Le Huitième Péché/11

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Calmann-Lévy, éditeurs (p. 186-204).



XI


— Claude !

— Ma cousine ?

— Tournez-vous un peu : votre ceinture remonte… Vous ne saurez jamais vous habiller, ma petite enfant !

Marthe parle d’une voix doucereuse. Elle est agenouillée devant Claude et la femme de chambre lui tend une sébile d’épingles. Dans le grand miroir à trois panneaux qu’éclairent trois appliques électriques. Claude aperçoit trois Claude, de face, de quart, de profil, qui portent une robe de panne noire, décolletée en carré, dont le corsage est agrémenté d’une berthe de vraie dentelle.

Il y a deux mois que l’on est rentré à Paris. Claude expérimente un autre genre d’épreuve.

Aux duretés des Lambert-Massin, ont succédé des prévenances insolites. La jeune fille, dont on avait toujours soigné la toilette par amour de la parade, se voit l’objet de soins plus raffinés encore.

Marthe l’oblige, chaque matin, de rester plongée dans un bain d’amidon, parfumé de sels ; de se livrer à la manucure, qui lui polit longuement les ongles et lui malaxe les mains de ses doigts enduits de pâte : un coiffeur vient laver sa tête d’une mixture glaciale qui sent l’éther et le pétrole ; puis il ondule et dispose savamment la gerbe dorée de sa chevelure soyeuse.

Ainsi parée et préparée, Claude doit suivre sa cousine aux expositions d’automne, aux thés des palaces, au théâtre, dans toutes les sorties journalières, qui sans cesse — par hasard — la remettent en présence de Georges Derive.

Et Claude ne peut s’empêcher de songer aux Orientaux qui, durant les semaines qui précèdent les noces, font macérer leur fille dans l’huile et les aromates avant de la vendre au prétendant qui apportera cent têtes de bétail, de riches étoffes et des dons précieux.

Yvonne assiste à ces préparatifs en réprimant sa jalousie : il ne s’agit que d’un état temporaire ; elle endure patiemment l’importance intéressée que ses parents accordent à Claude.

Aucun heurt, nulle fausse note dans l’attitude des Lambert-Massin : rien ne dénonce leurs désirs abjects. Ils conduisent leurs pions avec un doigté qui ferait envie à un vieux routier de la carrière, rompu à toutes les finesses de l’échiquier diplomatique.

Les rencontres qu’ils ménagent entre Claude et Georges ; les sourires avec lesquels ils s’éloignent, afin de laisser les deux jeunes gens en tête-à-tête ; les attendrissements de Marthe, l’approbation de Léon, la complicité indulgente de Henri Derive ; et jusqu’à la résignation envieuse de sœur cadette qui voit marier son aînée, que manifeste Yvonne ; — tout respire chez les Lambert-Massin un lilial parfum de fiançailles.

Et c’est cela, surtout, dont Claude est meurtrie.

Elle aime Georges ; elle est digne de lui et comprend cependant que les conventions sociales rendent impossible la monstruosité d’un mariage aussi disproportionné. Alors, pourquoi lui infliger ce supplice de Tantale : cette parodie des fiançailles avant cette parodie conjugale qui porte l’ignoble nom de : « collage » ?

Claude était jusqu’ici de caractère faible : l’adversité lui révèle la force insoupçonnée de son âme droite. Elle n’était point spirituelle ; son esprit réfléchi manquait de vivacité : voici que, sous l’empire de la crainte, son intelligence s’éveille, apprend à observer, à raisonner, à se défendre. Le besoin de lutter aiguillonne sa frêle énergie : sa personnalité sort peu à peu des limbes. Car, tel l’exercice développe nos muscles, la nécessité d’agir accroît la puissance de notre volonté.

