moment de la brochure ou de la reliure.

e) Le carton de 4 pages à encarter ne devrait jamais être placé au milieu du cahier. Il vaut mieux, lors de l’imposition, le disposer de manière qu’il embrasse la feuille, par 2 pages au début et 2 pages à la fin de celle-ci. L’ouvrière brocheuse a ainsi beaucoup plus de facilité, lors de la couture, pour trouver le milieu du cahier ; cette disposition semble même nécessaire lorsque la piqûre est faite à la machine.

Suivant leur emplacement, les encarts reçoivent soit la signature principale, soit la signature doublée (c’est-à-dire accompagnée du signe accessoire indiquant le carton à encarter).

30. L’in-folio (4 pages) reçoit une signature à la première page de la feuille, soit page 5, page 9, page 13, etc.

31. L’in-4, (8 pages) possède une signature à la première page de la feuille, soit aux pages 1, 9, 17, 25, etc.

32. L’in-6 roulé (12 pages), composé d’un cahier sans coupure, a une seule signature, à la première page de la feuille, c’est-à-dire aux pages 1, 13, 25, etc. ; cependant, quelques imprimeries emploient un astérisque, une lettre italique bas de casse ou un autre signe en pied de la page 1 du carton roulé[12], afin de faciliter le travail du brocheur.

L’in-6 en deux cahiers est disposé pour un carton de 4 pages en dedans (c’est-à-dire pour un carton composé des pages 5 à 8), pour un carton en dehors (composé des pages 1, 2, 11 et 12) ou encore pour deux fractions de feuilles ne s’encartant pas, dont l’une comprend 4 pages, et l’autre 8 pages. Suivant ces différentes dispositions, les signatures doublées sont placées à la page 5, à la page 3 ou à la page 9.

33. L’in-8 (16 pages) en un cahier comporte une seule signature, à la première page de la feuille, pages 1, 17, 33, 49, etc.

Suivant les cahiers dont l’in-8 est composé : 12 pages et 4 pages (carton en dedans) ou 4 pages et 12 pages (carton en dehors), ou encore 8 pages et 8 pages isolées et aussi 8 pages et 8 pages encartées, les signatures doublées se trouvent respectivement aux pages 9, 3, 9 et 5.

34. L’in-12 roulé (24 pages), ou en un cahier sans coupure, n’a qu’une signature à la première page de la feuille, soit aux pages 1, 24, 49, etc. ; toutefois, en pied de la première page du carton roulé, on met parfois, comme dans l’in-6, un astérisque, une lettre bas de casse ou un autre signe distinctif.

L’in-12, composé d’une feuille in-8 et d’un carton, de 8 pages encarté, (carton en dedans), reçoit une signature à la page 1 ; le carton, comprenant les pages 9 à 16, reçoit la même signature dont le chiffre est accompagné d’un point ou d’un astérisque destiné à le distinguer du carton précédent ; si le carton est en dehors, l’encart qui comprend les pages 5 à 20 comporte à sa première page (5) la signature doublée du point ou de l’astérisque.

L’in-12 en deux cahiers égaux de chacun 12 pages sans coupure a deux signatures, l’une à la première page de la feuille, l’autre à la page 13 ; lors de la brochure chaque cahier devient de la sorte une feuille in-6 roulée, en un cahier.

L’in-12 en deux cahiers égaux de chacun 12 pages avec coupure a, par cahier, deux signatures, placées à des pages différentes, suivant que le carton de chaque cahier est en dedans ou en dehors, comme pour l’in-6 en deux cahiers. La deuxième signature, pour être distinguée de la précédente, comporte un point ou un astérisque.

L’in-12 en trois cahiers égaux de chacun 8 pages porte trois signatures différentes : à la page 1, à la page 9, à la page 17.

35. L’in-16 (32 pages) en un seul cahier n’a qu’une signature, à la première page de chaque feuille, pages 1, 33, 65, etc.

Toutefois, certaines imprimeries doublent la signature, ou utilisent un signe distinctif de fausse signature, à la page 13, lorsque l’imposition est disposée pour éviter, à la pliure, de retourner la feuille, la page 1 se trouvant au-dessus de la barre médiane et non plus en pied du châssis.

L’in-16 en deux cahiers égaux s’encartant possède à la première page du deuxième cahier (pages 9 à 24) une signature accompagnée d’un signe distinctif.

Si l’in-16 est imposé par demi-feuilles séparées, sa signature est la même que celle de l’in-8, c’est-à-dire aux pages 1, 17, 33, 49, 65, etc.

36. L’in-18 (36 pages) en un cahier sans coupure a une signature à la première page de la feuille.

L’in-18 en deux cahiers sans coupure a une signature à la première page de chaque cahier, soit à la page 1 et à la page 25, soit à la page 1 et à la page 13, suivant l’emplacement des cahiers de 24 et de 12 pages.

L’in-18 en deux cahiers avec coupure a généralement par cahier deux signatures différentes doublées, dont la place varie suivant que le carton est en dedans ou en dehors (comme aux formats in-12 en deux cahiers avec coupure et in-6 en deux cahiers avec coupure).

L’in-18 en trois cahiers égaux sans coupure a une signature différente à la première page de chaque cahier : page 1, page 13 et page 25.

L’in-18 en trois cahiers égaux avec coupure a une signature doublée à chaque cahier ; la place de la signature doublée varie suivant que le carton est en dedans ou en dehors (comme au format in-6 en deux cahiers avec coupure).

Le compositeur n’oubliera pas que pour une demi-feuille in-18, imposée pour machine en blanc, un carton de 4 pages se retourne avant la retiration : lorsque l’onglet est au commencement, ce carton est composé des pages

à la retiration, il devient :----- 10   11  
9 12
12 9
11 10

si l’onglet est à la fin, les pages à retourner

deviennent :----- 8   6  
7 10
10 7
6 8

37. L’in-20 (40 pages) sans coupure a une signature à la première page de chaque feuille.

L’in-20 avec coupure, comprenant 32 pages et 8 pages, a une signature doublée à la page 17 ou à la page 5, suivant que le carton de 8 pages est en dedans ou en dehors.

