Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Vouloir

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 352-353).
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VOULOIR. — Il ne veut pas pleuvoir, Il n’est pas probable qu’il pleuve. C’est comme si l’on disait : « Il n’a pas l’intention de pleuvoir. » Cette locution, qui attribue la volonté à un pronom impersonnel, est extrêmement drôle, et pourtant on comprend si bien ce qu’elle veut dire ! Le mot vouloir se prend aussi pour « penser, supposer ». M. Daudet l’a employé dans ce sens de façon charmante. « Mais enfin (dit Jacques à son père), pourquoi voulez-vous que je casse la cruche ? — Je ne veux pas que tu la casses, je te dis que tu la casseras. » Dix minutes se passent, Jacques ne revient pas. Mme Eyssette commence à se tourmenter. « Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ? — Parbleu ! que veux-tu qu’il lui soit arrivé ? Il a cassé la cruche. »

Que veux-tu, Que voulez-vous. Ces locutions n’expriment aucune idée d’interrogation, mais une idée d’excuse ou d’explication. T’as dérangé la demoiselle à Mame Culet, que c’est pas joli. — Que veux-tu, ça été plus fort que moi. On dira encore : Y a le père Croustandille que peut plus sortir. — Que voulez-vous, bonnes gens, il va sur ses huitante-sept !