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Le Feu follet (Coppée)

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Œuvres complètes de François CoppéeL. Hébert, librairePoésies, tome I (p. 55-56).


LE FEU FOLLET


Par une nuit d’orage et sous un ciel en deuil,
Parfois le paysan, qui sort d’une veillée,
Aperçoit au détour de la route mouillée
Un feu follet énorme et fixe comme un œil.

S’il s’avance, domptant son effroi par orgueil,
Le feu recule et semble, au fond de la feuillée
Par la brise de mer tordue et travaillée,
Une flamme d’alarme, au loin, sur un écueil ;


Mais s’il fuit, le poltron, et regarde en arrière,
Il voit tout près, tout près, l’infernale lumière
Grossissant et dardant sur lui son œil mauvais.

Ô vieux désir, pourquoi donc me poursuivre encore,
Puisque tu t’es enfui quand je te poursuivais ?
Quand donc t’éteindras-tu ? Quand donc viendra l’aurore ?