Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/24/01
I
TABLE DES MATIÈRES
1. Au gré des auteurs, parfois des éditeurs, sans qu’aucune règle bien précise ait jamais été édictée sur ce sujet, les tables des matières se placent soit en tête du volume, soit, et ceci plus fréquemment, à la fin.
a) Mise au début du travail, la table des matières constitue, en quelque sorte, le cadre dans lequel l’auteur enchâssera ses idées, le canevas sur lequel il tissera la trame de son discours. — Au lecteur elle offre, après un examen rapide, la possibilité de consulter les seuls chapitres ayant un intérêt primordial : gain de temps et d’argent.
b) Renvoyée à la fin du volume, la table n’est plus qu’un bref résumé des matières étudiées, un simple rappel des différentes parties de l’ouvrage qui vient de s’achever. — Elle constitue seulement le moyen de retrouver rapidement le passage qui a frappé à une première lecture ou celui dont on désire approfondir l’examen.
2. En tête du texte, la table des matières forme, avec les titres et, le cas échéant, avec l’avant-propos, la dédicace ou la préface, une feuille ou un carton spécial, dont le tirage est effectué en dernier lieu. Dans ce cas, elle commence toujours en belle page.
3. Lorsqu’elle termine l’ouvrage, la table des matières est comprise dans la dernière feuille ou le dernier carton du texte, avec lequel elle est imprimée. Elle débute alors tantôt en page, tantôt en belle page, suivant les instructions données. À moins de raisons particulières, elle fait rarement l’objet d’un tirage isolé sur feuille particulière, qui obligerait à un début en belle page.
4. Si le travail contient) également, une table analytique, un index ou table alphabétique, un vocabulaire — ou, seulement, l’une ou l’autre de ceux-ci — fréquemment la table des matières est rapportée en tête de l’ouvrage ; lorsqu’on la renvoie après le texte, elle est toujours placée la dernière.
5. Pour la composition des tables, on emploie un caractère de corps inférieur d’au moins 2 points à celui du texte. Le blanc d’interligne est toujours proportionnel à celui du texte.
6. Les titres Table des matières, Index, Table alphabétique sont généralement, composés en gros caractères. On leur donne la même importance qu’aux parties Préface, Avant-Propos, Dédicace, etc.
7. Les tables des matières se composent toujours en pleine ligne, sans aucun renfoncement :
DE LA COMPOSITION
8. Si le texte nécessite plusieurs lignes, on le dispose en sommaire :
CONTRATS COMMERCIAUX
9. La composition de ces tables des matières est semblable à celle des alignements, comme emploi de points de conduite, justification de la ligne, découvert à observer entre les points de conduite et les chiffres, alignement des chiffres.
10. Rarement, sauf pour des raisons toutes spéciales et dans les travaux à longue justification, la composition des tables des matières proprement dites a lieu sur deux colonnes ; elle se fait presque toujours à lignes de justification entière.
Cependant, lorsque le texte se compose presque exclusivement de rubriques de très courte étendue, il y a intérêt à composer sur deux colonnes, tant au point de vue de la place que de l’aspect et de la facilité de lecture.
En outre, si le texte lui-même est composé sur deux colonnes, il est indispensable que la table des matières soit en harmonie avec l’ensemble du travail.
USTENSILES QUI SERVENT À LA COMPOSITION
Ais 228 |
Décognoir 227 |
Biseaux 221 |
Galées 223 |
Bois 220 |
Garnitures 218 |
Casseau 229 |
Marbre 227 |
Châssis, rainette 214 |
Rang 223 |
Coins 222 |
Réglettes 222 |
Composteur 213 |
Taquoir 226 |
Coulisse 226 |
Visorium 230 |
11. Les indications de divisions ordinaires et leurs titres se composent : tantôt en lignes de justification totale, en vedette, suivant l’exemple ci-dessus ; tantôt sur la longueur de la colonne simplement ; dans ce dernier cas, les titres et numéros des grandes divisions sont seuls composés en grandes lignes.
