Le Majorat (trad. Egmont)/Ch. 3

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Chapitre II Le Majorat Chapitre IV



III


Le baron manifestait en toute chose la considération et même la déférence respectueuse qu’il portait à mon grand-oncle. C’est ainsi qu’il l’obligeait à table à s’asseoir à côté de la baronne, honneur qui faisait envie à bien des personnes. Quant à moi, le hasard me plaçait tantôt ici, tantôt là, et le plus souvent en compagnie de quelques officiers de la ville voisine, qui m’obligeaient à leur tenir tête pour bavarder de tous les bruits publics, et surtout pour boire vaillamment. Je me trouvai de la sorte pendant plusieurs jours à une grande distance de la baronne ; mais une circonstance fortuite me rapprocha d’elle un soir. Au moment où l’on passait dans la salle à manger, je me trouvai avec la dame de compagnie de la baronne, qui, sans être de la première jeunesse, ne manquait ni d’agréments ni d’esprit, engagé dans une conversation à laquelle elle paraissait s’intéresser. Je ne pouvais, sans manquer aux convenances, me dispenser de lui offrir mon bras, et quelle fut ma joie lorsqu’elle prit place justement à côté de la baronne qui lui fit une inclination amicale ; je m’assis auprès d’elle.

Dès lors on peut concevoir que toutes mes paroles s’adressaient bien davantage encore à la baronne elle-même qu’à ma voisine. Sans doute que l’inspiration de ce moment communiquait un certain élan à mes discours, car la demoiselle se montrait de plus en plus attentive, et insensiblement elle tomba tout à fait sous le charme des images variées et merveilleuses dont je colorais mes récits. Ainsi que je l’ai déjà dit, elle n’était pas dépourvue d’esprit, et bientôt notre entretien, devenu complètement indépendant du verbiage confus des autres convives, s’anima de sa propre impulsion, et prit la tournure que je désirais. Je m’aperçus fort bien de l’attention que nous prêtait la baronne sur les regards significatifs de la demoiselle. Cela me frappa surtout lorsqu’ayant amené la conversation sur la musique, je m’exprimai avec enthousiasme sur cet art délicieux et divin, et quand je fis connaître à la fin, que malgré ma condition dans la carrière aride et fastidieuse de la jurisprudence, je touchais cependant du piano avec assez de facilité, que je chantais aussi, et que même j’avais déjà composé quelques ariettes.

On venait de rentrer dans le salon pour prendre le café et les liqueurs, et je me trouvai à l’improviste et tout surpris devant la baronne qui avait abordé sa demoiselle de compagnie. Elle m’adressa aussitôt la parole, et me réitéra d’un ton affable et presque familier la question qu’elle m’avait déjà faite une fois, comment je me trouvais de mon séjour au château. Je répondis que, durant les premiers jours, ses environs déserts et sauvages, et même l’antiquité du manoir m’avaient causé une impression étrange ; mais que j’avais éprouvé déjà de bien douces compensations, et que je désirais seulement me voir dispensé de prendre part à ces chasses fougueuses auxquelles je n’étais pas accoutumé.

La baronne me dit en souriant : « Je conçois aisément que ce tumulte sauvage au milieu de nos forêts de sapins ne soit pas fait pour vous plaire. Vous êtes musicien et, si je sais deviner, également poète, n’est-ce pas ? J’aime ces deux arts avec passion !… — Moi-même je pince un peu de la harpe, mais c’est un plaisir dont il faut que je me prive à R....sitten : car mon mari ne veut pas que j’apporte ici un pareil instrument, dont les sons caressants s’allieraient mal aux halloh farouches et au bruit retentissant des cors qui sont ici ma seule récréation. »

J’assurai que je ferais mon possible pour lui en procurer une autre ; car il devait indubitablement, selon moi, se trouver dans le château un instrument quelconque, ne fût-ce qu’un vieux clavecin. Là-dessus, mademoiselle Adelheid (c’était le nom de la dame de compagnie) éclata de rire, et me demanda si j’ignorais que de mémoire d’homme on n’avait entendu résonner dans ce château d’autres instruments que les trompettes aiguës mariant leurs fanfares aux refrains lamentables des cors de chasse, et parfois aussi les violons criards, les basses discordantes et les hautbois larmoyants de pauvres musiciens ambulants.

