Le Fils du diable/Tome I/I/4. Premier baiser

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Legrand et Crouzet (Tome Ip. 173-182).
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Première partie

CHAPITRE IV.

PREMIER BAISER.

Hans Dorn et Franz eurent une conversation qui dura environ dix minutes.

Un plus ombrageux que notre jeune homme se fût cabré assurément à certaines questions qui lui furent faites ; mais Franz n’avait rien à cacher. Pour les deux cent cinquante francs qu’il venait chercher, il eût raconté de son histoire ce qu’il savait et même ce qu’il ne savait point.

Au bout de dix minutes, Hans ouvrit le tiroir de sa table et y prit deux cent cinquante francs qu’il compta par deux fois.

Franz se saisit immédiatement de l’argent et le fit disparaître dans ses poches.

— Grand merci ! dit-il en boutonnant sa redingote par-dessus son trésor. Grâce à vous, je vais apprendre à mourir décemment, et mener comme il faut ma dernière nuit de carnaval… Touchez là, mon brave homme, je vous souhaite du bonheur, à vous et à votre jolie fille.

Il donna sa main au marchand d’habits, et envoya un baiser à la dérobée vers la porte entr’ouverte de Gertraud.

Ces choses-là sont rarement perdues ; la jeune fille se renfonça dans l’ombre de sa retraite, mais un incarnat plus vif colora sa joue fraîche. Le baiser était arrivé à bon port.

Franz descendit l’escalier branlant, quatre à quatre.

Le marchand d’habits l’avait suivi jusqu’au seuil d’un regard qui rêvait mélancoliquement.

— Il aurait cet âge-là, murmura-t-il, en secouant la tête avec lenteur, et quand mon œil s’est relevé sur lui, j’ai cru voir le doux visage de la comtesse… Mais n’ai-je pas déjà rencontré une jeune fille qui avait de beaux cheveux blonds et son regard d’ange ?… Elle était si belle ! tous ceux qui sont beaux lui ressemblent.

Il demeura un instant pensif, puis il reprit son compte.

Franz traversa en courant l’allée obscure et s’élança sur la place de la Rotonde. Il passa sans s’arrêter devant le péristyle, où quelques lumières brillaient çà et là, et n’accorda pas même un regard à la nombreuse assemblée qui encombrait le comptoir du cabaret des Deux-Lions, dont l’enseigne est illustre dans tout le quartier. Il s’engagea, toujours courant, dans la rue Forez, descendit la rue Beaujolais, et ne s’arrêta qu’à l’angle de la rue de Bretagne devant la porte de cet hôtel où l’homme au paletot blanc, le chevalier, s’était introduit naguère.

Il interrogea du regard les deux côtés de la rue et se mit à faire faction devant la porte.

Les joies bruyantes du reste de Paris n’influent guère sur la solitude tranquille de certains quartiers privilégiés : le Marais s’endort dans son repos ennuyé lorsque le boulevard rit, danse et hurle. Les deux ou trois cents pas qui séparent la rue de Bretagne du Cadran-Bleu peuvent compter pour une grande lieue ; on n’y entend guère qu’un écho affaibli des chants aigus du carnaval ; le fracas de la ville en goguette s’étouffe avant de parvenir jusqu’en ces calmes solitudes ; les clameurs de la fête n’y sont plus qu’un murmure insaisissable et confus.

Les deux lignes des trottoirs s’étendaient désertes et silencieuses. La moitié des magasins était fermée : le reste projetait sur la rue, de loin en loin, de lumineux éventails.

Çà et là, de bonnes gens passaient, regagnant paisiblement leur domicile et prenant en pitié l’allégresse folle dont ils avaient surpris par hasard quelques éclats.

Ils avaient le chapeau sur le nez, les mains dans les poches et le cher parapluie sous l’aisselle.

