Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Art’ chouyi ! boum !

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 21).
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ART’ CHOUYI ! BOUM ! — Chemin de campagne. Passe un homme. Sur son dos une hotte de cuir aux flancs arrondis comme les vases canopes des Égyptiens. Sur la hotte, un morceau de cuir épais, roulé. Dedans, un marteau, des broquettes, un poinçon, du ligneul. Au-devant de la maison il crie : Art’ chouyi ! — À quoi, si vous étiez gone, vous avez aussitôt répondu : Boum ! en vous ensauvant, crainte d’un bon coup de gaule.

Art’ chouyi ne représente rien de moins que la contraction de cette phrase : Raccommodeur de souliers (!). La voix appuie surtout sur les toniques : eur devenu ar, et iers devenu yi. Les trois syllabes initiales sont tombées. Reste ar d’ souyis (pour soulhis), transformé en art’ chouyis par la prononciation de ch pour s, les regrolleurs étant tous Auvergnats.

J’ignore absolument ce que signifie la réponse Boum.

(La Convention avait fait des levées en Auvergne, pour grossir l’armée qui assiégeait Lyon. Quelques-uns de ces bataillons se débandèrent au premier coup de canon. Si bien que plus tard, quand les pacifiques carreleurs de souliers reprirent, aux environs de Lyon, leur cri : Carl’ d’ chouyi ! les gones ne manquaient jamais de leur répondre, en imitant les gens qui veulent faire peur : Boum !)