Le Juif errant (Eugène Sue)/Partie XV/01

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Méline, Cans et compagnie (7-8p. 219-234).



I


Consolations.


Pendant l’entretien d’Adrienne et de Rose-Pompon, une scène touchante s’était passée entre Agricol et la Mayeux, restés fort surpris de la condescendance de mademoiselle de Cardoville à l’égard de la grisette.

Aussitôt après le départ d’Adrienne, Agricol s’agenouilla devant la couche de la Mayeux, et lui dit avec une émotion profonde :

— Nous sommes seuls ;… je puis enfin te dire ce que j’ai sur le cœur : tiens… vois-tu ?… c’est affreux, ce que tu as fait :… mourir de misère,… de désespoir… et ne pas m’appeler auprès de toi !

— Agricol… écoute-moi…

— Non… tu n’as pas d’excuse… À quoi sert donc, mon Dieu ! de nous être appelés frère et sœur, de nous être donné pendant quinze ans les preuves de la plus sincère affection, pour qu’au jour du malheur tu te décides ainsi à quitter la vie, sans t’inquiéter de ceux que tu laisses… sans songer que, te tuer, c’est leur dire : Vous n’êtes rien pour moi ?

— Pardon, Agricol… c’est vrai ;… je n’avais pas pensé à cela, dit la Mayeux en baissant les yeux ; mais… la misère… le manque de travail !…

— La misère… le manque de travail ! et moi donc, est-ce que je n’étais pas là ?

— Le désespoir…

— Et pourquoi le désespoir ? Cette généreuse demoiselle te recueille chez elle ; appréciant ce que tu vaux, elle te traite comme son amie, et c’est au moment où tu n’as jamais eu plus de garantie de bonheur… pour l’avenir, pauvre enfant… que tu abandonnes brusquement la maison de mademoiselle de Cardoville… nous laissant tous dans une horrible anxiété sur ton sort.

— Je… je… craignais d’être à charge… à ma bienfaitrice…, dit la Mayeux en balbutiant.

— Toi à charge… à mademoiselle de Cardoville !… elle si riche, si bonne !…

— J’avais peur d’être indiscrète…, dit la Mayeux de plus en plus embarrassée.

Au lieu de répondre à sa sœur adoptive, Agricol garda le silence, la contempla pendant quelques instants avec une expression indéfinissable, puis s’écria tout à coup, comme s’il eût répondu à une question qu’il se posait à lui-même :

— Elle me pardonnera de lui avoir désobéi ; oui, j’en suis sûr.

Alors s’adressant à la Mayeux qui le regardait de plus en plus étonnée, il lui dit d’une voix brève et émue :

— Je suis trop franc ; cette position n’est pas tenable ; je te fais des reproches, je te blâme… et je ne suis pas à ce que je te dis… je pense à autre chose…

— À quoi donc, Agricol ?

— J’ai le cœur navré en songeant au mal que je t’ai fait.

— Je ne comprends pas… mon ami ;… tu ne m’as jamais fait de mal…

— Non… n’est-ce pas ?… jamais… pas même dans les petites choses ? lorsque, par exemple, cédant à une détestable habitude d’enfance, moi qui pourtant t’aimais, te respectais comme ma sœur… je t’injuriais cent fois par jour…

— Tu m’injuriais ?

— Et que faisais-je donc, en te donnant sans cesse un sobriquet odieusement ridicule… au lieu de t’appeler par ton nom.

À ces mots, la Mayeux regarda le forgeron avec effroi, tremblant qu’il ne fût instruit de son triste secret, malgré l’assurance contraire qu’elle avait reçue de mademoiselle de Cardoville ; pourtant elle se calma en pensant qu’Agricol avait pu réfléchir à l’humiliation qu’elle devait éprouver à s’entendre sans cesse appeler la Mayeux. Aussi répondit-elle en s’efforçant de sourire :

— Peux-tu te chagriner pour si peu de chose ? C’était, comme tu le dis, Agricol, une habitude d’enfance… Ta bonne et tendre mère, qui me traitait comme sa fille… m’appelait aussi la Mayeux, tu le sais bien.