Franz piétinait sur les dalles humides et arpentait le terrain en homme qui attend avec impatience. On eût dit un amoureux, arrivé le premier au rendez-vous ; car le somnolent Marais produit une très-grande quantité de femmes charmantes qui attirent le soir, dans ses rues ignorées, ceux de nos jeunes seigneurs qui ne craignent pas les voyages de long cours.

Franz jetait à droite et à gauche des regards avides. Aussi loin que son œil pouvait voir, il n’apercevait rien que d’honnêtes silhouettes de rentiers ou de gros couples qui se dirigeaient, bras dessus bras dessous, vers le dîner quotidien. Les minutes lui semblaient bien longues.

Il était arrivé là tout joyeux et plein d’espoir ; maintenant son front s’était rembruni, et il n’espérait plus guère.

— Il doit être bien tard ! murmura-t-il, si elle n’allait pas venir !… Elle est rentrée déjà peut-être… Mon Dieu ! je ne peux pourtant pas mourir sans la revoir !…

Il s’agitait ; il pressait le pas et continuait sa faction inquiète.

Au bout de deux ou trois minutes, il porta la main vivement à la poche de son gilet.

— J’avais une montre ! murmura-t-il avec un accent tragi-comique.

Et sa gaieté naturelle se faisant jour à travers sa mélancolie, il se prit à sourire tout à coup.

— Ma pauvre montre ! dit-il, ma foi, il était bien temps d’en finir, car j’étais à bout de ressources !… et mieux vaut s’en aller rondement, avec une épée dans la poitrine, que d’allumer un réchaud de charbon dans sa mansarde, comme les porteurs d’eau qui font de mauvaises affaires… Mais voyons l’heure qu’il est !

Il prit sa course, et se rapprocha d’un bureau de tabac qui se ressentait évidemment du voisinage du Temple, et où l’on vendait, concurremment avec les cigares de la régie, des chaussons de lisière, des bretelles, du saron-ponce, des oignons brûlés, des cervelas, du cirage conservateur breveté pour l’entretien de la chaussure, et des almanachs de la science sociale, sans préjudice d’autres denrées.

Franz mit son œil au carreau et interrogea le cadran collé à la muraille : l’aiguille marquait cinq heures. Franz se sentit tout réjoui.

— C’est l’heure où elle revient, pensa-t-il. Le temps était beau ; elle sera sortie sans doute… il y a dix à parier contre un que je n’attendrai pas en vain.

Il revint à l’angle de la rue Charlot et continua sa promenade avec un nouveau courage. Au bout de deux ou trois minutes, il s’arrêta tout court et demeura comme en arrêt, l’œil fixé dans la direction de la rue Saint-Louis…

Il venait de distinguer deux femmes, l’une en bonnet, l’autre en chapeau, qui s’avançaient de son côté sur le trottoir.

Elles étaient bien loin encore ; mais le cœur de Franz battait si vite ! Il ne pouvait pas se tromper.

Les deux femmes, cependant, passaient maintenant devant les magasins fermés et marchaient dans l’ombre. Franz ne les voyait plus ; mais il allait les revoir ; il guettait. Lorsqu’elles entrèrent dans la patte d’oie lumineuse produite par l’éclairage de la première boutique ouverte, Franz cessa de respirer.

Puis les deux cent cinquante francs du marchand d’habits résonnèrent dans ses poches, parce qu’il venait de sauter de joie.

C’était bien elle ! il l’avait vue et reconnue : encore quelques secondes, elle allait passer là tout près de lui !

Mais, à ce moment où son cœur bondissait d’allégresse, une réflexion vint le frapper comme un coup de poignard.

Denise n’était pas seule ; ce lourd portail où il s’adossait maintenant allait s’ouvrir, puis se refermer sur elle.

Il n’avait point pensé à cela, l’enfant étourdi. L’attendre au passage et la voir, n’était-ce pas assez pour mettre en feu sa bouillante cervelle ! Il n’avait songé qu’à courir.

