Le Diable au XIXe siècle/XLVI

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Docteur Bataille ()
Delhomme et Briguet (tome 2p. 928-936).

CHAPITRE XLVI

Le nombre mystérieux 666, ou l’Ante-Christ
d’après le Livre Apadno


« Ici le Très-Haut le plus haut écrit pour dévoiler aux hommes fidèles comment s’incarnera le génie qui préside aux œuvres de nécromancie. Cette incarnation sera la récompense de la grande victoire de Sirius.

« Le Dieu-Bon le fit prince, ce vaillant chef de légion, et il lui donna place à sa cour entre le prince qui mord en riant, lequel commande aussi à une légion, et le prince du hasard fortuné, lequel commande à quatorze légions.

« Prosternez-vous, hommes fidèles, devant Kobal, devant Asmodée, devant Antichrist[1]. Le rire donne la main au jeu ; la tombe s’ouvre et devient le lit de la volupté. Sirius a été évacué ; Prince de la nécromancie, c’est à toi qu’est réservée encore la gloire de la Terre.


L’Ante-Christ (selon le Livre Apadno).

« Dix rois de la Terre combattront sous tes ordres, Prince que j’aime ; c’est moi, le Dieu-Bon, qui l’ai dit.

« Mais les temps compteront à partir du jour où le Très-Haut le plus haut aura une fille parmi les enfants des hommes ; car, de même que Dieu lui-même engendra Caïn, Dieu lui-même sera père encore sur la Terre, mais d’une fille, quand les nouveaux temps viendront.

« Sept ans moins neuf jours avant le Troisième coup de canon, naîtra, au pays de l’Ell, d’une femme du Nord, une certaine fille qui sera la sagesse même, et son père sera l’Esprit-Saint, opérant par l’intermédiaire d’un homme juste.

« Et personne ne pourra lire le nom de cette fille prédestinée ; car c’est d’elle que descendra Celui dont le double nom vaut 666.

« Passeront trente-trois ans. Alors la fille qui sera sagesse enfantera, non des œuvres d’un homme, mais d’un esprit de lumière, une fille dont aucun mortel ne pourra lire le nom.

« Et le père de cette fille sera le Léopard aux ailes de griffon, qui commande à soixante-dix légions.

« Passeront trente-trois ans encore. Alors la fille du Léopard enfantera, des œuvres d’un esprit de lumière, une fille dont le nom sera lu par les seuls élus de Baal-Zéboub et d’Astarté.

« Et le père de cette fille sera le Roi qui a pour visage une étoile et qui commande à trente légions.

«  Passeront trente-trois ans encore, et viendra le jour où Mikaël grincera des dents ; mais les adorateurs d’Adonaï, ignorant la colère de Mikaël, fêteront, comme chaque année, Mikaël.

« Et ce même jour, de la fille du Roi qui a pour visage une étoile, naîtra Celui dont le double nom vaut 666.

« Quittant le royaume du Dieu-Bon, il s’incarnera par formation de neuf lunes dans le sein de la fille sa mère ; mais lui, il n’aura point de père, et néanmoins il naitra enfant comme les enfants des hommes.

« Et son nom d’homme pourra être lu dans Jérusalem ; mais l’intelligence de ce nom n’en appartiendra encore qu’aux élus de Baal-Zéboub et d’Astarté.

« Ainsi naitra le vainqueur de la Terre, ayant eu pour mère, pour aïeule et pour mère de son aïeule, trois filles prédestinées qui vivront vierges du contact des hommes.

« Et le vainqueur de la Terre, précédant le vainqueur du Ciel, se révélera au monde à l’âge de trente-trois ans. Il parlera aux nations, tenant à la main le rameau d’olivier ; dans sa main, le rameau d’olivier sera comme une palme glorieuse

« Jérusalem tressaillera de joie ; car celui de ses fils qui, pour commander aux adorateurs d’Adonaï, avait fermé les yeux à la lumière, recouvrera la vue, déposera le triple diadème maudit et mettra son honneur à travailler à l’œuvre du Rempart de Dieu, du Dieu le meilleur et le plus grand.

« Mais il y aura encore des millions d’aveugles, le rameau d’olivier se changera en épée, et la lutte terrestre durera un an, jusqu’au Quatrième Coup de canon, qui sera tiré dans l’île de la Vengeance.

