Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Avertissement de l’éditeur

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. v-vi).

AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR



Dans un an, l’Académie du Gourguillon célébrera ses noces d’argent, en une des séances prévues aux articles vi et vii de ses statuts.

Elle fut, en effet, fondée, ainsi qu’en témoigne sa Véridique histoire, consignée en lettres moulées par Mami Duplateau, en l’an de grâce mil huit cent septante-neuf, le vingt-quatrième de juin, jour de la Saint-Jean, à quatre heures de relevée.

Dès 1894, elle publiait son dictionnaire. Ce lui serait facile occasion de se gausser de son immortelle devancière, si l’on ne savait d’abondance que les établissements officiels ne mènent pas la besogne comme les institutions particulières.

D’ailleurs, à mettre au jour le monument qu’elle réédifie aujourd’hui, elle s’est, ce dont son aînée se gare sagement, exposée à la critique, qui ne l’eût pas visée si elle fût restée stérile.

Mais, ce faisant, elle agissait sciemment, ne doutant point que la sûreté d’érudition de ses membres était faillible, par erreur ou par omission, et que de la critique naîtrait l’amélioration.

Et, en effet, à la dessus dite première édition, il a fallu faire plusieurs apponses. Elles n’ont pu rendre encore l’œuvre parfaite au gré de tous. Car d’aucuns, même au sein de l’Académie, y ont soulevé des controverses, de tout quoi il a été tenu compte ici dans la mesure du possible.

Dans la mesure du possible, car un fervent de choses lyonnaises M. J., dont la vive sympathie pour l’Académie ne saurait faire doute, certifiée qu’elle est par notre savant collègue Mami Duplateau, estime que nombre de mots insérés au Littré ou ne sont pas exclusivement lyonnais, ou sont de langue courante et de bon français, — comme si la langue de notre Littré n’était pas du français le plus savoureux ! — ou même souvent d’origine et d’usage étrangers à notre bonne ville.

Nul doute qu’il n’ait raison.

Quoique ça, nous n’avons pas voulu porter un sacrilège sécateur dans l’œuvre de Puitspelu, pensant qu’en somme tout bon Lyonnais reconnaîtra les siens.

Nous avons donc seulement : remis en leur due place les mots qui constituaient les suppléments de la première édition ; puis ajouté ceux qui y avaient été omis ; puis enfin — timidement — introduit quelques acceptions non signalées.

Cette besogne, c’est ce brave J.-M. Mathevet qui l’avait entreprise. La mort est venue l’interrompre presque au début de sa tâche. Nous l’avons achevée tant mal que bien.

Hélas ! la mort a largement fauché dans les rangs de l’Académie !

Des fondateurs qui rédigèrent et signèrent ses impérissables statuts, mort, Pétrus Violette ; mort, Nizier du Puitspelu ; mort, Joannès Mollasson ; mort, Athanase Duroquet ; mort le fils Ugin. Ne subsistent que Glaudius Canard, Mami Duplateau, et le secrétaire, dont c’est la fonction, puisqu’il est perpétuel.

N’empêche que, comme dit Duplateau, c’était tout de bon monde, et nous ne pouvions faillir à les saluer de notre souvenir affectueux et mélancolique dans la nouvelle manifestation d’une vitalité qu’ils firent naître et joyeusement entretinrent.

Nos collègues plus jeunes nous ont aidé aussi de leur concours éclairé ; que leur mérite anonyme soit lié à celui de leurs anciens dans la reconnaissance de nos concitoyens,

De laquelle nous ne saurions douter.

Lyon, 15 décembre 1903.