38. L’in-24 (48 pages) en un cahier a une signature à la page 1 de chaque feuille.

L’in-24 en deux cahiers égaux avec coupure a une signature à la page 1 et à la page 25 ; cette signature est doublée à la page 9 et à la page 33 ou à la page 5 et à la page 29, suivant que le carton est en dedans ou en dehors.

L’in-24 en trois cahiers égaux a une signature à la première page de chacun des cahiers : page 1, page 17, page 33.

39. Tous les autres formats que l’on peut rencontrer, in-30, in-32, in-36, in-48, in-64, in-72, in-96, in-128, dérivent des formats principaux qui viennent d’être examinés. L’emplacement des signatures se déduit des règles rappelées ici : l’in-64, par exemple, peut être imposé ou en un seul cahier, ou en deux cahiers de 32 pages chacun (in-16), ou encore en quatre cahiers de 16 pages chacun (in-8), ou enfin en 8 cahiers de 8 pages chacun (in-4), avec toutes les combinaisons d’encarts ou de cartons examinées.

40. Cette étude des signatures et de leur emplacement, qui peut paraître fort complexe à un débutant, est en réalité des plus simples. Il suffit de se rappeler constamment ces règles essentielles : a) tout carton, quel qu’il soit, isolé du carton voisin lors de la pliure, doit porter un numéro d’ordre ou un signe distinctif qui lui est particulier ; b) l’emplacement de ce numéro d’ordre ou de ce signe, variable suivant les formats, est commandé par un nombre de pages égal à 4 ou multiple de 4 (soit 8, 12, 16, 20, 24, 28, 32, etc.) ; c) la numération croît dans l’ordre normal ; d) sur le carton encarté la numération, analogue à celle du cahier encartant, est accompagnée d’un signe supplémentaire.


additions


1. Les additions ou manchettes se placent dans les marges extérieures, à moins de demande spéciale.

2. La première ligne d’une manchette ou addition s’aligne par le pied avec la première ligne de l’alinéa auquel elle appartient.

  xxLa composition des manchettes ou additions se fait, suivant les circonstances, en alinéa, en sommaire ou en style lapidaire. L’alinéa permet, dans les justifications courtes, de loger un texte plus abondant ; le style lapidaire est utilisé lorsque l’addition comprend seulement une ou   Composition des manchettes ou additions.

3. Au bas d’une page, si la manchette est trop longue pour le texte de l’alinéa qui tient dans la page, le texte de la manchette enjambe, en remontant, sur l’alinéa précédent ou, lorsqu’il en existe, sur le blanc du pied de page, la composition étant remaniée sur la longueur de la justification.

4. Une addition placée en pied de page se prolonge même sur le texte d’une note, si les circonstances ne permettent point de recourir à une autre disposition ; mais elle ne peut déborder au delà de la hauteur régulière de la page.

5. Les additions qui ont une grande étendue et dont la rédaction déborde au delà du texte de l’alinéa auquel elles appartiennent sont doublées sous le texte si une nouvelle addition se rencontre à l’alinéa qui suit. Ces additions reçoivent le nom d’additions en hache.

6. Si l’alinéa dont dépendent ces mêmes additions se termine presque en pied de page et est suivi d’une note, elles se continuent entre le texte et la note et sont isolées de l’un et de l’autre par une ligne de blanc.

7. Dans les ouvrages à deux colonnes, la manchette se place obligatoirement, suivant le texte auquel elle appartient, dans la marge extérieure ou dans la marge intérieure.

8. La coupure des additions, c’est-à-dire le report d’une fraction du texte des additions d’une page à une autre page, ne se fait qu’en cas de force majeure : s’il est impossible de gagner en remontant, ou si le texte courant du volume est à pleine page ; la coupure laissera au moins 3 lignes de texte à chaque page.

9. Th. Lefevre conseille de surmonter d’un filet le millésime placé en tête de page à l’instar d’une addition, « afin de le distinguer des autres additions et de le rendre plus saillant ».

10. Un blanc minimum d’au moins 3 points et maximum de 9 points au plus sépare verticalement le texte proprement dit et les additions, suivant le format du volume, l’interlignage et le caractère employé. Ce blanc sera d’une seule pièce, afin d’éviter les chevauchements.

11. Lors de la mise en pages, la justification en hauteur des manchettes sera parfaite, sous peine, à l’imposition ou au tirage, d’occasionner les pires déboires. Les interlignes ou les garnitures faussées seront éliminées avec soin.

12. La longueur de l’interligne ou du lingot de pied sera égale à celle de la justification régulière du volume plus celle des manchettes.

L’interligne de tête sera de même longueur que l’interligne de pied.

13. Les additions ou manchettes se composent en un caractère de corps inférieur d’au moins 1 point à celui des notes et se disposent soit en alinéa, soit en sommaire, soit en style lapidaire[13].


traductions[14]


1. Dans une traduction ayant le texte à traduire en regard, les alinéas correspondants du texte et de la traduction commencent toujours sur le même alignement.

2. Si l’un des alinéas de la traduction est plus court de une ou deux lignes que l’alinéa correspondant du texte traduit, ou réciproquement, la différence est remplacée par des lignes de blanc.

3. Lorsque, en fin de texte, la partie à traduire est d’au moins deux lignes pleines plus longue que la traduction, ou inversement, le texte excédant est reporté sur la justification totale, après la colonne courte : une ligne de blanc sépare le texte chevauchant du texte chevauché.

4. La justification de la traduction est habituellement plus longue que celle du texte traduit, sauf lorsque la traduction est composée en caractère de corps inférieur.

5. Pour éviter au tirage l’aspect désagréable produit par le désaxement du registre, la colonne du texte traduit est, lors de la mise en pages, constamment placée du côté de la même marge.

6. La partie finale d’une traduction débordant au delà du texte traduit, et comprenant au moins une ligne pleine, peut, même si celui-ci se termine au bas d’une page, être reportée en tête de la page suivante, sur la justification totale. On agit de même lorsque la fraction excédante appartient au texte traduit.