COMPOSITION
CHAPITRE PREMIER ÉLÉMENTS DE COMPOSITION |
CHAPITRE II. DE LA COMPOSITION |
Caractère 41 |
Avant-propos 94 |
Casse 60 |
De la composition proprement dite 96 |
Espaces 68 | |
Lettre 50 |
Des soins à prendre en composant 99 |
Modèles de casse 63 |
12. L’indication de la page est toujours rejetée au bout de la ligne.
Daupeley-gouverneur recommande d’utiliser le mot ibidem, abrégé ibid. ou ib., pour remplacer en deuxième ligne le chiffre d’une pagination semblable à celui de la ligne précédente :
Si l’indication de page comporte plusieurs nombres, un seul, le plus élevé, est reporté en fin de ligne ; les autres sont rentrés dans la ligne de points de conduite, au delà du blanc régulier de découvert qui doit présenter constamment un alignement vertical ininterrompu. Le premier de ces nombres est séparé des points de conduite par un blanc de 1 cadratin ; chacun d’eux est suivi d’une virgule et d’une espace forte :
13. Lorsque le texte remplit entièrement, jusqu’au découvert, la première ligne de justification, sans enjamber sur la seconde, les indications de pages, comprenant deux nombres ou plus, sont reportées isolément à cette deuxième ligne ; les points de conduite sont supprimés. On écrira donc :
et non pas, comme on le voit quelquefois :
Il est de toute évidence que, dans ce cas, l’emploi des points de conduite est un non-sens : ceux-ci ont en effet pour fonction principale, afin de faciliter la lecture, de relier le texte à l’indication de pagination. Et la deuxième ligne ne contient aucun texte !
Aucun auteur typographique ne signale et surtout ne recommande cette manière de faire qui est plutôt le fait de compositeurs indécis ou ignorants.
14. On adoptera la même disposition, même si l’une dès indications de page peut figurer dans la ligne de texte :
15. Il ne faut pas, dans une table des matières à indication de pages multiples, employer indifféremment la virgule ou la division.
La virgule indique que, pour étudier les différentes parties d’un sujet donné, on doit se reporter successivement aux pages énumérées.
Ainsi dans l’exemple :
on indique au lecteur que les pages 294, 298, 299, donnent des détails au sujet des papiers ; tandis que dans l’exemple suivant :
on l’avertit qu’il doit parcourir de la page 150 à la page 167 inclusivement pour étudier entièrement le sujet.
Toutefois, comme on le voit, les règles de composition sont les mêmes, que ce soit la virgule ou la division dont on fasse emploi.
16. Le mot page est indifféremment exprimé ou non.
Lorsqu’il est exprimé, le mot page se met en tête et dans l’alignement des chiffres ; on le compose en caractères de petit texte, corps 6 ou 7 ; un blanc de 2 à 3 points au plus le sépare des chiffres :
Le mot page, dans ce cas, prend toujours la grande capitale initiale et la marque du pluriel. Il est suivi d’un point.
17. Eh règle générale, le mot page employé dans ces conditions est répété, à chaque page d’une table des matières, en tête de l’alignement des chiffres indicatifs.
Dès lors, si un titre figure au haut d’une page de table des matières, il est indispensable de reporter après ce titre le mot page qui ne sera, en aucun cas, séparé des chiffres :MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL
18. On rencontre encore, mais très rarement, le mot page, lorsqu’il est exprimé au premier folio, composé dans la ligne de points de conduite :
DU MAGNÉTISME
Le mot page est précédé de 1 cadratin de blanc ; il est placé à l’alignement du découvert, sur lequel il ne doit pas enjamber. Dans les lignes suivantes, les points de conduite sont composés jusqu’au découvert lui-même.
19. Il peut arriver qu’une division du volume ne comporte aucune subdivision ou sous-titre. Dans ce cas, obligatoirement, l’indication de la page du chapitre ou de la division doit figurer à la suite du titre du chapitre, en fin de justification, comme pour le reste de l’alignement ; les points de conduite ne sont pas employés :
20. Dans les tables des matières, les grandes divisions du volume se composent en capitales ; leurs titres, suivant les ressources matérielles de la maison, également en capitales, plus rarement en bas de casse, et indifféremment en caractères gras, italiques, ou même romains.
Par le choix des caractères, on doit rappeler la valeur attribuée par l’auteur aux différentes parties de son travail ; pour leur emploi, on se reportera donc au besoin au texte lui-même.
Avec le plus grand soin, on évitera une inversion dont l’importance pourrait, au premier aspect, causer une erreur d’appréciation.
