Le Laurier Sanglant/13
BOMBARDONS ![1]
refrain prussien
Dix heures ont sonné. Vite ! quittons la table.
La table copieuse où nous nous attardons…
Aux pièces ! Bombardons cette ville imprenable :
Bombardons, bombardons !
Par ce froid glacial s’endormant à leur aise,
Les Parisiens ont chaud sous leurs fins édredons ;
Réveillons-les avec nos bons obus de seize :
Bombardons, bombardons !
La nuit, les chats sont gris, comme l’on dit en France,
Et tous les hôpitaux ne sont que des maisons ;
On ne saurait vraiment faire de différence :
Bombardons, bombardons !
Voilà bientôt cinq mois que je n’ai bu de bière !
Quand donc vous reverrai-je, ô grands champs de houblons,
Ô bons jambons fumés, et choucroute légère ?
Bombardons, bombardons !
Franz, tu sais que Gretchen m’a dit dans une lettre
Qu’il faut un bracelet pour orner ses bras ronds ?
Je le lui donnerai, si Dieu veut le permettre…
Bombardons, bombardons !
- ↑ Cette petite fantaisie « demande » à être dite avec un fort accent tudesque.