7. Les excédents, soit de texte traduit, soit de traduction, ne comprenant qu’une fraction de la justification totale ne peuvent être reportés à la page suivante ; ils sont à regagner, pour être conservés dans la page où se trouve l’alinéa auquel ils appartiennent.

8. Dans ce cas, le filet qui éventuellement sépare les colonnes l’une de l’autre n’excède pas la colonne courte.

9. Les filets ou blancs de séparation des colonnes seront d’une seule longueur, pour donner plus de rigidité à la composition.

10. Si la traduction et le texte traduit, au lieu d’être composés en colonnes, sont établis sur justification totale, l’un des textes occupe la partie supérieure de la page ; l’autre, la partie inférieure.

11. L’un des deux textes est généralement composé en caractère de corps inférieur d’au moins 1 point par rapport à l’autre.

12. Une ligne de blanc, équivalente à une ligne de texte plus l’interligne utilisée dans la composition, sépare le texte traduit de sa traduction.

13. La concordance du texte traduit et de la traduction doit être aussi rigoureuse que possible ; le texte traduit ne doit pas excéder dans chaque page de plus d’une ligne sur la traduction, et réciproquement.

14. Les notes qui, le cas échéant, sont appelées par le texte traduit ou par la traduction se placent en bas de page ; les renvois se suivent dans la page de 1 à…

15. Dans les traductions interlinéaires, dont les règles de composition seront données plus loin, l’interligne séparant le texte traduit de la traduction doit être plus faible que le blanc jeté entre cette dernière et le texte à traduire qui suit.

16. Le texte traduit et la traduction figurent obligatoirement dans la même page, même si la traduction mot à mot est accompagnée de la phrase correcte.


gravures


1. Les gravures, auxquelles on donne encore le nom de bois ou figures, sont, généralement, appelées dans le texte par une phrase, un terme spécial ou un numéro d’ordre ; elles se placent le plus près possible de cette phrase ou de ce numéro.

2. Les figures sont accompagnées la plupart du temps, surtout dans les livres classiques ou didactiques, d’un texte appelé légende[15] précédé du numéro d’ordre ou du terme spécial qui les annonce dans le texte.

3. La légende se place en pied de la gravure[16].

4. Le texte des légendes des figures se sépare des gravures par 3 ou 4 points au plus de blanc. Pour le calcul de ce blanc, on tient compte du biseau plus ou moins accentué que comportent les gravures montées sur bois ou sur matière.

5. Pour l’étude des règles qui vont suivre, il faut envisager les gravures sous plusieurs aspects : a) les gravures occupent la page sur toute la longueur de la justification et sur toute la hauteur du texte ; b) les gravures occupent toute la longueur, ou presque, de la justification et une partie seulement de la hauteur de la page, ou la hauteur totale de la page et une fraction de la justification ; c) les gravures occupent une partie seulement de la justification et de la hauteur du texte.

6. À moins d’impossibilité absolue ou d’ordre contraire, les gravures occupant la page entière se mettent généralement en belle page, c’est-à-dire en page impaire.

7. Parfois, lorsque l’auteur ou l’éditeur en a exprimé le désir, le verso, c’est-à-dire la page paire suivante, est blanc.

8. Les gravures placées en belle page, avec verso blanc, ne comportent habituellement pas de folio.

9. Une figure trop large pour la justification de la page ou pour le format du volume se place dans le sens de la hauteur, le début des lignes de la légende se trouvant en pied de page, et non en tête ; le pied de la gravure est alors placé dans la marge extérieure pour les pages impaires ; et dans la marge intérieure, pour les pages paires[17].

10. La figure occupant toute la longueur de la justification et placée au milieu d’une page doit avoir deux ou trois lignes de texte de plus en pied qu’en tête : le texte est disposé dans la proportion des quatre septièmes pour le dessous de la gravure et des trois septièmes pour le dessus.

11. Si la page dans laquelle est insérée la gravure ne peut comprendre, outre le folio et la légende, au moins deux lignes de texte, il est préférable de reporter le texte entier à la page suivante, en plaçant la figure au milieu de la page.

12. Lorsqu’une gravure déborde au delà de la justification normale, la longueur excédant de chaque côté est amenée à un nombre exact de 6 points ou de 12 points ; puis la page, à l’aide de lingots ou de garnitures, est établie sur une justification semblable à celle de la gravure.

13. La gravure dont l’excédent de justification est de 1, 2 ou 3 points au plus sera ramenée à la justification régulière de la page par un rabotage des côtés du bois, s’il est possible.

14. Dans les ouvrages à deux colonnes, la disposition du texte coupé par une gravure occupant la justification totale de la page est différente, suivant les auteurs :

a) Les uns préfèrent continuer le texte par colonnes en enjambant la gravure ;

b) Les autres, la gravure atteinte dans la colonne 1, conseillent de reporter la suite du texte au haut de la colonne 2, puis de reprendre sous la figure dans la première colonne, pour continuer à la deuxième. Cette disposition paraît anormale : elle ne peut se justifier, sous le spécieux prétexte que, la figure interrompant le texte, les yeux se reportent spontanément vers le haut de la colonne suivante ;

c) D’ailleurs, si le texte comporte trois colonnes, les auteurs ne conseillent plus d’arrêter le texte à la gravure, de le faire suivre à la colonne 2, puis à la colonne 3 pour revenir ensuite, sous la gravure, à la colonne 1 : ils recommandent d’enjamber la gravure pour la suite de la composition dans chaque colonne. Aucune raison ne paraît s’opposer à l’adoption d’une semblable manière d’agir pour les travaux à deux colonnes. Outre que cette disposition est préférable, elle donne lieu à moins de contradictions. Si en effet la gravure, au lieu d’occuper la largeur totale de la justification ne réclame qu’une partie de celle-ci la suite de la composition s’établit obligatoirement par colonnes[18].