Suivant leur ordre respectif, les tomes, les volumes, les livres, les parties, les chapitres, les sections, les paragraphes, les articles, etc., auront, ainsi que le titre qui les suit, chacun leur caractère distinctif.
21. Les divisions importantes — tome, volume, livre, partie, chapitre — se justifient, généralement, comme leur titre, en lignes perdues, afin de frapper plus vivement l’œil du lecteur.
Mais il ne faut pas oublier qu’il n’y a aucune obligation à accepter telle disposition plutôt que telle autre ; là comme dans le texte, tout en sauvegardant le respect des règles typographiques, il faut se rapprocher de la disposition esquissée par l’auteur, sauf raisons toutes spéciales.
Le texte du titre du chapitre comportant trois lignes ou plus est composé en sommaire :
Dans ce cas, les subdivisions qui ne sont point placées en vedette sont composées en alinéa : la première ligne est, suivant la justification, rentrée de 1 ou 2 cadratins sur les lignes suivantes qui s’alignent avec le sommaire du texte du titre du chapitre :
22. Au reste, pour indiquer la graduation raisonnée des différentes parties, on a recours également au renfoncement progressif du texte des titres des sections, des paragraphes, des articles, des alinéas, etc., lorsque ces titres sont composés en lignes pleines dé justification, et non en vedette ou lignes perdues.
Ce renfoncement s’établit, pour une division d’importance moindre par rapport à la division immédiatement supérieure, par au moins 2 cadratins de blanc, afin de dégager nettement l’amorce de chaque titre. — La composition a généralement lieu en sommaire.
L’essentiel, une fois une disposition adoptée, est de se conformer
rigoureusement à cette disposition, au cours de la composition de la table.
L’exemple suivant illustrera de la manière la plus claire possible les lignes qui précèdent.
23. Lorsqu’un ouvrage ne comprend qu’un seul genre de division, la composition de la table des matières est grandement simplifiée.
Soit, par exemple, une table dès matières ne comportant qu’un genre de division, celui en chapitres, et, occasionnellement, au cours de deux ou trois de ces chapitres, quelques sous-titres ou paragraphes.
On peut recourir aux différentes dispositions suivantes :
a) Le mot chapitre est exprimé en abrégé (sauf la première fois où il est cité) ; aucun alignement ni pour les chiffres romains ordinaux, ni pour le point et le tiret, ni pour le texte lui-même ; — les titres des paragraphes sont renfoncés d’un nombre de cadratins, laissant entièrement à découvert le mot chapitre exprimé en entier ou abrégé chap. ; les titres des chapitres sont composés indifféremment soit en romain, soit en italique, soit en gras (ces deux derniers peu à recommander, toutefois, en raison de la moindre lisibilité du texte que peut causer leur emploi trop fréquent :
Aucune remarque bien particulière n’est à présenter sur cette disposition.
b) Le mot chapitre, ou son abréviation chap., peut être remplacé par un tiret ou moins.
En ce cas, pour éviter un emploi exagéré, et par suite fatiguant, du tiret, on supprime ordinairement celui qui suit le numéro du chapitre.
L’emploi du tiret suppléant le mot chapitre oblige nécessairement à renfoncer le titre des paragraphes au moins de 1 cadratin sous le texte du titre du chapitre, disposition laissant entièrement à découvert le numéro d’ordre :
c) Dans ce dernier cas, on peut observer l’alignement du point qui suit les nombres romains, en rentrant légèrement vers la gauche les chiffres grandes capitales.
D’autres auteurs, au contraire, conseillent l’alignement vers la gauche des chiffres grandes capitales, ainsi que l’alignement du texte : le surplus de place exigé par les chiffres romains les plus élevés se trouve compensé après les chiffres faibles par un blanc placé entre le premier mot du titre et le point qui suit les chiffres romains :
Si la table des matières comporte un nombre élevé de chapitres, le blanc compensateur placé après chaque nombre est parfois exagéré pour les premiers chapitres et d’un aspect désagréable.
Th. Lefevre écrit : « Les adjectifs numéraux exprimés eu chiffres romains… dans les tables des matières ou autres, qu’ils soient ou non précédés des mots livre ou chapitre, ne doivent pas non plus s’aligner d’aucune des trois manières qui suivent :
Ils doivent tous commencer immédiatement la ligne[1] :
ou suivre, en s’alignant à gauche, le substantif qui les précède :
Leclerc[2] exprime un avis analogue à celui de Th. Lefevre.