— Et ma mère… est-elle aussi allée te consulter sur mon mariage, te parler de la rare beauté de ma fiancée, te prier de voir cette fille, d’étudier son caractère, dans l’espoir que l’instinct de ton attachement pour moi t’avertirait… si je faisais un mauvais choix ? Dis, ma mère a-t-elle eu cette cruauté ? Non… c’est moi qui ainsi te déchirais le cœur.

Les craintes de la Mayeux se réveillèrent ; plus de doute, Agricol savait son secret. Elle se sentit mourir de confusion ; pourtant, faisant un dernier effort pour ne pas croire à cette découverte, elle murmura d’une voix faible :

– En effet… Agricol… ce n’est pas ta mère qui m’a priée de cela… c’est toi… et… et… je t’ai su gré de cette preuve de confiance.

— Tu m’en as su gré… malheureuse enfant ! s’écria le forgeron les yeux remplis de larmes ; non, ce n’est pas vrai car je te faisais un mal affreux… j’étais impitoyable… sans le savoir… mon Dieu !

— Mais… dit la Mayeux d’une voix à peine intelligible, pourquoi penses-tu cela ?

— Pourquoi ? parce que tu m’aimais ! s’écria le forgeron d’une voix palpitante d’émotion, en serrant fraternellement la Mayeux entre ses bras.

— Oh ! mon Dieu !… murmura l’infortunée en tâchant de cacher son visage entre ses mains, il sait tout.

— Oui… je sais tout, reprit le forgeron avec une expression de tendresse et de respect indicible, oui, je sais tout… et je ne veux pas, moi, que tu rougisses d’un sentiment qui m’honore et dont je m’enorgueillis ; oui, je sais tout, et je me dis avec bonheur, avec fierté, que le meilleur, que le plus noble cœur qu’il y ait au monde a été à moi, est à moi… sera toujours à moi… Allons, Madeleine, laissons la honte aux passions mauvaises ; allons, le front haut, relève les yeux, regarde-moi… Tu sais si mon visage a jamais menti ;… tu sais si une émotion feinte s’y est jamais réfléchie… eh bien ! regarde-moi, te dis-je, regarde… et tu liras sur mes traits combien je suis fier, oui, entends-tu, Madeleine ? légitimement fier de ton amour…

La Mayeux, éperdue de douleur, écrasée de confusion, n’avait pas jusqu’alors osé lever les yeux sur Agricol ; mais la parole du forgeron exprimait une conviction si profonde, sa voix vibrante révélait une émotion si tendre, que la pauvre créature sentit malgré elle sa honte s’effacer peu à peu, surtout lorsque Agricol eut ajouté avec une exaltation croissante :

— Va, sois tranquille, ma noble et douce Madeleine, de ce digne amour… j’en serai digne : crois-moi, il te causera autant de bonheur qu’il t’a causé de larmes… Pourquoi donc cet amour serait-il désormais pour toi un sujet d’éloignement, de confusion ou de crainte ? Qu’est-ce donc que l’amour, ainsi que le comprend ton adorable cœur ? Un continuel échange de dévouement, de tendresse, une estime profonde et partagée, une mutuelle, une aveugle confiance ? Eh bien ! Madeleine, ce dévouement, cette tendresse, cette confiance, nous les aurons l’un pour l’autre, oui, plus encore que par le passé ; dans mille occasions, ton secret t’inspirait de la crainte, de la défiance… à l’avenir, au contraire, tu me verras si radieux de remplir ainsi ton bon et vaillant cœur, que tu seras heureuse de tout le bonheur que tu me donnes… Ce que je te dis là est égoïste… c’est possible ; tant pis !… je ne sais pas mentir.