15. Le metteur en pages doit éviter d’intercaler une gravure occupant la justification entière entre une ligne de titre, gras ou italique, et une ligne de texte, que ce titre soit placé en vedette, ou qu’il soit réuni au texte.

16. Une gravure dont la longueur ne permet de placer aucun texte sur sa droite ou sur sa gauche est mise au milieu de la justification ; le blanc nécessaire pour parfaire la justification est réparti de chaque côté.

Si, au contraire, la longueur de justification disponible est suffisante, l’un des côtés de la gravure est habillé par le texte : celui-ci est repris au composteur et remanié sur le complément de justification utile pour parfaire la justification totale.

17. Une gravure seule dans une page et dont l’emplacement n’est pas rigoureusement indiqué se met dans le texte selon la proportion, sur 10 lignes, de 6 lignes de texte en pied pour 4 lignes de texte en tête, le folio en plus.

18. La gravure dont la place est exigée par l’auteur dans le corps d’un alinéa suit nécessairement, au point de vue emplacement, le sort de cet alinéa ; mais, autant que possible, elle doit être, si elle est habillée, entièrement encadrée par le texte qui la concerne.

Toutefois, la gravure pourra être légèrement remontée dans le corps de l’alinéa précédent ou, au contraire, enjamber sur l’alinéa suivant, si l’emplacement demandé ne permet pas d’avoir au moins deux lignes de texte en tête ou en pied de la page.

19. Une gravure qui, dans un texte courant à deux colonnes, occuperait la justification entière d’une colonne, sera mise de préférence au milieu de la justification totale des deux colonnes et habillée, si le blanc excédant le permet, à droite et à gauche.

Toutefois, lorsque la gravure déborde légèrement au delà de la justification de la colonne à laquelle elle appartient, certains auteurs préfèrent l’habillage sur un seul côté.

20. Les auteurs ne sont pas d’accord sur la manière dont une figure, de largeur très inférieure à la justification, doit être habillée lorsque l’auteur exige qu’elle soit placée au milieu d’une page à justification unique : les uns, après avoir placé le texte de tête, habillent la gravure entièrement sur la gauche, puis reprennent l’habillage à la partie droite ; les autres, après le texte de tête, continuent les lignes d’habillage de gauche à droite en enjambant sur la gravure[19].

21. Lorsqu’une gravure se trouve seule dans une page, elle se place toujours du côté du chiffre ou folio, c’est-à-dire vers les marges extérieures, à moins qu’elle ne se rencontre avec une lettre ornée, auquel cas, dans les pages paires, la gravure est placée dans la marge intérieure.

22. De deux gravures se trouvant dans la même page, la première est placée du côté du folio (marge extérieure) ; la deuxième, à l’opposé (marge intérieure).

23. Dans les dictionnaires, les lexiques, et en général dans tous les ouvrages où les matières sont rangées par ordre alphabétique, les figures sont toujours placées sur la droite du texte, afin de ne pas rompre l’ordre alphabétique.

24. Entre deux gravures, habillées ou non, figurant dans une même page, deux ou trois lignes de texte sont obligatoires, à moins d’impossibilité.

25. À la rigueur, lorsque l’emplacement nécessaire pour loger plusieurs lignes de texte fait défaut, la légende de la première gravure peut être considérée comme suffisante pour isoler deux gravures l’une de l’autre.

26. L’habillage a lieu avec un nombre de lignes déterminé par la ligne de blanc placée au-dessus de la gravure, par la hauteur de la gravure elle-même, et par l’importance de la légende accompagnée des blancs de pied et de tête.

Le calcul de cette hauteur est toujours tenu légèrement plus faible, de 1/2 point ou même 1 point, que celui du texte lui-même : la raison en est, qu’au serrage de l’imposition le texte se comprime quelque peu, alors que le bois supportant la figure est rigide.

27. Pour le calcul de l’habillage, les gravures se justifient toujours en hauteur sur un nombre exact de lignes du texte comptées en points : aussi les blancs encadrant la gravure en tête et en pied varient parfois légèrement dans un même ouvrage.

28. Les interlignes couchées en hauteur, sur le côté de la figure qu’elles séparent du texte de l’habillage, sont également, et pour la même raison que ci-dessus, tenues plus faibles que la justification.

29. Dans les blancs de tête ou de pied des gravures habillées, il faut tenir compte, le cas échéant, des lignes creuses qui terminent un alinéa ; ces lignes seront évitées autant que possible, si elles enjambent seulement une partie de la figure, car cette disposition produit un blanc exagéré à une extrémité de l’habillage.

30. Les blancs de côté des gravures habillées doivent être parfaitement réguliers dans tout le cours d’un volume.

Suivant la justification, le format du volume et aussi le caractère, ces blancs vont de 6 à 9 points et même 1 cicéro ; en tête, une différence de 3 points en moins sur le blanc de pied doit, en moyenne, exister.

31. La partie haute de la figure s’alignera autant que possible avec la deuxième ligne de l’habillage, la première ligne se rencontrant avec le blanc placé en tête de la gravure.

32. La partie de la figure habillée se trouvant du côté de la marge doit s’aligner rigoureusement du côté extérieur avec le texte. Si la gravure comporte un biseau, le metteur en pages établira un parangonnage de la valeur de ce biseau.

33. L’interligne accompagnant la ligne de texte précédant ou suivant l’habillage régnera sur toute la justification du volume et servira de soutien à l’habillage lui-même.

34. Le metteur en pages s’assurera que le montage des gravures est correctement exécuté, et que le bois — ou le plomb — support est parfaitement d’équerre ; il remédiera aux défauts constatés sur ces divers points, pour qu’à l’impression le texte présente une rectitude convenable.



filets, vignettes et astérisques


1. Lorsqu’au bas d’une page un titre en vedette précédé d’un filet ne peut, en raison du manque de place, être accompagné d’un texte, et est rejeté au haut de la page suivante, le filet figure néanmoins au bas de la page, et jamais en tête.

2. Les astérisques employés par trois, comme signes de séparation, se placent indifféremment en tête ou en pied de page.

3. Entre un sommaire et les mots titre, chapitre, section, ou autre indiquant une division du volume, on n’emploie jamais de filet.

