Le Japon (Villetard)/I/I

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Librairie Hachette et Cie (p. 7-9).

CHAPITRE PREMIER

LE PAYS

I

Divisions géographiques.

Si l’on jette les yeux sur une carte générale de l’Asie, on voit que, depuis la pointe de la presqu’île du Kamtchatka jusqu’au tropique du Cancer, la côte orientale de ce continent semble s’abriter derrière une chaîne d’îles, dont les plus septentrionales sont les Kouriles, et dont la plus méridionale est l’île Formose.

Celle-ci appartient à la Chine, ainsi que la partie sud des îles Liéou-Khiéou. Le reste compose l’empire du Japon, appelé aussi, à cause de sa position à l’est du continent asiatique, l’empire du Soleil levant.

Ces îles, dont le nombre dépasse le chiffre formidable de 3 800, forment une ligne longue d’environ sept cents lieues, qui descend du nord-est au sud-ouest, depuis le 50e jusqu’au 25e degré de latitude nord. Elles sont comprises entre le 125e et le 150e degré de longitude est.

Elles peuvent se diviser en cinq groupes principaux :

1o  Au nord, les Kouriles ;

2o  La grande île d’Yéso, avec quatre-vingts ou quatre-vingt-dix îles de moindre importance ;

3o  Le Japon proprement dit, composé d’abord de la plus grande île de l’empire japonais, celle que les géographes européens ont improprement nommée Niphon et que les indigènes appellent Hondo[1] ; puis de deux autres grandes îles situées au sud de Niphon, Sikokf et Kiou-Siou ; de quelques îles encore assez vastes, telles que Sado, Aouadsi, etc. ; enfin, de plus de 3 500 petites îles et îlots, réunis par groupes plus ou moins considérables autour des îles principales ;

4o  Tout au sud, celles des îles Liéou-Khiéou qui appartiennent au Japon ;

5o  Enfin, à plus de 200 lieues à l’est des îles japonaises, le groupe des îles Bonin, qui font partie de l’Océanie.

Cette nomenclature serait incomplète si nous ne disions un mot de la grande île Sakhalien (ou Saghalien, ou Karaftou ou Krafto), qui, sur une longueur d’environ deux cents lieues, suit et protège la côte de la Mantchourie, dont elle n’est séparée que par un bras de mer nommé Manche de Tartarie. La partie septentrionale de cette île appartenait depuis longtemps aux Russes, qui possédaient aussi la partie nord de l’archipel des Kouriles. Le Japon, qui avait le sud de Sakhalien et les Kouriles méridionales, a récemment échangé ses possessions sakhaliennes contre celles des Kouriles qui appartenaient à ses puissants voisins.

L’empire du Soleil levant n’a donc nulle part de frontières terrestres. Il n’est de tous côtés borné que par la mer.

Ses côtes orientales sont baignées par l’océan Pacifique.

Les côtes du sud-ouest, par la mer Bleue ou mer Orientale qui s’étend entre les îles Liéou-Khiéou, l’île Formose et la Chine.

Les côtes occidentales du Japon proprement dit et d’Yéso sont battues par les flots de la vaste mer du Japon.

Enfin, entre le sud du Niphon et le nord des îles Kiou-Siou et Sikokf, s’étend une sorte de Méditerranée japonaise, nommée Mer intérieure. Elle est peuplée de plusieurs centaines d’îles presque toutes couvertes d’arbres magnifiques, de maisons, de temples et de jardins qui offrent au voyageur un coup d’œil merveilleux.

La superficie totale de l’empire du Japon est évaluée approximativement à 380 000 kilomètres carrés, et sa population à 35 000 000 d’habitants.


LE CHÂTEAU DE MAROUGONI DANS L’ÎLE DE SIKOKF.

  1. Par le mot Niphon, ou plus exactement Nippon, les Japonais désignent le Japon tout entier, qu’ils appellent souvent Dai Nippon (le grand Japon) ; mais il nous semble nécessaire de nous conformer à l’usage généralement admis en Europe, et dans le cours de cet ouvrage, sous le nom de Niphon nous désignerons seulement l’île dont le nom véritable est Hondo.