Plus le forgeron parlait, plus la Mayeux s’enhardissait… Ce qu’elle avait surtout redouté dans la révélation de son secret, c’était de le voir accueilli par la raillerie, le dédain, ou une compassion humiliante ; loin de là, la joie et le bonheur se peignaient véritablement sur la mâle et loyale figure d’Agricol ; la Mayeux le savait incapable de feinte ; aussi s’écria-t-elle cette fois sans confusion, et au contraire, elle aussi… avec une sorte d’orgueil :

— Toute passion sincère et pure a donc cela de beau, de bien, de consolant, mon Dieu ! qu’elle finit toujours par mériter un touchant intérêt lorsqu’on a pu résister à ses premiers orages ! elle honorera donc toujours et le cœur qui l’inspire et le cœur qui l’éprouve. Grâce à toi, Agricol ; grâce à tes bonnes paroles qui me relèvent à mes propres yeux, je sens qu’au lieu de rougir de cet amour, je dois m’en glorifier… Ma bienfaitrice a raison… Tu as raison ; pourquoi donc aurais-je honte ? N’est-il donc pas saint et vrai, mon amour ? Être toujours dans ta vie, t’aimer, te le dire, te le prouver par une affection de tous les instants, qu’ai-je espéré de plus ? et pourtant la honte, la crainte, jointes au vertige que donne le malheur arrivé à son comble, m’ont poussé jusqu’au suicide ! C’est qu’aussi, vois-tu ? mon ami, il faut pardonner quelque chose aux mortelles défiances d’une pauvre créature vouée au ridicule depuis son enfance… Et puis, enfin… ce secret… devait mourir avec moi, à moins qu’un hasard impossible à prévoir ne te le révélât ;… alors, dans ce cas, tu as raison, sûre de moi-même, sûre de toi… je n’aurais rien dû redouter ; mais il faut m’être indulgent : la méfiance, la cruelle méfiance de soi… fait malheureusement douter des autres… Oublions tout cela… Tiens, Agricol, mon généreux frère, je te dirai ce que tu me disais tout à l’heure :… regarde-moi bien, jamais non plus, tu le sais, mon visage n’a menti. Eh bien, regarde… vois si mes yeux fuient les tiens ;… vois, si de ma vie, j’ai eu l’air aussi heureux… et pourtant tout à l’heure j’allais mourir.

La Mayeux disait vrai…

Agricol lui-même n’eût pas espéré un effet si prompt de ses paroles ; malgré les traces profondes que la misère, que le chagrin, que la maladie avaient imprimées sur le visage de la jeune fille, il rayonnait alors d’un bonheur rempli d’élévation, de sérénité, tandis que ses yeux bleus, doux et purs comme son âme, s’attachaient sans embarras sur ceux d’Agricol.

— Oh ! merci, merci, s’écria le forgeron avec ivresse. En te voyant si calme, si heureuse, Madeleine… c’est de la reconnaissance que j’éprouve.

— Oui, calme, oui, heureuse, reprit la Mayeux, oui à tout jamais heureuse, car, maintenant… mes plus secrètes pensées tu les sauras… Oui, heureuse, car ce jour, commencé d’une manière si funeste, finit comme un songe divin ; loin d’avoir peur, je te regarde avec ivresse ; j’ai retrouvé ma généreuse bienfaitrice, et je suis tranquille sur le sort de ma pauvre sœur… Oh ! tout à l’heure, n’est-ce pas ? nous la verrons, car, cette joie, il faut qu’elle la partage.

La Mayeux était si heureuse, que le forgeron n’osa ni ne voulut lui apprendre encore la mort de Céphyse, dont il se réservait de l’instruire avec ménagements ; il répondit :

— Céphyse, par cela même qu’elle est plus robuste que toi, a été si rudement ébranlée, qu’il sera prudent, m’a-t-on dit tout à l’heure, de la laisser pendant toute cette journée dans le plus grand calme.

— J’attendrai donc ; j’ai de quoi distraire mon impatience, j’ai tant à dire…

— Chère et douce Madeleine…

— Tiens, mon ami, s’écria la Mayeux en interrompant Agricol et en pleurant de joie, je ne puis te dire, vois-tu ? ce que j’éprouve quand tu m’appelles Madeleine… C’est quelque chose de si suave, de si doux, de si bienfaisant, que j’en ai le cœur tout épanoui.