Et Claude se jure, avec, une ferme décision qui inquiéterait M. Lambert-Massin :

« Je ne serai jamais la maîtresse de Georges Derive. »

Ainsi, est-ce le véritable amour — beaucoup plus que des principes de commande — qui nous enseigne à ne point faillir. La passion inspire à la femme le désir de se grandir aux yeux de celui qu’elle aime, et l’aspiration à la noblesse est le commencement de la vertu.

Vivre de Georges, accepter l’argent de Georges… Tarifer les joies de sa personne alors qu’elle a donné son cœur… Claude éprouve un dégoût immense à évoquer ces viletés.

Ces combats intérieurs avivent sa beauté ; l’expression de son regard devient d’une profondeur rare, pour une jeune fille. Et Georges, qui subit ce charme intense, se montre plus épris, plus empressé. Les entrevues fréquentes, dans un milieu complaisant, achèvent de torturer Claude : elle découvre que ce ne semble qu’un jeu de résister aux autres, du jour où s’impose l’effort de se vaincre soi-même.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lorsque Marthe juge Claude impeccable dans sa belle robe de panne noire dont le deuil est peu rigoureux, elle l’emmène au salon. Ce soir, on attend les frères Derive invités à dîner.

La vieille madame Massin a été revêtue d’une magnifique toilette de velours aubergine ; on lui a mis ses plus beaux joyaux : boucles d’oreilles de rubis, solitaire à l’annulaire et grosse broche ancienne en crachat dont les diamants jettent des feux aveuglants. On l’a assise sur le fauteuil de gauche près de la cheminée : elle est exposée ainsi qu’au portrait de famille.

Claude songe amèrement, en considérant la grand’mère : « Celle-là aussi, si elle était jeune, on lui chercherait un amoureux afin de se débarrasser d’elle… Mais tant qu’elle est là, on l’exhibe — comme moi ! »

Yvonne étrenne une robe rose. Marthe, congestionnée, s’est presque négligée dans son souci d’attifer Claude.

À huit heures moins dix, Léon arrive de sa maison de commerce, sonne le valet de chambre, se fait habiller précipitamment, et entre dans le salon au moment où l’on introduit ses invités.

— Comme Henri est fringant, ce soir ! murmure Yvonne à l’oreille de Claude.

Le député a l’air guilleret ; sa moustache conquérante garde le pli du fer à friser ; sa taille semble plus svelte sous le drap mince de l’habit de soirée : il paraît six ans de moins. Et Claude observe que cette jeunesse passagère accentue sa ressemblance avec Georges : ils ont les mêmes yeux bleus, doux et moqueurs, le même nez aquilin, et les mêmes cheveux bruns qui, chez le député, se parsèment de fils neigeux au bord des tempes.

Marthe remarque à son tour l’entrain exceptionnel d’Henri Derive. Elle dit, avec une certaine curiosité :

— Vous avez la figure de quelqu’un à qui il est arrivé quelque chose d’agréable ?

— Vous ne vous trompez guère, madame, réplique Henri. En effet… J’ai une nouvelle à vous annoncer…

— Ah !… Quoi donc ?

Le député répond, avec une nuance d’embarras imperceptible :

— Mon prochain mariage.

Immédiatement, Marthe et Léon arborent leurs masques congratulatoires ; des félicitations s’échappent de leurs lèvres. Ils demandent au député quelle est la personne ?… Alors, non sans marquer un mouvement de vanité, Henri prononce un nom de la haute finance ; il épouse mademoiselle Ève de Hirschfeld, la fille du banquier ; vingt-trois ans, une dot de princesse yankee.

Henri triomphe modestement.

Claude ne peut se retenir de glisser un regard vers Yvonne. La petite Lambert-Massin est blême ; ses dents pointues s’enfoncent dans sa lèvre exsangue ; néanmoins, elle persiste à faire bonne contenance ; seule, sa main cramponnée au dossier d’une chaise décèle les étourdissements qui doivent l’assaillir. Yvonne ne s’est jamais montrée fort amicale envers sa cousine : mais, c’est sa compagne, et, ce soir, elle souffre… Claude se rapproche insensiblement d’elle, prend la petite main crispée entre ses doigts effilés et s’efforce de lui exprimer sa sympathie, sa compassion, dans une pression affectueuse.

