Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/II/Isès jette sur la terrasse…

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VIII


            Isès jette sur la terrasse
            Les mailles noires de son cœur
            Et chacun de nous les ramasse
            Pour refaire un peu de douleur.

            Isès est lasse du voyage
            À la maison où Dieu frappa
            En cachant dans le paysage
            La mort qu’il portait dans les bras.


            Isès est une messagère,
            « Je me suis penchée sur le lit
            D’un enfant déjà sous la terre »
            Dit-elle à ceux de ses amis

            Qui plus près de sa solitude
            Veulent dépouiller son chagrin.
            Isès s’étend par habitude
            Sur la chaise-longue… Un refrain

            Persiste à bleuir la fontaine ;
            Tout le ciel s’écoule dans l’eau,
            Le soleil monte de la plaine,
            Isès laisse choir le fuseau

            De l’ombre que ses yeux rapportent.
            Maintenant un voile à son cou
            Met des lueurs de toutes sortes
            Sur sa bouche et sur ses genoux.

            Isès n’oublie pas, mais Fontlaure
            Lui donne des fleurs et des fruits.
            Pourquoi n’irait-elle à l’aurore
            Comme elle est allée à la nuit ?