Le Laurier noir/V/Stances à Paris

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Société de la Revue Le Feu (p. 109-111).

STANCES À PARIS


Ô Paris, j’ai suivi, dans tes nuits sans lumière,
          Tes quais mystérieux,
Comme dans la douleur de ton visage austère
          Tu m’apparaissais mieux !

Dépouillé du plaisir qui couronnait tes rives,
          J’étais entre tes bras
Pareil à cet enfant qu’une mère attentive
          Toujours protègera.


Quels cris contre ton ciel mais quel songe en ton ombre !
          Silencieusement,
Plus beau d’être plus nu, plus grand d’être plus sombre,
          Ton cœur, ce noble amant,

Perçait l’obscurité des façades du Louvre.
          Sur le lit des jardins
Il répandait l’odeur dont les femmes se couvrent
          Aux lueurs des matins.

Je l’entendais malgré cette promesse close
          Qui l’avait revêtu,
Il me disait : « L’hiver ensevelit les roses,
          Mais toujours la vertu

Du printemps ressuscite et les fleurs et les flammes.
          La cendre que tu voies
N’est que la serre où dort le cortège des âmes
          Qui grelottent de froid.

Le soleil prend son tour aux saisons de la guerre.
          S’il est encor couché
C’est pour mieux rayonner lorsque sur notre terre
          Il viendra se pencher ».


Ô Paris, j’ai suivi, dans tes nuits, ton courage,
          Notre-Dame priait.
Et tes mains écartaient le sang de tes rivages
          Quand je m’agenouillais.