— Laissez-moi, chuchote Yvonne d’une voix rauque. Laissez-moi… ou je sens que je vais pleurer !

Claude comprend que le moindre attendrissement provoquerait les larmes de l’adolescente. Elle n’insiste pas et se retire, attristée.

Le dîner lui semble mortellement ennuyeux. Mélancolique, elle contemple le visage satisfait d’Henri Derive et la figure fermée d’Yvonne qui dissimule si énergiquement son désespoir que ses parents ne s’en sont pas aperçus. Claude s’imagine comprendre la détresse d’Yvonne en l’assimilant à ses propres peines, — sans se douter à quel point différent leurs sentiments.

La soirée s’écoule trop lentement. Enserrée entre l’amour qu’elle éprouve pour Georges, et l’insistance perfide, les pratiques cachées des Lambert-Massin, ne sachant à quel sort ils la condamneront après sa rébellion, Claude, effrayée, se compare à ce prisonnier de l’Inquisition dont Edgar Poë décrit la torture : enfermé dans une cellule étroite dont les parois s’allument, chauffées par un feu extérieur, il voit peu à peu la muraille se mouvoir, rétrécissant le cercle où gît le supplicié, le contraignant à subir la morsure de l’incendie ou à sauter dans un puits creusé au centre de la pièce infernale…

Et Claude se répète en tremblant : « Eh bien, tant pis !… Qu’ils me brûlent vive, mais je ne sauterai pas ! »

À cet instant, Georges songe, en la couvant d’un regard luisant : « Décidément… elle commence d’abuser… Que diable ! toute attente a des limites : et une coquette qui se fait trop prier finit par devenir aussi maladroite qu’une belle qui s’accorde trop vite. Ah ! la petite friponne : si elle n’était pas si jolie, sa comédie pourrait lui coûter cher… Le brochet a le temps de se délivrer de l’hameçon quand le pêcheur tarde à ramener sa ligne… Bah ! Elle devine son pouvoir ; comment saurais-je me détacher de cette chair diaphane, de cette chevelure ardente et de ces yeux splendides : c’est une petite sirène de volupté ! »

Tout à coup, l’attention de Claude se reporte sur la conversation générale : on a d’abord parlé de la dépopulation ; Henri s’est livré à des considérations multiples qui ont fait dévier le sujet ; on agite maintenant la question du mariage de plus en plus rare chez les ouvriers ; et, bientôt, on passe au chapitre de l’union libre. À la stupeur de tous, Léon Lambert-Massin déclare soudain :

— Eh bien, moi, je suis partisan de l’union libre. Je l’avoue franchement : là est l’avenir du pays. Nous sommes bâillonnés par un code arriéré dont les lois caduques blessent toutes les classes. Avant que sonne l’heure des réformes nécessaires, il faudra que nous prêchions d’exemple pour forcer le législateur à nous suivre : et plus cet exemple partira de haut, plus il retentira…

Puis, M. Lambert-Massin cite Jean-Jacques Rousseau, Élisée Reclus et Victor Margueritte, dans un désordre à faire frémir.

Henri proteste, traite Léon d’anarchiste et de révolutionnaire. Le multimillionnaire, à la veille d’associer ses biens à ceux d’une fiancée richissime, s’indigne à la pensée qu’aucun contrat ne réglementerait l’usage ni le partage de ces forces toutes-puissantes. Henri s’écrie :

— Votre opinion ne tient pas debout ! Mettez-vous à la place d’un père : uniriez-vous votre fille dans ces conditions ?

