Voyage de Marco Polo/Livre 3/Chapitre 38

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XXXVIII
De l’île de Scoira.


En avançant vers le midi, à la distance de cinq cents milles, on trouve une autre île nommée Scoira[1], dont les habitants sont chrétiens et ont un archevêque. On fait en cette île beaucoup de sortes d’ouvrages, car elle abonde en soie et en poissons. Ils n’ont point d’autres graines que le riz. Ils vont tout nus et vivent de chair, de lait et de poissons. Les pirates apportent dans cette île beaucoup de biens qu’ils volent et qu’ils y viennent vendre. Car les habitants, sachant que toutes ces choses ont été enlevées aux Turcs et aux idolâtres, les achètent volontiers. Il y a dans cette île, parmi les chrétiens, beaucoup d’enchanteurs, qui peuvent par leur art conduire les vaisseaux en mer comme ils veulent, quand même ils auraient un vent favorable ; car alors ils peuvent leur donner un vent contraire et amener les vaisseaux dans l’île malgré eux[2].

  1. Socotra, à l’entrée du golfe d’Ormuz.
  2. Toujours les choses que Marco Polo a entendu dire.