Toutefois la baronne avait un désir ardent d’entendre de la musique, et elle et Adelheid se creusaient l’esprit pour aviser aux moyens de se procurer un piano passable. Dans cet instant, le vieux Franz traversa le salon. « Bon, s’écria mademoiselle Adelheid, voici l’homme prodigieux qui a de bons conseils pour toutes les circonstances, l’homme qui sait tout avoir, même l’inouï et l’impossible ! »

Alors elle le fit approcher, et lui fit comprendre de quoi il s’agissait. La baronne écoutait les mains jointes, la tète penchée en avant avec un doux sourire et cherchant à lire dans les yeux du vieux domestique. Elle était ravissante à voir ainsi, telle qu’un enfant naïf et gracieux, jaloux d’avoir immédiatement entre ses mains le joujou qu’il désire ardemment.

Franz, après avoir énuméré avec ses formes prolixes mainte et mainte raison tendant à démontrer l’impossibilité absolue de se procurer ainsi à l’improviste un objet de cette nature, finit par dire en se caressant la barbe d’un air de satisfaction : « Mais madame l’épouse de monsieur l’intendant, qui demeure là-bas au village, touche miraculeusement bien du clavecin ou du manichordion, comme ils disent maintenant avec leur nom étranger, et elle chante avec cela si gentiment et si pathétiquement qu’elle donne envie de sauter malgré soi, et tantôt de pleurer comme si l’on s’était frotté les yeux avec une pelure d’oignon.

— Elle posséde un piano ! s’écria mademoiselle Adelheid en l’interrompant. — Et certainement, reprit le vieux, on l’a fait venir directement de Dresde ; un… — Oh ! c’est délicieux ! dit à son tour la baronne. — Un superbe instrument, reprit Franz, mais un tant soit peu faible : car l’organiste ayant essayé l’autre jour de jouer dessus l’air du cantique : Dans toutes mes actions, mon Dieu ! il a brisé toute la machine ; de sorte que…

— Oh ! mon Dieu ! s’écrièrent à la fois la baronne et mademoiselle Adelheid. — De sorte, continua le vieux, qu’il a fallu le faire transporter à grands frais jusqu’à R.... pour le faire réparer.

— Mais est-il de retour enfin ? demanda mademoiselle Adelheid avec impatience. — Sans contredit, ma gracieuse demoiselle, et madame l’intendante-économe sera très honorée… »

En ce moment passa le baron, qui se retourna d’un air de surprise vers notre groupe, et dit doucement en adressant à la baronne un sourire railleur : « Eh bien, Franz est donc toujours l’homme des bons conseils ? » La baronne baissa les yeux en rougissant, tandis que le vieux serviteur restait immobile la tête droite, les bras pendants et serrés contre le corps, dans une attitude militaire. Les vieilles tantes s’approchaient ballottées dans leurs robes bouffantes, et s’emparèrent de la baronne. Mademoiselle Adelheid les suivit.