Daupeley-gouvehneur[3] est d’un sentiment contraire : « Nous donnons un exemple de ces dispositions. On remarquera que les deux premiers exemples ne diffèrent que par l’alignement des chiffres romains, à gauche ou à droite ; le second est généralement moins usité. »
Avec cette disposition de l’alignement vers la gauche, les chiffres romains numéros de chapitres commencent en pleine ligne ; il n’y a aucun alignement pour le tiret et pour le texte du titre des chapitres ; la table se présente comme une composition courante de sommaire :
Les titres des paragraphes (Clôture des yeux, Spasmes, Paralysie entière) sont renfoncés d’un nombre déterminé de cadratins, 2 ou 3 au plus, à partir du début de la justification, sans tenir compte, comme précédemment, d’un découvert pour le terme chapitre ou pour le premier mot du titre.
D’autres auteurs, notamment dans les Archives de l’Imprimerie, recommandent la disposition suivante qui ne paraît guère plus heureuse, en raison de l’accumulation complètement inutile des points de conduite :
Chapitre I |
Paléontologie 40 |
Chapitre II |
Zoologie 80 |
Chapitre XXXVIII |
Minéralogie 100 |
Cette disposition oblige à composer les tables des matières en deux justifications différentes (que l’on réunit ensuite pour obtenir la justification totale), afin d’arriver à un alignement parfait.
Quoi qu’en disent les auteurs, lorsque les chiffres numéraux ordinaux sont seuls utilisés, à l’exclusion de l’indication de la division (chapitre, livre, titre, section, etc.), la disposition suivante paraît préférable :
Le reproche qui est fait à cette disposition est d’ailleurs puéril, si l’on examine certains exemples donnés que voici :
Composer :
de préférence à :
On remarquera, tout d’abord, qu’il est fort rare de rencontrer, dans une même page de table des matières, l’indication du chapitre I (p. 5 ou 1) et celle du chapitre XXXIV ou XXXIX (p. 451 et 280) : à ce point de vue l’exemple est quelconque, forgé pour les besoins de la cause, et non point emprunté à un travail vécu, comme doit l’être tout bon exemple.
En outre, le texte dans lequel ces exemples sont enserrés contribue à augmenter l’exagération d’un défaut hypothétique, sans rien ajouter de convenable à une qualité plus hypothétique encore.
Dans une table des matières le blanc de la marge atténue singulièrement la légère irrégularité d’alignement que produit l’adjonction à chaque nombre d’une lettre romaine.
D’autre part, le blanc des titres, et, le cas échéant, celui du renfoncement du sommaire interviennent de façon heureuse.
Enfin, un alignement irréprochable des tirets et du texte ne saurait être un terme de comparaison avec « l’hélice mal tirebouchonnée » présentée par l’exemple suivant volontairement mis en jeu :
24. Le mot chapitre, ou son abréviation chap., se compose soit en grandes capitales, soit en petites capitales avec une grande capitale initiale, soit même parfois, mais plus rarement, en lettres bas de casse :
25. Le mécanisme de la composition est le suivant :
a) Placé dans la même ligne que le mot pages, le terme chapitres est composé en petites ou en grandes capitales, et aussi en lettres bas de casse, comme on l’a dit au paragraphe 24, et dans l’alignement des nombres ordinaux ;
b) Ces nombres sont alignés vers la droite, sur le point : le blanc à placer devant chacun d’eux est calculé d’après le chiffre le plus élevé, et généralement sur cadratin à partir du point ; le cas échéant, le blanc supplémentaire au delà du cadratin est placé avant le chiffre ordinal ;
c) Les tirets s’alignent verticalement, ainsi que le premier mot du texte de chacun des titres ;
d) Les titres des paragraphes (Clôture des yeux, Spasmes, Paralysie entière) sont rentrés de 1 cadratin après le début des titres de chapitres ;
e) La composition est relativement facile en calculant, ainsi qu’on l’a dit, sur un nombre exact de cadratins, le renfoncement du point qui suit les numéros de chapitre et en employant, comme espacement du tiret, 1 demi-cadratin de blanc.