Le Jeu de saint Nicolas/Notes

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Texte établi par Alfred JeanroyHonoré Champion (p. 81-86).

NOTES


V. 122 rub. Ce roi est appelé ailleurs (227, 783) rois d’Aufrike. Voir 782 l’énumération de ses possessions.

V. 142. C’est-à-dire sans doute : « vous êtes plus précieux que de l’argent ».

V. 154 et 169. Ce geste de supplication était en usage chez les chrétiens. Cf. Joinville, éd. De Wailly, § 204.

V. 200. D’après Monmerqué-Michel (p. 167), cette forme de serment serait attribuée aux Sarrasins dans plusieurs chansons de geste (et serait encore en usage dans quelques provinces) ; mais ils ne donnent aucune référence.

V. 238. « Vous pouvez cesser d’observer le silence. » Ce vers s’adresse aux assistants. Cf. 594.

V. 253. Sur la réputation du vin d’Auxerre au moyen âge, voir E. Langlois, Le Jeu de la Feuillée, note au v. 931.

V. 254-5. Je ne connais pas d’autre exemple de ce dicton. On peut toutefois en rapprocher un passage du R. de Renart (éd. Martin, iii, 259) où il est dit que saint Benoît recommande aux religieux de son ordre de faire bonne chère. Les « moines noirs » avaient au reste une réputation d’épicurisme bien établie : voir sur ce point la chanson satirique R. 385 (dernière éd. dans le recueil de Chansons satiriques de Jeanroy et Langfors, no IX) et le dit de La vie du monde de Rutebeuf, v. 126 et suiv. (2e éd. Jubinal, II, 39).

V. 269. Boi bien, formule pour exhorter à boire (cf. Jeu de la Feuillée, v. 1054).

V. 274-89. A. Guesnon (loc. cit., p. 75) et M. Schulze se sont donné beaucoup de peine pour équilibrer ce compte, qui est certainement et volontairement boîteux, et c’est en cela précisément que doit consister le comique de la scène. Comme plus loin (cf. 691, 699, 1338-9), Bodel a voulu railler ici les additions des taverniers. — On sait que la maille vaut la moitié du denier. Il semble qu’Auberon doive un peu plus d’une maille et un peu moins d’un denier, puisqu’il se dit (288-9) obligé, pour s’acquitter, de couper une maille en deux, ce qui ferait du parti la moitié de la maille. Mais, d’autre part, dans le compte de Cliquet (680 et suiv.), le parti est équivalent à un demi-denier. L’un des deux comptes est donc faux. Dans ce dernier, le lot est compté à deux deniers (676-7) ; mais nous ne savons pas quel rapport il y avait entre le lot et la pinte.

V. 286. De cette locution, voir un autre exemple dans le Dit d’amour d’Adam de la Halle, v. 156 (Romania, XXII, 53). Le tavernier veut-il dire qu’il n’y regardera pas de si près et qu’Auberon aurait tort de s’inquiéter ?

V. 296. « Que le tavernier dise d’abord (s’il accepte cet arrangement). »

V. 297. « Ce n’est que justice » ; cf. 1030.

V. 299. « Oui, nous sommes d’accord, à condition que je sois payé, ou avant que l’un ou l’autre ne s’en aille ».

V. 301. « Les dés fuient, et aucun ne se place (comme il faudrait). »

V. 304. Sur les trois dés, deux ont amené trois points et le dernier un seul. Auberon gagnera avec trois quaternes, c’est-à-dire douze (309).

V. 305. En effet, c’est Cliquet qui finira par payer toute la dépense ; cf. 1133.

V. 306. Cette réplique doit être prise ironiquement. « Mon plus mauvais coup est un quatre. » (Donc mon jeu est excellent.)

V. 314. Proverbe très rare, dont M. Morawski a cité récemment un autre exemple, tiré d’un recueil du xiiie siècle (Romania, XLVIII, 524). Peut-être faut-il y voir une allusion à un épisode du roman de Renart (XVI, 240 et suiv.) où le goupil enfonce ses dents dans le pied droit d’un vilain qui essayait de l’écraser. Mais son sens précis me reste obscur.