Alors, M. Lambert-Massin est presque beau d’impudence en ripostant d’une voix loyale :

— Certes, si ma fille… ou une personne qui m’en tiendrait lieu… cédait à l’attrait irrésistible d’une passion partagée, sans s’occuper des vulgaires préjugés… je lui dirais : « Mon enfant, tu t’offres en exemple aux femmes de demain… Va où te mène ta conscience ! »

Cette fois, l’allusion est claire. Henri sourit : il a compris ; il regarde Claude.

Georges — que son désir exaspère et rend cruel — a l’impertinence de mettre le point sur l’i et questionne :

— Quel est l’avis de mademoiselle Gérard sur ces idées nouvelles ?

Claude, toute vibrante, fait appel à son intelligence en éveil ; son esprit sur la défensive aiguise le trait d’une réplique tranchante. Elle répond, — avec une âpreté qui la transfigure :

— Je pense à un chef-d’œuvre de Maupassant qui s’appelle : Boule de Suif… Tels les héros de ce conte, les femmes d’hier — qui croient n’avoir jamais péché — jetteraient la première pierre à la femme de demain, dès qu’elles en auraient obtenu ce qu’elles souhaitent…

Claude ajoute d’une voix profonde :

— Je pense également qu’il est superflu de donner l’exemple, car je ne suis jamais les exemples qu’on me donne.

Et tandis que les Lambert-Massin, déçus, s’étonnent du changement qu’ils constatent en elle, Georges — loin de deviner qu’il est l’auteur de ce miracle qui transforme Claude comme la princesse de la jolie légende de Riquet à la Houppe, qui devenait plus spirituelle au fur et à mesure qu’elle aimait davantage — Georges se répète ses paroles soupçonneuses de Cherville :

« Décidément, elle est très forte… très ! »

À minuit, lorsque les frères Derive s’en sont allés et que les Lambert-Massin ont regagné leurs chambres respectives. Claude, déshabillée, passa un peignoir par-dessus sa chemise ; puis, quittant sa chambre à pas de loup afin de ne point réveiller Madeleine, elle se dirige à tâtons dans l’obscurité et va frapper tout doucement à la porte d’Yvonne.

— Entrez ! balbutie une voix chevrotante.

Yvonne est couchée ; elle a le visage enfoui sous ses draps ; son oreiller chiffonné se promène au pied de son lit. À l’approche de Claude, elle lève la tête, découvre sa figure ravagée de larmes amères. Elle semble avoir maigri en trois heures : ses joues sont creusées ; deux rides qui partent des ailes du nez, pour s’aller perdre aux commissures des lèvres, vieillissent douloureusement ce visage d’enfant.

Claude, émue, court vers elle et l’embrasse tendrement en murmurant :

— Pleurez, ma pauvre Yvonne… Pleurez : ça soulage.

Claude n’a pu supporter l’idée qu’Yvonne se désolait toute seule, au milieu du silence nocturne : tout apitoyée, elle est venue participer à sa peine.

D’abord. Yvonne sanglote, appuyée contre l’épaule de sa cousine qui lui prodigue ses caresses ; puis, obéissant à la colère qui gronde sous son chagrin d’orgueilleuse meurtrie, la petite Lambert-Massin s’écrie rageusement :

— Oh ! le mufle !… le mufle !… Il m’a bafouée ; mais je me vengerai… J’aurai ma revanche… Je tromperai sa femme avec lui et c’est moi qui croquerai la dot !

— Yvonne, vous divaguez !

Claude reste abasourdie devant ces sentiments qu’elle ne comprend plus.

Yvonne gigote sous ses couvertures où ses jambes s’agitent furieusement ; elle considère Claude d’un œil envieux et lui conseille avec un accent irrité :

— Vous qui avez plus de chance que moi, que mon malheur vous serve d’enseignement !… Et tâchez d’en profiter en vous conduisant adroitement.

— Je ne sais ce que vous voulez dire.

