Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Gorre

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 186).
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GORRE, s. f. — Méchante vache. S’emploie souvent avec vieille. De la vieille gorre. Un boucher de Saint-Just avait une margot. Comme c’est l’habitude des femmes de ronchonner quand elles achètent, beaucoup de clientes, en regardant le morceau qu’on leur servait disaient : C’est de vieille gorre ! La margot avait retenu le mot. Un jour entre Mme Potasson : M. Nagu, donnez-me donc un joli morceau de prein. C’est pour ma file, que relève de couche ! — Voilà, petite mère, un morceau que sera tendre comme de bave ! — C’est de vieille gorre ! fait la pie. Furieux, le boucher attrape la margot et la jette dans le puits. La pauvre bête ne se noya pas pourtant, et s’aidant des pieds, du bec, parvint à remonter la paroi à demi ruinée. Toute trempe, la margot vient se sécher tristement sur le pas de la porte. Rentre Miraud, le chien du boucher, qui avait gobé une avale d’eau et semblait un torchon qu’on a mis dans la buye. Étonnée, la margot le regarde : T’as don dit que c’était de gorre ? — Telle est l’histoire que m’a contée le véridique La Godelle. — Du vieux franç. gorre, truie.