4. Un filet, ou couillard, se met après l’intitulé d’un chapitre, d’une section, d’une division, si cet intitulé est suivi d’un deuxième titre ou d’un autre intitulé.

5. Lorsqu’à la fin d’un volume figure le mot fin ou un terme analogue, il n’y a pas lieu d’employer un filet ou couillard après ce mot.

6. Le filet est de règle, si la page se termine au tiers supérieur ou même aux deux tiers de la page, même alors qu’au bas de cette page figure déjà un filet de la longueur de la justification accompagnant le nom d’imprimeur.

7. Les vignettes remplaçant les astérisques sont soumises aux mêmes règles de mise en pages que ces derniers.

8. Le blanc qui accompagne un filet, des astérisques ou une vignette séparant deux fractions de texte, est toujours tenu plus fort au-dessous qu’au-dessus de 6 points à 1 cicéro, ou même plus suivant l’importance de l’intervalle.



ouvrages de luxe


1. Dans les ouvrages de luxe et dans les travaux imitant le vieux style, mais appropriés aux goûts modernes[20], on met un fleuron, ou un bandeau, établi avec des vignettes mariées à des filets dans le goût et le genre adopté, en tête des chapitres ou autres divisions analogues plus importantes que l’on place en belle page.

2. Souvent les fleurons représentent des sujets allégoriques ou des figures symboliques ou des scènes destinées spécialement à l’ouvrage dont il s’agit et établies d’après le texte lui-même.

3. La fin des chapitres possède un cul-de-lampe, constitué soit de vignettes analogues au fleuron de tête du chapitre, soit d’un sujet tiré du texte et gravé spécialement.

4. L’importance du cul-de-lampe devra être proportionnée au blanc disponible en fin de page du chapitre : chose assez difficile avec les sujets tirés du texte, toujours dessinés à l’avance, sans aucun souci de l’emplacement qui sera libre ; le peu de place disponible oblige même parfois à supprimer le cul-de-lampe.

5. La première ligne d’un chapitre de ces ouvrages peut commencer par une lettre de deux points, dont la force de corps égale deux lignes ou trois lignes ou même plus de texte.

6. La lettre de deux points ne se renfonce pas ; elle se place au début de la justification.

À sa partie inférieure comme à sa partie supérieure la lettre de deux points s’aligne avec le texte qui l’habille, sauf le talus qu’elle comporte naturellement et la différence créée par l’interlignage du texte.

7. Les lettres du mot qu’elle commence sont composées en petites capitales, parfois en grandes capitales, suivant l’importance de la justification et la hauteur de la page.

8. Si la lettre de deux points est le début d’une expression composée ordinairement en italique, — on peut remplacer l’italique par le romain, petites ou grandes capitales, le cas échéant, mais toute la locution est composée de la même manière, c’est-à-dire en petites ou en grandes capitales :

9. Lorsque le paragraphe ou l’alinéa entier sont en italique, la lettre de deux points et le mot qu’elle amorce doivent être également en italique.

10. La lettre de deux points est habillée, sur le côté droit et en pied, par le texte des lignes qui l’encadrent ; elle est séparée du premier mot de ces lignes par un blanc de ½ ou même 1 cadratin ; le blanc qui sépare son pied de la ligne suivante doit être au moins égal.

11. La lettre de deux points s’aligne en tête avec la première ligne de texte, s’il s’agit d’une lettre simple.

Rarement elle dépasse légèrement le texte en tête, de la valeur d’une ligne environ. Ainsi, une lettrine ayant une hauteur de cinq lignes de texte sera habillée seulement sur une hauteur de quatre lignes ; la cinquième sera représentée par un blanc placé au-dessus des quatre autres.

12. Un motif de dessin sans lettre peut figurer au début de la première ligne ; ce motif est habillé comme une gravure, sauf en tête, par le texte soit en entier (la tête s’alignant avec la première ligne du texte), soit aux trois quarts (la tête dépassant la première ligne du texte de une ou deux lignes, suivant l’importance de l’ornement).

13. Le mot ou la lettre de la première ligne est rapproché du dessin et composé en petites ou grandes capitales suivant la force de corps du caractère, la longueur de la justification et le format du volume ; la lettre initiale est toujours une grande capitale, même si les autres lettres du premier mot sont composées en petites capitales.

14. L’habillage des lettrines ou des motifs à sinuosités irrégulières s’exécute suivant la forme du dessin. Toutefois, le metteur évite les habillages par trop fantaisistes et se borne aux habillages en gradins réguliers, généralement de ½ cadratin à chaque ligne.

15. Une lettre ornée, embrassant quatre ou cinq lignes de texte ou même davantage, et s’alignant verticalement avec le début de la justification, peut encore commencer la première ligne.

16. On habille la lettre ornée, comme le motif de dessin et la lettre de deux points plus haut cités, et en suivant, le cas échéant, les sinuosités.

La lettre ornée s’aligne par le bas avec le texte, lorsqu’elle est de forme régulière.

17. Lorsqu’on emploie une lettre de deux points ornée d’un dessin particulier, le dessin dépasse la première ligne du texte, et les traits supérieurs de la lettre seuls s’alignent avec cette première ligne.

18. Si la lettre ornée est le début d’un mot, la fin du mot est, comme dans le cas de la lettre de deux points et du motif de dessin, collée à la lettre ornée et composée en petites ou grandes capitales.

19. Si la lettre ornée constitue à elle seule un mot, le mot suivant est composé en petites ou grandes capitales, et séparé de la lettre par l’espace régulière de la ligne ; cette espace sera moins forte que le blanc séparant la lettre ornée du premier mot des lignes constituant l’habillage.

Il est d’usage, si le premier mot comprend seulement deux ou trois lettres, de composer également le deuxième mot en petites ou en grandes capitales.

20. L’ensemble sera toujours en rapport avec le style général de l’ouvrage.

21. Le titre courant est plus souvent dans ce genre de travaux séparé du texte par un filet sur toute la longueur de la justification.