« Gloire à Dieu ! gloire au Très-Haut le plus haut ! Prosternez-vous, hommes fidèles, et répétez : Gloire à Dieu ! gloire au Très-Haut le plus haut !

« Et voici les signes auxquels on reconnaîtra, dès les commencements de sa vie terrestre, le Prince que j’aime depuis la grande victoire de Sirius et qui se sera incarné dans le sein de la fille du Roi qui a pour visage une étoile :

« Il naîtra près des Roches de Marbre, à midi ; à ce moment, les eaux mugiront sur toute la surface du globe terrestre. Dans les fleuves d’Égypte, les crocodiles entreront en fureur et se dévoreront les uns les autres.

« Il aura ses dents en naissant ; son front sera immense, tel qu’aucun enfant des hommes n’eut un si grand front.

« Il sera Athoïm-et-Zaïn.

« Après sa naissance, sa mère sera épousée par un guerrier, homme fidèle, élu de Baal-Zéboub, et de ce juste elle aura trois fils et trois filles.

« Athoïm-et-Zaïn et ses trois frères guerroieront dès leur jeune âge, et ils seront unis par la plus tendre amitié. En vain, les prêtres d’Adonaï leur tendront des pièges ; ils ne succomberont point.

« Le prince du Ciel de feu n’aura sur la Terre aucun titre de noblesse. Le juste, qui lui servira de père devant les hommes, connaîtra le secret de sa naissance, mais ne le dira point. Ce juste sera Zab, et c’est pourquoi le Prince céleste incarné sera Athoim-et-Zaïn.

« Dans le pays où jaillit la source de la Narbadah sacrée, il y a des vaillants ; il y en aura toujours. Le juste Zaïn sera d’une famille de Fils des Serpents.

« En ce temps-là, la ville aux gracieuses collines, qui est proche des Roches de Marbre, sera, depuis trois fois sept années, la capitale d’un grand empire ; et depuis, trois fois neuf ans avant la naissance de la fille du Roi qui a pour visage use étoile, l’eau qui sort de la bouche de la Vache aura perdu sa vertu purificatrice des âmes.

« La trace de l’éléphant qui portait Indra aura reparu.

« Le temple de l’Amarkantak recevra chaque année, depuis sept et neuf et onze ans, l’hommage de la Cité des Lions.

« Ahikam, régénéré, livrera au peuple saint les prophètes d’Adonaï ; trente d’entre eux seront mis à mort, et le trente-unième, régénéré par le baiser de la Lune, reconnaîtra le Dieu-Bon. Il lui sera pardonné, et le peuple saint se réjouira sept jours.

« La famille du Loué, époux de quinze femmes, et la famille du Premier Coup de canon sont déjà dans l’unité en ce temps-là. L’œil de l’Esprit-Saint lit dans l’avenir, ô hommes fidèles ; écoutez, l’Esprit-Saint narre la gloire de l’époque fortunée.

« Alors, l’Asie entière est unie dans l’océan d’amour. Ardjun est ressuscité ; il opère des prodiges, en soufflant dans un morceau de bambou mélodieux, et toutes les Divines Enchanteresses demandent au Dieu-Bon de les transformer en flûtes, afin d’être nuit et jour suspendues à ses lèvres.

« Sainte Cité, tu es grande et toujours plus grande ; le Dieu-Bon a fait de toi le foyer de la lumière ; l’Asie franchit la mer, traverse les Montagnes Rocheuses et t’apporte son tribut, sous la forme de sept dons royaux.

« Le soleil a commencé son travail le jour même où naquit le Prince céleste incarné ; le collier de perles est brisé par la main de l’empereur du Nord, lâchement prosterné, dans la seconde ville de Céphas, aux pieds du pontife contre qui le soleil travaille.

« Mais, le jour même où le collier de perles vient d’être brisé, là-bas, sur les rives de la Narbadah sacrée, les Gopis, déchirant leurs robes d’un bleu sombre comme celui des nuages, dansent le rasa avec la mère du Prince céleste incarné.

« Cependant, l’abîme rugit, l’eau qui se dit éternelle gronde, Adonaï a crié Sarakrom et Mikaël, à moi !