À présent, il voulait lui parler ; et sa volonté, pour être soudaine autant que le caprice d’une femme, n’en était pas moins robuste comme la résolution d’un homme.

Il se recula par un mouvement rapide, et sans savoir peut être encore ce qu’il allait oser, il se cacha derrière l’angle de la rue. Les deux femmes arrivaient devant la porte. C’était une jeune fille avec sa vieille servante.

La servante souleva le marteau. Franz haletait et tenait à deux mains son cœur qui sautait dans sa poitrine.

La porte s’ouvrit. Comme elle était lourde et dure, Marianne la servante, passa la première, afin d’éviter à sa jeune maîtresse la peine de la pousser.

Au moment où la jeune fille allait entrer à son tour, Franz s’élança comme un trait, saisit la poignée de fer qui servait en même temps de marteau, et attira violemment la porte qui se referma avec bruit.

La jeune fille resta interdite et tremblante. Elle n’eut pas même la force de crier, tant elle était épouvantée.

La servante, cependant, s’était retournée au bruit de la porte, afin de chercher derrière elle sa maîtresse ; puis elle se tourna encore et la chercha devant. Personne !

La voûte était un peu sombre, et les yeux de la vieille femme ne valaient pas grand’chose, pour avoir fait trop d’usage.

— Denise, mademoiselle Denise ! dit-elle, où êtes-vous ?

Denise n’avait garde de répondre.

La vieille Marianne tournait toujours sur elle-même et cherchait.

Elle s’arrêta enfin essoufflée.

— Elle aura passé entre moi et le mur, grommela-t-elle avec un peu de colère ; cette jeunesse est si leste !… Je parie qu’elle a déjà monté l’escalier, et que je vais la trouver déshabillée !

Ces réflexions la rassurèrent complètement, et si bien, qu’elle entra chez la concierge, afin de reprendre haleine.

À quelques pas de là, derrière la porte fermée, Denise et Franz étaient plantés l’un devant l’autre, tous deux immobiles et muets tous deux.

La jeune fille n’était plus si épouvantée parce qu’elle avait reconnu Franz ; mais Franz était atterré par sa propre audace, et il ne pouvait point trouver de paroles pour implorer ou pour s’excuser.

Néanmoins, il restait entre Denise et la porte, afin de lui barrer le passage.

Ce fut la jeune fille qui rompit la première le silence :

— Laissez-moi passer, monsieur, murmura-t-elle ; le carnaval autorise, dit-on, bien des folies… Je ne veux point donner à celle-ci plus d’importance qu’elle n’en mérite, et je vous promets de l’oublier.

Ceci fut prononcé d’une voix qui voulait affecter un mépris digne et calme ; mais l’émotion perçait, l’émotion et la colère.

Le pauvre Franz n’avait point ce qu’il fallait de sang-froid pour saisir ces nuances. Il ne vit que le mépris, et sa détresse augmenta.

Cependant il ne bougea point.

Les sourcils de Denise se froncèrent légèrement, et son pied mignon battit le trottoir.

C’était une très-jeune fille, grande et un peu frêle, dont la taille avait ces contours déliés que le burin anglais aime à reproduire. Ses mouvements avaient une grâce exquise et digne que nous appellerions distinction, si le mot n’était flétri dès longtemps par l’abus populaire. Sa mise était simple dans son élégance. Au demi-jour des réverbères, on distinguait vaguement la finesse extrême de ses traits.

Il y avait une chose bizarre. Sa beauté ressemblait à la beauté de Franz. C’étaient presque les mêmes contours, la même douceur dans le sourire, la même intelligence, brillant dans de grands yeux d’un azur pareil. Seulement une expression de réserve noble remplaçait chez la jeune fille, l’air mutin et déterminé de l’adolescent. Ceci d’ordinaire ; mais, en ce moment, la médaille était retournée. Franz, les yeux baissés, le rouge au front, avait pris pour lui toute la timidité : Denise, au contraire, avait l’œil impérieux, et le dépit fier contractait la courbe pure de ses sourcils.