22. S’il n’y a qu’un simple chiffre et pas de titre courant, les tirets se remplacent par deux vignettes assez légères, espacées du folio, comme les tirets, par ½ cadratin ou 1 cadratin selon la force du corps du caractère employé, le format du volume et la justification.

23. Si le volume comporte des articles, ou des divisions d’articles, séparés par un filet orné ou par des astérisques en quinconce, il y a avantage à remplacer ceux-ci par des vignettes espacées l’une de l’autre, ou même par une simple vignette toujours appropriée au style de l’ouvrage.

24. Les pages peuvent être encadrées d’un filet simple, d’un filet double maigre ou d’autre façon, séparés du texte par un blanc de 1 cicéro ou de 18 points selon la force de corps du caractère et le format de l’ouvrage.

25. Les pages blanches ne sont pas encadrées ; mais une page ayant en son milieu un cul-de-lampe ou une vignette quelconque devra être encadrée.

26. De manière générale, les auteurs recommandent d’éviter les coupures de pages à une ligne comportant une division en fin de justification : l’espacement de la ligne sera modifié pour éviter la division, ou la mise en pages sera remaniée en gagnant ou en chassant.

27. Dans ces ouvrages, les grandes gravures, tenant presque page entière, sont fréquemment placées en belle page sans folio ni texte, le verso blanc ; les autres gravures sont habillées le moins souvent possible ; seules les petites figures sont encadrées de texte. Dans ces cas, plus que partout ailleurs, l’habillage doit être fort régulier.

28. Les notes sont séparées du texte par un fort blanc ou par un filet régnant sur toute la justification.

29. Il est d’usage de tirer en deux couleurs la ligne principale du titre, ainsi que la ligne essentielle de la firme de l’éditeur et parfois le nom de l’auteur.

Souvent, à moins qu’elle ne suive immédiatement les indications ci-dessus, on imprime également en couleur le texte d’une mention à laquelle on attache une importance particulière, telle : Ouvrage couronné par l’Académie française, Ouvrage honoré d’une subvention du Ministère, Deuxième édition, etc.



IX

LES ÉPREUVES D’AUTEURS


« Les épreuves à corrections font partie de ces concessions désagréables que l’imprimeur doit faire au client. » Il faut reconnaître cependant que l’épreuve, unique ou multiple, protège pour une large part l’imprimeur contre la responsabilité qu’il encourrait, à l’égard de l’auteur, pour les erreurs que le livre contiendrait. Pour cette raison, il faut souhaiter que, dans les cas douteux, le nombre des épreuves soit aussi élevé que possible.

Les auteurs ne se font point faute d’ailleurs de se prévaloir en ces circonstances de la liberté que leur accordent les usages, et l’on peut dire qu’en pratique le nombre des épreuves en placards ou en pages à fournir est illimité : suivant ses besoins, et sur sa demande, l’auteur peut recevoir successivement une première d’auteur, une deuxième, une troisième, et même plus si, d’après les corrections ou les modifications qu’il apporte au texte, il l’estime nécessaire : il est seul juge en cette matière, et généralement il ne remet le bon à mettre en pages ou, le cas échéant, le bon à tirer, que s’il répute le texte « amené à son état à peu près définitif ».

Pour les épreuves, s’il s’agit de placards, les paquets sont disposés sur la presse dans l’ordre précédemment indiqué, soit en se suivant, soit en colonnes, ou encore imposés dans les mêmes conditions ; pour les épreuves de mise en pages les pages sont placées par côté et en ordre d’imposition.

Le tirage d’une épreuve exécuté sur une forme, à l’aide de la presse, est plus propre et donne un meilleur registre que celui fait, sur des paquets simplement liés et entourés de garnitures. Ce point n’est pas négligeable : nombre de personnes, en effet, attachent une grande importance à la présentation des épreuves à correction et refusent nettement les épreuves dites à la « brosse » ; d’autres, au contraire, un peu ignorantes des choses de l’imprimerie, considèrent l’épreuve de correction comme un tirage d’essai.

Pour éviter des récriminations toujours désagréables, l’épreuve sera convenablement margée, bien lisible, sur papier propre, suffisamment grand et collé ; elle portera cette indication : épreuve à la brosse, expression qui devrait être comprise de tout profane.

a) Dans les imprimeries de moyenne importance, et a fortiori dans les maisons importantes, des ouvriers spéciaux — appelés pressiers ou faiseurs d’épreuves, mais qui s’attribuent parfois le titre de conducteurs — sont chargés du tirage des épreuves à la presse en blanc, à la presse à bras, dite aussi presse manuelle Stanhope ou Foucher, ou de leur confection à la brosse.

b) Dans les ateliers, où le nombre des ouvriers ne permet pas d’affecter de manière spéciale un employé au tirage des épreuves, généralement chaque compositeur fait lui-même épreuve de sa composition pour la remise au correcteur des typographiques. Quelquefois même, ce travail, très simple en apparence, est confié à des apprentis auxquels personne n’a pris soin de donner au moins quelques leçons élémentaires relatives à ce sujet et sur les actes desquels chacun, malgré les plaintes du correcteur, s’ingénie à fermer les yeux.

