bookLe Joujou des DemoisellesAbbé Jouffreau de Lagerie1750VLa Femme de bon appetit.Jouffreau de Lagerie, Le Joujou des Demoiselles, 1750.djvuJouffreau de Lagerie, Le Joujou des Demoiselles, 1750.djvu/246-48
LA FEMME DE BON APETIT.
Une jeune Marchande etoit Qui toujours beaux habits portoit
Aimant a se voir brave, leste pinpante Ce n’est pas la chose fort surprenante Jeunes marchandes sont d’une nation Qu’on voit avoir même inclination ;
Cependant pour fournir à sa folle depence Il falloit beaucoup de finance
Habits neufs si frequens ne se font pas pour rien
Tout cela retomboit sur le dos du bon homme
Qui voyoit à regret diminuer son bien
sa femme lui coutant tous les jours quelque somme Enfin un jour il se facha,
Elle lui demandoit pour avoir une jupe
Quoy, ma femme, dit il, me prenez vous pour dupe,
He ! vous epuiseriez les tresors d’un Bacha,
Oh ma foy ne vous en deplaise, Si ce train continuoit encore Vous me mettrez bien a mon aise
Il m’en coute par la plus de dix Louis d’or Pour chaque fois que je vous baise, Je ne veux plus etre si fou Vraiement vous me la baillez belle, Baisez moi si souvent dit elle Qu’il ne vous en coute qu’un sou.