Voyage de Marco Polo/Livre 1/Chapitre 60

La bibliothèque libre.
LX
De la justice et des jugements des Tartares.


Voici comment ils punissent les criminels : si quelqu’un a volé une chose de peu de valeur et ne mérite pas la mort, il est fouetté de sept coups de verges ; ou de dix-sept, de vingt-sept, et quelquefois de quarante-sept, proportionnant le nombre des coups à la grandeur du crime, ce qui va quelquefois jusqu’à cent, ajoutant toujours dix ; en sorte que parfois la mort s’ensuit. Mais si quelqu’un a volé un cheval ou autre chose qui mérite la mort, on lui ouvre le ventre ; si toutefois il a de quoi racheter sa vie, il doit réparer le vol en en payant neuf fois la valeur. C’est pourquoi ceux qui ont des chevaux, des bœufs, des chameaux, se contentent de les marquer au poil avec un fer chaud, et les envoient sans aucune garde à la pâture ; ils font seulement garder les petits animaux par des pasteurs. Ce furent là les premières coutumes des Tartares ; mais comme ils ont été depuis mêlés à différentes nations, ils ont beaucoup dégénéré de leurs premières lois, et se sont assujettis à celles des peuples avec lesquels ils se sont trouvés.