— Ah ! Claude… Ne faites pas la bête. Je vous suppose beaucoup plus maligne que vous ne feignez de l’être. Vous sentez qu’un beau garçon assez faible vous aime ; et vous cherchez à ce qu’il vous épouse… Prenez garde, vous avez tort… Votre tactique est une méprise ou vous êtes présomptueuse… Vous avez dû constater ce soir qu’un Derive n’épouse qu’un sac… Vous finirez par lasser Georges. À votre place, je me dépêcherais de lui céder avant qu’il fût marié à son tour…

— Pour qui me prenez-vous ?

— Pour une fille sans le sou.

— Je me moque de l’argent !

— Se moquer des choses n’est pas s’en passer. Vous méprisez les pièces de vingt francs ; mais vous aimez l’avenue d’Antin, les courses en auto, les parfums rares, les vraies dentelles, le théâtre, la musique, la grasse matinée, les robes que paye maman, les plats que cuisine Marie, le raisin au mois de janvier et les pommes au mois de juin… Vous aimez tout ce qui coûte cher et vous avez perdu l’habitude de compter, parce que ce sont les autres qui dépensent pour vous !

Claude a un sursaut d’indignation :

— Est-ce à vous de me reprocher ce que vos parents ont fait de moi ?… Je ne demandais qu’à remplir dans l’ombre mon rôle de parente pauvre : ils m’ont exposée en plein soleil, afin de me voir miroiter ainsi qu’une médaille d’encouragement au bien ! J’aurais été avec bonheur leur demoiselle de compagnie, leur intendante, leur servante… Ils m’ont préférée inutile. Un Lambert-Massin ne traite pas sa cousine comme une domestique, hein ? — aux yeux du monde… Mais il l’excite sournoisement à devenir une vilaine créature. Je commence à les connaître, vos parents !

— Mes parents ! Je vous conseille d’en dire du mal… Ils vous ont ramassée dans la rue.

— Est-ce une raison pour me jeter sur le trottoir ?

— Hum ! Le macadam de Georges Derive est un tremplin fort enviable.

— Et d’autant plus vil.

Claude poursuit, la voix enrouée, le sang aux joues :

— Je n’aurais peut-être pas su lui résister, s’il avait été pauvre… C’est l’existence fortunée qu’il m’offre qui me défend contre son amour… Yvonne… Ma pauvre Yvonne… Moi qui avais la naïveté de vous croire éprise d’Henri ! Vous ignorez ce que c’est que d’aimer… Je vous pardonne les horreurs que vous me débitez. Oui, j’adore Georges, et je ne serai jamais sa maîtresse… Ah ! je l’aime bien trop pour souffrir qu’il me méprise !

— Vous en êtes encore là !… Claude, je me figure parfois que vous êtes née sous Louis-Philippe.

Yvonne, aigrie par sa déconvenue, ajoute, mauvaise :

— Eh bien, si vous avez tant de scrupules, je m’étonne que vous acceptiez si facilement d’être entretenue par nous : Georges, au moins, recevrait des marques de gratitude, en échange…

— Est-ce moi qui vous ai demandé de me recueillir ?

— Non ; seulement vous avez pris goût à l’asile.

— Tranquillisez-vous : je n’y resterai pas longtemps !

— Pas de coup de tête : contentez-vous de suivre le conseil que papa vous donnait ce soir… Il est très intelligent, papa.

Claude, révoltée, sort brusquement, regagne sa chambre.

Elle suffoque, murmure tout bas : « Je ne demeurerai pas deux jours de plus dans cette maison. Cette fois, j’en ai assez…. Je m’en vais… Je travaillerai… J’essayerai de trouver… Ah ! la méchante ! la méchante ! Moi qui la plaignais !… »

Elle retire son peignoir, se glisse entre ses draps.

Et soudain, Claude éclate en larmes, mordant son oreiller pour étouffer le bruit saccadé de ses sanglots.

Claude pleure irrésistiblement, parce qu’elle vient d’apercevoir dans le lit voisin du sien, à la lueur de la veilleuse, le seul visage innocent de sa famille : la figure poupine de la petite Madeleine endormie, qui sourit à ses rêves bleus…