— Malheureuse enfant, elle a donc bien souffert, mon Dieu ! s’écria le forgeron avec un attendrissement inexprimable, qu’elle montre tant de bonheur, tant de reconnaissance, en s’entendant appeler de son modeste nom !…

— Mais, pense donc, mon ami, que ce mot dans ta bouche résume pour moi toute une vie nouvelle ! Si tu savais les espérances, les délices qu’en un instant j’entrevois pour l’avenir ? Si tu savais toutes les chères ambitions de ma tendresse !… Ta femme, cette charmante Angèle… avec sa figure d’ange et son âme d’ange… Oh ! à mon tour, je te dis : « Regarde-moi », et tu verras que ce doux nom m’est doux aux lèvres et au cœur. Oui, ta charmante et bonne Angèle m’appellera aussi Madeleine ;… et tes enfants… Agricol… tes enfants ! chers petits êtres adorés ! pour eux aussi… je serai Madeleine… leur bonne Madeleine ; par l’amour que j’aurai pour eux, ne seront-ils pas à moi aussi bien qu’à leur mère ? car je veux ma part des soins maternels ; ils seront à nous trois, n’est-ce pas, Agricol ?… Oh ! laisse, laisse-moi pleurer ; va… laisse-moi, c’est si bon des larmes sans amertume, des larmes qu’on ne cache pas !… Dieu soit béni ! grâce à toi, mon ami… la source de celles-là est à jamais tarie.

Depuis quelques instants cette scène attendrissante avait un témoin invisible.

Le forgeron et la Mayeux, trop émus, ne pouvaient apercevoir mademoiselle de Cardoville debout au seuil de la porte.

Ainsi que l’avait dit la Mayeux, ce jour, commencé pour tous sous de funestes auspices, était devenu pour tous un jour d’ineffable félicité.

Adrienne aussi était radieuse. Djalma l’aimait avec passion. Ces odieuses apparences dont elle avait été dupe et victime étaient évidemment une nouvelle trame de Rodin, et il ne restait plus à mademoiselle de Cardoville qu’à découvrir le but de ces machinations. Une dernière joie lui était réservée…

En fait de bonheur… rien ne rend pénétrant… comme le bonheur : Adrienne devina aux dernières paroles de la Mayeux qu’il n’y avait plus de secret entre l’ouvrière et le forgeron ; aussi ne put-elle s’empêcher de crier en entrant :

— Ah ! ce jour est le plus beau de ma vie… car je ne suis pas seule à être heureuse.

Agricol et la Mayeux se retournèrent vivement.

— Mademoiselle, dit le forgeron, malgré la promesse que je vous ai faite, je n’ai pu cacher à Madeleine que je savais qu’elle m’aimait.

— Maintenant que je ne rougis plus de cet amour devant Agricol, comment en rougirais-je devant vous, mademoiselle, devant vous qui, tout à l’heure encore, me disiez : « Soyez fière de cet amour… car il est noble et pur ?… » dit la Mayeux.

Et le bonheur lui donna la force de se lever et de s’appuyer sur le bras d’Agricol.

— Bien ! bien ! mon amie, lui dit Adrienne en allant à elle et l’entourant d’un de ses bras afin de la soutenir aussi, un moment seulement pour excuser une indiscrétion que vous pourriez me reprocher… Si j’ai dit votre secret à M. Agricol…

— Sais-tu pourquoi, Madeleine ? s’écria le forgeron en interrompant Adrienne. Encore une preuve de cette délicate générosité de cœur qui ne se dément jamais chez mademoiselle. « J’ai hésité longtemps à vous confier ce secret, m’a-t-elle dit ce matin, mais je m’y décide ; nous allons retrouver votre sœur adoptive ; vous êtes pour elle le meilleur des frères ; mais, sans le savoir, sans y songer, bien des fois vous la blessiez cruellement ; maintenant, vous savez son secret ;… je me repose sur votre cœur pour le garder fidèlement, et pour épargner mille douleurs à cette pauvre enfant… douleurs d’autant plus amères qu’elles viennent de vous, et qu’elle doit souffrir en silence. Ainsi, quand vous parlerez de votre femme, de votre bonheur, mettez-y assez de ménagements pour ne pas froisser ce cœur noble, bon et tendre… » Oui, Madeleine, voilà pourquoi mademoiselle a commis ce qu’elle appelle une indiscrétion.

