Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/IV/La foi, cette raison…
IX
La foi, cette raison et ce doux scapulaire,
Reviendra-t-elle encor !
Oublierai-je, appuyé sur sa chaude lumière,
Mon âge et mon effort ?
Comblerai-je de fleurs limpides cette route
Où règne le chardon ?
Me mettrai-je à genoux devant Dieu qui m’écoute
Et croirai-je au pardon ?
Que je voudrais m’ensevelir dans une église,
Sous un vitrail de saint
Et porter, à jamais, sur mon corps qui s’épuise,
Une robe de lin.
Temps des enfants de chœur et des aubes ravies
Je me souviens de vous.
Ah ! mes livres disant à la Vierge Marie :
« Ayez pitié de nous ! »
J’ai vu Lourdes, jadis, dans un pélerinage.
Ma mère, près de moi,
Puisa l’eau de la source et fit sur mon visage
Le signe de la croix.
Étais-je loin du ciel, heures pyrénéennes,
Quand mes bras se tendaient
Vers le mystère blanc et vers la cantilène
Du Gave qui coulait ?
Pourquoi n’ai-je gardé ma si vive innocence ?
Pourquoi ai-je vécu ?
Pourquoi l’amour humain eut-il la préférence
De mon cœur éperdu ?
Que m’a servi de posséder mon vain courage
Et de toujours cueillir
Puisqu’au premier berceau, lassé de mon voyage,
Il me faut revenir !