J’étais resté à la même place comme enchanté, dans l’extase de me voir ainsi mis en relation directe avec la souveraine absolue de mon âme. Mais j’étais animé d’un sombre ressentiment contre le baron, en qui je ne voyais plus qu’un despote brutal d’après la contenance servile et craintive à laquelle, malgré ses cheveux blancs, s’était abaisse devant lui le vieux domestique. « As-tu donc cessé de voir et d’entendre ? » me dit à la fin mon grand-oncle en me frappant sur l’épaule, et nous rentrâmes tous les deux dans notre appartement. Alors il me dit : « Cousin, ne sois pas si assidu près de la baronne. À quoi bon ? laisse cela aux jeunes fats dont la galanterie est le métier, il n’en manque pas pour lui faire la cour. » — J’expliquai comment les choses s’étaient passées, et je priai mon grand-oncle de me dire si je méritais le plus petit reproche. « Hum !… hum ! » fit-il, ce fut sa seule réponse ; puis, ayant mis sa robe de chambre et allumé sa pipe, il se jeta dans un fauteuil, et causa de la chasse de la veille, en me raillant sur ma maladresse.

Le château était rentré dans le silence. Les dames et les cavaliers s’occupaient, chacun dans sa chambre, de préparer leur toilette de soirée ; car les musiciens de passage dont nous avait parlé mademoiselle Adelheid, avec leurs violons enroués, leurs basses discordantes et leurs hautbois larmoyants, étaient arrivés, et il ne s’agissait de rien moins pour la nuit que d’un bal dans toutes les formes. Mon grand-oncle, préférant à ce tumulte fou un sommeil tranquille, ne se dérangea pas. Moi, au contraire, je venais de m’habiller au grand complet, lorsqu’on frappa tout doucement à notre porte, et Franz m’annonça à demi-voix, avec un sourire de triomphe, que le piano de madame l’intendante venait justement d’arriver sur un traineau, et avait été déposé chez madame la baronne. Il ajouta que mademoiselle Adelheid me faisait prier de me rendre promptement dans leur appartement. — On peut s’imaginer quel saisissement de joie j’éprouvai quand j’entrai, le cœur palpitant, dans la chambre où elle était, elle !…

Mademoiselle Adelheid accourut joyeuse au-devant de moi. La baronne, déjà entièrement habillée pour le bal, était assise toute pensive devant la caisse mystérieuse où dormaient les accords que j’étais appelé à réveiller ; elle se leva dans tout l’éclat de sa parure et de sa beauté majestueuse, et je ne pus que la regarder fixement, incapable de proférer un seul mot. « Eh bien, Théodore, me dit-elle, en m’appelant par mon seul prénom, suivant un usage plein de charme des pays du Nord, qui se retrouve dans les régions extrêmes du midi de l’Europe, l’instrument est arrivé, fasse le ciel qu’il ne soit pas tout à fait indigne de votre talent ! »

À peine eus-je ouvert le couvercle que plusieurs cordes rompues rejaillirent vers moi, et, dès que j’eus touché le clavier, une affreuse cacophonie nous déchira les oreilles, car aucune des cordes qui restaient intactes ne se trouvait au diapazon. « Il est présumable que l’organiste a encore une fois passé par-là avec ses petites mains mignonnes ! » s’écria en riant mademoiselle Adelheid. Mais la baronne disait de très mauvaise humeur : « C’est pourtant une véritable fatalité ! — Ah ! faut-il donc que je ne doive jamais goûter ici un seul plaisir ! »

Je visitai la case de l’instrument, et je trouvai heureusement quelques rouleaux de cordes, mais point de clé. — Nouvelle désolation ! — Je déclarai que toute clé, dont le panneton pourrait s’adapter aux chevilles, conviendrait à merveille. Alors la baronne et mademoiselle Adelheid de courir toutes les deux, çà et là, avec un joyeux empressement, et en moins d’une minute tout un magasin de clés, grandes et petites, était étalé devant moi sur la table du piano. Alors j’en entrepris l’épreuve successive. Mademoiselle Adelheid et la baronne elle-même tâchaient de m’aider, et interrogeaient tantôt une cheville, tantôt une autre ; enfin une clé s’adapte, non sans difficulté. « Elle y va ! elle y va ! » s’écrient-clles à la fois transportées de plaisir. — Mais la corde, tendue jusqu’à rendre exactement et clairement le ton de la note, siffle, se rompt, et les deux dames reculent effrayées.