— Les termes me manquent, mademoiselle… pour vous remercier encore et toujours…, dit la Mayeux.

— Voyez donc un peu, mon amie, reprit Adrienne, combien les ruses des méchants tournent souvent contre eux ; on redoutait votre dévouement pour moi, on avait ordonné à cette malheureuse Florine de vous dérober votre journal…

— Afin de m’obliger de quitter votre maison à force de honte, mademoiselle, quand je saurais mes plus secrètes pensées livrées aux railleries de tous… Maintenant je n’en doute pas, dit la Mayeux.

— Et vous avez raison, mon enfant. Eh bien ! cette horrible méchanceté, qui a failli causer votre mort, tourne, à cette heure, à la confusion des méchants ; leur trame est dévoilée…, celle-là, et heureusement bien d’autres encore, dit Adrienne en songeant à Rose-Pompon.

Puis elle reprit avec une joie profonde :

— Enfin, nous voici plus unies, plus heureuses que jamais, et retrouvant dans notre félicité même de nouvelles forces contre nos ennemis ; je dis nos ennemis, car tout ce qui m’aime est odieux à ces misérables ;… mais, courage ! l’heure est venue, les gens de cœur vont avoir leur tour…

— Dieu merci ! mademoiselle…, dit le forgeron, et, pour ma part, ce n’est pas le zèle qui me manque ; quel bonheur de leur arracher leur masque !

— Laissez-moi vous rappeler, M. Agricol, que vous avez demain une entrevue avec M. Hardy.

— Je ne l’ai pas oublié, mademoiselle, non plus que vos offres généreuses.

— C’est tout simple ; il est des miens ; répétez-lui bien ce que je vais d’ailleurs lui écrire ce soir, que tous les fonds qui lui sont nécessaires pour rétablir sa fabrique sont à sa disposition ; ce n’est pas seulement pour lui que je parle, mais pour cent familles réduites à un sort précaire… Suppliez-le surtout d’abandonner au plus tôt la funeste maison où il a été conduit ; pour mille raisons, il doit se défier de tout ce qui l’entoure.

— Soyez tranquille, mademoiselle…, la lettre qu’il m’a écrite, en réponse à celle que j’étais parvenu à lui faire remettre secrètement, était courte, affectueuse, quoique bien triste ; il m’accorde une entrevue ; je suis sûr de le décider… à quitter cette triste demeure, et peut-être à l’emmener avec moi ; il a toujours eu tant de confiance dans mon dévouement !

— Allons, bon courage, M. Agricol, dit Adrienne, en mettant son manteau sur les épaules de la Mayeux et en l’enveloppant avec soin ; partons, car il se fait tard. Aussitôt arrivée chez moi, je vous donnerai une lettre pour M. Hardy, et demain vous viendrez me dire, n’est-ce pas ? le résultat de votre visite.

Puis, se reprenant, Adrienne rougit légèrement et dit :

— Non… pas demain… Écrivez-moi seulement, et après-demain, sur le midi, venez.

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Quelques instants après, la jeune ouvrière, soutenue par Agricol et Adrienne, avait descendu l’escalier de la triste maison, et étant montée en voiture avec mademoiselle de Cardoville, elle demanda avec les plus vives instances à voir Céphyse ; en vain Agricol avait répondu à la Mayeux que cela était impossible, qu’elle la verrait le lendemain.

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Grâce aux renseignements que lui avait donnés Rose-Pompon, mademoiselle de Cardoville, se défiant avec raison de tout ce qui entourait Djalma, crut avoir trouvé le moyen de faire remettre le soir même et sûrement une lettre d’elle entre les mains du prince.