Le Mépris (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 188).




LE MÉPRIS



Que douce est la douceur que donne un doux mépris !
Pour la faute et le crime il est plein d’indulgence ;
Il dédaigne l’insulte et laisse la vengeance
Au cœur vulgaire atteint par les coups et les cris.

Ni crainte ni dégoût ! Sur les plus vils débris,
Dans les plus fiers palais grouille une même engeance.
Il faut tout pardonner, puisque l’intelligence
Plaint en le méprisant le mal qu’elle a compris.

Mépris, divin mépris, tu peux sauver le monde !
Il ne sait ce qu’il fait ! Répands sur lui ton onde,
Ô source de pitié, de grâce et de bonté !

Oui, l’Amour est ton frère et ta sœur est la Force ;
Tu marches au martyre avec sérénité
Et les croix t’ont caché sous leur sanglante écorce.