« Un monstre, onze fois plus gros que l’aîné des quatre frères et des trois sœurs, est sorti du golfe maudit, en secouant avec fracas sa longue queue d’écailles ; il s’est hissé sur la terre ferme ; d’aquatique il est devenu terrestre, et il marche, dévorant les hommes et les femmes fidèles ; la terreur est partout, on fuit devant lui.

« Le monstre prend des ailes ; il s’élance dans les airs, obscurcissant la lumière du soleil ; et, pendant sept jours, le soleil ne travaille plus.

« Le monstre, dans les airs, dévore les colombes, et les corbeaux lui font cortège. Les puissances de l’eau qui se dit éternelle se donnent rendez-vous sur la Terre, pour assister à la victoire qu’Adonaï a promise au monstre.

« Celui-ci, enfin, fond, pour le dévorer, sur Athoïm-et-Zaïn, alors encore adolescent.

« Mais, c’est ici le prodige qui révélera que le jeune homme adopté par le Fils des Serpents triomphera sur la Terre, comme il triompha, esprit du feu, en Sirius : il dira à ses compagnons de ne rien craindre ; et, sa bouche s’agrandissant, c’est lui, Athoïm-et-Zaïn qui engloutira le monstre dévorant, onze fois plus gros que lui.

« Et les puissances ennemies, épouvantées, se précipiteront en Oolis. C’est alors que se livrera en Oolis la grande bataille où Ariel vaincra. Oolis verra fondre ses glaces, sera purifiée et régénérée pour toujours.

« Sur la Terre, l’humanité connaîtra le prodige de l’engloutissement du monstre dévorant. Les nations se répètent : Qui peut donc être cet adolescent qui a accompli un acte si étonnant ? où est-il ? Mais il demeurera longtemps encore ignoré, excepté des hommes choisis parmi les plus fidèles.

« Trente-trois ans est l’âge de sa révélation à l’humanité ; ainsi l’a décrété le Très-Haut le plus haut.

« La Lune cesse tout à coup de briller blanche ; elle devient rouge. Elle descend, lentement, en treize jours, sur la Terre ; et, en la voyant descendre, l’humanité prend peur, craignant d’être broyée par le choc de l’astre.

« Mais l’astre s’enfonce doucement dans l’océan ; partout, les eaux montent.

« Le successeur du pontife devant qui le collier de perles a été brisé a dit aux adorateurs d’Adonaï : Allons tous à Jérusalem. Or, en franchissant le Bosphore, il est éclairé par la divine lumière. Roches de Marbre, exultez de joie : les temps sont accomplis.

« Alors, le peuple choisi se réunira dans les plaines où naissent les plus belles femmes de la terre. (Ici se trouvent les quatre alinéas que j’ai groupés plus haut ; voir la citation terminant le précédent chapitre.)

« Les autres armées suivront, arrivant d’Asie ; viendront derrière, commandées par les Mages de la Cité sainte, les armées d’Amérique.

« Celles d’Europe et d’Afrique concourront à cerner l’armée adonaïte de l’empire dont la capitale est la seconde ville de Céphas. C’est alors qu’on bataillera toute une année en diverses rencontres, jusqu’à la victoire décisive d’Apadno.

« Le dernier carnage sera horrible et durera neuf jours. Le Dieu-Bon remplira les airs de météores lumineux, afin d’éclairer pendant les nuits l’immense champ de bataille des peuples ; car la Lune sera toujours plongée au fond de l’océan.

« Le peuple maudit du Nord sera exterminé ; le Palladium, apporté de la Cité sainte par les armées d’Amérique, sera érigé glorieusement au sommet de la colline de l’Expiation, à l’endroit même où le Traître fut pendu au gibet d’infamie. Hermès paraîtra et animera la divine image symbolique.

« Et toutes les nations de la Terre se prosterneront devant le Palladium, et le Très-Saint 666 sera acclamé vrai fils de Dieu.

« Mais le Prince céleste incarné dira : Nations de la Terre, je vous dois encore un signe ; après quoi, je retournerai avec Hermès au royaume de l’éternel feu.

« Voici la Lune qui ressort de l’Océan ; elle monte à la surface, et les eaux amères délaissent les côtes qu’elles avaient envahies. En même temps, dans toute la région d’Apadno, la terre s’enfle, et la colline de l’Expiation devient une haute montagne.

