Le Laurier Sanglant/45

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Le Laurier SanglantCalmann-Lévy, éditeurs (p. 199-200).

LA NUIT TOMBE…




1914.


Dans la salle des grands blessés, à l’hôpital,
— Triste asile où la vie est le constant : « Peut-être », —
L’ardent soleil, du haut de l’étroite fenêtre,
Tombe, quand vient midi, comme un glaive brutal.

L’heure coule, très lente ; et, presque horizontal,
Le rayon jusqu’au bout de la pièce pénètre,
Monte au plafond, pâlit, tremble, va disparaître,
De l’astre qui s’éteint suivant le cours fatal.


Le jour, où l’on a tant souffert, enfin s’achève…
La nuit vient, apportant sur les ailes du rêve
L’espoir souvent déçu d’un réveil plus heureux ;

Et dans l’ombre endeuillant déjà la salle entière,
Un grand Christ, où s’attarde un reste de lumière,
Vers toutes ces douleurs tend ses bras douloureux.