La baronne se mit à débrouiller de ses petites mains délicates les fils d’acier, et à mesure que je demandais un numéro, elle déroulait soigneusement la corde. Tout-à-coup une d’elles s’échappe, et la baronne fait entendre une exclamation d’impatience. Mademoiselle Adelheid riait aux éclats ; je vais ramasser au bout de la chambre la pelote rebelle, et nous cherchons à mieux l’assujettir. Mais à notre extrême dépit, à peine mise en place elle se casse ! — Enfin, nous mettons la main sur de bons rouleaux, les cordes se maintiennent ajustées, et aux sons discords de l’instrument succédent peu-à-peu d’harmonieux accords.

« Ah ! nous y voici ! il est juste ! » s’écrie la baronne en m’adressant un sourire délicieux. — Comme cette peine prise en commun fit promplement disparaître entre nous toute contrainte et tout le fade cérémonial des convenances tyranniques ! Comme une douce familiarité nous rapprocha aussitôt et anéantit en moi, de son souffle électrique, cette oppression décourageante qui me serrait le cœur et glaçait mes sens. Je me sentais tout à fait exempt de ce pathos prétentieux qui accompagne d’ordinaire une passion du genre de la mienne. — Le piano se trouva donc à la fin passablement accordé, et, suivant mon intention de jouer quelques fantaisies en rapport avec mes sentiments intimes, je préludai par ces canzonette qui nous viennent du Midi, si pleines de charme et de tendresse, comme : Sentimi idol mio…, ou Almen se non poss’io…, et, pendant que je chantais, que je répétais Morir mi sento, et mille addio, et mille oh dio, je voyais s’animer et rayonner de plus en plus les regards de Séraphine.

Elle se tenait devant l’instrument à côté de moi, je sentais son haleine effleurer ma joue. Comme elle appuyait son bras sur le dossier de ma chaise un ruban blanc à demi-détaché de son élégante robe de bal tomba sur mon épaule, et au souffle de mes accents et des doux soupirs de Séraphine, il voltigeait entre nous tel qu’un messager d’amour fidèle… Je m’étonne encore d’avoir pu conserver ma raison !

Je cherchais à me rappeler un autre air, et je parcourais le clavier d’une main distraite, quand mademoiselle Adelheid, qui était restée assise dans un coin de la chambre, s’approcha de nous, se mit à genoux devant la baronne, et, lui saisissant les mains qu’elle pressa contre son sein, lui dit d’une voix suppliante : « Oh ! chère baronne, ma petite Séraphine ! il faut aussi que vous chantiez. » La baronne répondit : « Mais à quoi penses-tu, Adelheid ? comment veux-tu que je fasse entendre devant notre virtuose ma misérable voix ! » C’était une chose délicieuse que de la voir, pareille à un enfant modestement honteux, les yeux baissés et toute rouge, combattue par la crainte et le désir…

On peut s’imaginer avec quelle ardeur je la suppliai à mon tour, et lorsqu’elle fit mention de certaines petites chansons courlandaises, je redoublai si vivement mes sollicitations qu’elle avança enfin la main gauche sur les touches et en tira quelques sons comme pour préluder. — Je voulus lui faire place devant l’instrument, mais elle s’en défendit, assurant qu’elle était incapable de former un seul accord, ce qui devait justement rendre pâle et sans effet son chant privé d’accompagnement.

