Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Dare

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 127).

DARE, s. f. — Faire une dare, Faire une scène. La petite apprentisse : La Bargeoise m’a-t-elle pas fait une dare parce que je prenais un agacin au ventre ! J’y ai dit : Vous êtes ben enceinte, vous ! — Moi, qu’elle m’a dit, c’est du Bargeois ! — Moi aussi, que j’y ai fait !

Être tout en dare, Être tout agité, tout ému, hors de soi. La Francine est tout en dare, son pipa veut pas la marier au Jirôme.

Être dans ses dares. Se dit de quelqu’un qui est dans un accès de nervosité. Le miron a don sentu de la valériane, qu’il est si tellement dans ses dares ? Ou bien : Faut pas parler à ma femme aujourd’hui, elle est dans ses dares.

Mener une dare, Faire grand bruit.

Le mot existe dans une foule de dialectes. Comp. le français dare-dare. Vraisemblablement d’origine celtique : kymri dar, bruit, tumulte ; gaélique dararach, grêle (de flèches, etc.) ; irland. daradh, rut ; cornique dar, tristesse, affliction (probablement mal traduit pour agitation d’esprit).