Le Laurier Sanglant/13

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Le Laurier SanglantCalmann-Lévy, éditeurs (p. 45-46).

BOMBARDONS ![1]
refrain prussien




Janvier 1871.


Dix heures ont sonné. Vite ! quittons la table.
La table copieuse où nous nous attardons…
Aux pièces ! Bombardons cette ville imprenable :

Bombardons, bombardons !


Par ce froid glacial s’endormant à leur aise,
Les Parisiens ont chaud sous leurs fins édredons ;

Réveillons-les avec nos bons obus de seize :

Bombardons, bombardons !


La nuit, les chats sont gris, comme l’on dit en France,
Et tous les hôpitaux ne sont que des maisons ;
On ne saurait vraiment faire de différence :

Bombardons, bombardons !


Voilà bientôt cinq mois que je n’ai bu de bière !
Quand donc vous reverrai-je, ô grands champs de houblons,
Ô bons jambons fumés, et choucroute légère ?

Bombardons, bombardons !


Franz, tu sais que Gretchen m’a dit dans une lettre
Qu’il faut un bracelet pour orner ses bras ronds ?
Je le lui donnerai, si Dieu veut le permettre…

Bombardons, bombardons !



  1. Cette petite fantaisie « demande » à être dite avec un fort accent tudesque.