Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Avoir

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 25).
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AVOIR. — Avoir à aller. — Je m’ensauve, j’ai beaucoup d’endroits à aller.

Avoir beaucoup de dîners. — J’ai eu tellement de dîners ce carnaval que ça m’a mis le ventre en liaque.

Avoir du poil aux dents. Se dit d’un brave qui ne commence à trembler que lorsqu’il voit sa tête à quinze pas devant lui. C’est très rare d’avoir du poil aux dents, les physiologistes l’ont constaté. Aussi y a-t-il des mal embouchés qui remplacent le mot de dents. Mais ce sont façons de parler qui ne sauraient trouver place dans un honnête dictionnaire comme celui-ci.

Avoir le poil à quelqu’un. — Avoir le dernier dans une contestation. Nous ons joué aux dominos, moi Flaquet, toute l’après-dinée, mais j’ai fini par lui avoir le poil. — De ce que, lorsqu’on se prend aux cheveux, c’est celui à qui il en reste le plus dans la main qui est vainqueur.

Avoir quelque chose devant soi. — Voyez Avances.

Avoir une dent qui manque. — J’ai un marteau qu’est gâte et une dent d’en bas que me manque. — Extraordinaire ! car enfin si ma dent manque, je ne dois plus l’avoir !

Avoir s’emploie pléonastiquement au début d’une phrase. — M. Culet : Y a le petit Culet qui n’a que treize ans, qu’il est déjà en neuvième au collège. — M. Lantibard : Faut qu’il oye beaucoup des moyens. On emploie souvent la 1re personne du pluriel : Nous avons en partie tous les grands savants que sont un peu couyons. Ou la 3me du singulier : Y a M. Melachier qu’a monté une épicerie.