Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/IV/La foi, cette raison…

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G. Oudin & Cie (p. 141-143).



IX


La foi, cette raison et ce doux scapulaire,
            Reviendra-t-elle encor !
Oublierai-je, appuyé sur sa chaude lumière,
            Mon âge et mon effort ?

Comblerai-je de fleurs limpides cette route
            Où règne le chardon ?
Me mettrai-je à genoux devant Dieu qui m’écoute
            Et croirai-je au pardon ?


Que je voudrais m’ensevelir dans une église,
            Sous un vitrail de saint
Et porter, à jamais, sur mon corps qui s’épuise,
            Une robe de lin.

Temps des enfants de chœur et des aubes ravies
            Je me souviens de vous.
Ah ! mes livres disant à la Vierge Marie :
            « Ayez pitié de nous ! »

J’ai vu Lourdes, jadis, dans un pélerinage.
            Ma mère, près de moi,
Puisa l’eau de la source et fit sur mon visage
            Le signe de la croix.

Étais-je loin du ciel, heures pyrénéennes,
            Quand mes bras se tendaient
Vers le mystère blanc et vers la cantilène
            Du Gave qui coulait ?

Pourquoi n’ai-je gardé ma si vive innocence ?
            Pourquoi ai-je vécu ?
Pourquoi l’amour humain eut-il la préférence
            De mon cœur éperdu ?


Que m’a servi de posséder mon vain courage
            Et de toujours cueillir
Puisqu’au premier berceau, lassé de mon voyage,
            Il me faut revenir !