Le Livre des sonnets/Mon amour, tu le plains qu’avec le coloris

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Camélias




Mon amour, tu te plains qu’avec le coloris
Dont les camélias décorent leur pétale,
Ils n’offrent nulle odeur à l’amateur ſurpris
Qui rêvait un parfum d’eſſence orientale ;

Ayant de leur éclat admiré tout le prix,
Tu n’en gémis que plus de cette loi fatale
Qui ſur le roſſignol jette un plumage gris
Et qui veut que, plein d’or, le paon rauque s’étale.

Moi, je ſuis plus heureux. Depuis le ſoir ſi doux,
Où, dans l’oubli profond du monde autour de nous,
J’ai reſpiré ces fleurs à tes cheveux unies,

Elles ont pour mon cœur des douceurs infinies ;
Et, réveillant en moi les ſouvenirs aimés,
Tous les camélias me ſemblent parfumés.


Armand Renaud.