Sa colère lui allait à ravir. Il était impossible de rêver une tête plus charmante sur un corps plus gracieux.

Dans le demi-jour qui tombait des lanternes fumeuses, quiconque eût remarqué le tête-à-tête de ces deux beaux enfants les aurait pris pour le frère et la sœur.

Denise s’irritait de plus en plus, et son sein soulevait la soie de son camail :

— Laissez-moi passer, répéta-t-elle, ou je vais appeler à mon secours !

Puis elle ajouta presque aussitôt avec un dédain amer :

— Je vous regardais comme un homme, monsieur, et je vous croyais de l’honneur… Vous me punissez bien cruellement de ma méprise.

C’étaient autant de coups de massue qui tombaient sur le cœur du pauvre Franz.

Il joignit les mains et releva sur Denise son regard suppliant :

— Je vous en prie, balbutia-t-il, pardonnez-moi… Si vous saviez…

— Je ne veux rien savoir, interrompit la jeune fille ; et je vous le demande encore, monsieur, laissez-moi rentrer chez ma mère… Marianne me cherche sans doute : la porte va s’ouvrir tout à l’heure, et l’on va nous trouver ensemble !

— C’est vrai, murmura Franz d’un ton soumis et triste ; je n’avais pas songé à cela… Mon Dieu ! je n’avais songé à rien, mademoiselle, sinon à vous voir une dernière fois.

Denise retint une parole sévère qui était sur sa jolie lèvre, et ses sourcils froncés se détendirent. La pourpre de son front fit place à la pâleur.

— Je veux rentrer, dit-elle encore cependant d’une voix qui n’était plus irritée. Si vous partez, monsieur Franz, je souhaite que Dieu vous donne du bonheur… Je vous pardonne votre imprudence ; mais ne me retenez pas ici plus longtemps.

— Je ne pars pas, dit Franz ; et cependant je ne vous reverrai plus… Merci pour votre pardon, mademoiselle… Si vous aviez gardé de la colère contre moi, ma dernière nuit eût été bien amère.

Denise se sentit du froid dans les veines.

— Adieu ! mademoiselle, reprit Franz qui ouvrit enfin le passage, adieu, Denise !… Laissez-moi vous appeler ainsi au moment de vous quitter pour toujours… laissez-moi vous dire que je vous aimais, que je vous aime de toutes les forces de mon cœur, et que ma dernière pensée sera pour vous !

La jeune fille ne songeait plus à profiter de l’issue offerte. Ses beaux yeux, effrayés, interrogeaient le mélancolique visage de Franz et semblaient y chercher un prétexte d’espérer.

— Que parlez-vous de mourir ? dit-elle tout bas. Vous êtes un enfant, Franz…, et vous voulez m’effrayer pour vous faire pardonner votre folie.

Sa voix était douce et semblait prier à son tour.

Franz secoua la tête.

— On peut parler de mourir, répliqua-t-il, quand on ne laisse ici-bas de regrets à personne… Oh ! si j’avais eu un cœur pour m’aimer, j’aurais bien su garder mon secret !… et, si seulement j’avais eu l’espoir qu’on me donnerait un peu de pitié pour mon amour, à moi, si profond et si ardent, je ne parlerais plus de mourir, parce que j’aurais l’espoir de vivre ! On doit être fort, bien fort, mademoiselle, et capable de vaincre un bien redoutable adversaire, quand on tire l’épée avec du bonheur plein l’âme, et qu’on défend sa vie, non plus pour soi uniquement, mais pour la femme qu’on aime…

Denise baissa la tête.

— Vous allez vous battre ?… murmura-t-elle.

Franz fit un signe affirmatif.

— Contre un spadassin, peut-être ! ajouta Denise.

Franz ne répondit point.

— Et savez-vous tirer l’épée ?

— Non, répondit Franz.