Alors elle commença, d’une voix profondément touchante et partant du cœur, un air dont la mélodie simple portait tout-à-fait le caractère de ces airs nationaux, empreints d’un charme si pénétrant, qu’ils nous révèlent, par le vif éclat dont ils rayonnent, la nature vraiment poétique de l’homme. Je ne sais quelle séduction mystérieuse git dans les paroles indifférentes du texte qui nous offre, en quelque sorte, une traduction hiéroglyphique du sentiment de l’infini qui repose au fond de notre âme. Qui n’a pas rêvé en entendant cette chansonnette espagnole dont les paroles n’ont guère plus de valeur que : « Avec ma bien-aimée je voguais sur la mer ; le temps devint orageux, et ma bien-aimée chancelait sur la barque, saisie d’effroi. Non !… je ne voguerai plus avec ma bien-aimée sur la mer. » — C’est ainsi que l’ariette de la baronne ne disait autre chose que : « L’autre jour je dansais avec mon bon ami à la noce. Il tomba de mes cheveux une fleur qu’il ramassa, et il me la rendit en disant : Quand irons-nous de nouveau à la noce, ô ma bien-aimée ! »

Lorsque j’accompagnai le second couplet d’arpèges rapides, lorsque plein d’un enthousiasme passionné je surprenais la mélodie des airs suivants au premier mouvement des lèvres de la baronne, elle et mademoiselle Adelheid me tinrent pour le plus habile des virtuoses, et je fus accablé de pompeux éloges.

La clarté des bougies de la salle de bal, située dans l’aile latérale, se réfléchit jusque dans la chambre de la baronne, et les sons bruyants des trompes et des cors de chasse annoncèrent qu’il était temps de se joindre à la société. « Hélas ! il faut donc que je parte ! s’écria la baronne en se levant avec vivacité, — vous m’avez fait passer une heure délicieuse : jamais jusqu’ici je n’ai joui de plus doux moments à R....sitten. » En disant ces mots, la baronne me tendit la main ; l’ayant saisie dans une ivresse ineffable pour la porter à mes lèvres, je sentis sous mes doigts tous ses nerfs tressaillir…

Je ne sais pas comment je rentrai dans la chambre de mon grand-oncle, ni comment je parvins à la salle du bal. Comme ce gascon qui redoutait la bataille, parce que, étant tout cœur, disait-il, chaque blessure devait lui être fatale, j’étais dans une situation d’âme où le moindre attouchement devient mortel ; mon sang circulait dans mes veines plus brûlant que la flamme, et je sentais encore les pulsations des doigts de Séraphine comme les douloureuses blessures de flèches empoisonnées.

Le lendemain, mon grand-oncle, sans m’avoir précisément interrogé, me fit voir qu’il était parfaitement instruit des détails de mon entrevue avec la baronne. Je ne fus pas peu déconcerté lorsqu’au ton de gaité et de plaisanterie qui régnait dans ses paroles, succéda tout-à-coup la plus sérieuse contenance, et qu’il me dit : « Je t’en prie, cousin, dompte la passion insensée qui te domine et t’absorbe. Sache que tes démarches, quelqu’innocentes qu’elles te paraissent, pourraient avoir les suites les plus épouvantables. Tu marches imprudemment sur une glace frêle et perfide, qui se brisera sous tes pas à l’improviste, et tu seras précipité dans l’abîme. Je me garderai bien de te retenir par le pan de ton habit ; car je sais que tu te sauveras tout seul, et que tu diras encore, malade à la mort : Ce n’est qu’un petit rhume, et il m’est venu en rêvant. — Mais une fièvre pernicieuse minera en toi les sources de la vie, et des années s’écouleront avant que tu reprennes courage. Que le diable emporte ta musique, situ ne sais pas mieux l’employer qu’à jeter le trouble et le désordre dans l’existence paisible de pauvres femmes sentimentales !

— Mais, dis-je à mon grand-oncle en l’interrompant, mais me supposez-vous l’idée de me faire aimer de la baronne ? — Singe que tu es ! s’écria le vieillard, si je le croyais, je t’aurais jeté déjà par cette fenêtre !… »

L’arrivée du baron mit fin à cet entretien pénible, et le soin des affaires vint me distraire des rêveries passionnées qui ne me permettaient de songer qu’à Séraphine, dont l’jmage me suivait partout.


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