Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Aigue

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 7).
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AIGUE, s. f. — Eau. Vieilli. Mon père avait une petite maison en rue de l’Hôpital. Chaque année il vendait le contenu de la fosse à un gandou, nommé Bordat, qui disait orgueilleusement : « Depuis deux cents ans, les Bordat sont gandous de père en fils ! » On allait ensemble lever le bouchon. Bordat n’entendait pas acheter chat en poche. Il trempait son doigt, qu’il passait sur ses lèvres en faisant hhhupph — tquiou ! (tquiou, c’est pour cracher) : M. Puitspelu, y est que d’aigue ! — Mon père de protester, disant qu’il connaissait trop bien ses locataires pour les croire capables de mettre de l’eau dans la marchandise, comme les laitières. Fin de compte, mon père demandait quatre pistoles. Bordat en offrait deux. On perdait trois quarts d’heure à disputer et l’on faisait pache à trois pistoles. C’était toutes les années le même commerce. — D’aqua.