Les paquets portés à la presse ne sont jamais débarrassés de leurs porte-pages, souvent constitués par des maculatures de forces différentes et pleines d’aspérités ; l’encrage consiste, plutôt en l’épandage à la surface du caractère d’une sorte de cirage pâteux ; la pression est mal réglée ; le coup de barreau est donné au hasard de la vigueur des bras, pendant un duel à coups d’éponge ou de cadrats, et sans la précaution de mettre à droite et à gauche du marbre les supports de pression. Les paquets, vaguement séparés par des garnitures de fortune, ne sauraient donner à l’impression quelque idée d’une marge cherchée ; le papier, quelconque, porte ici en déchirures multiples les traces violentes de la robustesse de l’ouvrier et là atteste par des moines nombreux l’amour du rouleau et la déplorable qualité de l’encre ; le caractère a subi le contact violent de la platine, et l’absence des supports en plomb ou en fer aux quatre coins du marbre a causé d’irréparables dégâts. Ajoutez à cela des blanchets qui ne sont jamais lavés ni entretenus, un rouleau détestable, une table à encre qui ne fut oncques nettoyée et un marbre de presse que l’encre sèche dispute à la rouille. Les épreuves faites, les paquets, sans être lessivés, sont portés sous le rang, où ils restent, exposés à la poussière, parfois un temps fort long avant d’être corrigés. Ces habitudes regrettables sont préjudiciables autant à la presse elle-même qu’à la lettre, surtout s’il s’agit de caractères de fantaisie, de compositions délicates et ornementées. Pour peu en effet que l’on fasse, dans ces conditions, deux ou trois épreuves avant la mise en pages, l’éreintement et l’encrassement du caractère sont complets.

Les épreuves des pages en formes ne sont souvent guère mieux traitées. Si le pressier est un manœuvre quelconque n’ayant aucune notion de la presse à bras, les résultats du travail sont déplorables, aussi bien pour le matériel lui-même que pour l’auteur ou le correcteur. Le lavage des caractères n’a jamais lieu ou, si par hasard et pour des raisons majeures il est exécuté, il est fait dans des conditions qui permettent de dire qu’il eût mieux valu se tenir tranquille.

c) Assez rarement, surtout pour les envois destinés aux auteurs, les épreuves sont exécutées sur le marbre. La forme ou les paquets préalablement encrés à l’aide d’un rouleau à main sont recouverts d’une feuille de papier dont la face a été légèrement mouillée à l’aide d’une éponge ou d’un blaireau. Le papier, simplement posé sur la composition, doit être bien tendu et ne présenter aucun pli. Avec une brosse plate spéciale, dite brosse à épreuves, on frappe la feuille : les coups doivent être modérés, afin d’éviter toute déchirure du papier rendu particulièrement fragile, en raison de son humidité ; ils doivent aussi être rapides, car le papier sèche vite et en même temps se déforme et se rétrécit ; enfin, ils seront bien dirigés, car la lettre, particulièrement celle des paquets, se couche si elle est frappée obliquement ou trop fortement.

Le taquoir remplace parfois la brosse ; il ne faut pas oublier que son action est brutale, et que son emploi doit être particulièrement surveillé.

d) La brosse, comme le taquoir, ne donne que des épreuves quelconques, trop fréquemment floues, de lecture difficile ; des pâtés d’encre isolés ou des manques de touche nombreux ajoutent encore à ces inconvénients ; aussi est-il de règle de réserver l’emploi de la brosse et du taquoir presque exclusivement pour la confection des épreuves destinées au personnel de l’imprimerie, correcteurs, reviseurs et tierceurs.

La presse manuelle elle-même n’est pas, à ces différents égards, exemple de tous reproches, dont la gravité s’augmente ou s’atténue en raison de l’incapacité ou des soins du pressier. Cependant, si le pressier a pris quelque précaution, les épreuves donnent suffisamment satisfaction, lorsqu’il s’agit d’épreuves de texte courant, ou de texte ne comportant que des gravures au trait.

Pour le tirage des épreuves comportant des similis, ou pour les épreuves à fournir en grandes quantités, et sur des papiers spéciaux, nombre d’imprimeries utilisent des presses spéciales à cylindre, sur lesquelles une légère mise en train peut être faite et la marge possible.

e) Au sortir de la presse, dès qu’une épreuve vient d’être terminée, le caractère — aussi bien pour sa conservation que dans un but de propreté indispensable au travail — doit être lavé et rincé.

Le conducteur passe légèrement sur la forme une brosse imprégnée d’essence ; il enlève ainsi l’excès d’encre et, le cas échéant, nettoie les zincs ou les gravures qui souffriraient d’un lavage à la potasse et à l’eau courante, nécessaires cependant pour débarrasser le caractère de toute trace d’encre, surtout de la poussière du papier et aussi des restes d’essence ou de pétrole.

Pour un lavage convenable, il suffit d’avoir une bonne brosse, de la potasse assez forte et de l’eau en abondance.

La brosse sera assez large pour être maintenue dans la main droite et assez haute pour qu’on ne soit pas exposé à égratigner le caractère avec le bois ni à se raboter les doigts sur l’œil de la lettre.

La potasse utilisée, liquide ou consistante, est diluée dans l’eau ; on emploie également le potassium allongé d’eau en quantité suffisante. La potasse sera à bonne dose, afin qu’elle nettoie suffisamment sans cependant laisser trace de caustiques plus ou moins dangereux. Avec une solution à trop haute dose, quelques heures après un rinçage insuffisant, la potasse constitue une sorte de poudre blanche qui bouche l’œil du caractère et risque d’avarier les déliés de la lettre employée dans cet état. Une solution faible n’enlève que superficiellement l’encre et les poussières qui se sont glissées entre chaque lettre.

Pour obtenir une dissolution au degré convenable, on verse une quantité donnée d’eau dans un récipient, on trempe deux doigts dans ce liquide, et on verse doucement la potasse jusqu’au moment où les doigts glissent l’un contre l’autre comme enduits d’un corps gras. La brosse est trempée dans cette solution, puis une première fois passée à plusieurs reprises sur la forme en un mouvement circulaire, et une deuxième fois dans le sens des lignes de la composition ; les bois, les garnitures, le châssis sont également lavés.

Après ce premier nettoyage, la forme est à l’aide de la brosse passée à l’eau ; puis elle est rincée convenablement, soit en la soumettant à l’action d’un jet puissant, soit en l’inondant d’une grande quantité d’eau.

Quelque bien lavée à la potasse que soit une forme, elle sera mal nettoyée si le rinçage est insuffisant : la distribution qui en sortira sera désastreuse, et les doigts des compositeurs noircis et rongés par le mélange d’encre, de potasse et de pétrole ou d’essence en diront assez sur la négligence de l’imprimeur.