« Le Palladium grandit aussi de lui-même. Peuples, contemplez-le ; il est plus haut que la plus haute des pyramides. Aux lieux où s’élevait Jérusalem vient de naître, portant le Palladium gigantesque, un mont le plus haut de la Terre, plus haut que le Dhavalaghiri, plus haut que le Kantchindjinga, plus haut que le Gaourisankar.

« Et la montagne superbe, n’appartenant à aucune chaîne, s’appellera désormais le mont Excelsus Excelsior.

« Les neiges ne la couvriront point, malgré son altitude ; le printemps y règnera, l’année entière ; les peuples unanimes dans la fidélité, construiront sur elle soixante-dix-sept temples.

« Voici que la Lune remonte lentement dans les airs ; et voici encore qu’elle prend peu à peu une forme humaine ; elle est femme prodigieusement grande, mais de la plus éclatante beauté. Et, dans l’espace, elle s’incline devant le Palladium dominant la Terre ; puis, elle reprend sa forme d’astre, tandis que les peuples sont émerveillés.

« Partout les neiges se cristallisent, tout en gardant leur blancheur immaculée ; l’homme, maintenant, pourra les admirer, sans les craindre. Partout les animaux qui étaient féroces se sont adoucis.

« Les nuages courent dans l’atmosphère, et les nuages sont d’or. Et, tandis que la Lune a repris sa place dans l’éther, les nuages d’or éclatent en éclairs d’une formidable harmonie céleste.

« La foudre parle, voix sublime du Dieu-Bon. Elle annonce que la Terre est à jamais délivrée du joug d’Adonaï. »


Telle est, reproduite du Livre Apadno, la principale partie de la légende palladique de l’Ante-Christ. J’ai tenu à donner cette citation tout au long, sans l’interrompre par aucune réflexion ; c’est, je crois, la meilleure manière de faire juger cet échafaudage de hardis mensonges.

Même en ne s’arrêtant pas au grotesque qui déborde dans cette haute fantaisie luciférienne, grotesque par lequel Satan se trahit vrai diable, — car il faut plus que de la bonne volonté pour croire divines de telles absurdités baroques et stupides, — même en prenant le courage d’examiner sérieusement cette soi-disant prophétie du prince de l’orgueil, on ne peut que mépriser, dès les premières lignes, l’inanité du factum diabolique.

En effet, l’Église infaillible nous enseigne qu’il y a témérité à prétendre fixer la date précise des évènements relatifs à l’apparition de l’Ante-Christ et, par conséquent, celle du temps marqué pour la venue de Notre-Seigneur. À plus forte raison, il y a crime et folie à prétendre que l’Ante-Christ sera victorieux. Or, cette folie criminelle est tout le fond du système des palladistes. En outre, on ne peut voir dans la légende luciférienne du Très Saint 666 qu’un nouveau prétexte à blasphèmes. C’est la rage du suprême Déchu qui hurle en ces pages, furieuse contre l’avenir des irrémédiables défaites dont il sera accablé.

Il sait son impuissance contre le Christ ; aussi, trompant plus audacieusement que jamais, il présente à ses fanatiques cet avenir tout à l’opposé de ce qu’il sera.

On aura remarqué, d’autre part, combien ce texte est diffus, incohérent. Les palladistes, il est vrai, pour obtenir l’explication des passages incompréhensibles, interrogent, quand ils leur apparaissent, les diables des premiers rangs de la hiérarchie. Le Livre des Révélations et le Verbe Suprême sont remplis de ces sortes d’interprétations fournies par les démons consultés ; mais elles ne réussissent qu’à embrouiller davantage la légende impie, et un grand nombre d’entre elles sont contradictoires[2] : preuve flagrante que Satan ne sait rien.

En vain les menteurs de l’enfer multiplient leurs prestiges et leurs récits extraordinaires ; en vain ils donnent, au sein des triangles, le détail des faux miracles dont Notre-Seigneur a parlé en ces termes : « Il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes, qui feront de grands signes et des choses étonnantes jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus eux-mêmes. » Décrire ces signes et ces prétendus miracles n’a rien qui les embarrasse : raconter l’histoire future du miracle de l’épi de blé et de la feuille de vigne, et cent autres calembredaines de même acabit, est pour eux un exercice favori. Mais tout ce fatras s’écroule sous le poids même de son absurdité. Le chaos demeure ; les ténèbres restent épaisses, et cela parce que ces hardis esprits du feu ne sont pas, quoiqu’ils disent, des anges de lumière.

