Aller au contenu

Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Rôtie

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 310).
Roue  ►

RÔTIE, s. f. — Une rôtie de crasse de beurre, de melasse, etc., Une tartine de crasse de beurre, etc. Mme Roland, qui avait habité Lyon, en avait retenu ce « lyonnaisisme » : « J’ai fait plus d’un déjeûner en mettant de la cendre, au lieu de sel, sur une rôtie de beurre par esprit de pénitence. » — Le mot de rôtie s’appliquait primitivement à une tranche de pain rôtie et beurrée, qu’on prenait dans le thé, puis il s’est appliqué à la tranche de pain beurré, même quand elle n’était plus rôtie, et finalement à toute espèce de tranches recouvertes de quelque chose de bon.

Rôtie au sucre, Tranche de pain grillé, bien saupoudrée de sucre et trempée dans du vin chaud où l’on a mis infuser un peu de cannelle. Cette rôtie est surtout pour les accouchées. Ma mère m’a souvent raconté que lorsqu’elle accoucha de mon frère Jean, en 1814, le sucre était à six francs la livre. Elle ajoutait combien elle était reconnaissante à mon père de ne l’avoir jamais laissée manquer de ses deux rôties au sucre par jour, tout le temps de ses relevailles, encore bien qu’à la maison l’on ne fût pas riche, et que l’année fût si cruelle.