Il est indispensable de rappeler ici que les gravures sur zinc ne doivent, en aucun cas, être lavées avec une dissolution de potasse, en raison de l’action nocive de ce produit qui oxyde rapidement le zinc. Il faut éviter également le lavage à l’eau courante de ces mêmes gravures. Lorsque, par inadvertance, des zincs ont été rincés à l’eau, il est bon de les sécher immédiatement, puis de les graisser abondamment avec une huile légère, et ensuite de les enduire d’une dissolution de bitume de Judée.

Les gravures sur bois, rincées trop abondamment à l’eau froide ou chaude, ont le grave défaut de se disjoindre, si elles sont en plusieurs pièces, ou de se casser lorsqu’elles sont d’un seul morceau. Il est préférable, pour tous ces bois, même s’ils ont été trempés dans l’huile bouillante, de se borner à un simple lavage à l’essence de pétrole. Le nettoyage terminé, les bois sont retirés et remplacés par des garnitures ; les formes peuvent alors être portées au lessivage pour être rincées à grande eau.




  1. H. Fournier, Traité de la Typographie, 4e éd., p. 103.
  2. Voir le Correcteur Typographe : Essai historique, documentaire et technique, chap. v, p. 257.
  3. Voir, plus loin, sur ce sujet, le paragraphe ix : les Épreuves d’auteur.
  4. Voir le Correcteur Typographe : Essai historique, documentaire et technique, chap. viii, p. 369.
  5. Ces chiffres un sont qu’approximatifs pour les labeurs, puisque — il est bon d’insister sur ce pont, — la hauteur de pages doit, en toutes circonstances, être calculée d’après le nombre de lignes contenues dans une page pleine, sans se préoccuper du souci de tomber sur cicéro.
  6. Nous appelons tête de la galée la partie comportant l’équerre.
  7. Voir également le chapitre Folios et titres courants.
  8. Mais, par un abus difficile à comprendre, certains compositeurs et surtout nombre d’auteurs désignent également sous le nom de queue la partie de la page laissée blanche.
  9. D’après A. Frey, Nouveau Manuel complet de Typographie (Manuels-Roret), édition revue par E. Bouchez, 1857, t. II, p. 303.
  10. Pour ces papiers, le poids est toujours calculé au mètre carré.
  11. Dans un volume composé en caractère de corps 8 ou au dessous, il ne paraît pas y avoir inconvénient à ce que le texte des signatures soit composé en corps inférieur de 1 point seulement à celui du texte de l’ouvrage, la position isolée de celles-ci « les rendant suffisamment distinctes et visibles ».
  12. Le carton roulé est composé des 4 pages milieu de l’in-6 : pages 5, 6, 7 et 8.
  13. Voir plus loin le chapitre Sommaires.
  14. Voir plus loin, sur ce même sujet, le chapitre Traductions.
  15. Voir, plus loin, le chapitre Composition des légendes.
  16. Il ne faut pas confondre la légende et le titre de la gravure : ce dernier se place toujours en tête et se compose en petites ou en grandes capitales, suivant le format et la justification.
  17. Cependant Th. Lefevre écrit : « … La gravure doit être placée de manière que sa partie inférieure et sa légende soient du côté de la marge extérieure, aussi bien pour le verso que pour le recto. » On peut objecter à cette opinion que le mouvement du bras et de la main qui amène, pour les pages impaires, la marge extérieure sous les yeux du lecteur paraît normal, car il dégage entièrement la page ; il en est tout autrement lorsque les légendes et le pied des gravures sont placés dans la marge extérieure des pages paires, le bras et la main étant obligés à une contorsion à l’envers.

    E. Leclerc, à l’encontre de Th. Lefevre, dit : « Le pied sera donc dans la marge de fond des pages paires, et dans la marge extérieure des pages impaires. »

  18. Cependant Th. Lefevre dit très catégoriquement : « Lorsque dans un ouvrage à deux, trois ou quatre colonnes, une figure occupe la justification générale, le texte, interrompu, à la première colonne, par la rencontre de cette figure, se continue immédiatement sur la deuxième, la troisième et la quatrième colonne, puis revient à la première au-dessous de la figure. »

    Toutefois notre auteur ajoute : « Mais, si la figure prend du texte sur ses deux côtés, le texte (remanié suivant la largeur du bois) se continue sans interruption jusqu’au bas de la première colonne et reprend ensuite en tête de la seconde. »

  19. La question est en effet complexe : dans un des cas proposés, le lecteur éprouve à chaque fraction de ligne une hésitation, qui augmente lorsqu’il faut, la lecture de l’habillage de gauche terminée, remonter au texte de l’habillage de droite, puis reprendre sous l’habillage de gauche le texte de pied ; dans l’autre solution, le passage d’un mot au mot suivant par-dessus la gravure semble anormal, et le retour de la fin de la ligne au début de la ligne suivante déroute le lecteur.

    Aux inconvénients qu’une telle disposition présente pour le lecteur, il faut ajouter les difficultés nombreuses d’espacement avec lesquelles le typographe est toujours aux prises. Malheureusement la volonté de l’auteur, qui se préoccupe souvent fort peu de ces considérations, est là, et il faut s’y conformer. Tel n’était point cependant l’avis de V. Breton qui écrivait : « Aucune des deux dispositions n’est bonne et ne saurait être employée. Quand il se trouve une vignette à insérer dans une page à une seule colonne, il n’y a qu’une chose à faire : si la vignette est suffisamment large et ne laisse pas à droite et à gauche un blanc trop choquant, ne pas l’habiller ; si la vignette est trop petite, et qu’on ne veuille pas perdre de place, il n’y a qu’à la placer à droite ou à gauche de la page, selon le cas. »

  20. Dans les ouvrages anciens (vieux style), les chapitres commençaient seulement en page et même souvent se suivaient dans le cours de la page elle-même ; parfois, le premier était placé immédiatement après l’introduction ou la préface, en page seulement, et sans l’emploi de ce que nous appelons le titre de départ. Dans les ouvrages modernes simulant le vieux style, les chapitres commenceront en belle page.