V. 344-5. « Ton armée est dix fois plus nombreuse que toutes celles qu’on a vues jusqu’à présent. »

V. 357. « Je suis venu pour écarter le danger qui vous menace. » Sur cet emploi du possessif, voir Tobler, Vermischte Beiträge, 2e série, no x.

V. 367. Ce vers ne rime pas ; M. Schulze lit per et comprend : « Je m’associe grandement à votre peine. »

V. 382-3. Ce qui signifie évidemment que les habitants de ce pays sont d’une taille monstrueuse, M. Schulze corrige : uns seus hom cent en…, c’est-à-dire « un seul homme en emporte bien cent (de ces pierres) ».

V. 447. Locution inconnue, mais dont le sens est clair.

V. 454. L’amiral d’Orkenie trouve le prud’homme en oraison devant la statue de saint Nicolas.

V. 608, 613. Arras était formée de deux agglomérations, la « cité » épiscopale, bâtie autour de la cathédrale, la « ville », groupée autour de l’abbaye de Saint-Vaast ; voir Guesnon, Moyen âge, 1899, p. 168.

V. 616, 620. Les crieurs, pour attirer l’attention, devaient frapper d’une baguette sur un gobelet ou un pot de fer.

V. 626-7. Il doit y avoir là un jeu de mots inconvenant. Voir Tobler, Verm. Beiträge, 2e série, 2e éd., p. 226.

V. 649. Le Jeu de Courtois d’Arras (éd. Faral, 103 et suiv.) nous montre aussi un valet de taverne criant le vin, en termes, au reste, moins pittoresques. Sur les épithètes désignant les qualités du bon vin, voir les textes rassemblés par P. Meyer (Romania, XI, 572).

V. 660. « De moins fins gourmets que moi en boiront (mais j’y ai plus de droits qu’eux) » (?). M. Schulze propose de corriger : Lechiere en bevra mains de moi, sans expliquer comment il comprend.

V. 666. Sans doute Hénin-Liétard, près de Lens (25 kil. au nord-est d’Arras), dont le blé devait être renommé.

V. 673. Locution de charretier, équivalente à : « J’ai déjà fait halte ici. »

V. 674. « Tant qu’il y aura du vin sur le comptoir. »

V. 680-4. Cliquet doit deux deniers pour le lot de vin qu’il a commandé, un denier pour le jeu, et un denier et demi pour l’écot d’Auberon ; le total est donc de quatre deniers et demi.

V. 692-3. Comme nous allons le voir (755), Caignet avait l’habitude de jurer par saint Jacques.

V. 707. C’est-à-dire « on débiterait aisément ce vin, même s’il était à seize deniers » ; or, il n’est qu’à douze (276). Mais quelle est la mesure qui est à ce prix ?

V. 708-11. Ces vers, farcis de mots qu’on n’a rencontrés nulle part ailleurs, doivent être en argot, en dépit de l’opinion contraire exprimée par Guesnon (op. cit. p. 78) et L. Sainéan (L’argot ancien, 1907, p. 163).

V. 730. Sens ?

V. 752-3. Il serait plus naturel d’attribuer cette réplique à Caignet.

V. 756. Me vaque paraît être une simple appellation amicale.

V. 758-9. « Je parie que vous n’en avez pas bu de pareil de toute cette année. »

V. 763. « Nous avons de quoi payer comptant. » (Cf. Jeu de la Feuillée, v. 970.)

V. 776-5. « Vous seriez encore bien meilleur que vous n’êtes si vous nous faisiez participer à l’aubaine. »

V. 803. Cf. 1146-7.

V. 807. Hocher as crois. Semrau (op. cit., p. 150) comprend : jouer à croix (ou pile), c’est-à-dire avec des pièces de monnaie au lieu de dés.

V. 809. Il faut peut-être attribuer ce vers à Cliquet : se préparant à emprunter une somme au tavernier, il lui promet une « étrenne » sur son gain futur.

V. 810. Cliquet admet qu’il doit déjà cinq deniers (cf. 683-4) et il accepte que le tavernier, en ne lui prêtant que onze deniers, en porte douze à son compte ; celui-ci prête donc « au denier douze », comme Harpagon. Schulze propose de corriger : preste me douzaine.

