Le Corsaire rouge/Préface de la nouvelle édition

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Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 8, ).
PRÉFACE


DE LA NOUVELLE ÉDITION.




Depuis le moment où parut cet ouvrage, jusqu’à ce jour, l’auteur ne l’a relu que pour faire les corrections nécessaires à cette nouvelle édition. Après examen, la critique l’a trouvé rempli de fautes de style, d’orthographe et de goût. Il espère avoir fait tous ses efforts pour réparer ces trois erreurs et que cet ouvrage est maintenant plus digne qu’autrefois de la faveur qu’il a obtenue.

L’auteur a peu de chose à dire relativement au sujet du roman. L’Amérique est un pays qui n’a presque pas de traditions ; le peu qu’il en existe est trop familier pour être converti en fiction. L’objet de l’ouvrage est de peindre des scènes maritimes, des usages et des caractères qui n’appartiennent qu’à la mer, et point du tout de raconter des événemens réels. Il n’y eut jamais de flibustier du nom de notre héros, et ce nom est de pure invention comme le reste de l’ouvrage. Le but moral que l’auteur se proposait était de prouver que les hommes du plus beau caractère peuvent être égarés par leurs passions et combien les bornes qui séparent le vice de la vertu sont faciles à franchir, lorsqu’une éducation négligée donne une fausse impulsion à des esprits qui portaient en eux le germe des belles actions. L’auteur a pensé aussi qu’il était utile de prouver qu’on peut donner au crime de brillantes apparences, et que d’un autre côté il ne faut pas appeler des monstres ceux qui ont avec raison perdu l’estime de leurs concitoyens ; car, en général, les déclamations de ceux qui sont placés par la fortune au-dessus des dangers et des tentations, sont aussi dangereuses que les exemples des criminels.

Londres, octobre 1833.