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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Rhabilleur, rhabilleuse

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 304).
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RHABILLEUR, EUSE, s. — Celui ou celle qui remet les membres disloqués ou luxés, réduit les entorses, etc. Le rhabilleur tient une grande place dans l’opinion populaire, et le développement de l’instruction ne la lui diminue pas. Des gens de la plus haute bourgeoisie ont dans les rhabilleurs une foi invincible. Un homme qui guérit, sans avoir rien appris, a en soi quelque chose de miraculeux qui attire bien autrement qu’un médecin qui guérit (ou ne guérit pas) parce qu’il a pris la peine d’apprendre. Les rhabilleurs font parfois bien du mal. L’un d’entre eux avait fait mettre à ma mère un emplâtre sur le poignet, qui faillit avoir les conséquences les plus graves. D’autre part ils peuvent rendre des services, le massage étant parfois un secours précieux. Un jour que je descendais le Rhône en batenu à vapeur, entre Avignon et Beaucaire, des colis mal gerbés s’écroulèrent et luxèrent l’épaule d’une femme. On fut quérir le patron qui était à la barre, lequel savait rhabiller. Il se fait remplacer, descend au salon où l’on avait mis la patiente, et lui tirepille tellement l’épaule qu’il remet les choses en place.