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Le Diable à Paris/Série 4/Les étudiants de Paris

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Les étudiants de Paris
Le Diable à ParisJ. HetzelVolume 4 (p. 1-27).

Les étudiants de Paris

par Gavarni
Mosieu et M’ame Ernest.

Adieu, mon bonhomme, je te laisse ma pipe et ma femme… t’auras bien soin de ma pipe !…

— Mosieu, j’suis Cocardeau ! — Eh bien ? — Eh bien !… eh bien ! j’suis le malheureux époux de la malheureuse que vous… qui vous… enfin, j’suis Cocardeau ! — Eh bien ?

À présent, tu peux filer !


— Ma chère, comment peux-tu supporter un homme qui pipe toute la journée dans des horreurs de machines comme ça ?

— Prends garde ! ça va te manger… Eh bien ! ma petite, j’étais comme toi, avant : rien qu’un cigare ça me mettait dans tous mes états ; mais depuis que je connais Henri, ah ! bien… à présent je suis culottée, vois-tu !

— Et le dimanche, que fais-tu, mon garçon ? — Ma cousine, le dimanche, nous allons dans un jardin qu’on appelle la Grande-Chaumière, où nous entendons de la musique religieuse. — Après vêpres ? — Après vêpres, ma cousine.

— Qu'est-ce que c'est que cette infamie de petite bête-là ?

— C'est un cousin à moi, Nini, que je te présente.

Voilà huit mois, Auguste, que vous me promettez un mantelet ; c’est pas gentil ! tu n’as pas le sou ! tu n’as pas le sou ! tu avais bien besoin d’acheter encore un cadavre, n’est-ce pas ?… Égoïste, va !

— Comment vont nos petits époux, ce matin ?

— Félix dort comme un sabot, la mariée fume un bout de cigare.

Mon cher ami, je suis en affaire avec mon oncle…


La première cure.


— Voyons, mauvais sujet ! trouvez-vous que nos bals vaillent bien vos bastringues de la Chaumière ? Est-ce que nos femmes ne valent pas vos grisettes ?

— C’est un autre genre, mon cher oncle, mais c’est moins amusant !

DONATION ENTRE VIFS.


— Tu ne la reconnais pas, Eugénie, l’ancienne à Boulinguet ? une belle blonde… qui aimait tant les meringues et qui faisait tant sa tête… Oui, Boulinguet l’a fait monter pour 36 francs… — Si c’est vrai ! — Non, va ! c’est un tambour de la garde nationale… Bête ! tu ne vois donc pas que c’est un homme ?

On demande « la barbe rouge du numéro sept »


— Combien ? — Devine… — Trente francs ? — Quatre francs ! — Cré nom !

M’ame Perpignan !… M’ame Perpignan !… deux douzaines, une bouteille, deux pains, un filet champignons, une pomme sautée, et deux cigares… des quatre sous ! Rondement !

NON BIS IN IDEM !
(Axiome de droit.)


Pas le sou, un jour de Chaumière !…


Est-ce aussi votre tuteur qui laisse des épingles noires sur votre oreiller ?…

— C’est moi ! — C’est moi ! — Elle me fait l’œil. — Elle gingine à mon endroit — Tu t’abuses, mon petit. — Tu erres, mon vieux. — (À la fois.) Tiens, tiens, tiens ! nous avons raison tous deux… elle louche !

— Qu’est-ce que t’as qui te chiffonne ? les Anglais veulent de l’argent… promets-leur-en. Ton père n’en veut plus donner… tire-lui une carotte…

Ce n’est pas ça… c’est ma femme qui se marie, et ça m’embête !

Excusez !


Quand on pense que voilà ce que c’est qu’un homme… et que les femmes aiment ça !

Oreste et Pylade seraient volontiers morts l’un pour l’autre ; mais ils se seraient brouillés, s’ils n’avaient eu qu’une cuvette et qu’un pot à eau.

Que diable ! mon neveu, il est bon d’être laborieux, mais on ne peut pas toujours travailler ! Aussi, à la campagne, on s’amuse : fais comme moi.

— Il y a que cet animal de Margouty ne veut pas me payer mes sept livres dix sous que sa femme me doit… Vous, Benjamin, qui êtes avocat, qu’est-ce qu’il faut faire ? — Faut citer Margouty devant le juge de paix du treizième arrondissement.

— Hier, nous avons été à Vincennes avec… tu sais… Lolotte.

— Comment ! toujours ?… Ah çà ! mais, mon vieux Charles, t’as donc été condamné à la Lolotte à perpétuité ?

Il fait son droit

— Dis donc, Charles, Paul a donc connu Sophie ?

— Jamais ! c’est Sophie qui a connu Paul.

M. Charles rêve que sa maîtresse est infidèle.
Mlle Félicité rêve au moyen de l'être.


Il étudie la médecine !…


— Quelle différence y a-t-il entre les bergères et les petits écus ?

— C’est qu’on peut faire danser l’argent sans les femmes, et qu’on ne les fait pas danser sans argent.

— V’là mon épouse ! attention : j’ai dîné hier avec toi !… — Où ? — Chez… Guichardy. — Bon !

Les lettres de l’ancienne.

— Mademoiselle Bienaimée ! — Elle n’y est pas… qu’est-ce que vous lui vouliez ? — Oh rien ! je voulais lui parler… mais vous lui direz, s’il vous plaît, qu’on l’attend rue Neuve-Saint-Georges… elle saura bien ce que ça veut dire. — J’ai bien peur de le savoir aussi, moi, ce que ça veut dire !

— Ô l’amour d’une femme ! ô ineffable chose ! douce au cœur et splendide à la pensée ! sainte poésie qui vous caresse en vous couvrant de majesté : manteau doublé d’hermine…

— Avec les queues.

Essaye un peu de ne pas me mener à tous les jugements, quand tu seras procureur du roi, et tu verras !

Bal à la Renaissance ce soir : lâche ton boulet !


— Quand je serai ministre de la justice, j’empêcherai les femmes d’empêcher les étudiants d’étudier.

— Et on te dira zut.

L’heure du berger.


ARTICLE 212 DU CODE CIVIL.

« Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance. »

Eh ! mon cher, ne te plains pas ! tu seras médecin, je serai procureur du roi : quand tu seras obligé d’avoir du talent je serai forcé d’avoir des mœurs. C’est ça qui sera dur !

Angélique ! Angélique ! Elle n’y est pas… cependant, sapristi ! je vois une paire de bottes

Figurez-vous, mon petit mosieu Constantin, que mon scélérat connaissait cette infamie de Félicité-là depuis tout plein de temps !… Le soir il me disait : Nini, je vas à mon cours de Myologie comparée… j’avalais ça ; je lui disais : Va !… jour de Dieu, Constantin, fallait-il être cornichonne !

— Ça vaut une pièce de quatorze francs…

— …… tra, la, la, la ! « Mes vœux sont ceux d’un simple bachelier ! » Trois livres dix sous.

— Nous sommes loin d’être d’accord, bourgeois.

— Et votre quimbarde aussi, l’ancien !