Le charmant visage de Denise semblait être devenu d’albâtre.

— Franz, balbutia-t-elle, au nom de Dieu, ne vous battez pas !

Franz mit la main sur son cœur, où coulait un flot de délices.

— Il le faut bien, dit-il en contenant l’élan de sa joie.

— Écoutez, reprit la jeune fille, émue à son tour jusqu’à la détresse, je ne veux pas que vous mouriez, Franz… Que faut-il faire pour vous empêcher de vous battre ?

Les traits de Franz rayonnaient et ne disaient pas tout son bonheur.

Il prit la main de Denise et la serra contre ses lèvres.

— Rien ne peut m’empêcher de me battre, dit-il d’une voix qui vibrait malgré lui, et où son triomphe éclatait ; mais se battre ce n’est point mourir… et je sens bien, oh ! je vous dis la vérité, Denise ! je sens bien que si j’avais votre amour, ma main deviendrait forte et saurait défendre ma poitrine !

Le sang remonta aux joues de la jeune fille, qui baissa les yeux en frémissant.

Elle se sentait comme ivre, et ses jambes fléchissaient sous le poids léger de son corps.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! pensait-elle affolée, je pourrais donc le sauver !


Le premier baiser

— Ayez pitié de moi, Denise, reprit Franz, qui n’éprouva point de résistance à l’attirer contre son cœur ; dites-moi que vous m’aimez, et je tuerai cet homme qui veut ma vie.

Denise, la pauvre enfant, n’avait plus ni volonté, ni force. Elle penchait sa jolie tête pâlie sur l’épaule de Franz, et répétait machinalement :

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Quand elle ouvrait les yeux, elle rencontrait la prunelle ardente du jeune homme qui plongeait jusqu’au fond de son âme.

Et il murmurait à son oreille :

— Je vous en prie ! je vous en prie ! dites-moi que vous m’aimez !…

Denise ne combattait plus. Elle laissa errer sur sa lèvre un pur et beau sourire.

— Franz, murmura-t-elle, je prierai Dieu pour vous toute la nuit…

— Et vous m’aimez !

— Oh ! oui, je vous aime… et si vous mourez, je mourrai.

Des pas se firent entendre des deux, côtés sur le trottoir. Les lèvres des deux enfants se joignirent en un rapide baiser…

Puis Franz s’enfuit, et Denise s’appuya, défaillante, à la lourde porte de l’hôtel.

Elle fut plusieurs minutes avant de retrouver assez de calme pour soulever le marteau. Ce qui venait de se passer était, pour elle, comme un rêve plein d’épouvante et de trouble.

Quand elle entra dans la chambre de sa mère, tout son corps était froid, et sa figure gardait l’immobilité du marbre.

Madame la vicomtesse d’Audemer était assise à l’un des coins du foyer ; à l’autre coin, debout et coupé en deux par un gracieux salut, se tenait M. le chevalier, qui avait laissé sans doute son paletot blanc dans l’antichambre.

— Vous êtes en retard, mon enfant, dit la vicomtesse, et M. de Reinhold vous attendait pour vous offrir ses hommages.

Le chevalier s’inclina derechef et sourit davantage.

Denise salua sans savoir ce qu’elle faisait.

— Bonne nouvelle ! reprit la vicomtesse en mettant un baiser sur le front de sa fille. Je viens de recevoir une lettre de votre frère Julien, qui m’annonce son arrivée pour demain, au plus tard.

— Ce cher Julien ! dit le chevalier, ce doit être un superbe cavalier maintenant !

Denise semblait ne point comprendre. Il n’y avait qu’un nom et qu’une pensée au fond de son cœur…

Franz remontait vers le boulevard en sautant comme un fou. Tantôt il s’arrêtait tout à coup pour se recueillir en sa joie profonde ; tantôt le délire faisait tourner sa tête d’enfant, et il se reprenait à courir en riant à gorge déployée et en bondissant devant les passants étonnés.