V. 829. Locution proverbiale, où les deux mots essentiels sont comiquement transposés (voy. Littré, s. v. contrepetterie). Le sens en est évidemment : « ce n’est pas là qu’est l’objet intéressant » ; allusion au trésor.

V. 834. Rasoir se défie de ces dés, qu’il croit pipés.

V. 839. « Tu auras part au bénéfice. »

V. 844. « Voulez-vous répartir la dépense entre tous ? »

V. 845. Les se rapporte à deniers, sous-entendu.

V. 852. Ici commencent deux parties de dés, dont l’une (854-69) a pour enjeu la somme due au tavernier, et l’autre (870-909) de l’argent liquide.

V. 858-9. « Que Dieu me donne des coups de six en aussi grande abondance que les objets qu’on porte au marché. »

V. 870-919. Pincedé, n’ayant amené que cinq points (864), et craignant que les deux autres joueurs ne fassent davantage, propose d’interrompre la partie et de jouer de « l’argent sec ». Chacun met un enjeu de trois deniers. Rasoir amène douze (884), Pincedé dix (885), Cliquet dix avec deux dés (909). Rasoir, ayant sûrement gagné, n’entre pas dans la querelle qui s’élève entre les deux derniers. Caignet vient réclamer le prix de sa chandelle et prélève un denier sur les enjeux (891) ; il en reste donc huit (944).

V. 892. « On se serait bien gardé de m’appeler » (pour me payer).

V. 896. « Je n’ai pas besoin de votre permission » (pour me payer).

V. 905. « Que l’autre dé soit mis de côté », c’est-à-dire je consens à ne pas compter les points qu’il amènera.

V. 912. Pincedé ayant amené dix (885), Cliquet n’a en réalité que deux points de plus. Pincedé consentira à mettre l’erreur sur le compte du vin (959).

V. 923. « Je commence », c’est-à-dire « je frappe le premier ».

V. 948. Caignet prélève deux nouveaux deniers sur les enjeux ; c’est en effet à cette somme qu’il avait évalué sa première fourniture de chandelle (697).

V. 978. « Vous participerez à notre gain. »

V. 1036. Cf. Jeu de la Feuillée, 944 : Si sent un peu la rebouture.

V. 1045. « Il (ce vin) est meilleur que celui qui était au dessus » (dans le tonneau) ; cf. v. 269.

V. 1060. « Voulez-vous que j’aille rechercher mes dés » (pour vous les prêter) ?

V. 1065. Cette expression obscure a peut-être quelque rapport avec la locution ne hart ne part, qui signifie « rien du tout » ; sur cette locution, voy. Tilander, Remarques sur le R. de Renart, p. 67, 68.

V. 1078 et suiv. De nombreux détails de cette nouvelle partie de dés restent obscurs. Ce qu’on y voit de plus clair, c’est que les trois larrons puisent à l’envi dans le sac pour couvrir les enjeux ou se payer de leurs gains, que le tavernier, voyant péricliter son gage, essaie de mettre le holà (1170) et qu’à la suite d’une rixe les malandrins sont obligés de remettre tout à la masse.

V. 1085. « Je parierais largement un marc d’or » (que l’échiquier est d’aplomb).

V. 1087. « Il (le dé) viendra tout droit de mon côté. »

V. 1101. Aniaus de voirre, enjeux sans valeur, selon Guesnon (p. 78), qui renvoie à un passage de la Vie de sainte Élisabeth de Rutebeuf (Jubinal, 2e éd., II, 322), où il est question en effet d’un jeu « que l’on dit des aniaus », mais sans autre précision.

V. 1107. Ces « deniers rouges » sont sans doute les besants d’or, que Caignet fait mine de prendre.

V. 1142 et suiv. La réplique de Rasoir montre que ces vers sont prononcés par Pincedé ; voir Semrau, p. 50.

V. 1147. Sur cette levée promise, voir 803.

V. 1155. Le sens paraît être : « Je t’ai promis cette levée quand l’enjeu de la partie n’était que des parisis », c’est à dire la valeur de la consommation. Mais que signifie au juste la locution : au vin croistre ?

V. 1429. La correction de fers en cers (certus) ne me paraît pas s’imposer ; Schulze propose : enn’ est il si f. (= puissant).

V. 1484. « Ne m’y comptez pas » (au nombre des convertis) (Guesnon).