C’est une ruse de Satan que son adaptation de la légende apadnique à la prophétie de saint Malachie sur la succession des papes. Nous avons vu, au début de cet ouvrage, le serpent de Sophie Walder écrire sur le dos de celle-ci : « Adonaï aura encore neuf papes, et après eux je règnerai ». Satan n’a rien découvert par lui-même au sujet de l’avenir ; il ne sait rien, absolument rien ; mais il s’empare de tout ce que les saints, les pères de l’Église, les théologiens, les pieux ermites, les bienheureuses visionnaires de Dieu ont écrit dans un jour d’inspiration, et il se l’approprie, pour le travestir. Il ne néglige aucun subterfuge pour se donner les apparences de prophète annonçant la vérité. Quelle piteuse tactique, lorsqu’on songe que nombre de ces prophéties auxquelles il emprunte ce qu’il croit pouvoir lui servir n’ont pas reçu de l’Église le sceau de la certitude ; par exemple, celle dite de saint Malachie, qui n’est nullement un article de foi. Et voilà à quoi le diable en est réduit !


Le règne d’Adonaï en Oolis (selon le Livre Apadno).

Ainsi il annonce et précise quel sera son grand combat contre Dieu. Il déclare l’état nominatif de ses armées infernales ; il a fait sélection d’un peuple mêlé aux Kurdes et le destine à être l’avant-garde de son armée humaine ; il va jusqu’à tracer d’avance les péripéties de la lutte. Il fait savoir que le Dieu des chrétiens ne règne plus complètement que sur une planète Oolis, astre habité par une humanité difforme jusqu’au phénomène et formé d’eaux aériennes glacées, et il a soin d’ajouter que l’expulsion de l’adonaïsme d’Oolis précèdera de peu celle de la Terre. L’Ante-Christ, il le présente comme un de ses lieutenants ; c’est dit-il, le daimon Antichrist, chef de la 2336e légion, qui s’incarnera, et dont la mère, devenant religieuse après avoir dansé le rasa, sera prise pour bonne chrétienne, mission dévoilée dans le Verbe Suprême, sera métamorphosée en homme, stupéfiera les catholiques romains qui croiront à sa sainteté, sera nommée évêque et poignardera l’avant-dernier pape d’Adonaï. Ah ! vraiment, que peut-on trouver de plus pitoyable et de plus saugrenu que ces fables ? et comme elles trahissent le diabolisme de leur inventeur ! comme elles révèlent bien que la malice du démon est aux abois !

Orgueil et mensonge que tout cela ; mais orgueil sot et mensonge niais.

Oui, certes, le grand combat contre Dieu sera terrible ; mais Satan ignore l’heure où, l’Ante-Christ venu, il lui sera permis de livrer cette dernière bataille. Il ne sait qu’une chose : c’est qu’il sera écrasé, refoulé à jamais dans l’abîme ; c’est que le Christ jugera les vivants et les morts, et lui-même, Satan, ainsi que ses légions maudites. Et de cela il enrage ; il n’a que cette piètre consolation : faire croire à ses tristes adorateurs que les portes de l’enfer prévaudront un jour contre la sainte Église de Dieu.

  1. Je dois faire une remarque et rectifier une faute d’impression qui s’est produite plusieurs fois au cours de cet ouvrage. Comme catholique, j’écris : « Ante-Christ » ; mais les palladistes écrivent : « Antichrist », ou : « Anti-Christ » Partout où je cite un document luciférien ou les paroles d’un palladiste, il faut lire le mot avec un i ; et lorsque je m’exprime moi-même, c’est-à-dire en tant qu’auteur catholique, il faut lire un e. Les typographes, ne se rendant pas compte de cette différence, ont cru parfois à une erreur de ma part et ont mis e pour i, et réciproquement.
  2. La Revue Mensuelle publiera les principales interprétations, afin de mieux montrer Satan pataugeant dans ses mensonges. Des Mages Élus, aussi, et des Maîtresses Templières Souveraines, se disant inspirés, mais en réalité étant en état de possession, ont essayé d’expliquer le galimatias du Livre Apadno ; nous ferons connaître leurs thèses insensées, et nous les combattrons, à la lumière de l’enseignement de l’Église et avec les armes invincibles de la foi.